Dictionnaire en ligne: ENLISER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: ENLISER, verbe transitif. A.— Emploi transitif. 1. Enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance. a) [Le sujet désigne une personne] Enliser une voiture dans une ornière. Marthe, excitée, se penche sur son volant, et enlise deux roues de l'auto (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE. dans Larousse de la Langue française. ). · Au passif. [Le sujet désigne un véhicule] Des chevaux de gros trait boulonnais ou flamands (...) capables (...) de désembourber une charrette enlisée jusqu'au moyen (PIERRE ROUSSEAU, Histoire des transports, 1961, page 168 ). b) [Le sujet désigne un élément naturel] Faire s'enfoncer dans un sol sans consistance. La campagne n'est qu'un désert de neige, qui a failli enliser nos chevaux (HENRI DE MONTHERLANT, Le Maître de Santiago, 1947, III, 3, page 646 ). · Emploi absolu : Ø 1. C'était un de ces jours redoutables où la grève, plus mobile et plus avide encore que de coutume, dévore le voyageur imprudent qui se confie au sol sans le sonder. Le sable enlisait, comme on dit communément, et le glas du clocher avait annoncé déjà deux ou trois accidents. CHARLES NODIER, La Fée aux miettes, 1831, page 89. 2. Par métaphore ou au figuré. Mettre et maintenir dans un état d'inertie. (Quasi-)synonyme : paralyser. L'on vous assure qu'elle [Susannah Jackson] est pareille aux sables mouvants : elle enlise le système nerveux (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 134 ). Les républicains espagnols enlisés dans le réformisme (JEAN-GEORGES SOULÈS, DIT RAYMOND ABELLIO, Heureux les, 1946, page 35 ). Le même parti pris de renoncement enlisait l'escadre française d'Alexandrie (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, page 150 ). B.— Emploi pronominal à sens passif. 1. S'enfoncer dans du sable mouvant, dans un sol sans consistance. Une grande partie du doublage en cuivre put être arrachée, de la coque, qui, chaque jour, s'enlisait davantage (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 459 ). Le sable s'enfonçait sous les pieds. On s'y enlisait jusqu'aux chevilles (MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 143 ). 2. Au figuré. a) [Le sujet désigne une personne] Se laisser aller dans, persévérer dans quelque chose. (Quasi-)synonymes : patauger, s'empêtrer. Il n'a, pour triompher d'eux, qu'à laisser, un jour encore, les politiciens protecteurs du Uhlan s'enliser dans leurs propres fourberies (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 103 ). Je m'enlisais dans les contradictions (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 133) : Ø 2.... si Sturel n'est pas content de lui-même, ne réussit pas, et s'enlise en de déprimants échecs politiques, vous pensez bien que ce n'est pas sa faute, mais, comme dans le métier militaire, celle de on. ALBERT THIBAUDET, Réflexions sur la littérature, 1936, page 179. b) [Le sujet désigne une situation, une activité] Ne pas, ne plus progresser. Malgré ces avantages, la bataille de la Somme, en dépit de mes efforts, s'enlisait insensiblement (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 260 ). Parfois (...) sous l'effet d'un fléchissement inexplicable, son raisonnement semblait soudain s'enliser (ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques, 1955, page LXXX. ). Remarque : 1. La documentation atteste a) L'emploi adjectival du participe présent généralement dans des contextes figés ou métaphoriques. Cet amour d'un en-soi enlisant et louche (Jean-Paul Sartre, L'Être et le Néant, 1943, page 706). b) L'emploi substantival du participe passé. " Au marri! au marri! " comme crient les malheureux enlisés dans les congères sous la tourmente (Henri Pourrat, Gaspard, 1931, page 225). 2. La documentation atteste le syntagme corde d'enlise. Corde lancée à quelqu'un qui s'enlise pour l'aider à sortir du sol mouvant qui le retient. À l'instant où j'eus lancé la corde d'enlise (...) sur le point du gouffre où j'avais vu disparaître cette créature infortunée (...), elle ne pouvait plus s'en emparer (Nodier, Fée miettes, 1831, page 90). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 148.