Dictionnaire en ligne: ÉPELER, verbe transitif.

Dictionnaire en ligne: ÉPELER, verbe transitif. A.— Usuel. 1. Nommer une à une et dans l'ordre toutes les lettres (d'un mot, d'une syllabe). Épeler lentement, correctement, lettre à lettre (un mot). J'ai été obligé d'épeler le nom de Van Lerberghe pour me faire comprendre (JACQUES RIVIÈRE, Correspondance [avec Alain-Fournier] , 1906, page 41) : Ø 1. Nous lisons de deux manières : le mot nouveau ou inconnu est épelé lettre après lettre; mais le mot usuel et familier s'embrasse d'un seul coup d'oeil, indépendamment des lettres qui le composent;... FERDINAND DE SAUSSURE, Cours de lingusitique générale, 1916, page 57. — [Avec un complément d'objet interne] Épeler ses lettres. Dès qu'Elzéar put épeler ses lettres, elle lui apprit à lire dans la Bible (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 34 ). — Emploi absolu : Ø 2. LE CAPITAINE, levant le falot. — Ici, c'est le tableau d'arrière d'une barque qui a péri. DON RODRIGUE. — Je ne puis pas lire. LE CAPITAINE, approchant et épelant. — ... T-I-A... Tiago. DON RODRIGUE. — Santiago? PAUL CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1944, 1re. partie, 2e. journée, 6, page 1017. — Par métaphore. Le désespoir l'abattit, il fut sur le point de tout lâcher; il se mata encore, s'astreignit à épeler ses grains [de chapelet] . Il finit par les expédier; il était à bout de forces (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 115 ). C'est en vain qu'ils retournent pas à pas, de souvenir en souvenir, qu'ils épellent leur vie, lettre à lettre (GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, page 249 ). 2. Par analogie. [L'objet désigne des chiffres] D'énormes additions dont il épelait patiemment chaque chiffre (ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 10 ). B.— Par extension. [Par référence à la nature analytique de l'exercice] 1. Lire et comprendre laborieusement, mot après mot. Synonyme : ânonner. Quant à moi, j'épelle toujours le grec. Dieu sait quand je le lirai (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 248 ). emploi absolu. Lisant à livre ouvert où d'autres épelaient (MARCELINE DESBORDES-VALMORE, Mélanges, 1859, page 218 ). 2. Discerner le détail d' (une chose). J'épèle, en moi, ce qui est l'apport de mon père, ce qui est la part maternelle (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Sido, 1929, page 82 ). Ce qu'elle voit dans les yeux de Rroû, ce qu'elle lit dans leur profondeur, Clémence l'épelle avec une tendre maladresse (MAURICE GENEVOIX, Rroû, 1931, page 238 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 225. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 252, b) 625; XXe. siècle : a) 352, b) 318.