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-- Ils ne les conduiront pas aux urgences, fit remarquer David.

Publié le 06/01/2014

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-- Ils ne les conduiront pas aux urgences, fit remarquer David. Dans le meilleur des cas, on retrouvera leurs corps quelque part, mais j'y compte pas trop non plus. Ils nourriront les vers dans un canyon du coin ou dans le désert. Très probable. A leur place, c'est ainsi que je me serais débarrassé des cadavres. Il fallait cependant envisager toutes les possibilités, au cas où les salauds qui avaient tué Michelle auraient commis une boulette - ce qui arrivait parfois, heureusement pour nous. -- Ils ont perdu deux hommes en une matinée. Tu connais beaucoup d'équipes capables d'encaisser ça sans broncher ? Avant même que Villaverde puisse répondre, je poursuivis : -- Il faut contacter la DEA. -- Pourquoi ? -- Michelle ne voyait pas qui pouvait lui en vouloir. La seule possibilité qui lui venait à l'esprit, c'était un retour de bâton de ses années à l'agence. Il faut leur poser la question. -- Je connais l'adjoint du responsable de leur bureau local. Je l'appellerai. Il réfléchit et me demanda : -- C'est dans l'Est que tu as rencontré Michelle ? -- Non. A Mexico. -- Tu étais en poste au Mexique ? -- Non, à Chicago. -- Alors, comment vous avez fait connaissance ? -- J'ai été envoyé là-bas avec une équipe inter-agences. Pour localiser un nouveau labo fabriquant de la dope extra-pure qui inondait le marché. Je remontais la piste grâce à une bande de jeunes Latinos que ces types fournissaient. -- L'opération Sidewinder ? -- Oui. Mich était déjà sur place, elle travaillait depuis les bureaux de la DEA à l'ambassade, elle s'occupait de frapper les barons de la dope là où ça leur fait le plus mal : au portefeuille. Peu de temps après, nos chemins se sont croisés. -- D'accord. Qui était l'attaché, à l'époque ? C'est à lui qu'il faut parler. Je marquai mon approbation d'un signe de tête. -- Hank Corliss. Villaverde fit la grimace : manifestement, il connaissait ce nom. -- Corliss, nom de Dieu... -- Il est toujours à la DEA ? -- Putain, oui. Après ce qu'il a subi, qu'est-ce qu'il pourrait faire d'autre ? Il s'interrompit, hocha la tête, comme pour exprimer son respect envers le personnage, et reprit : -- C'est lui le patron à L.A. Il dirige l'OCDETF pour la Californie du Sud. Le nom avait visiblement fait naître des questions dans son esprit et il plissa le front. -- Tu penses que ce qui est arrivé à Michelle pourrait avoir un rapport avec cette vieille histoire ? L'idée m'était venue, mais j'avais du mal à y croire. Près de cinq ans s'étaient écoulés - une attente acrément longue avant de déclencher une seconde vague de violence. -- Après tout ce temps ? fis-je. Alors que Michelle avait quitté le service depuis des années ? Ça me paraît eu probable. En plus, elle ne faisait pas partie de notre équipe, elle travaillait sur une autre affaire, comme gent infiltré. Après un silence, j'ajoutai : -- Il vaudrait mieux que la demande vienne de toi. Corliss et moi... on ne s'envoie pas de cartes de voeux e jour de l'an. Un euphémisme, un vrai. -- D'accord, répondit David avec un petit rire. De toute façon, tu as autre chose à penser en ce moment. Comme je lui lançais un regard interrogateur, il agita le pouce en direction de la vitre séparant son bureau e celui de sa secrétaire. -- Le gamin. Je regardai à travers le panneau de verre. Assis sur un canapé de cuir noir, Alex semblait