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Tandis que l'oiselet est dans son oeuf et pépie déjà dans sa coquille, Tu lui donnes le souffle à l'intérieur, pour le vivifier.

Publié le 06/01/2014

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Tandis que l'oiselet est dans son oeuf et pépie déjà dans sa coquille, Tu lui donnes le souffle à l'intérieur, pour le vivifier. Tu as prescrit pour lui un temps fixe pour la briser de l'intérieur. Il sort de l'oeuf pour pépier, au temps fixé, Et marche sur ses pattes aussitôt qu'il en est sorti (...) (Daumas : 1965, 322-323.) e mécanisme sera récupéré à la XIXe dynastie par le roi en personne qui cumulera en lui tous les aspects du créateur. L'originalité d'Akhenaton est d'avoir cristallisé ce faisceau sur le Disque, la manifestation tangible du créateur à la portée du tout un chacun. Il fournit ainsi une image facile à appréhender et évite le détour par un lergé spécialisé, seul capable de servir d'intermédiaire entre les hommes et un dieu impénétrable. Aton ermet, littéralement, la perception immédiate du divin, par opposition à Amon, le dieu « caché ». estait à établir la correspondance qui délègue au roi la capacité du créateur. Akhenaton fait du Disque le haraon céleste en inscrivant son nom dans un cartouche, comme le sien propre. La « titulature » d'Aton est rès explicite : il est « Rê-Horakhty apparu dans l'horizon », « En son nom de Chou qui est dans le Disque ». Le Disque est donc une forme du créateur comme le roi qui est son équivalent terrestre, -- ce qui revient, d'une manière à peine modifiée, au système traditionnel de l'hypostase. Aton prend également en charge les morts, ce qui est logique puisqu'il assume les divers rôles du créateur solaire. Osiris n'en reste pas moins en honneur jusque dans la famille royale, comme en témoignent les colosses osiriaques représentant le roi. Mais le culte funéraire traditionnel tend à s'estomper. L'impact de cette réforme sur la population est quasiment nul, pour deux raisons. La première est que la Cour se confine très vite à Akhetaton et que, les constructions de Karnak mises à part, la population n'a guère l'occasion d'apprécier le nouveau culte. La seconde, la plus profonde, est que ce culte ne correspond pas aux structures de la société : le peuple continue à vivre sur les bases religieuses traditionnelles. On a même retrouvé des invocations à Amon dans le village des ouvriers... d'Armarna ! Il ne faut pas non plus s'exagérer la connaissance que pouvaient avoir les couches sociales les plus humbles de la religion et des arcanes du pouvoir qui ne sortaient guère des murs des temples ou des palais. La montée de la piété populaire au Nouvel Empire trahit des préoccupations assez élémentaires et peu d'inquiétudes métaphysiques chez le commun des mortels. D'ailleurs, l'image que donne Akhenaton est moins originale que ne le veut la tradition moderne. Il conserve tout l'apparat phraséologique de ses prédécesseurs. Lui que l'on a voulu pacifiste parce qu'il n'a pas pris part aux combats qui agitent le Proche-Orient sous son règne, se fait représenter en train de massacrer les nnemis vaincus : pas seulement sur les figurations en style « classique », comme la façade du IIIe pylône de arnak, mais aussi sur des talatates, où même Néfertiti brandit la massue-hedj au-dessus de la tête des nnemis vaincus (Hall : 1986, fig. 36-40). Sa « révolution » ne touche pas non plus l'administration qui reste ce qu'elle était, avec souvent les mêmes fonctionnaires. Sur le plan politique elle renforce plutôt l'absolutisme héocratique : le roi, « le bel enfant d'Aton », est l'intermédiaire obligé entre les hommes et le Disque. Il est donc l'objet, en tant que tel, d'une adoration que l'on voit figurée à l'entrée des tombes des hauts dignitaires. Ce culte divin du roi a tendance à marginaliser les autres divinités, mais le fait de lier le devenir funéraire des courtisans à celui du roi est, en quelque sorte, un retour aux sources, qui va dans le sens des enquêtes sur le passé qui ont caractérisé le règne d'Amenhotep III comme celui de ses prédécesseurs : recherche d'anciennes annales, u tombeau d'Osiris à Abydos, etc. a réforme a des effets dans deux domaines surtout : l'économie et l'art. Akhenaton ferme certain temples, ou out au moins limite leurs activités, et rattache les biens cléricaux à la Couronne. La première conséquence est n accroissement de la centralisation administrative et de son bras exécutif, l'armée. La mise à l'écart des nstances locales rend plus difficile l'action de l'administration, et tout un système de corruption et d'arbitraire se et en place, contre lequel Horemheb aura plus tard à lutter. La construction de la nouvelle capitale et des nouveaux temples se fait au détriment de l'économie en général