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garder plus de souvenirs qu'elles ne le feraient dans des conditions normales.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

garder plus de souvenirs qu'elles ne le feraient dans des conditions normales. Elle s'interrompit, pour me jauger de nouveau. -- Je ne sais pas ce qu'il faut croire, mais... tu dois bien admettre qu'il s'agit d'indices plutôt convaincants. -- Mais pas de preuves, remarquai-je. Bon, d'accord, c'est... surprenant. Et un peu troublant. Et Alex ? u'est-ce que Stephenson dit à propos d'Alex ? Tess avait l'air embarrassée, maintenant. -- Je ne sais pas. Je n'ai parlé qu'à sa secrétaire. -- Et alors ? -- Il n'est pas là. Elle ignore où il se trouve. Son visage se durcit. Je voyais bien que ce qu'elle s'apprêtait à dire la mettait mal à l'aise. -- Je crois que c'est lui, votre savant disparu, Sean. Le type dans la cave du club de motards. La lentille de ontact... Cela me prit totalement par surprise. Du coup, j'étais encore plus intéressé. -- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? -- Il y a une dizaine de jours, il a appelé sa secrétaire et l'a informée qu'il devait partir. Il n'a pas précisé où l allait, ni pour combien de temps. Il ne répond pas aux appels sur son portable. Il n'a jamais fait cela. Elle soupira, attendit un instant. -- Il porte aussi des lentilles. Comme des milliers de gens. -- Quoi d'autre ? Elle hésita. -- Allons, Tess. Si tu es si sûre que Stephenson n'est pas parti faire la fête à Vegas, c'est qu'il y a autre hose. Dis-moi. Elle avait du mal à me regarder en face. Je remarquai qu'elle frissonnait. Je me rappelai tout à coup ce que ous avait dit Karen Walker quand nous l'avions interrogée. Le dernier kidnapping des motards avait été erpétré dans la zone de San Francisco. Stephenson était à Berkeley. Je sentis tout à coup un doigt glacé descendre le long de ma nuque. -- Je ne crois pas qu'ils soient à tes trousses, Sean. Je crois qu'ils sont aux trousses d'Alex, depuis le ébut. C'est pour cela qu'ils nous traquent. Et c'est pour cela qu'ils ont enlevé Stephenson. -- Mais pourquoi ? Je sentais que mon sang s'échauffait. -- Pourquoi en voudraient-ils à Alex ? répétai-je. Elle croisa mon regard, et une ombre passa sur son visage. -- Parce qu'ils pensent qu'il est la réincarnation de McKinnon. Parce qu'il semble que ton fils pourrait bien tre la réincarnation de l'homme que tu as tué. 59 Villaverde se réveilla dans une grande pièce très claire. Un regard circulaire lui apprit qu'il se trouvait dans une sorte de gymnase. Un gymnase privé, luxueux. Un ross-trainer, un rameur et un Power Plate s'alignaient le long d'une paroi vitrée. A l'extérieur, il voyait la mer iroiter au clair de lune. Il comprit qu'il était dans une villa du front de mer. Ce qui aurait été génial s'il n'avait eu es poignets et les chevilles liés par du ruban adhésif à des barres de gymnastique d'acier fixées au mur. Il était nu jusqu'à la taille. Il ferma les yeux, et essaya de se rappeler ce qui s'était passé. Ils l'avaient drogué, il le savait. El Brujo. Ce taré l'avait enlevé chez lui. Ce n'était pas évident, pourtant. Les adresses personnelles des agents du BI sont bien protégées. Il n'est pas facile d'obtenir ce genre d'informations. Pas facile du tout. Puis il repensa ux événements de la journée, et tout se mit en place. Le centre commercial, à Mission Valley. Abandonner orres sur place, armé, tout cela semblait inutile et aléatoire. Mais ce n'était qu'une diversion. Ils devaient l'avoir uivi à partir de là-bas. Il était pourtant attentif aux filatures - c'était devenu machinal. Il comprit soudain qu'ils evaient avoir tracé sa voiture. Bien sûr. Quelqu'un s'était glissé sous le véhicule et y avait fixé un traqueur. on, ils n'avaient même pas besoin de cela. Il suffisait de coller un téléphone portable sur sa voiture et de le