Dictionnaire en ligne: ENTRÉE, substantif féminin.

Dictionnaire en ligne: ENTRÉE, substantif féminin. I.— [Le mot désigne un procès] A.— [Correspond à entrer A] 1. Action d'entrer, de passer de l'extérieur à l'intérieur. L'entrée du bateau dans le port, du train en gare; faire son entrée; à son entrée, tout le monde se mit à rire : Ø 1. L'entrée dans sa chambre d'un homme peu vêtu et qui la désirait la rejetait entièrement en une seconde à la pensée de Camille... PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 228. · Donner entrée. Donner accès. Des rochers (...) entr'ouverts jusqu'à leurs bases profondes, donnent entrée à la mer (CHARLES-VICTOR BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, page 23 ). — HISTOIRE. Cérémonie solennelle à l'occasion de l'arrivée d'un monarque, d'un ambassadeur, etc. dans un pays, une ville, etc. L'entrée solennelle du Parlement, du roi à Paris. Car, parfois, enjambant la grille, les polissons se risquaient à monter en croupe du débonnaire monarque, surtout les jours d'entrée royale ou d'exécution curieuse (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 290 ). — THÉÂTRE. Entrée en scène. Apparition de l'acteur sur la scène au moment où l'exige son rôle. Au figuré. Mais un nouvel orage se prépare. C'est l'entrée en scène des forces ennemies qui opèrent en Belgique, sur cette même rive nord de la Lys (MARÉCHAL FERDINAND FOCH, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918, tome 1, 1929, page 182) : Ø 2. Alors entraient à leur tour dans la danse les allumeurs de réverbères de Chine et de Sibérie. Puis eux aussi s'escamotaient dans les coulisses. Alors venait le tour des allumeurs de réverbères de Russie et des Indes. Puis de ceux d'Afrique et d'Europe. Puis de ceux d'Amérique du Sud. Puis de ceux d'Amérique du Nord. Et jamais ils ne se trompaient dans leur ordre d'entrée en scène. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Le Petit Prince, 1943, page 460. · Entrée employé par ellipse de entrée en scène. Jacques se sentait piteux de cette entrée manquée comme d'une histoire drôle qui fait long feu (JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux. 1945, page 160 ). — GESTION. Ce que reçoit une entreprise, une administration. Les mouvements d'entrée et sortie attestant la richesse du corps sont justifiés par : — les factures, — les certificats administratifs, — les extraits de procès-verbaux (CAPITAINE LUBRANO-LAVADERA, Législation et administration militaires, 1954, page 228 ). · Substantif féminin pluriel. Se dit des valeurs, des marchandises reçues dans une entreprise pendant une certaine période. Livre des entrées (confer Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — COURSES. substantif féminin pluriel. Somme versée par le propriétaire qui engage un cheval pour une course (d'après Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) et Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — INFORMATIQUE. " Donnée ou information transférée ou à transférer dans un ordinateur à partir du monde extérieur " (Dictionnaire de l'informatique (ANDRÉ LE GARFF) 1975). · Organe d'entrée. " Partie de la machine dont le rôle est de lire sur des supports tels que la bande ou la carte perforée, ou la bande magnétique, l'information relative au programme et aux données et de la transférer dans la mémoire interne de la machine " (Gestion automatisée des entreprises (G. LHOSTE, P. PÈPE) 1964). · Organe, unité d'entrée-sortie. " Qui permet à la fois l'entrée et la réception de l'information traitée " (Centre International du Droit des Affaires (CIDA) 1973). 2. Possibilité d'accès à un spectacle, à une institution, à une fonction, etc. Examen, concours d'entrée; billet d'entrée; l'entrée de quelqu'un à l'Académie, en sixième, etc. Les droits d'entrée et de halle sur la marée qui se débitait à Paris (JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 509 ). Le curé refusa l'entrée de l'église à leurs cadavres et sa bénédiction à leurs cercueils (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Saut du berger, 1882, page 12) : Ø 3. L'on sait que l'entrée au Louvre est gratuite le dimanche et que beaucoup de visites scolaires gratuites ont lieu le jeudi après-midi. D'une façon générale, on est en mesure d'affirmer que le nombre des entrées gratuites équivaut à celui des entrées payantes... Les Musées en France. 