Devoir de Philosophie

qu'elle s'y enferme.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

qu'elle s'y enferme. Il connaissait l'endroit pour l'avoir déjà inspecté. Il avait un verrou intérieur. Pire, elle y trouverait de quoi se défendre. Pire encore, il y avait un téléphone... Caroline s'accrocha à la poignée et tenta de la forcer, en vain. Elle laissa échapper un cri de désespoir et reprit son élan. Cinq mètres. Elle entendait l'homme souffler bruyamment dans son dos. Deux mètres. Ses jambes l'abandonnaient. Un mètre. La longueur d'un bras. Une masse s'abattit sur elle, l'aveuglant d'un coup. Caroline s'effondra. Craquement du bassin, douleur fulgurante. De la terre lui rentra dans la bouche. -- Cette fois, c'est terminé, lâcha Eddy entre ses dents. Un genou planté dans les reins de sa victime, il pressa la carotide et les cervicales, et maintint sa prise jusqu'à sentir la femme près de claquer. Il la retourna vers lui pour s'emparer de son regard, les pupilles étaient renversées. Libérant sa main droite, il sortit de sa poche le string qu'il avait dérobé dans l'armoire de Marion et finit d'étrangler la malheureuse avec. -- Bye, Marion... Ce coup-là ne lui avait pas apporté la jouissance espérée. Cette amazone lui avait sacrément fait mal, et il n'avait pas eu le temps de prendre de clichés. Jamais il n'aurait dû se laisser embarquer en terrain découvert. D'habitude, il les ramenait dans son labo. Là, il s'était précipité pour évacuer le désir que lui inspirait Marion. Grave erreur. Elle aurait pu lui échapper, alerter les flics. Ça, encore, il aurait géré, mais la savoir en vie lui aurait été insupportable. Dès qu'il avait une proie en vue, elle devait s'éteindre et quitter ce monde. Eddy frotta ses pommettes endolories et passa un doigt sur son front ensanglanté. Cette chienne s'était bien battue. Après avoir repris des forces, il chargea le corps de Caroline sur ses épaules et le déposa dans le coffre de sa voiture. La course poursuite l'avait mis en nage. Son tee-shirt lui collait à la peau. Il retira ses gants, ôta son sweat, et refit en sens inverse le trajet avec un balai pour effacer les traces de lutte. Le sol, piétiné par les montures et leurs cavaliers, rendrait impossible la prise d'empreintes et d'ADN. Mais la disparition de la jeune femme serait rapidement signalée car elle se rendait au centre chaque jour pour soigner sa jument. Il avait juste le temps de faire un crochet par son domicile et d'y prendre quelques photos. Il essaierait de « faire vivant », la nécrophilie n'était pas son truc. Ce serait un pis-aller, histoire d'alimenter ses archives. Après, il lui faudrait se débarrasser du cadavre. Guyancourt étant exclu, il aviserait cette nuit. 26 En ce tout début de matinée, l'avenue Matignon sommeillait encore derrière ses façades haussmanniennes. Devant le porche d'entrée de la maison Christie's, des pigeons picoraient dans le caniveau. Yvan sortit de la station « Franklin D. Roosevelt », une mallette à la main. Il avait sa tête des mauvais jours et pressa le pas après avoir consulté sa montre. Cinq minutes plus tard, les diodes d'activité de son ordinateur de bureau s'affolaient, le disque dur grattait, le système amorçait son démarrage. Il s'accordait une heure pour boucler le rapport d'expertise concernant Karol Van Zylstra, pas plus. Le travail en retard commençait à s'accumuler. Il n'avait pas fini de rédiger que l'écran de son BlackBerry s'illuminait. Un message.   Où es-tu ?   Yvan s'approcha de la fenêtre. Il aperçut la BMW stationnée le long du trottoir, warnings allumés.   Donne-moi cinq minutes.   