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FINALITÉ

Publié le 02/04/2015

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FINALITÉ_______________________________________

La fin d'une action, c'est le but que vise son auteur ; par analogie, la fin de quelque chose c'est ce en vue de quoi elle existe. La finalité est un type d'explication privilégiée dans le domaine des actions humaines, et par extension, des objets à la construction desquels aboutit cette action ;.son extension à la nature est-elle autre chose qu'un anthropomorphisme ou un recours provisoire ?

'     Le désir, le dessein et l'organisation

Déchiffrer dans la nature un ordre des fins, c'est supposer soit que les êtres naturels se meuvent comme l'homme par désir, soit que leur production comporte quelque chose

comme cette visée préalable que l'artisan a de ce qu'il fabrique, soit enfin que les mouvements et les productions des êtres naturels tendent toujours à assigner à chacun une place définie dans un ordre naturel global. Dans ces trois cas, désir interne, dessein externe, organisation globale, ce qui fonde la finalité, ce n'est pas toujours un anthropo­morphisme, c'est aussi la considération d'un certain nombre de phénomènes dont il semble impossible d'expliquer la production sans admettre qu'elle contient au départ une anti­cipation de ce qu'elle sera. Que le changement de lieu ait une direction voilà ce qu'Aristote ne pouvait expliquer sans supposer un but inscrit en lui ; que chaque chose dans la

nature ait une certaine place, qu'il y ait un ordre naturel, voilà ce qu'on ne pense pouvoir expliquer sans supposer que cette destination soit régie par un dessein préalable. Si

l'explication par les causes finales peut sembler nécessaire, reste à comprendre d'où provient cette finalité ; pour la concevoir, on n'a eu longtemps que le modèle de l'intel­ligence vivante : Aristote inscrit le désir au coeur des choses, les stoïciens font du monde un vivant, les penseurs clas­siques y verront l'oeuvre de Dieu, esprit avisé et sage qui

prévoit tout.

·         Mécanisme et finalité

L'élaboration de la physique classique arrache définiti­vement le mouvement aux causes finales : la direction selon laquelle se meut un corps s'explique par le principe d'inertie, et l'action d'autres corps agissant sur lui. Est-il possible d'expliquer tous les phénomènes naturels par le mouvement des corps (thèse du mécanisme) ? Si celui-ci n'est pas déterminé d'avance, peut-on expliquer que l'ordre global du monde soit régulier, voire que des mouvements aléatoires produisent et reproduisent l'organisation complexe des corps vivants (1) ? Le hasard peut-il créer la nécessité à laquelle nous voyons soumis l'ordre des choses ? (2) La biologie moderne, en utilisant le modèle cybernétique, explique comment la croissance du vivant correspond à un programme génétique et à des mécanismes de régulation. Autrement dit, la finalité apparente du vivant ne requiert pas qu'on

dépasse pour l'expliquer l'ontologie admise par la physique. Si le progrès scientifique semble faire reculer sans cesse le finalisme (en l'intégrant au besoin dans le mécanisme comme le fait la biologie moderne), sa négation radicale en ce qui

concerne l'ordre du monde peut-elle être autre chose que le postulat d'objectivité propre à la pensée scientifique ? (3)

1. Le vitalisme n'est pas nécessairement un finalisme, Bergson par exemple refuse de subordonner l'élan vital à toute causalité.

2. Solution proposée par Démocrite et Epicure qui « défina-lisent « le mouvement en admettant que les atomes se meuvent originairement en ligne droite.

 

3.Cf. J. Monod, Le Hasard et la nécessité, 1970.

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