1950, page 26. — Substantif féminin pluriel. Avoir ses entrées. " Privilège attaché à certains rangs et à certaines charges, d'entrer à certaines heures dans la chambre du roi (...). Les grandes entrées se disait des entrées qu'avaient les gentilshommes de la chambre (...). Les petites entrées se disait des entrées que donnaient les autres charges " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). · Par extension. Avoir accès à un milieu fermé, être le familier d'une personne importante. [Ils] Ont leurs petites entrées dans les meilleurs salons (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1857, page 417 ). B.— [Correspond à entrer B] 1. Début, commencement d'une activité. Entrée en action, en campagne, en convalescence, en fonction(s), en guerre, etc. : Ø 4. L'Assemblée prit fin après l'entrée en fonctions du Sénat, dont les membres étaient alors en partie inamovibles et nommés par l'Assemblée elle-même. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 2, 1924, page 235. — Entrée en jeu, en ligne. Intervention : Ø 5. Le retard dans l'entrée en ligne de nos réserves ne permit pas à notre victoire foudroyante du premier jour d'avoir d'éclatants lendemains. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 77. Ø 6. Les voilà approvisionnés de pétrole. Ah, ils tiennent encore le bon bout. Quelle raison auraient-ils de faire la paix? — « L'entrée en jeu des troupes américaines! » ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 897. 2. Début d'une période. L'entrée de l'hiver; à l'entrée de la nuit; entrée en vigueur. 3. Chose annonçant le début d'une action. Entrée en matière. — Entrée de ballet ou par ellipse entrée. Divertissement exécuté par un certain nombre de danseurs dans un ballet, dans un opéra : Ø 7. Un héraut est chargé du récitatif de cette longue scène, où mille acteurs divers chantent ou dissertent, selon leur rôle. Des jardiniers et jardinières, des bûcherons, oiseleurs, pêcheurs, forment une sorte d'entrée de ballet. GÉRARD DE NERVAL, Le second Faust, 1840, page 199. · " Nom qu'on donnait jadis à l'air de symphonie sur lequel entraient les sujets de la danse dans un acte d'opéra " (Dictionnaire général des lettres, des beaux-arts et des sciences morales et politiques (THÉODORE BACHELET, CHARLES DEZOBRY) 1882). " Ritournelle qui, dans un mélodrame, annonce l'entrée en scène d'un personnage " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). — Entrée de jeu. Ne voyant dans le mariage qu'une entrée de jeu et un permis de circulation (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 332) : Ø 8. Le marquis de Villemaurin, vieux raffiné des plus compétents en matière de point d'honneur, disait que le duel est un jeu noble, où tout, depuis le commencement jusqu'à la fin de la partie, doit être correct. Or, un coup de poing dans le nez pour une demoiselle Victorine Tompain était la plus ridicule entrée de jeu qu'on pût imaginer. EDMOND ABOUT, Le nez d'un notaire, 1862, page 38. · Locution adverbiale. D'entrée de jeu. Dès le début. Il nous fallut d'entrée de jeu leur conter notre aventure (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 85 ). Remarque : Les dictionnaires signalent aussi la locution d'entrée « d'emblée »; elle n'est pas attestée dans la documentation. — Entrée de table ou entrée. Plat qui précède le rôti, le plat principal. Des entrées riches. Les relevés et les entrées s'en allèrent et se promenèrent ainsi lentement, sans que le rire perlé des dames devînt plus aigu (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 340 ). II.— [Lieu, moyen permettant d'entrer] A.