À la sortie du périphérique ouest, Eddy s'était fait prendre par un radar. Il cogna le volant d'un poing rageur. Ça tombait bien, bon sang ! Son patron l'avait sonné à l'aube pour le remettre en piste. Deux heures de sommeil au compteur, une tête de déterré, l'expédition de la veille avait laissé des traces. Il avait passé une bonne partie de la nuit à mettre en scène sa cavalière fraîchement assassinée, et on le tirait du lit pour le jeter dans la rue comme un clodo. Au moins, ses pulsions l'avaient lâché. Filer la gamine et son ange gardien ne le mettrait pas au supplice, cette fois-ci. Il n'avait cependant pas pu se résoudre à laisser le string de Marion sur le cadavre : il s'était promis que ce bout de dentelle lui servirait encore avant d'orner le cou de sa légitime propriétaire. Cette idée fit tressaillir à nouveau sa paupière. Se débarrasser de ce tic. Il ne lui restait qu'un feu à franchir avant d'entrer dans l'avenue Matignon. Pile à l'heure. La BMW démarrait devant lui. D'après ce qu'Eddy avait déniché dans les affaires de Marion et l'interprétation qu'en avait tirée son patron, la destination de ce jour était facile à prévoir. Leur enquête progressait. Malins, les lascars. Rapidement, les deux véhicules franchirent le pont Alexandre-III. Eddy connecta son système de communication mains libres sur son portable. Arrivé boulevard du Montparnasse, il composa un numéro. -- Ils suivent l'itinéraire attendu. Dans quelques minutes, on prendra l'autoroute A6. -- Parfait. Appelez-moi s'il y a du nouveau.   D'une main preste, Marion attrapa une canette de soda et la proposa à Yvan. Qui fit la moue. -- Comment peux-tu boire ça à neuf heures du mat ? -- Ça ou du café..., dit-elle, cachée derrière ses lunettes de soleil. Elle coinça la canette entre ses genoux et l'ouvrit d'une main. Un clic métallique libéra le gaz sous pression.   Comme en écho, dans le VIe arrondissement de Paris, la serrure de la porte d'entrée de l'appartement d'Yvan fit entendre un sourd claquement. Des mains gantées de cuir fin passèrent en revue les documents disposés sur le bureau. Les cartons entassées dans le salon et la chambre seraient méticuleusement fouillés à leur tour.   La BMW filait à vive allure en direction de Fontainebleau. Marion et Yvan étaient convenus de consacrer le temps nécessaire à ce point stratégique. Ils l'avaient repéré sur l'axe qu'ils avaient tracé sur la carte. L'alignement des châteaux de Chambord, de Fontainebleau et de la basilique de Reims ne devait plus rien au hasard. Fontainebleau était l'un des plus hauts lieux de la royauté française. Il devait leur livrer de nouvelles pièces pour compléter leur puzzle. Marion et Yvan se garèrent sur l'immense parking du château. Il était encore tôt, et ils furent les premiers visiteurs à pénétrer dans l'enceinte protégée. Deux imposants escaliers de pierre formant un fer à cheval encadraient la porte principale. Ils jetèrent ensemble un oeil sur les façades. -- Toutes les salamandres ont la queue en forme de 8. On sait maintenant où l'on va, remarqua Marion. Ils continuèrent d'examiner l'extérieur de l'édifice. -- J'ai discuté du chiffre 8 avec un confrère. Il m'a dit de drôles de choses... Viens, suis-moi, dit Yvan. Ils marchèrent un moment, longeant les murs imposants, avant de rejoindre une entrée plus discrète. Soulevant des feuillages qui masquaient la porte en bois grisée par le temps, Yvan fit passer Marion devant lui. -- Qu'est-ce que ces deux statues égyptiennes font là ? demanda-t-elle, stupéfaite. Yvan fut ravi de l'effet produit. -- D'après Champollion, le premier à avoir percé le mystère des hiéroglyphes, le chiffre 8 se rapporte particulièrement à Thot, le dieu lunaire, le « seigneur du temps ». Thot, que l'on désigne aussi sous le nom de Chmoun, signifie « 8 » en égyptien. -- Intéressant, sauf que Champollion a vécu sous le premier Empire... Que je sache, on ne se préoccupait pas de l'Égypte à la Renaissance. -- C'est ce qu'on croit, mais en fait ces statues égyptiennes ont été sculptées durant les grands travaux commandés par François Ier, quand il a décidé de transformer ce lieu en résidence royale. As-tu déjà visité le château de Chenonceau ? -- Oui, deux fois, mais cela remonte à quelques années. -- Peut-être te souviens-tu alors des deux grands sphinx qui en défendent l'accès ? Ce sont