racer. Mais pourquoi lui ? Reilly. C'est à Reilly qu'ils en voulaient. Ils avaient prévu de poser un traqueur sur sa voiture, mais ils n'avaient as pu, car ils étaient arrivés ensemble, dans la voiture de Villaverde. Ce qui avait signé son arrêt de mort. Il n'avait aucun doute là-dessus. En cet instant, il se dit qu'il était bien de ne pas avoir d'enfants. Ni même une maîtresse. Il essaya d'arracher les morceaux d'adhésif, n'y parvint pas. Les bras en croix et les jambes écartées, il tait comme un insecte collé sur un papier tue-mouches. Il y avait autre chose. Il avait la tête lourde. Il se sentait lourd... et lent. Comme si ses réflexes s'étaient moussés. Villaverde entendit un bruit de pas. Il tendit le cou pour regarder dans cette direction. Un homme entra. Il tait élégamment vêtu - chemise noire à col ouvert, pantalon gris coûteux, pieds nus dans des mocassins de uir. Ses cheveux noirs gélifiés étaient ramenés en arrière. Il tenait à la main un couteau court et large à lame recourbée. Quand il se dressa devant Villaverde, celui-ci croisa son regard et eut un frisson. L'homme le fixait avec ntensité, impénétrable. Ce regard semblait aussi aigu qu'un laser, mais conscient de tout ce qui l'entourait. Des eux qui pourraient anéantir tout ce qu'ils voyaient, sans la moindre trace d'émotion. Villaverde y lut un signe de reconnaissance subliminal, comme si l'autre lui disait : « Oui, c'est moi. » Et illaverde sut, à coup sûr, qu'il avait Navarro en face de lui. -- Tu ne crois pas que tu vas... -- Chut... L'homme le fit taire, deux doigts dressés devant ses lèvres. Il leva son couteau. Lentement, il le fit glisser sur la peau nue de Villaverde. Il creusa une entaille uperficielle, un grand cercle rouge sur la largeur de son torse. Villaverde s'interdit de hurler. Il ne donnerait pas cette satisfaction au pinche madre. Navarro le contempla, e plus calmement du monde. Il se remit à lacérer la poitrine de Villaverde, traçant des lignes horizontales et erticales qui quadrillaient le cercle et formaient un dessin parfaitement symétrique. Puis il recula, admira son uvre et essuya proprement la lame de son couteau avec un morceau d'étoffe qu'il avait sorti de sa poche. Villaverde eut l'impression que la douleur lui faisait perdre connaissance. Il ne put s'empêcher de regarder sa poitrine déchirée. Son torse n'était plus qu'un affreux magma de chairs sanguinolentes. Le sang coulait abondamment, imprégnait son pantalon, gouttait de ses orteils sur le plancher verni du gymnase. Mais la lame du couteau n'avait touché aucune artère, aucun organe. Il ne comprenait pas pourquoi Navarro le torturait avant même d'avoir pris la peine de l'interroger. Villaverde s'était toujours demandé comment il réagirait en pareille situation. Il savait qu'il ne dirait rien, quelle que soit la douleur qu'on lui infligerait. Il mourrait de toute façon, il n'y avait aucun doute là-dessus. Mais il existait plusieurs façons de vivre ses derniers instants. Il avait beaucoup trop mal pour se mettre en colère, et il était inutile de se défouler en hurlant. Il avait tout de même quelque chose à dire. L'honneur l'exigeait. -- Quoi que tu cherches, tu sais parfaitement que tu finiras comme les autres, hein ? Tôt ou tard, si nous ne t'arrêtons pas, c'est un de tes collègues narcos qui le fera, et tu finiras comme tout le monde, transformé en bouffe pour chiens. Navarro inclina la tête, avec un sourire sans joie. Il sortit de sa poche une bourse de cuir dont il dénoua le lacet. Il tint la bourse en l'air, presque avec respect, et murmura quelques mots dans une langue que Villaverde ne comprenait pas. Puis il regarda fixement son prisonnier. -- Libère ton esprit, et prends du bon temps. Il plongea la main dans la bourse. Villaverde vit, sur sa paume, une fine poussière grise ressemblant à des cendres humaines. Navarro s'avança tout près de lui, tendit le bras et - les yeux fixés sur ceux de Villaverde - massa les plaies ouvertes pour y faire pénétrer la poudre. Celle-ci brûlait, ignoblement, mais Navarro ne broncha pas, même quand Villaverde se mit à hurler si fort que le tueur eut l'impression que ses propres tympans allaient éclater. Aussi brusquement qu'il avait commencé, Navarro s'interrompit. Il tourna le dos à Villaverde, prit une serviette sur un meuble et s'essuya les mains, debout devant la baie vitrée, les yeux fixés sur la mer. Villaverde sentit que la douleur diminuait. Puis, très vite, son pouls s'accéléra. Il pensa à Torres et comprit que d'ici quelques instants il aurait perdu le contrôle de son esprit. Au bout d'un moment, Navarro se retourna vers lui. Il se tenait absolument immobile, fixant Villaverde en murmurant des mots incompréhensibles. C'est alors que cela vint. Beaucoup plus tôt que Villaverde ne s'y attendait. Il avait très chaud. La sueur se mit à couler sur son visage. L'acide gastrique lui remontait dans la bouche, il eut un haut-le-coeur, faillit étouffer. Quand il ferma les yeux, il vit des formes primitives glisser sous ses paupières. Il les rouvrit, mais les formes étaient toujours là, ondulant devant l'image de Navarro et du gymnase. Il referma les yeux, résistant à la confusion qui s'emparait de lui. Des couleurs aveuglantes prirent le relais et disparurent aussi brusquement, comme si quelqu'un avait actionné un interrupteur au fond de ses yeux. L'obscurité était intense, absolue... il n'en avait jamais rencontré de pareille. Il ouvrit les yeux, terrifié à l'idée d'être aveugle, et les créatures firent leur apparition. Des reptiles et des serpents, horribles, sifflants. Des ormes humanoïdes tordues qui grondaient entre leurs crocs monstrueux, le menaçaient de tous les coins à la ois. Et, derrière elles, des murs noirs qui se refermaient, se resserraient sur lui comme un étau géant. Il se mit à hurler, referma les yeux dans l'espoir de repousser l'horreur. Il tenta de résister, se força à enser à autre chose, à quelque chose de lénifiant, et revit ce qui resterait sa dernière virée à Black's Beach. Il e concentra sur les vagues qui roulaient depuis la fosse sous-marine, à huit cents mètres au large. Sur la oule brutale qui fonçait vers le rivage, un rouleau après l'autre, et libérait son énergie au fond des grands reux. Il se rappela l'odeur de la mer, le cri des mouettes au-dessus de sa tête, la sensation du pouvoir naturel es vagues tandis qu'il pagayait pour rejoindre la file. Pendant un court instant, cela marcha. Quand la vague arriva, il ressentit une sérénité délicieuse. Il sauta ur sa planche. Plia les genoux. Equilibra son poids. Mais quelque chose se précipitait vers lui. Pas la plage. as l'océan. C'était autre chose. Ça venait du plus profond de lui-même. Cela le heurta avec une violence qui épassait la force des plus grosses vagues qu'il eût jamais chevauchées. Le choc vida l'air de ses poumons. ncapable de respirer, il cherchait à retrouver son souffle. Villaverde avait l'impression que tous ses organes enaient s'écraser sur son coeur... Tout à coup, cela jaillit des plaies de sa poitrine. Un serpent tricéphale noir, gluant, aussi gros qu'un boa, émergea d'un champ de flammes, se déroula hors de son torse, se replia sur lui-même avant de se dresser à hauteur de son visage et de gronder dans sa direction, ses énormes mâchoires montrant leurs rangées de crocs. Villaverde voyait les flammes jaillir de ses plaies, il sentait l'odeur de sa peau qui brûlait et savait qu'elle grésillait et se liquéfiait sous l'effet de la chaleur. Il sut qu'il serait réduit en cendres dans quelques secondes. Il hurla, tenta de se détourner du monstre qui lui faisait face, mais celui-ci suivit le mouvement, se déplaça pour venir souffler sur son visage trempé de sueur et lui demanda, dans un sifflement répété par l'écho : -- Où sont-ils ?