— Lieu, ouverture par où l'on entre. L'entrée du port, de la maison, de la chambre, de la rue, d'une manche, d'une bouteille, etc. · Entrée des artistes. Entrée d'un théâtre réservée aux artistes. Rôdant parmi ce qui encombre une entrée des artistes (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1261 ). · Entrée de service. Entrée réservée aux fournisseurs, aux domestiques, etc., dans un hôtel particulier, une maison bourgeoise. Elle atteignit l'entrée de service de l'hôtel et pénétra dans les cuisines (MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 150 ). · Petites entrées (vieux, rare). Madame Camusot, introduite par les petites entrées, resta pendant dix minutes seule dans un boudoir attenant à la chambre à coucher de la duchesse (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1846, page 387 ). · Entrée employé par ellipse de porte d'entrée. Une ancienne logette de portier à grosses poutres, carrelée, suspendue au-dessus de l'entrée cochère (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 42 ). — Spécialement. Petite pièce séparant la porte d'un édifice des pièces d'habitation. Déposer son manteau, son parapluie dans l'entrée. Synonymes : hall, vestibule. — AÉRONAUTIQUE. Entrée d'air. Orifice admettant l'air à l'intérieur des moteurs aérobies (d'après Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). — SERRURERIE. Petite plaque de fer ou de cuivre protégeant l'ouverture où l'on engage la clef (d'après Dictionnaire de l'ameublement et de la décoration (HENRY HAVARD) tome 2 1888). Le placage uniforme a une telle vogue qu'on évite même les anneaux de tirage et que les entrées de serrure sont rarement soulignées par un motif de bronze (JACQUELINE VIAUX, Le Meuble en France, 1962, page 133 ). B.— Par extension. Ce par quoi on accède à une donnée, une information. 1. MATHÉMATIQUES. Table à double entrée. " (Table) dont chaque terme appartient à une ligne et à une colonne " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes) : Ø 9. Réduite à son expression la plus pure, et dégagée de toute image métaphorique, la pensée de Linné consiste à remplacer une série linéaire, ou à simple entrée, par une série à double entrée. AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 362. 2. LEXICOGRAPHIE. Mot mis en vedette au début de chaque article d'un dictionnaire. Synonyme : adresse. Pour l'entrée des articles de ce dictionnaire, nous nous sommes strictement conformés à la tradition lexicographique (Trésor de la Langue Française. tome 1, page XXVIII. ). Remarque : MOUNIN 1975 indique qu'il s'agit d'un calque de l'anglais. — INFORMATIQUE. " Adresse de la première instruction à traiter d'une séquence de programme ou de sous-programme " (Lexique d'informatique (MICHEL GINGUAY, ANNETTE LAURET) 1973); Confer aussi Dictionnaire de l'informatique (André Le Garff) 1975). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 416. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 7 290, b) 8 033; XXe. siècle : a) 7 817, b) 7 806. Forme dérivée du verbe "entrer" entrer ENTRER, verbe intransitif. A.— [L'accent est mis sur le changement de lieu] 1. Passer de l'extérieur à l'intérieur. a) [Le sujet désigne un être animé, une chose pouvant se déplacer] Jean entre dans la pièce, dans la chambre, au café, dans la boutique, chez des amis, dans sa voiture, dans son bain, dans l'eau, etc.; le train entre en gare; le bateau entre dans le port : Ø 1. Dans l'humide sol noir, les grosses racines tordues, toute une épaisseur de feuillage qu'il fallait écarter et ouvrir des deux mains : il entra dans cette ombre, il entra dans le bois. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 89. Ø 2. La boule entra dans un alvéole rouge, en ressortit, erra encore, entra dans celui du 9. ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 360. · S'engager dans ce qui donne accès. Entrer dans le chemin, dans l'allée, dans la passe; l'eau entre par les fentes; le soleil entre par la fenêtre. · Franchir la frontière d'un pays, les limites d'une région, d'une ville. Nous sommes entrés en Italie; les armées allemandes sont entrées dans Paris : Ø 3. Mais il me semble qu'il faut entrer dans mon pays par le chemin de fer (...) : le train donne l'impression d'une distance plus longue, ignorée surtout; une fois arrivé, on explore le pays comme une terre inconnue. