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Dictionnaire en ligne: ENHARDIR, verbe transitif.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ENHARDIR, verbe transitif. I.— Rendre hardi, plus hardi. A.— [Le sujet désigne une chose] Rendre quelqu'un (plus) hardi. 1. [Dans une situation donnée] Donner de l'assurance, de la hardiesse à quelqu'un. Synonymes : encourager; antonymes : effrayer, intimider, lasser. Cette longanimité enhardit mon adversaire; sa colère s'accrut de mes dédains (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 212 ). La curiosité m'enhardissant peu à peu, je descendis jusqu'à la fenêtre du rez-de-chaussée (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 602 ). Le champagne m'enhardissait (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 188 ). · Enhardir (quelqu'un) à + infinitif. Mais l'esprit d'urgence enhardit les cybernéticiens, lorsqu'ils ont besoin de connaissances théoriques non encore élaborées, à effectuer eux-mêmes un complément de recherche théorique (AUREL DAVID, La Cybernétique et l'humain, 1965, page 69) : Ø 1. Si un jour M. de Stermaria était sorti sans elle, surtout si Mme. de Villeparisis en venant s'asseoir à notre table lui avait donné de nous une opinion qui m'eût enhardi à m'approcher d'elle, peut-être aurions-nous pu échanger quelques paroles, prendre un rendez-vous, nous lier davantage. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 689. — Au passif. [Avec le complément prépositionnel en, par] — Djali, reprit la jeune fille enhardie par le succès croissant, comment prêche maître Jacques Charmolue, procureur du Roi en cour d'église? (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 77 ). Le jeune homme, enhardi par la sympathie qui l'entoure raconte, d'une voix pleine, un match de football que son équipe a gagné l'an dernier contre le club havrais (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 153 ). Enhardis par l'impunité, ils [les poissons] remplissent la coquille (GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace, 1957, page 121 ). 2. [De façon plus permanente] Donner de l'audace, de la hardiesse à quelqu'un. Dans cette crise, le rôle des hommes de pensée est d'enhardir les hommes de coeur (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 141 ). Ce premier succès enhardit Villemessant qui lança un journal du soir à dix centimes, L'Événement (GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 25) : Ø 2. Comme, d'autre part, elle lisait beaucoup, et, dédaigneuse de mes conseils, choisissait de préférence les livres susceptibles de l'enhardir, elle ne craignait plus de me tenir tête. ANDRÉ GIDE, Robert, 1930, page 1323. — [L'objet désigne une qualité humaine] Tout ce qui apaise ses rancunes et enhardit ses timidités (ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 308 ). Elle colore toute sensation, (...), enhardit les tendances (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 230 ). Remarque : La documentation atteste l'emploi adjectival du participe passé. Le Parlement enhardi rend un édit promulguant l'expulsion de Mazarin (BRASILLACH, opere citato, page 264). Enhardi, il vint à Paris et y produisit quantité de petits ouvrages jugés ravissants (RENÉ DUMESNIL, Histoire illustrée du théâtre lyrique, 1953, page 103). B.— Au figuré, au passif. [En parlant d'une création littéraire] Être rendu (plus) hardi, plus original. Après que j'aurai enseveli de premiers essais enhardis, en « la conque » (ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 92 ). L'espoir (...) que ce qui passe pour défaut, timide, sera tenu pour qualité, enhardi (ANDRÉ GIDE, Journal, 1921, page 722 ). II.— Emploi pronominal réfléchi. A.— [En parlant d'une personne] 1. [Dans une situation donnée] Devenir (plus) hardi, prendre de l'assurance, de la hardiesse. Synonymes : oser, permettre (se). Ayant de nouveau bu de l'eau-de-vie pour s'enhardir (LOUIS BLANC, Organisation du travail, 1845, page 30 ). Les passagers plus âgés et plus craintifs se montrèrent, s'enhardirent et, finalement, se décidèrent à marcher d'un bout à l'autre des ponts pour faire un peu d'exercice (ÉDOUARD PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, page 161) : Ø 3.... Forcheville répondit à ce propos maladroit de Saniette avec une telle grossièreté, se mettant à l'insulter, s'enhardissant, au fur et à mesure qu'il vociférait, de l'effroi, de la douleur, des supplications de l'autre, que le malheureux, après avoir demandé à Mme. Verdurin s'il devait rester, et n'ayant pas reçu de réponse, s'était retiré en balbutiant, les larmes aux yeux... MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 277. — S'enhardir jusqu'à + infinitif. Et ayant appris un jour que la jeune fille devait aller prochainement à un bal de noces d'une de ses amies, il s'était enhardi jusqu'au point de promettre à Angèle un bouquet de violettes pour aller à ce bal (HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 103 ). Quand ils virent que leurs supérieurs se livraient à un si fructueux négoce, les simples « Schütze » s'enhardirent jusqu'à vouloir les concurrencer (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 317 ). · S'enhardir jusqu'à + substantif (rare). Durand s'enhardissant jusqu'à la critique (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1863, page 137 ). Combien de temps aurait-il fallu qu'il demeurât immobile pour qu'elles [les fourmis] s'enhardissent jusqu'au dépècement? (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 143 ). — S'enhardir à + infinitif. Elle rôdait là depuis une heure, elle s'était enhardie à s'approcher, en entendant les rires (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1263 ). Il s'enhardit à solliciter une grâce du Roi (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY,Le Petit Prince, 1943, page 441) : Ø 4. Mais lorsqu'elle s'enhardissait à fredonner, bouche close, le démon du chant qui s'emparait d'elle la laissait, le temps d'un éclair, tremblante, hébétée, dans une espèce de confusion inexplicable, ses petites mains froides gluantes de sueur, et le sang venant d'une poussée à sa tête, comme si elle se fût trouvée, nue, tout à coup, devant une foule railleuse. GEORGES BERNANOS, Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937, page 1292. 2. [De façon plus permanente] Devenir (plus) hardi, acquérir de l'audace, de la hardiesse. Georges d'Estourny, dont l'ambition s'était enhardie avec le succès (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1844, page 182 ). Dans l'ordre peu à peu les têtes s'enhardissent (PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 58 ). — S'enhardir à + substantif (rare) : Ø 5. Forte de ses ordonnances du médecin et de l'obéissance de ses gens, stimulés par moi qui vis dans cette lutte un moyen de lui apprendre à exercer sa domination sur son mari, la comtesse s'enhardit à la résistance; elle sut opposer un front calme à la démence et aux cris; elle s'habitua, le prenant pour ce qu'il était, pour un enfant, à entendre ses épithètes injurieuses. HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 218. B.— Au figuré. [En parlant d'une chose nouvelle] S'affirmer, s'imposer. L'idée d'un écrasement possible de l'Allemagne s'enhardit peu à peu (ANDRÉ GIDE, Journal, 1914, page 457 ). Cette originalité s'enhardit chez Adam Lindsay Gordon, le chantre des libres chevauchées à travers le « Bush » (La brousse) (Arts et littérature dans la société contemporaine, 1936, page 4211 ). Une variété vivante et contrariée de timbres qui s'essaient, qui s'enhardissent, s'interrompent, se contredisent, et préparent, chacun selon sa nature, leur prochaine et miraculeuse unité (PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 120 ). — Emploi pronominal réciproque. Il [l'esprit] produit mécaniquement des idées vives qui s'enhardissent l'une l'autre (PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 44 ). Remarque : La documentation atteste enhardissement, substantif masculin Fait d'être enhardi, de s'enhardir. Ce mot n'est attesté dans la documentation que par un exemple au figuré (en parlant du style). Les quelques mots qu'elle me dit à la suite de sa lecture, m'éclairent à la fois sur la signification de ces pages et l'enhardissement que certains y pourraient trouver, — mais aussi, mais surtout, sur leur insuffisance (ANDRÉ GIDE, Journal, 1916-19, page 603). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 479. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 695, b) 840; XXe. siècle : a) 825, b) 492.

