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EMPIRISME

Publié le 02/04/2015

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EMPIRISME_____________________________________

Toute connaissance pose les deux problèmes de sa source et de sa légitimité ; pour chacun on peut envisager deux solutions extrêmes : la source de la connaissance est soit l'esprit humain, soit l'action d'un monde sur le sujet ; la connaissance tient sa légitimité soit d'une démonstration rationnelle, soit d'une vérification expérimentale. Toute philosophie qui choisit respectivement les deux dernières réponses peut être qualifiée d'empirisme. En fait, les positions sont beaucoup plus nuancées ; on considère souvent que la thèse fonda­mentale de l'empirisme est l'axiome attribué à Aristote selon lequel rien n'est dans l'esprit qui ne fût d'abord dans les sens, et des penseurs comme Berkeley ou Hume, qui réduisent la source de toute connaissance à la sensation, sont des empiristes, bien que leur refus de considérer les causes externes de la sensation les rapproche de l'idéalisme. A l'inverse, aucun penseur aussi rationaliste qu'il soit ne va jusqu'à nier toute valeur cognitive à l'expériençe.

L'empirisme classique prend sa source dans la critique effectuée par Locke de la notion cartésienne d'idée innée. L'esprit est comme une page blanche vide de caractères, les idées n'y sont pas inscrites avant l'expérience, sinon les enfants et les idiots les posséderaient, et il n'y aurait aucun arbitraire dans les principes moraux. Mais l'empirisme n'est pas la simple négation du rationalisme abstrait : en refusant l'innéisme, les philosophes de l'époque des Lumières vont devoir expliquer les modalités pratiques de l'acquisition des connaissances et du langage, ainsi que les conditions épisté­mologiques de la pensée scientifique (1). S'il semble qu'histo­riquement l'empirisme ait été une philosophie féconde, un empirisme strict, pour lequel aucune connaissance n'est a priori et où toute idée procède de l'expérience, est exposé à deux critiques essentielles :

1— Il est impossible de déduire des lois générales de termes particuliers (2) ; s'il est vrai qu'aucune connaissance n'est possible avant l'expérience, et ne reçoit pas sa légitimité indépendamment de l'expérience (3), il est faux que toute connaissance ait sa source et sa légitimité dans la seule expé­rience : les procédures logiques de démonstration y ont une part essentielle et distincte (4).

2 — Il n'y a pas d'expérience pure qui nous révélerait le monde tel qu'il est en lui-même ; ce n est pas parce qu'il est meilleur observateur que Galilée peut affirmer contre Aristote que dans le vide la vitesse des corps est indépen­dante de leur poids, c'est parce qu'il possède un nouveau concept de mouvement. Une experience déterminée n'a sa place que dans un contexte conceptuel déterminé, elle est moins une donnée immédiate comme le posait l'empirisme classique qu'une élaboration culturelle (5).

1. Voir Condillac.

2. Voir Russell.

3. Voir pragmatisme.

4. Voir Kant.

 

5. Voir Bachelard, objectivité.

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