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1907, page 240. · Entrer dans une femme. La pénétrer, la posséder. Soudain il fut couché sur moi, il entra en moi, et il me posséda sans un mot, sans un baiser (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 518 ). — [Très souvent employé sans complément prépositionnel de lieu] Marie entre discrètement; entrez; entrez sans frapper; le soleil entre à flots : Ø 4. Et les grandes eaux du dehors, qui voulaient entrer, filtraient çà et là en filets, en gerbes sinistres. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 139. Ø 5. JUPITER. — Ouvre à ton époux... ALCMÈNE. — Alors tu penses entrer ainsi, parce que tu es mon époux... JEAN GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, I, 6, page 68. · Ne faire qu'entrer et sortir. Ne rester au domicile de quelqu'un, dans une pièce, qu'un moment : Ø 6.... et puis, mère, n'aie pas peur, c'est moi, je ne fais qu'entrer et sortir, j'ai seulement quelque chose à prendre dans ma chambre... CHARLES-FERDINAND RAMUZ, La Grande peur dans la montagne, 1926, page 212. b) [Le sujet désigne un inanimé quelconque] La clef entre dans la serrure; la malle n'entre pas dans le coffre; le couteau entre dans la gaine. — Entrer dans les chairs. Ces questions lui entraient dans la peau comme des épingles (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Histoire d'une fille de ferme, 1881, page 30 ). Les sangles lui entrent dans les bras, dans les cuisses (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 753 ). · Familier. Cela lui entre par une oreille et sort par l'autre. En parlant de quelqu'un qui n'écoute pas ou ne tient pas compte de ce qu'on lui dit. — Quelque chose entre dans l'âme, le coeur, l'esprit de quelqu'un. Il ne pouvait entrer dans l'esprit du jeune homme que Larsan eût laissé s'accomplir l'acte qui donnait Mathilde Stangerson à M. Darzac (GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 13) : Ø 7. L'atroce désolation de ces espaces sans bornes entra tout à coup comme une lame froide dans mon coeur... JULIEN GRACQ, Au château d'Argol, 1938, page 170. — Quelque chose entre dans quelqu'un. Comme autrefois entraient en moi et devenaient moi les places de village, traversées en voiture, au mois d'avril, le soir, quand les enfants jouent après la soupe (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] 1906, page 70 ). Remarque : Cette construction b du verbe dérive probablement de la construction factitive quelqu'un fait entrer quelque chose dans. On fait entrer la gorge de la boîte sur un mandrin spécial (P. ROUSSET, Travail des petits matériaux, 1928, page 114). c) Emploi transitif, rare. Le foin coupé tout épandu sans qu'on songe à le tourner et à l'entrer (JEAN GIONO, Colline, 1929, page 67 ). — [Dans des constructions avec un complément marquant que l'action s'applique à une personne] Ses ongles m'entraient dans la chair leurs tenailles (LÉON DIERX, Poèmes et poésies, 1864, page 83 ). Il faudrait un maillet pour lui entrer ça dans le crâne (ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 670 ). La mienne [la lame] est plus pointue que la vôtre... et je vais vous l'entrer dans le coeur (GUILLAUME APOLLINAIRE, Casanova, 1918, III, page 1010 ). Des goulots [de bouteille] se fendaient en longueur et entraient leur biseau dans la main de l'homme (PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 155 ). Remarque : Les constructions transitives se font avec le verbe rentrer : rentrer les foins, la voiture au garage, la tête dans les épaules, etc. Rentrer est beaucoup plus usuel que entrer dans des constructions signalées supra c : rentrer dans un obstacle, dans quelqu'un " percuter " semblent avoir supplanté entrer dans un obstacle, dans quelqu'un signalés par les dictionnaires au mot entrer (confer Albert Doppagne, Trois aspects du français contemporain, Paris, Larousse, 1966, pages 90-92). 