Dictionnaire en ligne: ENFANCE, substantif féminin. A.— Premières années de la vie d'un être humain jusqu'à l'adolescence. 1. [À propos d'un être de cet âge] Berceau de mon enfance; sortir de l'enfance. Vous savez que je me suis marié... oui, avec une petite amie d'enfance (ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 23 ). La notion des devoirs, depuis ma tendre enfance, dominait ma vie (ANDRÉ GIDE, Robert, 1930, page 1319 ). — Par métonymie. [L'être humain considéré dans son enfance] Les délices des arts ont nourri mon enfance (ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, 1794, page 154 ). Omer Héricourt admira l'homme qui s'accroissait en lui, l'homme qui joindrait son effort à ceux que son enfance avait appris (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 270 ). — Par analogie. [À propos d'un animal] Le rapace sort tout de suite de l'enfance. Il en connaît à peine l'hésitation (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, page 180 ). 2. Par analogie. [À propos d'un être adulte] a) Manque de maturité, naïveté, innocence. Notre esprit resterait dans une éternelle enfance (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 1. Idéologie proprement dite, 1801, page 347) : Ø 1. On sait gré à Ésope de ses fables, à cause de leur but moral, et l'on ne peut pas l'accuser d'imposture, puisque les enfans mêmes ne s'y laissent pas tromper, au lieu que les fables de l'élysée et du tartare sont crues à la lettre par beaucoup d'hommes, qu'elles tiennent dans une enfance éternelle. CHARLES-FRANÇOIS DUPUIS, Abrégé de l'origine de tous les cultes, 1796, page 514. — Comportement d'enfant Synonyme : enfantillage. Le budget suffit à tout, et voilà ce que c'est que ce représentatif dont là-bas vous vous faites une peur. Sottise, enfance, mon cousin; il n'est rien de meilleur au monde (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Pièce diplomatique extraite des journaux anglais, 1823, page 193 ). b) [À propos d'une vieille personne] Diminution ou perte des facultés qui ramène un vieillard à l'état mental du premier âge. Être, (re)tomber en enfance. Synonymes : gâtisme, ramollissement. Je voudrais avoir un ami qui me fît le serment de me brûler la cervelle, si jamais je tombais en folie ou en enfance (ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète, 1832, page 951 ). Vers ses quatre-vingts ans (...) l'enfance sénile avait tout à coup terrassé son intelligence (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, page 38 ). 3. Au figuré. Commencement, naissance de quelque chose. Dans l'enfance des nations, quand les hommes vivaient encore dans les forêts, soumis tous aux mêmes besoins, doués tous des mêmes facultés, ils étaient tous presque égaux en forces (CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires, 1791, page 54 ). Étant donné l'enfance extraordinaire et tardive de la psychiatrie (ANDRÉ BRETON, Nadja, 1928, page 132 ). — Expression. C'est l'enfance de l'art. Simple, élémentaire. C'était un moyen terme à l'état rudimentaire et dérisoire : c'était l'enfance de l'art! (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 83 ). B.— Par métonymie. Les enfants pris dans leur ensemble, en tant qu'état de la vie. L'enfance ne sait pas lutter contre le chagrin (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 156 ). Ma fille dit-il, ne sera pas élevée par une duègne. Ces vieilles sottes inculquent à l'enfance des idées d'un autre âge (RENÉ TARDIVAUX, DIT BOYLESVE, La leçon d'amour dans un parc, 1902, page 59) : Ø 2. Tous ces enfants étaient de l'espèce chétive, de l'humanité miséreuse (...) : un ensemble de figures pâlottes, propres, mais « pas fraîches »; on sentait la chair creuse, la substance inférieure, les cheveux même paraissaient communs et fanés. Ce n'était pas seulement l'enfance et sa fragilité, ce n'était pas seulement le mystère des existences commençantes qui m'inquiétait, c'était la notion pénétrante de pauvreté. LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 20. — Locution à valeur adjectivale. D'enfance. D'enfant Synonyme : enfantin. Avec sa face creusée et farouche, où vacillaient des yeux d'enfance (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 356 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 625. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 7 699, b) 7 089; XXe. siècle : a) 7 230, b) 9 206.