s'être calmé et ixait la moquette. Deux femmes l'entouraient. L'une était Carla, l'assistante super-efficace de Villaverde, à qui e l'avais confié à mon arrivée, l'autre, une jeune brune en blouse blanche et jupe anthracite, l'agent Julia owery. Elles tentaient de le réconforter tandis qu'il piochait sans conviction dans une boîte de nuggets et de rites. Villaverde avait aussi demandé l'aide d'une psychologue pour enfants, une femme qui avait déjà travaillé our le Bureau, mais il n'avait pu obtenir que son répondeur et il attendait qu'elle rappelle. -- Ce gosse aura besoin de beaucoup d'affection, souligna-t-il. Penses-y. Il avait raison, bien sûr. Je voulais tellement mettre la main sur les fumiers qui avaient descendu Michelle ue je ne pensais pas clairement à l'autre victime qu'ils avaient laissée derrière eux. -- Je sais. -- Qu'est-ce que tu vas faire ? Je ne voyais pas pourquoi il me posait cette question. -- C'est mon fils, qu'est-ce que tu crois ? Il vivra avec nous. -- Formidable. Tu auras sûrement des problèmes de paperasse à régler, tu devras faire une analyse de ang pour établir le lien de paternité... Il y a toute une procédure à suivre. Le gosse a de la famille qui pourrait 'opposer à ce que tu le prennes ? Les parents de Michelle vivent encore ? Ça peut devenir délicat, ce genre 'histoire. Quand je l'avais interrogée, à l'hôtel, Michelle avait répondu qu'elle n'avait pas de proches à San Diego. Je ensai à ce que je savais de sa famille. Nous n'avions vécu ensemble que deux mois, une relation si intense ue ce genre de détail était passé au second plan. -- Je ne sais pas trop... Ni frère ni soeur, à ma connaissance. Je crois que son père n'est plus là et sa mère n'allait pas très bien au moment où on sortait ensemble. La maladie d'Alzheimer, je crois. -- OK, on verra. Tout ce que je voulais dire, c'est que ce môme va te prendre beaucoup de temps. Il faut que tu t'occupes des papiers, que tu l'emmènes chez toi, que tu apprennes à le connaître et que tu jettes les bases de sa nouvelle vie. Ce ne sera pas facile après ce qu'il vient de traverser. Bon Dieu, il a vu sa mère mourir, il aura du mal à s'en remettre. Il y a un gros boulot qui t'attend, et c'est là-dessus que tu dois te concentrer, Sean. Le reste, on s'en charge. Je ne l'écoutais pas vraiment. Mon esprit se repassait en boucle l'image de Michelle chancelant devant la voiture. -- Je veux ces types, dis-je. -- Hé, moi aussi. J'ai déjà parlé au chef de la police de San Diego. Cette affaire est une priorité pour tout le monde, tu peux me croire. Mais ton intervention personnelle ne servirait à rien. On n'est pas à New York, ce n'est pas ton secteur. Tu ne ferais qu'être dans nos pattes. Il s'écarta du bord du bureau et me rejoignit devant la séparation de verre. -- Michelle est morte, son mec aussi, dit-il. Peu importe si ces types voulaient la tuer ou non. C'est fini. Ces salauds vont retourner se terrer dans les trous puants d'où ils sont sortis et il faudra qu'on remonte toutes les pistes possibles pour les retrouver. Occupe-toi de ton fils. Emmène-le chez toi. Laisse-nous régler cette histoire. En l'écoutant, je sentis mes poings se serrer et mes mâchoires se contracter. Alex. Alex était maintenant ma priorité et même si j'avais du mal à l'admettre je ne pouvais pas apporter grand-chose à l'enquête. Pas à San Diego, sur un terrain qui m'était étranger et où je n'avais aucun contact. Je ne serais de fait qu'un fardeau pour eux. Je regardai ma montre : vingt-deux heures passées. Il