2. Au figuré. [Avec maintien du sens local de " pénétrer dans "] a) [Le sujet désigne une personne] — Devenir, être admis comme membre d'une institution, d'une communauté. Entrer à l'Académie, au Parti, au lycée, au couvent, en sixième, en usine, dans l'Administration, dans la carrière militaire : Ø 8. Tous devaient succéder à leurs pères. Ils entraient dans la vie sans vocation : ils s'engageaient dans l'ornière qu'un grand-père avait tracée, qu'un père avait suivie, sans regarder au-delà. ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 121. · Entrer dans une famille. En devenir membre en épousant quelqu'un de cette famille. — S'engager dans un état, une activité. Entrer en religion, dans les ordres, en ménage; entrer au service de quelqu'un. Et Marie continua de jouer avec les petits Justamonde, et de paresser, en attendant qu'elle eût l'âge d'entrer en apprentissage (RENÉ BAZIN, Le Blé qui lève, 1907, page 74 ). · Entrer + substantif fonctionnant comme attribut du sujet. J'entrai apprenti parmi les charpentiers de la grande coignée (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 121 ). Alors, il paraît que tu veux entrer professeur, à ce que dit ta mère (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 188 ). — Donner son adhésion aux idées de quelqu'un, sympathiser avec quelqu'un. Entrer dans les vues de quelqu'un, les sentiments de quelqu'un. Quand un poète me lit ses vers, je puis m'intéresser assez à lui pour entrer dans sa pensée, m'insérer dans ses sentiments (HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 210 ). Descartes s'aperçut qu'Élisabeth était hantée (par l'idée) d'un trône, et il entra dans ses vues (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 14, 1923, page 235 ). Commencer à se familiariser avec un personnage, à entrer dans ses soucis, dans son petit univers (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, 1932, page XVII. ). — Pénétrer comme par force, s'engager en forçant des obstacles. M. Rambaud avait fini par entrer dans l'intimité des Deberle (ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 884 ). Alors, il entra dans la voie terrible des usures (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 78 ). Les musiciens professionnels (...) n'entrent jamais dans le secret de l'art d'un Beethoven, chez qui le fond psychique imprègne toujours la forme (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, tome 1, 1937, page 272 ). b) [Le sujet désigne un inanimé] Intervenir dans, jouer un rôle dans : Ø 9. Ce rire-là ne fait rien à l'affaire, ne doit pas entrer dans notre analyse... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Racine et Shakspeare, tome 1, 1823, page 30. · [Avec un sujet impersonnel] Cela n'entre pour rien dans ma décision : Ø 10.... cela entrait dans mes habitudes d'enfant d'aller ainsi travailler ou faire ma correspondance en plein air... JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Roman d'un enfant, 1890, page 304. Ø 11. Je m'étais bien toujours « douté que » tu voulais faire quelque chose de « pas ordinaire » où il entrerait de la musique et de la philo. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1905, page 44. · Entrer comme élément dans. L'ombre entrait comme élément dans cette lumière fantôme (VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 315 ). · Entrer dans la composition de, dans la genèse de. Quant aux substances qui entrent dans la composition du verre, ce sont uniquement du sable, de la craie et de la soude (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 284 ). On est contraint de faire appel à des éléments qui entrent nécessairement dans la genèse de tout acte (JULES DE GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, page 158 ). · (Faire) entrer en (ligne de) compte. Les deux « stimuli » ne se distinguent vraiment que si l'on fait entrer en compte leur valeur affective ou leur sens biologique (MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 142 ). · Entrer dans le cadre de. Être contenu dans. Les réalités que nous avons appelées les mécanismes proprement dits ne peuvent déjà entrer dans le cadre d'un tel conceptualisme (RAYMOND RUYER, Esquisse d'une philosophie de la structure, 1930, page 83 ). B.— [L'accent est mis sur le commencement d'un procès ou d'un état] Commencer. 