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Publié le 02/04/2015

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La philosophie antique oppose le sujet au prédicat comme la substance à ses attributs ; la philosophie de la connaissance classique, dont l'instauration coïncide avec l'invention cartésienne de la subjec­tivité, oppose le sujet à l'objet (voir objectivité). Par là le sujet devient la pièce essentielle de la théorie de la connaissance. Ce rôle étant aujourd'hui contesté (voir structure, langage) il importe de voir les conditions de son établissement.

Construire une théorie de la connaissance à partir du sujet individuel implique :

1 — que la connaissance soit l'acte d'un sujet en contact avec le monde ;

2 — que le sujet de la connaissance soit toujours un individu, c.-à-d. un homme en chair et en os ;

3 — que ce sujet individuel soit en fait un sujet universel.

Il y a là un apparent paradoxe ; la connaissance rationnelle est toujours posée comme universelle, ce qui signifie bien sûr qu'elle est connaissance non de tel x ou tel y, mais de tout ce qui est x ou y ; mais cela veut dire aussi qu'elle est valable pour tous : l'universalité de la connaissance est en ce sens son identité en chacun. Dès lors, il faut que le sujet de la connaissance, s'il est toujours un homme avec toutes ses propriétés, ne soit pas tel ou tel homme, mais ce qui dans l'homme est identique en chacun : la subjectivité est raison universelle. L'universalité du sujet individuel correspond parfaitement au dualisme esprit (âme)/corps : seul le spirituel est universel. L'homme est radicalement hétérogène dans son unité : le sujet comme sujet de la connaissance ou comme sujet de l'action, est toujours en retrait de son corps, ce qui dirige et meut ce corps, en ayant avant tout conscience de soi. Autrement dit, le sujet est absolument, parce qu'il demeure au-delà de ce qui se présente comme objet pour tout un chacun ; c'est une intériorité, une position indépas­sable dans le monde.

Cette entité dont l'expression dernière se trouve chez Husserl et Sartre n'est pas née de rien : elle reflète le statut de l'homme tel que l'a façonné la société occidentale, c.-à-d. un support autonome de déterminations contingentes dé finies par certaines facultés : volonté, entendement, raison. Remettre en question le concept de sujet, c'est non seulement refuser la place que la philosophie classique lui accorde dans la connaissance ou l'action, mais c'est aussi, en déconstruisant cette conception de l'homme, ouvrir une nouvelle problématique.