des sphinx d'époque Renaissance. -- Ce que nous cherchons pourrait donc prendre sa source plus loin que nous l'imaginions. -- En tout cas, répliqua Yvan, les esprits ingénieux qui ont élaboré ces codes étaient certainement initiés à des savoirs très secrets. On associe Thot à un autre dieu grec, Hermès, le dieu de l'alchimie. Or l'hermétisme est la doctrine des initiés astrologues et alchimistes. -- Hermès est aussi l'instigateur de La Table d'émeraude, cette mystérieuse déclaration ésotérique où il est notamment évoqué une égalité entre ce qui est en haut et ce qui est en bas comme une symétrie, ou l'alpha et l'oméga... Un nouveau rapport au chiffre 8 et à la symétrie. -- On retrouve également un grand 8, évoqué par deux boucles significatives que portent certains dieux, symbolisant le caducée. Cet attribut d'Hermès s'est ensuite transformé en deux serpents enroulés. Ces serpents forment des S ou des 8, selon leurs représentations. C'est aujourd'hui le symbole de la médecine. En étayant mes recherches, j'ai trouvé dans le chapitre XXI de l'Ancien Testament, au huitième paragraphe, l'énoncé suivant : « 8 - L'Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant et place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu et le regardera conservera la vie. » -- Du serpent brûlant à la salamandre, il n'y a qu'un pas, renchérit Marion. -- Hermès nous guide peut-être, il est aussi le dieu de l'hermétisme et de l'herméneutique. Le dieu du mystère et de l'art de l'élucider.   Piétinant des plates-bandes de glaïeuls à mesure qu'il s'approchait de Marion et d'Yvan, Eddy ne remarqua pas la présence d'un jardinier qui le surveillait depuis un moment. Au début, l'homme s'était retroussé les manches avec l'intention de chasser l'intrus. Mais il s'était ravisé : le comportement étrange et la carrure d'Eddy n'annonçaient rien de bon. Il jugea plus prudent d'avertir la sécurité. Après tout, il y a des fous qu'on enferme et d'autres pas. Les gardiens chargés de la surveillance du parc occupaient un local attenant aux communs du château. -- Désolé de vous déranger, les gars, mais j'ai un problème. -- Quel genre ? -- Un visiteur qui saccage les massifs. -- Et tu peux pas lui indiquer la sortie ? -- Marrez-vous, c'est pas une demoiselle. Plutôt un détraqué, et baraqué avec ça. Pas envie de me prendre un mauvais coup. -- OK, on s'en occupe. Montre-nous ton assassin. -- Je ne le vois pas sur l'écran, nota l'autre gardien. -- Laisse tomber, il est planqué par les feuillages, répliqua le jardinier. Les trois hommes se rendirent sur les lieux. L'un des gardiens adressa un signe de tête à son collègue, qui allumait son talkie-walkie. -- Tu longes le mur pendant que je m'approche pour lui parler. Eddy perçut des mouvements suspects. Il pivota et repéra un gardien qui rasait le mur. Il se doutait que l'homme n'était pas seul. Il ne voulait surtout pas d'embrouille avec la sécurité. Fuir, mais par où ? Marion et Yvan lui tournaient le dos, ils s'attardaient à bavarder. Battre en retraite serait se jeter dans la gueule du loup. Eddy se décida, et bondit à travers les branchages. Marion lâcha un cri de surprise. Ils n'eurent pas le temps de dévisager l'individu qui les dépassa à vive allure. Yvan se décala pour tenter de voir, en tenant Marion par les épaules. Le fuyard avait déjà disparu à l'angle du mur. -- Tu as vu quelque chose ? dit Marion. -- Non, il galopait comme un lapin. L'un des gardiens lancés à la poursuite d'Eddy se trouva vite distancé. Marion échangea un regard avec Yvan, qui la tenait toujours par les épaules. Le jardinier qui venait de surgir à son tour la fit sourire. La main protectrice d'Yvan glissa le long de son dos. Le jardinier suait à grosses gouttes. Il braillait dans son talkie-walkie, mais l'engin crachotait des sons presque inaudibles. -- Ça marche jamais quand on en a besoin, ces trucs-là... -- Le parking, Steph, le parking ! -- Reçu, j'arrive, hurla le jardinier en secouant l'appareil.  

