n ombreux syntagmes et locutions. L'image de l'abeille, motif décoratif, est typique du premier Empire. ? Plusieurs dérivés ont vieilli, tels ABEILLON n. m. (XVe s.) « essaim d'abeilles », ABEILLER n. m. (v. 1260) « ruche », ABEILLAGE n. m. (1319, aboilage ) « droit sur les ruches des vassaux ». ? Le synonyme ancien AVET T E n. f . (v. 1170, e vete ) est un diminutif de l'ancien français e f, reformé au XIVe s. (1385, avette ), d'après un diminutif latin de apis, °apitta, forme du Nord correspondant à l'apicula méridional. ? v oir ACHE. ABÉNAQUIS , ISE a dj. et n. e st le terme ethnique du peuple amérindien nomade des Abénaquis (mot autochtone), établi au nord-est des États-Unis actuels, décimé au XVIIe s. et dont les survivants se fixèrent au Québec, en Mauricie. ABER n. m. e st un emprunt passé dans la langue générale au début du XIXe s. (1834 dans le dictionnaire de Landais) du breton aber (signalé par l'Encyclopédie, 1751, dans un autre sens). ? Le mot s'applique à un estuaire profond et étroit, en Bretagne, analogue au fjord scandinave. La région, le pays des abers (Finistère nord, avec l'aber Wrach, l'aber Benoît, l'aber Ildut). ABERRATION n. f . e st un emprunt savant (1624) au latin scientifique aberratio, d érivé de aberrare, composé de ab- (-> à) e t du verbe e rrare (-> errer). ? Il signifie « action de s'écarter », en parlant d'une image optique (1624) ; le mot ne se répand qu'au XVIIIe s. (Voltaire, par exemple) sous l'influence de l'anglais, qui l'emploie en sciences. Au figuré (1775), il signifie aussi « déviation du bon sens, de la raison ». ? Aberrare avait fourni par emprunt ABERRER v. int r. (1532), sorti d'usage et dont l'absence par rapport à aberration e t aberrant e st notée au XIXe s. (1845). Aberrer semble avoir été repris au figuré (1866) ; il demeure rare. À la différence du verbe aberrer, le participe présent devenu adjectif, ABERRANT , ANT E (1811, en sciences), est courant au sens d'« absurde » (mil. XXe s.). En outre, le mot est repris en sciences pour « qui s'écarte du type normal » ou « qui présente des variations anormales ». ? De là ABERRANCE n. f . (attesté 1936). ? ABÊTIR -> BÊT E ABHORRER -> HORREUR ABÎME n. m. représente, d'abord sous les formes abisme, abysme (v. 1120), le latin chrétien abyssus, modifié en °abismus d 'après d'autres mots en -ismus ; c'est, par rapport au latin classique, un barbarisme. Abyssus (-> abyssal) vient du grec abussos « sans fond », de a- (-> 2 a-) e t bussos « le fond de la mer », forme parallèle et rare pour buthos. C e dernier serait apparenté à bathos « profondeur » (-> bathyscaphe) e t, avec un autre vocalisme, à benthos, mots sans étymologie connue. Déjà en grec classique, abussos s'emploie au sens de « très profond » (comme la mer), et « dont on ne peut toucher le fond ». On peut donc dire, sans plus d'absurdité qu'en grec : un abîme sans fond, ce qui, étymologiquement, est un pléonasme. ? Le mot s'est appliqué en ancien français à l'enfer, ainsi qu'aux profondeurs de l'océan (XIIIe s.). ? Il s'emploie au figuré (XVe s.) pour évoquer le degré extrême (un abîme de...), e mploi littéraire. Sa spécialisation en héraldique pour désigner le centre de l'écu (1671) a fourni à Gide l'expression mise en abyme (1893), qui rétablit le y étymologique. Cette expression renvoie à un procédé artistique ou littéraire de répétition en miroir, réduite, du sujet ou de l'action. ? Le verbe ABÎMER, d érivé de abîme (XIVe s.), signifie d'abord « jeter, précipiter dans un abîme, dans un gouffre » ; il s'affaiblit au XVIe s. en « ruiner (une fortune) ». ? Il ne signifie plus vers la fin du XVIIIe s. qu'« endommager ». C'est dans ce sens qu'il est devenu très