1. [Le sujet est ordinairement une personne, un collectif de l'animé] — [Le complément exprime l'état physique ou psychologique d'une personne] Entrer en agonie, en convalescence, en fureur, en rage, en transe(s); entrer dans une colère noire, dans une rage folle, dans une rêverie profonde : Ø 12. Dès les premiers mots, la vertueuse dame entra dans une colère rouge contre Marius... ANDRÉ THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, page 204. — [Le complément exprime une action militaire, une opposition] Entrer en campagne, en conflit, en concurrence, en guerre, en lutte, en révolte, etc. Aussi firent-ils entrer en ligne des troupes fraîches (ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 289 ). — [Le complément exprime un acte de communication] Entrer en communication, en conversation, en correspondance, en pourparlers, en rapport(s), en relation(s), etc.; [Le complément exprime le début d'une situation juridique :] entrer en jouissance de, en possession de. — [Le complément exprime un procès qui dure] Puis, les coudes sur la table, elle entrait dans des calculs compliqués (ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre, 1884, page 929 ). Il entrera dans une guérilla sans fin (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 855 ). · Entrer dans le vif du sujet. Aborder le plus difficile, le plus important d'un sujet : Ø 13. Petit à petit, les pages s'ajoutent aux pages, et ces détails, ces attrayants souvenirs de famille s'épuisent. Encore quelques paragraphes, et ils seront achevés, et nous entrerons dans le vif du sujet, si ce mot n'est pas exagéré quand il s'agit d'un mort. PAUL LÉAUTAUD, In memoriam, 1905, page 203. — [Le complément exprime un espace de temps] Elle entrait dans sa quinzième année quand on la maria (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, page 44 ). 2. [Le sujet est indifféremment de l'animé ou de l'inanimé] Entrer en action, en fonction(s), en conflit, en exercice, en service. Soudain, je m'apercevais que l'imagination entrait en danse (GEORGES DUHAMEL, Confession de minuit, 1920, page 89 ). Chez moi dès que l'esprit intervient le coeur entre aussitôt en jeu (CHARLES DU BOS, Journal, 1927, page 292 ). Aristote lui-même (...) n'allait entrer en scène qu'au XIIIe. siècle (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 65) : Ø 14. Quant à moi, toutes mes idées s'envolent et je suis tout de suite vaincu quand je vois les passions et les intérêts entrer dans la lice. VICTOR HUGO, Correspondance, 1824, page 397. · Entrer dans une phase de. Fernand entrait alors dans cette phase fébrile qui suit presque toujours l'évanouissement causé par une blessure (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, 1859, page 147 ). 3. [Le sujet est généralement un substantif de l'inanimé] Entrer en circulation, en ébullition, en fusion, en mouvement, en vigueur, etc. La propriété dont jouit la quinine, d'entrer en combinaison avec les acides à la manière d'une base salifiable (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 175 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 32 919. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 42 747, b) 55 735; XXe. siècle : a) 48 464, b) 44 508. DÉRIVÉS : Entrance, substantif féminin. vieux et régionalisme. a) Synonyme : entrée (confer entrée II). Vous donnerez un coup d'oeil à la masure et regarderez bien les alentours, afin de pouvoir renseigner votre ami; et même il fera bien d'y venir secrètement la nuit prochaine pour connaître et les chemins et les entrances (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, tome 2, 1858, page 35 ). Ah! mon cousin, c'est fort bien fait de fortifier ses entrances, mais c'est fort mal commode lorsqu'il s'agit de rentrer chez soi (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, tome 2, 1858 page 163 ). b) Synonyme : entrée (confer entrée I B). Commencement, début. Pris du délire sacré il [Morel] joue, il compose les premières mesures. Alors épuisé par un pareil effort d'entrance, il s'affaisse (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1010 ).