fallait que je sorte Alex de ce bureau, que je le conduise dans un endroit plus chaleureux, plus réconfortant, où il pourrait se reposer. J'avais toujours entendu dire que les enfants sont incroyablement résilients et Alex aurait besoin de puiser dans son quota de résilience pour toute une vie afin de se remettre. Quant à moi, je devais rapidement imaginer la meilleure manière de régler quelques problèmes, à commencer par ce que je devais lui dire, où et comment lui annoncer la terrible vérité. Je n'étais pas du tout préparé à ça. J'avais besoin d'aide, là, tout de suite, et apparemment la psy ne serait pas là avant le lendemain matin. -- Il faut que je l'emmène quelque part, dis-je. -- Je peux faire réserver deux chambres pour vous au Hilton, proposa Villaverde. Ce serait peut-être bien que Julia vous accompagne et t'aide à le mettre au lit. J'acquiesçai distraitement en songeant que l'aide dont j'aurais vraiment besoin devrait venir d'ailleurs, et surtout que j'avais un coup de fil important à donner, un coup de fil que je ne pouvais plus remettre. Je consultai de nouveau ma montre, pensai brièvement au décalage horaire entre la Californie et l'Arizona avant de me rappeler que l'Etat du Grand Canyon ne pratiquait pas l'heure d'été et s'alignait donc sur le fuseau horaire du Pacifique, celui de San Diego. Ce qui signifiait qu'il n'était pas trop tard pour téléphoner. -- Donne-moi quelques minutes, dis-je à Villaverde en sortant de son bureau tout en agrippant mon portable. 10 Comté de Cochise, Arizona Tess n'arrivait pas à y croire. Elle avait d'abord été ravie de l'appel de Reilly. Ce n'était jamais facile pour elle quand il était en mission, lle ne savait jamais exactement où il était ni quel danger il courait. Elle éprouvait cette angoisse ce soir-là et s'apprêtait à appeler Sean quand son nom était apparu sur l'écran de son téléphone. En entendant sa voix, elle avait eu la réaction habituelle de soulagement et de joie - sauf que cette fois cela n'avait pas duré. Elle se rendait compte qu'il avait fait de son mieux pour la ménager, elle devait reconnaître qu'il avait choisi es mots avec soin et les avait prononcés avec une grande sensibilité, mais la nouvelle était quand même une bombe, et malgré tous les efforts de Sean Tess se sentait déchirée, écartelée dans toutes les directions, comme passée sous un rouleau compresseur de tristesse, de souffrance, de compassion, auxquelles se mêlait - elle devait l'avouer - une pointe de jalousie. A la fin, elle s'était sentie hébétée, émotionnellement meurtrie et physiquement exténuée, et son coeur se brisa en morceaux plus petits encore quand elle songea que, quelles que soient ses souffrances, celles de l'homme qu'elle aimait étaient sûrement plus terribles encore. Et au sommet de cette montagne de douleur il y avait bien sûr cette jeune femme qui venait de perdre la vie, et cet enfant de quatre ans qui venait de voir sa mère mourir. Une seule réponse lui était venue à l'esprit, avant de raccrocher : « Je prends l'avion demain matin. » D'un ton calme, qui ne laissait aucune place à la discussion. Il n'avait d'ailleurs pas discuté.   -- Ça va ? me demanda Villaverde quand je retournai dans son bureau. -- Oui. J'éprouvai une sensation peu familière de vide et de froid intérieurs. Jetant un coup d'oeil à la vitre, à Alex, j'ajoutai : -- Emmenons-le à l'hôtel. Mais une fois qu'on l'aura bordé il y a une chose que je veux faire. -- Je t'écoute. -- La maison de Michelle, dis-je à David. Je veux la voir.

