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GALILÉE (Galileo GALILEI, dit)

Publié le 02/04/2015

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GALILÉE (Galileo GALILEI, dit)
Né en 1564 à Pise d'une famille issue de l'ancienne noblesse floren­tine, mais aux revenus modestes, il commence ses études sous la direction de son père, et les poursuit à Florence au monastère Santa Maria de Vollonssosa, où il faillit recevoir le noviciat. En 1581, il entre à l'université de Pise pour y suivre des études médicales ; il en sort en 1585 (sans diplômes) et retourne à Florence. En 1589, il est nommé professeur de mathématiques à Pise, et en 1592, le Sénat de Venise le choisit pour enseigner cette discipline à Padoue. En 1605, après avoir eu connaissance des résultats obtenus par des artisans hollandais, il construit une lunette astronomique ; il publie en 1610
les résultats de ses observations dans Le Message céleste. C'est le début de son conflit avec les autorités religieuses et de sa gloire. Il reçoit le titre de mathématicien et philosophe du grand-duc de Toscane. Partisan de l'héliocentrisme copernicien (1), luttant contre l'aristotélisme en élaborant une nouvelle science du monde et du mouvement, il est peu à peu engagé dans la polémique qui conduira à sa condamnation. Le 3 mars 1616, neuvre de Copernic est mise à l'Index ; en 1623, il publie L'Essayeur, pour défendre son Discours des comètes, 1619 ; en 1632, son Dialogue sur les deux principaux systèmes du monde, présentant un exposé critique de sa méthode et de celle d'Aristote, lui fait perdre ses derniers appuis ; condamné le 22 juin 1633 au terme d'un long procès, il doit abjurer ses théories et demeurera en résiderice surveillée jusqu'à sa mort (1642). Il fait cependant paraître en 1638 à Leyde les Discours et démonstrations mathématiques concernant deux nouvelles sciences touchant la mécanique et les mouvements locaux, où la loi de la chute des corps est exposée.
OLes découvertes que la lunette astronomique permet à Galilée peuvent simplement apparaître comme l'établissement d'un nouvel ordre de faits : la lune ressemble à la terre puisqu'on y découvre des montagnes, la voie lactée est un amas d'étoiles, Jupiter possède des satellites, le soleil a des taches, Vénus possède des phases, les étoiles se transforment comme le montre le phénomène des novae. Ces découvertes marquent la fin d'une conception du monde. Le cosmos fini et clos d'Aristote cède la place à ce qui sera l'univers infini de la physique newtonienne ; il n'est plus possible de concevoir une scission ontologique entre le monde supra-lunaire et le monde sublunaire, le premier perd son inalté­rabilité et sa perfection (2), et à l'inverse, le second acquérant la régularité du premier cesse d'être le domaine de l'à peu près pour être celui des lois physiques. Pourtant ce n'est pas en homme d'expérience que Galilée se présente face à Aristote ; comme l'a montré A. Koyré (3), l'expé­rience du sens commun est toujours du côté du Stagirite : en regardant simplement les corps tomber, nul n'apercevra qu'une même accélération entraîne la pierre et la plume vers le bas. Pour créer la nouvelle physique, il fallait concevoir que le « livre du monde est écrit en termes mathéma­tiques «, comprendre que le mouvement n'est pas un processus qualitatif mais un état de la matière, admettre que l'espace n'est pas l'enveloppe immobile des corps, mais un vide immense sans haut ni bas, où les mouvements sont relatifs les uns aux autres, et que la vitesse est un rapport entre deux quantités. C'est seulement au sein de cette nouvelle organisation conceptuelle que les expériences qu'on vient d'évoquer prennent un sens ; mais c'est parce qu'elle suscite l'expérience (établissant, par exemple, la loi de la chute des corps en faisant rouler des sphères sur un plan
incliné) que la science galiléenne se distingue du géométrisme abstrait de Descartes'''. La physique de Galilée demeure cependant limitée et l'ancien disciple des aristotéliciens de Padoue concevra toujours qu'il n'y a pas de mouvement en ligne droite qui soit naturel, que les corps graves se dirigent naturellement vers le centre de la terre (4), que l'univers est fini. La révolution galiléenne n'est pas simplement un chapitre un peu mince de l'histoire des sciences, elle est l'indice d'une importante mutation culturelle :
1 — Le monde de la nouvelle physique est un univers abstrait, géométrique, il rompt avec ce qui s'offre à la perception (voir objectivité).
2 — La connaissance cesse d'être contemplation de la vérité pour devenir l'exigence d'une méthode expérimentale précise et universelle ; le savant n'est plus seulement un clerc formé à la lecture de quelques livres dont l'autorité est absolue, il est mathématicien et observateur ; les institutions propres à l'élaboration du savoir prennent un nouveau visage : de 1657 à 1667, les disciples toscans de Galilée travaillent dans l'Academia del Cimento, la Société Royale de Londres est créée en 1662, l'Académie des sciences de Paris en 1666 (5).
3 — La nouvelle astronomie pose des problèmes théolo­giques : si la terre n'est qu'une planète parmi d'autres, comment concevoir le lieu de la chute et de la Rédemption, y-a-t-il d'autres créatures, sont-elles soumises au péché originel, etc. ; avec elle commence le phénomène de la margi-nalisation de la religion (6).
1. Nicolas Copernic (1473-1543), dans l'ouvrage paru l'année de sa mort, Révolution des orbes célestes, soutient contre l'astro­nome grec Ptolémée la thèse de l'héliocentrisme et de la rotation de la terre , sa pensée reste néanmoins prisonnière de conceptions médiévales, et ses arguments en faveur de l'héliocen-trisme (perfection de l'astre solaire et des corps sphériques) apportent peu à la science.
2. Giordano Bruno qui soutenait l'homogénéité ontologique de l'univers est brûlé vif en 1604.
3. Cf. Études galiléennes, Paris, 1939.
4. Galilée ne pouvait savoir pourquoi les corps tombent, personne avant Newton ne pouvait l'expliquer ; la force de Galilée c'est peut-être d'avoir renoncé au primat de l'explication causale au profit d'une recherche de la 101.
5. Cf. T.S. Kuhn, The Copemician Revolution Cambridge (Mass.), 1957 ; G. Gusdorf, La Révolution galiléenne, Pans, 1969.
6. « L'intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au ciel, et non comment va le ciel « (Galilée).

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