et de l'économie divine en particulier : le système des domaines divins est, d'un point de vue centralisateur, néfaste; mais son abandon ruine tout un circuit de production et de redistribution qu'aucune structure nouvelle ne vient remplacer. Les conséquences de l'atonisme sur les arts et les lettres sont plus spectaculaires et, dans une certaine mesure, plus durables. La littérature n'est pas vraiment bouleversée : on continue à enseigner les genres traditionnels, et les écoliers apprennent toujours l'histoire de Sinouhé ; mais sous l'influence de la nouvelle idéologie, une plus grande liberté apparaît dans les oeuvres contemporaines. Elle se manifeste surtout dans les compositions poétiques : hymnes et litanies divins et royaux, où la création peut se donner libre cours. On etrouvera une part de cette créativité plus spontanée que par le passé jusque dans les oeuvres historique 'époque ramesside. Le trait le plus marquant de cette réforme littéraire est l'introduction de la langue parlée dans les textes officiels. Le conservatisme des écoles d'Etat avait maintenu la langue dite « classique », 'est-à-dire celle du Moyen Empire. Akhenaton fait entrer le langage de tous les jours dans les grandes oeuvres ù apparaît ainsi, d'idiomatismes en emprunts étrangers, une langue plus proche du copte que des Textes des Pyramides. L'ouverture littéraire procède du même esprit que celle de l'art, mais sans en atteindre les outrances. Nous vons vu que dès le règne d'Amenemhat III l'idéalisme officiel tendait à céder le pas à un réalisme plus sensuel ui n'hésite pas à souligner les formes du corps par des techniques comme celle du « drapé mouillé ». Ce raitement plus généreux des volumes apparaît aussi dans le dessin, où l'usage de la ligne est moins rigoureux, 'emploi des couleurs plus souple. Il y a aussi une évolution de la mode, plus « moderne », qui se traduit par de ouvelles coiffures, de nouveaux costumes, et aussi de simples détails stylistiques : l'inclusion de l'oeil dans 'orbite et l'étirement des lignes qui produira les fameux yeux « en amandes » d'Akhenaton. On note volontiers ussi les plis du cou, les oreilles percées, etc. Ces changements ne sont d'ailleurs pas unanimement admis : le izir Ramosé, par exemple, dont la tombe (TT 55) est une des plus belles de la nécropole de Cheikh Abd elourna, s'en tient à un classicisme d'une extraordinaire finesse. khenaton radicalise la tendance pour lui-même et sa famille dès sa deuxième année de règne en poussant le éalisme jusqu'à la caricature. L'accentuation de la physionomie et l'affaissement des chairs prennent une pparence pathologique tellement sensible dans les colosses osiriaques que le sculpteur Bak exécute pour son aître qu'on a voulu voir dans le ballonnement de leur ventre les lymphes gonflant le cadavre décomposé 'Osiris. Au fil des ans, le trait s'adoucit, mais il reste toujours outré par rapport à la tradition, dont la technique t les canons sont, au demeurant, conservés. De nouveaux thèmes apparaissent : l'image de la famille, mniprésente dans toutes les scènes, y compris et surtout celles du culte (Fig. 94). Le thème n'est pas nouveau n soi ; ce qui l'est, c'est l'utilisation des scènes « de tous les jours », qui donne un aspect profondément umain aux représentations. On y voit les personnages dans des poses et avec des attitudes qui visent au aturel et donnent une impression d'intimité. Le mécanisme est le même que celui mis en oeuvre dans la ittérature par l'introduction de la langue vernaculaire : une banalisation de la forme qui estompe la structure. Le rait souligne moins le contour, la symétrie est plus discrète, de fausses perspectives apparaissent, laissant lace à l'expression des sentiments, plus à leur aise dans des limites moins rigoureuses. L'art quotidien et les hèmes Fig. 92 . La déesse Sekhmet assise. Karnak. Diorite. H = 2,46 m. Louvre A8. Fig. 93 Amenhotep III acéphale. Serpentine. H = 0,23 m. MMA 30.8.74. naturalistes s'emparent des représentations traditionnelles qui gagnent en naïveté et en fraîcheur ce qu'elles perdent en technique. Vers la fin du règne, ce sont les études d'après nature qui l'emportent, dans un style plus paisible. On a retrouvé sur le site d'Amarna, dans l'atelier du sculpteur Thoutmosis, plusieurs ébauches, moulages et portraits de la famille royale, parmi lesquels la célèbre tête de Néfertiti de Berlin. Ces portraits ( fig. 99 ) montrent une maîtrise et une sensibilité totalement dégagées des outrances du début du règne. Il restera 'ailleurs quelque chose de ce dernier état dans les oeuvres postérieures : l'art de la charnière entre la XVIIIe et a XIXe dynastie conserve la sensualité du volume et la finesse du trait ( ig. 100 ), que l'on retrouve tout particulièrement dans la production du règne de Séthi Ier.