« — Qu’est-ce quetuvas faire ? Je ne voyais paspourquoi ilme posait cettequestion. — C’est monfils,qu’est-ce quetucrois ?Ilvivra avec nous. — Formidable.

Tuauras sûrement desproblèmes depaperasse àrégler, tudevras faireuneanalyse de sang pourétablir lelien depaternité… Ilya toute uneprocédure àsuivre.

Legosse ade lafamille quipourrait s’opposer àce que tuleprennes ?Les parents deMichelle viventencore ?Ça peut devenir délicat,cegenre d’histoire.

Quand jel’avais interrogée, àl’hôtel, Michelle avaitrépondu qu’ellen’avaitpasdeproches àSan Diego.

Je pensai àce que jesavais desafamille.

Nousn’avions vécuensemble quedeux mois, unerelation siintense que cegenre dedétail étaitpassé ausecond plan. — Je ne sais pastrop… Nifrère nisœur, àma connaissance.

Jecrois quesonpère n’est pluslàet sa mère n’allait pastrès bien aumoment oùonsortait ensemble.

Lamaladie d’Alzheimer, jecrois. — OK, onverra.

Toutceque jevoulais dire,c’est quecemôme vateprendre beaucoup detemps.

Ilfaut que tut’occupes despapiers, quetul’emmènes cheztoi,que tuapprennes àle connaître etque tujettes les bases desanouvelle vie.Cenesera pasfacile après cequ’il vient detraverser.

BonDieu, ila vu samère mourir, ilaura dumal às’en remettre.

Ilya un gros boulot quit’attend, etc’est là-dessus quetudois te concentrer, Sean.Lereste, ons’en charge. Je ne l’écoutais pasvraiment.

Monesprit serepassait enboucle l’image deMichelle chancelant devantla voiture.

—Je veux cestypes, dis-je. — Hé, moi aussi.

J’aidéjà parlé auchef delapolice deSan Diego.

Cetteaffaire estune priorité pourtoutle monde, tupeux mecroire.

Maistonintervention personnelle neservirait àrien.

Onn’est pasàNew York, ce n’est pastonsecteur.

Tuneferais qu’être dansnospattes. Il s’écarta dubord dubureau etme rejoignit devantlaséparation deverre. — Michelle estmorte, sonmec aussi, dit-il.Peuimporte sices types voulaient latuer ounon.

C’est fini.Ces salauds vontretourner seterrer danslestrous puants d’oùilssont sortis etilfaudra qu’onremonte toutesles pistes possibles pourlesretrouver.

Occupe-toi deton fils.

Emmène-le cheztoi.Laisse-nous réglercettehistoire. En l’écoutant, jesentis mespoings seserrer etmes mâchoires secontracter.

Alex.Alexétaitmaintenant ma priorité etmême sij’avais dumal àl’admettre jene pouvais pasapporter grand-chose àl’enquête.

Pasà San Diego, surunterrain quim’était étranger etoù jen’avais aucuncontact.

Jene serais defait qu’un fardeau pour eux. Je regardai mamontre :vingt-deux heurespassées.

Ilfallait quejesorte Alexdecebureau, quejele conduise dansunendroit pluschaleureux, plusréconfortant, oùilpourrait sereposer.

J’avaistoujours entendu dire que lesenfants sontincroyablement résilientsetAlex aurait besoin depuiser danssonquota derésilience pour toute unevieafin deseremettre.

Quantàmoi, jedevais rapidement imaginerlameilleure manièrede régler quelques problèmes, àcommencer parceque jedevais luidire, oùetcomment luiannoncer laterrible vérité.

Jen’étais pasdutout préparé àça.

J’avais besoind’aide,là,tout desuite, etapparemment lapsy ne serait paslàavant lelendemain matin. — Ilfaut que jel’emmène quelquepart,dis-je. — Je peux faireréserver deuxchambres pourvous auHilton, proposa Villaverde.

Ceserait peut-être bien que Julia vous accompagne ett’aide àle mettre aulit. J’acquiesçai distraitement ensongeant quel’aide dontj’aurais vraiment besoindevrait venird’ailleurs, et surtout quej’avais uncoup defilimportant àdonner, uncoup defilque jene pouvais plusremettre. Je consultai denouveau mamontre, pensaibrièvement audécalage horaireentrelaCalifornie etl’Arizona avant deme rappeler quel’Etat duGrand Canyon nepratiquait pasl’heure d’étéets’alignait doncsurlefuseau horaire duPacifique, celuideSan Diego. Ce qui signifiait qu’iln’était pastrop tard pour téléphoner. — Donne-moi quelquesminutes,dis-jeàVillaverde ensortant deson bureau toutenagrippant mon portable.. »

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