FEED-BACK ou RÉTROACTION

Dispositif d'autocorrection qui permet à une machine ou à un organisme de régulariser son action par le jeu des écarts mêmes de cette action. L'expression « feed-back « signifie littéralement « nourrir à rebours « et évoque l'idée du « but nourrissant en arrière « la rectitude de l'itinéraire ; elle a été employée initialement par les radio-électriciens pour des montages du type « anti-fading « permettant de régulariser l'amplitude du son des postes radio.

L'ancêtre du « feed-back « est le régulateur de Watt inventé en 1776 afin d'égaliser la vitesse de la machine à vapeur. Deux boules de métal articulées sur un arbre de la machine à vapeur s'écartent sous l'action de la force centrifuge lorsque la machine

s'emballe ; cet écart, par l'intermédiaire de leviers, réduit l'arrivée de la vapeur, ce qui diminue la vitesse de la machine ; si la vitesse devient trop lente, le processus inverse augmente alors l'arrivée de la vapeur... et ainsi de suite.

Tout « feed-back « comprend trois éléments :

- Un dispositif sensible aux variations de l'effet ou détecteur (les boules du régulateur de Watt) ;

- Un message envoyé par le détecteur (les leviers commandés par les boules) ;

- Un dispositif sensible à ces informations et réagissant sur l'un des facteurs du mécanisme ou de l'organisation : le réacteur (le « tiroir « distribuant la vapeur en quantité variable).

La régulation due au « feed-back « n'est jamais instantanée : elle se réalise dans le temps, par l'intermédiaire d'un certain nombre d'oscillations qui s'amortissent peu à peu autour de la valeur idéale (la machine à vapeur qui, s'emballant, sous l'action du régulateur à boules réduit trop fortement sa vitesse, puis dépasse à nouveau, mais légèrement, la vitesse optimale, puis la réduit encore plus légèrement...).

Le « feed-back « est l'un des concepts fondamentaux d'une science récente : la cybernétique, et s'applique à une multitude de phénomènes physiques, biologiques, psychologiques et sociologiques ; Norbert Wiener, père de la cybernétique, a proclamé qu'il était le « secret de la vie «,

En effet, si, comme le pensait Claude Bernard, « la fixité du milieu intérieur est la condition de la vie libre «, cet équilibre interne organique (par exemple la température constante) est maintenu grâce à de complexes actions régulatrices s'apparen 

tant au « feed-back «. Citons quelques exemples de rétroaction:

- Laminoirs à réglage automatique ;

- Batteries de canons avec des lance-fusées antiaériens ;

- Réglage du geste d'un homme ou d'un animal (les yeux détectant en permanence l'écart entre le point où est parvenu le geste et l'objectif, et réglant, rectifiant par l'intermédiaire de l'influx nerveux la trajectoire du geste) ;

- Pédagogie active : les questions de contrôle qui entrecoupent le cours — et sont posées soit par un professeur, soit par un dispositif de l'enseignement cybernétique — permettant de modifier la suite de la leçon et de l'adapter aux connaissances de l'élève (selon l'article de Louis Couffignal dans le no 433-434 de la revue Europe, La Cybernétique et les Enseignants);

- Mécanismes économiques : l'élévation du pouvoir d'achat des consommateurs rétroagit sur la demande de produits consommables, mais avec une certaine inertie, ce qui se traduit par une évolution de « feed-back «, non pas linéaire mais oscillatoire, d'où le caractère cyclique de toute progression économique.

F.R.