Dictionnaire en ligne: ENSORCELER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: ENSORCELER, verbe transitif. A.— OCCULTISME. Soumettre à une influence magique généralement maléfique, à l'action d'un sortilège. (Quasi-)synonymes : charmer, enchanter, envoûter, jeter un sort; (quasi-) antonymes : désensorceler, désenchanter, lever un sort. Le bruit public fut tout aussitôt que le roi avait été ensorcelé ou empoisonné (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 2, 1821-24, page 66 ). Les relations entre le sorcier et ceux qu'il ensorcelle (CLAUDE LÉVI-STRAUSS, Anthropologie structurale, 1958, page 185) : Ø Ils [les sorciers de Guernesey] ont des pratiques véritablement criminelles. Ils font bouillir de l'or. Ils cueillent des herbes à minuit. Ils regardent de travers les bestiaux des gens. (...) Ils sont redoutés et redoutables. Un d'eux a récemment ensorcelé un boulanger « ainsi que son four ». VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 59. B.— Au figuré. Soumettre (quelqu'un) à une forte emprise qui le captive, comme par un sortilège. 1. [Le sujet désigne une personne] Nous avons à cette cour un coquin d'infiniment d'esprit (...) qui, lors de la mort du comte Palanza, ensorcela le père Landriani (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 130 ). Canalis, comme Nodier en ceci, vous ensorcèle par une naïveté, naturelle chez le prosateur et cherchée chez Canalis (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 56 ). Il avait de l'esprit aventureux et séduisant (...) il nous ensorcela tous, mon mari, mon oncle, mes cousins (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 368 ). — En particulier. Exercer sur quelqu'un une forte emprise amoureuse, un grand pouvoir de séduction. (Quasi-)synonymes : charmer, séduire. Mme. L avait combiné l'effet incendiaire d'une certaine robe de moire bleuâtre (...) où elle devait m'ensorceler tout à fait. Cette « ensorcellerie » (intentionnelle) sera réalisée mercredi sans doute, car mercredi Mme. L doit venir chez son amie (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e. Memorandum, 1838, page 376 ). Elle réveillait plus énergiquement les sens en léthargie de l'homme, ensorcelait, domptait plus sûrement ses volontés, avec son charme de grande fleur vénérienne (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 78 ). Sa voix, c'était comme le reste, un sortilège de douceur (...) je vivais enveloppé aussi moi, un peu comme Jonkind en somme, dans l'ahurissement. Je vivais gâteux, je me laissais ensorceler (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 277 ). 2. [Par personnification; le sujet désigne un inanimé abstrait] « Le Rouge et le noir » (...) Quand ce roman ne révolte pas, il ensorcelle. C'est une possession comparable à celle de la « Comédie humaine » (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 242 ). L'ingénieur littéraire qui approfondit et utilise toutes les ressources de l'art, lui apparaissent en Edgar Poë et l'émerveillement. Tant de vues originales et de promesses extraordinaires l'ensorcellent (PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 131 ). Remarque : On rencontre dans la documentation ensorcelant, ante, adjectif en emploi figuré Qui exerce une forte emprise. En particulier [En parlant d'une personne] Qui exerce une forte emprise amoureuse, un grand pouvoir de séduction. (Quasi-)synonymes : charmant, enchanteur, séduisant Comme elle pesait peu, cette petite fille, résignée à tous les abandons, dont le charme sentimental ne se révélait qu'à la longue, quand il la comparait à cette créature ensorcelante (Émile Moselly, Terres lorraines, 1907, page 244). Pourtant ces banalités généreuses faisaient passer à travers cette masse humaine (...) un courant de haute tension, qui la faisait osciller au commandement de l'orateur (...) d'où venait la vertu ensorcelante de Jaurès? (Roger Martin du Gard, Les Thibaut, Été 14, 1936, page 448). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 47 (ensorcelant : 17).