« participe passé.

Le Parlement enhardi rend un édit promulguant l'expulsion de Mazarin (BRASILLACH, opere citato, page 264). Enhardi, il vint à Paris et y produisit quantité de petits ouvrages jugés ravissants (RENÉ DUMESNIL, Histoire illustrée du théâtre lyrique, 1953, page 103). B.— Au figuré, au passif.

[En parlant d'une création littéraire] Être rendu (plus) hardi, plus original.

Après que j'aurai enseveli de premiers essais enhardis, en « la conque » (ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 92 ). L'espoir (...) que ce qui passe pour défaut, timide, sera tenu pour qualité, enhardi (ANDRÉ GIDE, Journal, 1921, page 722 ). II.— Emploi pronominal réfléchi. A.— [En parlant d'une personne] 1.

[Dans une situation donnée] Devenir (plus) hardi, prendre de l'assurance, de la hardiesse.

Synonymes : oser, permettre (se).

Ayant de nouveau bu de l'eau-de-vie pour s'enhardir (LOUIS BLANC, Organisation du travail, 1845, page 30 ).

Les passagers plus âgés et plus craintifs se montrèrent, s'enhardirent et, finalement, se décidèrent à marcher d'un bout à l'autre des ponts pour faire un peu d'exercice (ÉDOUARD PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, page 161) : Ø 3....

Forcheville répondit à ce propos maladroit de Saniette avec une telle grossièreté, se mettant à l'insulter, s'enhardissant, au fur et à mesure qu'il vociférait, de l'effroi, de la douleur, des supplications de l'autre, que le malheureux, après avoir demandé à Mme.

Verdurin s'il devait rester, et n'ayant pas reçu de réponse, s'était retiré en balbutiant, les larmes aux yeux... MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 277. — S'enhardir jusqu'à + infinitif.

Et ayant appris un jour que la jeune fille devait aller prochainement à un bal de noces d'une de ses amies, il s'était enhardi jusqu'au point de promettre à Angèle un bouquet de violettes pour aller à ce bal (HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 103 ). Quand ils virent que leurs supérieurs se livraient à un si fructueux négoce, les simples « Schütze » s'enhardirent jusqu'à vouloir les concurrencer (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 317 ). · S'enhardir jusqu'à + substantif (rare).

Durand s'enhardissant jusqu'à la critique (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1863, page 137 ).

Combien de temps aurait-il fallu qu'il demeurât immobile pour qu'elles [les fourmis] s'enhardissent jusqu'au dépècement? (FRANÇOIS MAURIAC, Le Mystère Frontenac, 1933, page 143 ). — S'enhardir à + infinitif.

Elle rôdait là depuis une heure, elle s'était enhardie à s'approcher, en entendant les rires (ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1263 ).

Il s'enhardit à solliciter une grâce du Roi (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY,Le Petit Prince, 1943, page 441) : Ø 4.

Mais lorsqu'elle s'enhardissait à fredonner, bouche close, le démon du chant qui s'emparait d'elle la laissait, le temps d'un éclair, tremblante, hébétée, dans une espèce de confusion inexplicable, ses petites mains froides gluantes de sueur, et le sang venant d'une poussée à sa tête, comme si elle se fût trouvée, nue, tout à coup, devant une foule railleuse. GEORGES BERNANOS, Nouvelle Histoire de Mouchette, 1937, 2. »

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