Usage du terme: BAGUENAUDE2, substantif féminin. A.— Vieux. Synonyme : baguenauderie*. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Larousse du xxe. siècle en six volumes, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. — Familier. Promenade, flânerie, balade sans but précis (confer baguenauder A 2 et B). Repartir en baguenaude (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 258) : Ø 1. Les passants plus rares s'offrent une allure de baguenaude; les gens « bouclés » pendant la semaine se mettent à l'air, les autres au contraire, fatigués d'être dehors, restent chez eux (...). Au cours de ma promenade, j'ai reconnu avec plaisir des enfants de l'école. LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 65. B.— LITTÉRATURE. Poème ancien fait uniquement sur des rimes masculines et souvent sans cohérence ni de fond ni de forme : Ø 2. C'était une forme poétique décriée et répudiée des « bons ouvriers » en raison de ses méchantes assonances (...). Les baguenaudes eurent cependant leur champion en la personne de Jehan de Wissocq. DICTIONNAIRE DE POÉTIQUE ET DE RHÉTORIQUE (HENRI MORIER) 1961. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 Forme dérivée du verbe "baguenauder" baguenauder BAGUENAUDER, verbe. Familier. A.— Emploi intransitif. 1. Passer son temps à des choses frivoles et sans importance. Synonyme : muser : Ø 1. M. Gattel avait fait un fort bon dictionnaire où il avait osé noter la prononciation et dont je me suis toujours servi. Enfin, c'était un homme qui savait travailler cinq à six heures tous les jours, ce qui est énorme en province où l'on ne sait que baguenauder toute la journée. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 247. Ø 2.... nous ne songions qu'à nous divertir, qu'à baguenauder... LÉON DAUDET, Salons et journaux, 1917, page 177. · Baguenauder sur.. Tenir des propos légers sur des sujets sérieux. Madame Prune (...) a plutôt marivaudé, (...) a plutôt baguenaudé sur la question si sérieuse du peuplement de l'empire,... (JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, La Troisième jeunesse de Madame Prune, 1905, page 147 ). · Aller baguenaudant Aller musant et baguenaudant (PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1811, page 848 ); aller rêvant et baguenaudant (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, François le Champi, 1850, page 12 ). 2. Par extension. Se promener sans but précis, flâner : Ø 3. Que peut souhaiter de plus l'élu des Dieux? Pourtant, quelle mélancolie, quel désarroi! Les jours lui paraissent longs, vaine sa méthodique activité; il bâille, cherche un but, baguenaude de Neuilly au Palais-Bourbon, entre chez son éditeur. JACQUES-ÉMILE BLANCHE, Mes modèles, 1928, page 48. — Par métaphore. [Le sujet désigne les yeux, un cours d'eau] : Ø 4. L'air narquois, ensommeillé, voluptueux, il restait indéfiniment à bayer aux corneilles. Ses yeux, qui baguenaudaient, faisaient tout le tour de la chambre d'Antoinette (...) — ils se promenaient sur le petit lit de fer, (...) — sur les portraits de son père et de sa mère, — sur une vieille photographie... ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, page 880. Ø 5. À mes pieds est ma ville, que l'Yonne paresseuse et le Bouvron baguenaudant ceignent de leurs rubans. ROMAIN ROLLAND, Colas Breugnon, 1919, page 29. Remarque : Ce sens paraît aujourd'hui l'emporter sur le premier. B.— Emploi pronominal à valeur subjective. Se baguenauder.. Se promener sans but précis. Synonyme : se balader : Ø 6.... « allez, allez! ferme-moi tes bouquins, ce n'est pas tous les jours qu'on est ensemble! On va sortir, je t'invite. Tu connais bien un endroit rigolo? On va se baguenauder un peu. Oublie que je suis ton père... » LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 204. — Spécialement. [Le sujet désigne un attribut de la personne] Les pognes de la fille [harpiste] se baguenaudant sur les cordes (ALBERT SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, page 224 ). C.— Emploi transitif. [Sujet et complément désignent généralement des personnes] Baguenauder quelqu'un. 1. Vieux. Jouer, railler, moquer quelqu'un. Remarque : Attesté dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) (avec la mention " inusité aujourd'hui "), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré (" vieux "). 2. Populaire, rare. Promener quelqu'un. Je le baguenaude à travers les rues,... (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 182; confer affur(e), exemple 8 ). Remarque : Dans l'exemple qui suit, l'auteur a forgé le substantif verbal baguenaud, probabablement par analogie avec badaud : " Andoche. — Pardon, excuse, ej' suis là à discourir coumme un charlatan ed' foire qui vent l'appât aux puces pour amuser les baguenauds, ... " (ROGER MARTIN DU GARD, La Gonfle, 1928, II, 5, page 1208).
