Dictionnaire en ligne: ENLUMINURE, substantif féminin.

Dictionnaire en ligne: ENLUMINURE, substantif féminin. A.— Action, art d'enluminer. L'enluminure du XVe. siècle. Il était le rénovateur de l'enluminure et l'un des plus incontestables artistes modernes (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 132 ). L'art de Gischia tend souvent à se rapprocher de l'art roman de la fresque comme de l'enluminure par la force et la simplicité des tons (MARIE-THÉRÈSE SERRIÈRE, Le T.N.P. et nous, 1959, page 109 ). B.— Résultat de cette action; objet, dessin enluminé, orné de couleurs vives et contrastées. Une vingtaine de grossières enluminures qui, d'après l'ordre chronologique, magnifiaient les gestes de l'épée (LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 352 ). Une horloge dans sa gaine, au cadran fleuri d'enluminures (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 57 ). 1. Spécialement. Ornements, miniatures illustrant les manuscrits, notamment au Moyen-Âge. Un authentique vélin, avec d'admirables lettres de missel et de splendides enluminures (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 23 ). Les livres rares, les manuscrits à enluminures, les collections d'art sauvage d'Afrique et du Pacifique (PAUL MORAND, Londres, 1933, page 187 ). 2. Par extension. [En parlant du visage] Vive coloration du teint, due à une émotion, à l'ivresse, ou obtenue par l'emploi de fards. Ce léger trouble se trahissait (...) à l'enluminure des pommettes et à l'éclat des yeux (LUDOVIC HALÉVY, Un Mariage d'amour, 1881, page 152) : Ø Son visage étroit et plat, dont les rides étaient comblées par d'épaisses couches de rouge et de blanc, exprimait à fois la ruse et l'inquiétude. Cette enluminure manquait à quelques endroits de la face et faisait singulièrement ressortir sa décrépitude et son teint plombé... HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 210. 3. Par métaphore et au figuré. a) Domaine des sentiments, des manifestations de l'esprit. Les polythéistes actuels, dont les principaux dogmes sont transformables en notions positives, couvertes seulement d'une sorte d'enluminure divine (AUGUSTE COMTE, Catéchisme positiviste, ou Sommaire exposition de la religion universelle, 1852, page 328 ). Il y avait chez M. de Charlus (...) toute l'enluminure intérieure, invisible pour nous, mais dont il projetait ainsi quelques reflets (MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, page 840 ). b) Domaine de l'expression écrite. Abondance d'images, de tournures recherchées qui alourdissent le style et le rendent artificiel. Sa personnalité, [Flaubert] (...) fait jour ici, renflée, mélodramatique, déclamatoire, roulant dans l'emphase, la grosse couleur, presque l'enluminure (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1861, page 912 ). Il [M. de Tocqueville] ne laisse pas cependant de bien raconter ce qu'il voit et de s'en tirer fort convenablement avec sa sincérité d'impressions sans enluminure (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 10, 1863-69, page 282 ). Remarque : On rencontre chez Claudel le substantif employé comme synonyme de « illumination » (correspond à enluminer A 1). Cette illumination, cette enluminure de l'objet, constitue, aussi bien que la combustion, un état spécial de sa fonction vibratoire (Art poétique, 1907, page 167). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 84.