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MATIÈRE

Publié le 02/04/2015

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MATIÈRE

On peut définir la notion de matière par trois déterminations :

1 — C'est une catégorie du langage courant et de l'expérience quoti­dienne (le « matériau «, ce qui résiste, ce qu'on travaille).

2 — C'est une catégorie servant à désigner les objets de la physique ; cette catégorie ne fait pas partie des concepts de la physique : cette dernière élabore seulement les notions de masse, masse ponctuelle, énergie, etc.

3 — C'est une catégorie du discours philosophique servant à désigner un type de réalité par opposition à d'autres (esprit, vie), et selon un réseau de propriétés qui tiennent à la fois de l'expérience quoti­dienne, etde l'élaboration conceptuelle offerte par l'histoire de la physique (voir corps).

Les déterminations de ce qu'on entend par matière sont très variables au cours de l'histoire. Le matérialisme est une thèse ontologique posant que toute réalité est constituée par ce que désigne le concept de matière ; les affirmations de type matérialiste dépendent donc étroitement de l'histoire des sciences (voir Épicure). On pourrait exposer ainsi la thèse matérialiste moderne comme projet : expliquer tous les phénomènes sans supposer comme constituants du monde d'autres réalités que celles correspondant au langage de la physique (voir Carnap). On pourrait objecter à cette thèse que les objets de la physique ne sont pas des constituants de la réalité, mais des entités construites (voir objectivité; cf. Bachelard, Le Matérialisme rationnel) : le matérialisme suppose une théorie de la connaissance purement réaliste.

C'est le caractère abstrait d'un matérialisme constitué dans les limites qu'on vient de décrire que Marx critique chez les auteurs français du XVIIIe siècle (D'Holbach, Helvetius, La Mettrie) ; à l'encontre de cette abstraction, il définit un matérialisme historique affirmant la dépendance de toutes les productions humaines à la production de la vie matérielle ; Engels puis Lénine, Staline et Mao Tsé-Toung entendront développer un matérialisme dialectique qui a pour caracté­ristique principale d'être une thèse ontologique générale supposant que la réalité est constituée par le processus dialectique dans lequel un principe nommé matière constitue toutes les formes d'existence observables. Depuis Engels, les tenants du matérialisme dialectique (pour peu qu'ils ne se contentent pas de ressaisir des généralités vides) sont confrontés à deux tâches :

1 — Montrer en quoi la conception dialectique de la nature (c'est-à-dire l'affirmation selon laquelle tout dans la nature correspond à un processus par lequel les contraires engendrent de nouvelles réalités) est compatible avec l'appréhension scientifique de cette nature.

 

2 — Expliquer comment l'affirmation d'un matérialisme susceptible de recueillir toutes les déterminations de la matière que produisent les sciences (et seulement elles) est possible avant la connaissance de ces déterminations.

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