Dictionnaire en ligne: ENDURER, verbe transitif. [Le sujet désigne un être animé] A.— Souffrir, subir quelque chose de pénible, de douloureux (situation difficile, épreuve, etc.). Endurer des peines, des tourments, le martyre. (Quasi-)synonyme : éprouver. Jamais je n'en ai été réellement maltraité. Je n'ai pas souffert la centième partie de ce qu'a enduré M. de Baure (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 2, 1836, page 451 ). La maison devenait un enfer, Berthe y endurait une continuelle torture, car sa soeur Hortense (...) ne prononçait pas une phrase, sans y glisser une allusion blessante (ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 344) : Ø 1. Mes douleurs d'estomac sont revenues, horribles, intolérables. (...) Dieu seul peut savoir ce que j'endure. GEORGES BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1145. · Faire endurer quelque chose à quelqu'un. La nourrice de Marie [Stuart] se plaint au commandant de la forteresse des traitements qu'il fait endurer à sa prisonnière (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 318 ). B.— Supporter avec fermeté et constance. Endurer la fatigue. (Quasi-)synonymes : supporter, résister à, être dur à. 1. [Fatigue ou douleur physique] Il était rude à lui-même, infatigable, sachant endurer patiemment la faim, la soif, le froid, la pluie, la chaleur (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1821-24, page 268 ). Quand j'étais bien sage, quand j'endurais vaillamment mes bobos, j'avais droit à des lauriers, à une récompense (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 50) : Ø 2. Elles piétinaient dans la boutique du matin au soir, portaient des sacs, déplaçaient des caisses, battaient des vêtements, brossaient, nettoyaient, couraient, se démenaient jusqu'à l'épuisement. Édith, robuste, endurait cette énorme besogne sans fatigue. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 198. 2. [Fatigue morale, épreuve] Votre amour (...) ne savait supporter ni le dédain ni la raillerie; le mien peut tout endurer sans faiblir (HONORÉ DE BALZAC, La Duchesse de Langeais, 1834, page 338 ). Il sut avec une heureuse sagesse endurer de longs mépris. Il recevait les affronts avec tranquillité (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail. 1897, page 208) : Ø 3. Bernard devina qu'il n'endurerait pas trente jours ce qu'il avait à peine supporté sans exploser pendant une fin de semaine : il résolut de partir... PAUL NIZAN, La Conspiration, 1938, page 160. SYNTAXE : a) Endurer + complément d'objet direct : endurer une épreuve, des misères, des peines, des privations, des souffrances, un supplice, la torture. b) Endurer + adverbe ou complément circonstanciel. : endurer lâchement, passivement, patiemment, stoïquement, vaillamment; endurer sans murmurer, sans se plaindre, avec patience, avec résignation. — emploi absolu. Cette devise, par exemple, que je vous offre : « Endurer, pour durer! » (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 45 ). Patience! Qui veut durer, doit endurer (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 986 ). C.— Tolérer. Synonymes : admettre, supporter. Ce trait d'impolitesse est le dernier que je veuille endurer (NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, page 218) : Ø 4. Toutefois, la jeune Mme. Maréchal (...) n'endurait pas les plaisanteries sur la piété, et son mari, qui adorait la gaudriole de Béranger, dut être souvent ramené, de façon sévère, au sentiment des convenances de sa position. LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 21. — Constructions vieillies. · Endurer de + infinitif. À chaque heure qui tourne au cadran de l'église d'à côté, je me demande si je vais pouvoir endurer de vivre encore (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1913, page 352 ). · (Ne pas) endurer que + subjonctif. Mais j'endure mal qu'on injurie ma femme, en mon absence surtout (LÉON BLOY, Journal, 1895, page 184 ). Touvereyn endura que le patron silencieux le regardât en face, puis il mâcha de lentes paroles (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 105 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 590. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 836, b) 729; XXe. siècle : a) 1 328, b) 603.