« 59 Villaverde seréveilla dansunegrande piècetrèsclaire. Un regard circulaire luiapprit qu’ilsetrouvait dansunesorte degymnase.

Ungymnase privé,luxueux.

Un cross-trainer, unrameur etun Power Plates’alignaient lelong d’une paroivitrée.

Al’extérieur, ilvoyait lamer miroiter auclair delune.

Ilcomprit qu’ilétait dans unevilla dufront demer.

Cequi aurait étégénial s’iln’avait eu les poignets etles chevilles liésparduruban adhésif àdes barres degymnastique d’acierfixéesaumur. Il était nujusqu’à lataille. Il ferma lesyeux, etessaya deserappeler cequi s’était passé.

Ilsl’avaient drogué,ille savait. El Brujo. Ce taré l’avait enlevé chezlui.Ce n’était pasévident, pourtant.

Lesadresses personnelles desagents du FBI sont bien protégées.

Iln’est pasfacile d’obtenir cegenre d’informations.

Pasfacile dutout.

Puisilrepensa aux événements delajournée, ettout semit enplace.

Lecentre commercial, àMission Valley.Abandonner Torres surplace, armé,toutcela semblait inutileetaléatoire.

Maiscen’était qu’une diversion.

Ilsdevaient l’avoir suivi àpartir delà-bas.

Ilétait pourtant attentifauxfilatures –c’était devenu machinal.

Ilcomprit soudain qu’ils devaient avoirtracé savoiture.

Biensûr.Quelqu’un s’étaitglissésouslevéhicule etyavait fixéuntraqueur. Non, ilsn’avaient mêmepasbesoin decela.

Ilsuffisait decoller untéléphone portablesursavoiture etde le tracer.

Mais pourquoi lui? Reilly. C’est àReilly qu’ilsenvoulaient.

Ilsavaient prévudeposer untraqueur sursavoiture, maisilsn’avaient pas pu,carilsétaient arrivésensemble, danslavoiture deVillaverde. Ce qui avait signé sonarrêt demort.

Iln’avait aucundoutelà-dessus. En cet instant, ilse ditqu’il était bien dene pas avoir d’enfants.

Nimême unemaîtresse. Il essaya d’arracher lesmorceaux d’adhésif,n’yparvint pas.Lesbras encroix etles jambes écartées, il était comme uninsecte collésurunpapier tue-mouches. Il yavait autre chose.

Ilavait latête lourde.

Ilse sentait lourd… etlent.

Comme sises réflexes s’étaient émoussés.

Villaverde entenditunbruit depas.

Iltendit lecou pour regarder danscettedirection.

Unhomme entra.Il était élégamment vêtu–chemise noireàcol ouvert, pantalon griscoûteux, piedsnusdans desmocassins de cuir.

Sescheveux noirsgélifiés étaientramenés enarrière. Il tenait àla main uncouteau courtetlarge àlame recourbée. Quand ilse dressa devant Villaverde, celui-cicroisasonregard eteut unfrisson.

L’homme lefixait avec intensité, impénétrable.

Ceregard semblait aussiaiguqu’un laser,maisconscient detout cequi l’entourait.

Des yeux quipourraient anéantirtoutcequ’ils voyaient, sanslamoindre traced’émotion. Villaverde ylut un signe dereconnaissance subliminal,commesil’autre luidisait :« Oui, c’est moi.»Et Villaverde sut,àcoup sûr,qu’il avait Navarro enface delui. — Tu necrois pasque tuvas… — Chut… L’homme lefittaire, deuxdoigts dressés devantseslèvres. Il leva soncouteau.

Lentement, ille fitglisser surlapeau nuedeVillaverde.

Ilcreusa uneentaille superficielle, ungrand cercle rougesurlalargeur deson torse. Villaverde s’interditdehurler.

Ilne donnerait pascette satisfaction au pinche madre . Navarro lecontempla, le plus calmement dumonde.

Ilse remit àlacérer lapoitrine deVillaverde, traçantdeslignes horizontales et verticales quiquadrillaient lecercle etformaient undessin parfaitement symétrique.Puisilrecula, admira son œuvre etessuya proprement lalame deson couteau avecunmorceau d’étoffequ’ilavait sortidesapoche. Villaverde eutl’impression queladouleur luifaisait perdre connaissance.

Ilne put s’empêcher deregarder sa poitrine déchirée.

Sontorse n’était plusqu’un affreux magma dechairs sanguinolentes.

Lesang coulait abondamment, imprégnaitsonpantalon, gouttaitdeses orteils surleplancher vernidugymnase.

Maislalame du couteau n’avaittouché aucune artère,aucunorgane. Il ne comprenait paspourquoi Navarroletorturait avantmême d’avoir prislapeine del’interroger. Villaverde s’étaittoujours demandé commentilréagirait enpareille situation.

Ilsavait qu’ilnedirait rien,quelle que soitladouleur qu’onluiinfligerait.

Ilmourrait detoute façon, iln’y avait aucun doutelà-dessus.

Maisil existait plusieurs façonsdevivre sesderniers instants.

Ilavait beaucoup tropmalpour semettre encolère, etil était inutile desedéfouler enhurlant.

Ilavait toutdemême quelque choseàdire.

L’honneur l’exigeait. — Quoi quetucherches, tusais parfaitement quetufiniras comme lesautres, hein?Tôt outard, sinous ne t’arrêtons pas,c’est undetes collègues narcosquilefera, ettufiniras comme toutlemonde, transformé en bouffe pourchiens. Navarro inclinalatête, avec unsourire sansjoie.Ilsortit desapoche unebourse decuir dont ildénoua le lacet.

Iltint labourse enl’air, presque avecrespect, etmurmura quelques motsdans unelangue queVillaverde ne comprenait pas.Puis ilregarda fixement sonprisonnier. — Libère tonesprit, etprends dubon temps.. »

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