courant, comme casser ou briser. ? v oir ABYSSAL. ABJECT , E CTE a dj. vient par emprunt (1420) du latin abjectus, participe passé du verbe abjicere, composé de la préposition ab- (idée d'abaissement) [-> à] e t de jacere « jeter » (-> gésir). Abjectus signifie donc d'abord « re-jeté », puis en latin chrétien « rejeté moralement, méprisé » et enfin « complètement méprisable ». ? C e sens est passé en français, où le mot a aux XVe -XVIe s. une valeur sociale, « roturier », encore enregistrée au XVIIIe siècle. ? L'adjectif a pris une valeur morale négative très forte, voisine de celle de mots comme ignoble. ? Il a pour dérivé ABJECT EMENT a dv. (1616). ABJECT ION n. f . e st emprunté (1372) au dérivé latin abjectio « état de l'âme abaissée, abattue » et en latin religieux « humilité ». Il a suivi l'évolution de abject, passant d'« avilissement » à « ignominie », et s'emploie aussi pour désigner une action abjecte (une abjection). ? ABJURER v. t r. e st emprunté (1327) au latin abjurare, formé de ab- (-> à) e t de jurare (-> jurer), « nier (qqch.) par un serment solennel », employé en latin chrétien avec un nom de personne comme complément. ? Le verbe s'est d'abord employé dans un contexte féodal, en concurrence avec reneier (renier), forjurer e t parjurer, pour « rejeter par serment l'autorité de (qqn) » ; ce sens est encore mentionné aux XVIIIe e t XIXe s., mais à propos de l'histoire de l'Angleterre. Le sens latin de « nier avec serment » (1611) semble assez virtuel ; en revanche, l'emploi pour « renoncer, abandonner avec serment » (1611), spécialisé en religion puis à propos de croyances en général, est demeuré usuel en concurrence avec renier (mais abjurer la patrie, 1690, est sorti d'usage). ? ABJURAT ION n. f . (fin XIVe s., abjuracion ) est emprunté au dérivé bas latin abjuratio. Un emploi du latin médiéval a fourni un terme juridique anglo-normand (1557) « serment d'abandon du pays où un criminel jouit d'un droit d'asile ». ? Le mot a eu plusieurs valeurs en droit, mais s'est fixé comme substantif d'abjurer au sens religieux, aussi pour « hérésie » (déb. XVIIe s., d'Aubigné), et au sens général. ? ABJURAT OIRE a dj. (1842), « qui exprime une abjuration », est rare. ABLATION n. f . e st un emprunt savant (XIIIe s.) au latin ablatio « e nlèvement », de ablatum supin de auferre, d e ab (-> à) e t ferre « porter » (-> -fère). Les formes en latus, latum, e mpruntées au verbe ferre, ont donné de nombreux mots en français. Ablatio, chez les grammairiens et en latin d'Église, a servi à traduire le grec aphairesis (-> aphérèse). ? Le mot français est médical puis didactique (1495) ; il s'est spécialisé au XIXe s. en géologie à propos de la perte de substance d'un relief, d'un glacier (1885), peut-être par emprunt à l'anglais ablation (1860). ? ABLAT IF n. m., e n grammaire, est emprunté au latin grammatical ablativus, d e ablatus. Au XVIe s., ablatif a dj. a e u la valeur générale de « qui enlève ». Il désigne le sixième cas de la déclinaison latine. Par emprunt à l'anglais ablative, il sert en sciences d'adjectif pour ablation (v. 1970). ? ABLAT ER v. t r. e st emprunté en géologie (1923) à l'anglais to ablate. ABLE n. m., d ésignant un poisson, est issu (1393) du latin albula, substantivation au féminin de l'adjectif albulus, d iminutif de albus « blanc » (-> albe), d issimilé en latin populaire en °abula e t °abla. L ? Dans l'usage courant, il a été écarté par son dérivé et utilisé par Cuvier pour désigner un genre de Cyprinidés. ? Le dérivé ABLET T E n. f . (1525) est précédé par la forme populaire auvette (1386) ; il est devenu plus courant que able. ? ABLERET n. m. (1317, ableré) désigne un filet de pêche carré.