« 26 En cetout début dematinée, l’avenueMatignon sommeillait encorederrière sesfaçades haussmanniennes.

Devantleporche d’entrée delamaison Christie’s, despigeons picoraient dansle caniveau.

Yvansortitdelastation « Franklin D.Roosevelt », unemallette àla main.

Ilavait satête des mauvais joursetpressa lepas après avoirconsulté samontre.

Cinqminutes plustard, lesdiodes d’activité deson ordinateur debureau s’affolaient, ledisque durgrattait, lesystème amorçait son démarrage.

Ils’accordait uneheure pourboucler lerapport d’expertise concernant KarolVanZylstra, pas plus.

Letravail enretard commençait às’accumuler.

Iln’avait pasfiniderédiger quel’écran deson BlackBerry s’illuminait.

Unmessage.   Où es-tu ?   Yvan s’approcha delafenêtre.

Ilaperçut laBMW stationnée lelong dutrottoir, warnings allumés.   Donne-moi cinqminutes.

  Àla sortie dupériphérique ouest,Eddys’était faitprendre parunradar.

Ilcogna levolant d’unpoing rageur.

Çatombait bien,bonsang ! Sonpatron l’avaitsonné àl’aube pourleremettre enpiste.

Deux heures desommeil aucompteur, unetêtededéterré, l’expédition delaveille avaitlaissé destraces.

Il avait passé unebonne partiedelanuit àmettre enscène sacavalière fraîchement assassinée, eton le tirait dulitpour lejeter dans larue comme unclodo.

Aumoins, sespulsions l’avaientlâché.Filerla gamine etson ange gardien nelemettrait pasausupplice, cettefois-ci.

Iln’avait cependant paspuse résoudre àlaisser lestring deMarion surlecadavre : ils’était promis quecebout dedentelle luiservirait encore avantd’orner lecou desalégitime propriétaire.

Cetteidéefittressaillir ànouveau sapaupière.

Se débarrasser decetic.

Ilne luirestait qu’unfeuàfranchir avantd’entrer dansl’avenue Matignon.

Pileà l’heure.

LaBMW démarrait devantlui. D’après cequ’Eddy avaitdéniché danslesaffaires deMarion etl’interprétation qu’enavaittiréeson patron, ladestination decejour était facile àprévoir.

Leurenquête progressait.

Malins,leslascars. Rapidement, lesdeux véhicules franchirent lepont Alexandre-III.

Eddyconnecta sonsystème de communication mainslibressurson portable.

Arrivéboulevard duMontparnasse, ilcomposa unnuméro. — Ils suivent l’itinéraire attendu.Dansquelques minutes,onprendra l’autoroute A6. — Parfait.

Appelez-moi s’ilya du nouveau.   D’une mainpreste, Marionattrapa unecanette desoda etlaproposa àYvan.

Quifitla moue. — Comment peux-tuboireçaàneuf heures dumat ? — Ça ouducafé…, dit-elle, cachée derrière seslunettes desoleil. Elle coinça lacanette entresesgenoux etl’ouvrit d’unemain.Unclic métallique libéralegaz sous pression.

  Comme enécho, dansleVIe  arrondissement deParis, laserrure delaporte d’entrée de l’appartement d’Yvanfitentendre unsourd claquement.

Desmains gantées decuir finpassèrent en revue lesdocuments disposéssurlebureau.

Lescartons entassées danslesalon etlachambre seraient méticuleusement fouillésàleur tour.   LaBMW filaitàvive allure endirection deFontainebleau.

MarionetYvan étaient convenus de consacrer letemps nécessaire àce point stratégique.

Ilsl’avaient repérésurl’axe qu’ils avaient tracésur la carte.

L’alignement deschâteaux deChambord, deFontainebleau etde labasilique deReims ne devait plusrienauhasard.

Fontainebleau étaitl’undes plus hauts lieuxdelaroyauté française.

Ildevait leur livrer denouvelles piècespourcompléter leurpuzzle. Marion etYvan segarèrent surl’immense parkingduchâteau.

Ilétait encore tôt,etils furent les premiers visiteursàpénétrer dansl’enceinte protégée.

Deuximposants escaliersdepierre formant unfer à cheval encadraient laporte principale.

Ilsjetèrent ensemble unœil sur lesfaçades. — Toutes lessalamandres ontlaqueue enforme de8.On sait maintenant oùl’on va,remarqua Marion.

Ilscontinuèrent d’examinerl’extérieurdel’édifice. — J’ai discuté duchiffre 8avec unconfrère.

Ilm’a ditde drôles dechoses… Viens,suis-moi, dit Yvan.

Ilsmarchèrent unmoment, longeantlesmurs imposants, avantderejoindre uneentrée plus discrète.

Soulevant desfeuillages quimasquaient laporte enbois grisée parletemps, Yvanfitpasser Marion devantlui. — Qu’est-ce quecesdeux statues égyptiennes fontlà ?demanda-t-elle, stupéfaite.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles