Devoir de Philosophie

MARCUSE (Herbert)

Publié le 02/04/2015

Extrait du document

MARCUSE (Herbert)

Né en 1898 à Berlin, il étudie la philosophie à Fribourg en Brisgau où enseigne Heidegger. Après avoir publié en 1932 une thèse sur

Hegel, (L'Ontologie de Hegel et la théorie de l'historicité), fuyant le nazisme, il doit s'exiler aux États-Unis. Il enseigne successivement

dans les universités de Columbia, Harvard, Boston, avant d'être professeur de philosophie et de politique à San Diego (Californie).

Son extrême célébrité lui vient moins d'une œuvre abondante (Éros et civilisation, 1955, L 'Homme unidimensionnel, 1964, Raison et révo‑

lution, 1969, Culture et société, 1970, Le Marxisme soviétique, 1963, La Foi de l'utopie, Philosophie et révolution, 1965, Contre-révolution et révolte, 1966) que de la référence constante qu'y font depuis une dizaine d'années des mouvements contestataires au demeurant hétéro‑

gènes.

En alliant des sources freudiennes et des sources marxistes, Marcuse propose une critique approfondie de la société contemporaine. Cela l'entraîne à quelques assimilations osées (le refoulement est confondu avec la répression sociale, le principe de réalité, substitution d'une satisfaction réelle à une satisfaction hallucinatoire, est identifié à une instance répressive et interdictrice, etc.), et surtout à restreindre la portée de l'économie dans l'histoire. Marcuse est mort en 1979.

0 Notre société est essentiellement répressive ; les insl:incts fondamentaux de l'homme n'y peuvent avoir libre cours. Le libéralisme contemporain est la forme la plus subtile (et la plus stable) de la répression. Ce qui le caractérise, c'est l'inté­gration.

Nos besoins sont intégrés ; on croirait que notre liberté réside dans leur satisfaction, mais c'est là que survient notre aliénation : nous ne désirons que ce qu'on nous apprend à désirer (gadgets, automobiles, culture de masse, etc.) et que seule la société industrielle peut fournir. La satisfaction est répressive, la tolérance l'est aussi : notre société tolère toutes les opinions parce qu'elle leur ôte leur valeur, en les consi­dérant indépendamment de leur vérité comme des marchan­dises de différentes marques. L'idéologie libérale, en faisant de l'intériorité individuelle le lieu de la liberté, fait de la contrainte (autorité civile, religieuse, inégalité sociale) la forme extérieure de cette liberté : en désirant la liberté, c'est l'ordre et l'autorité que l'on désire. La science participe à cette répression ; non seulement parce que le progrès technologique est lié à l'exploitation de l'homme par l'homme dans l'industrie, non seulement parce que les sciences humaines, en permettant une manipulation des 'employés, les intègrent au système, mais aussi parce que la rationalité scientifique, positiviste et logique fait le projet d'un monde uniforme et unidimensionnel, où disparaissent la négativité et la diversité qualitative. « Le monde tend à devenir la substance d'une administration totale qui enveloppe les administrés eux-mêmes. «

·      Puisque c'est au niveau de ses besoins et de ses instincts que l'homme est socialisé, c'est de là que doit venir la libé­ration. Cela suppose définie une nature humaine : Marcuse utilise pour ce faire les aperçus « biologiques « qui constituent la partie la plus critiquée de l'oeuvre de Freud, l'Eros est une réalité « biologique « qui meut l'homme au pl us profond de lui-même. Mais cela suppose aussi qu'existent les conditions objectives de cette libération, c'est pourquoi Marcuse se tourne vers tous les mouvements marginaux, en quoi il voit l'apparition de besoins qualita­tivement différents de ceux que la société intègre. Ce qui se fait jour, c'est non pas le besoin de plus de choses (intégré par la société), mais le besoin de quelque chose de radica­lement différent : la révolution devient un « besoin vital «.

Marcuse pense possible l'avènement d'une société non répres­sive : il la définit dans les termes vagues d'une solidarité biologique entre les hommes, d'une harmonie réelle entre la société et l'individu, et d'un libre développement de ce dernier. On peut se demander en quoi ces derniers points diffèrent des vieux thèmes du socialisme utopique.

Liens utiles