« dans lestextes officiels.

Leconservatisme desécoles d'Etatavaitmaintenu lalangue dite«classique », c'est-à- direcelle duMoyen Empire.

Akhenaton faitentrer lelangage detous lesjours dans lesgrandes œuvres où apparaît ainsi,d'idiomatismes enemprunts étrangers, unelangue plusproche ducopte quedesTextes des Pyramides. L'ouverture littéraireprocède dumême espritquecelle del'art, mais sans enatteindre lesoutrances.

Nous avons vuque dèslerègne d'Amenemhat IIIl'idéalisme officieltendait àcéder lepas àun réalisme plussensuel qui n'hésite pasàsouligner lesformes ducorps pardes techniques commecelledu«drapé mouillé ».Ce traitement plusgénéreux desvolumes apparaîtaussidansledessin, oùl'usage delaligne estmoins rigoureux, l'emploi descouleurs plussouple.

Ily a aussi uneévolution delamode, plus«moderne »,qui setraduit parde nouvelles coiffures,denouveaux costumes, etaussi desimples détailsstylistiques :l'inclusion del'œil dans l'orbite etl'étirement deslignes quiproduira lesfameux yeux«en amandes »d'Akhenaton.

Onnote volontiers aussi lesplis ducou, lesoreilles percées, etc.Ces changements nesont d'ailleurs pasunanimement admis:le vizir Ramosé, parexemple, dontlatombe (TT55)estune desplus belles delanécropole deCheikh Abdel- Gourna, s'entient àun classicisme d'uneextraordinaire finesse. Akhenaton radicaliselatendance pourlui-même etsa famille dèssadeuxième annéederègne enpoussant le réalisme jusqu'àlacaricature.

L'accentuation delaphysionomie etl'affaissement deschairs prennent une apparence pathologique tellementsensibledanslescolosses osiriaques quelesculpteur Bakexécute pourson maître qu'onavoulu voirdans leballonnement deleur ventre leslymphes gonflantlecadavre décomposé d'Osiris.

Aufildes ans, letrait s'adoucit, maisilreste toujours outréparrapport àla tradition, dontlatechnique et les canons sont,audemeurant, conservés.Denouveaux thèmesapparaissent :l'image delafamille, omniprésente danstoutes lesscènes, ycompris etsurtout cellesduculte (Fig.94).Lethème n'estpasnouveau en soi ;ce qui l'est, c'estl'utilisation desscènes «de tous lesjours »,qui donne unaspect profondément humain auxreprésentations.

Onyvoit lespersonnages dansdesposes etavec desattitudes quivisent au naturel etdonnent uneimpression d'intimité.Lemécanisme estlemême quecelui misenœuvre dansla littérature parl'introduction delalangue vernaculaire :une banalisation delaforme quiestompe lastructure.

Le trait souligne moinslecontour, lasymétrie estplus discrète, defausses perspectives apparaissent, laissant place àl'expression dessentiments, plusàleur aise dans deslimites moinsrigoureuses.

L'artquotidien etles thèmes. »

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