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Vocabulaire: CHARNEL, -ELLE, adjectif.

Publié le 10/11/2015

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Vocabulaire: CHARNEL, -ELLE, adjectif. Qui est de chair, qui appartient à la chair. I.— Rare. Relatif à la chair dans son aspect essentiellement physique. A.— [En parlant de l'Homme ou de l'animal] Qui est principalement composé de chair, substance somatique relativement molle; qui présente extérieurement une forte abondance de chair. (Quasi-)synonyme : charnuv (confer charnu A). Refluer en une sorte d'onde fougueuse et musclée la croupe de Legrandin que je ne supposais pas si charnue (...) cette ondulation de pure matière, ce flot tout charnel (MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 125 ). Ces femmes au visage un peu trop arrondi et charnel, aux lèvres fleuries (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, page 189 ). — Spécialement. domaine des arts plastiques. : Ø 1. Ce sang qui court, cette palpitation charnelle, cette irrégularité sourde qui mine la forme et libère la flexibilité de la chair, (...) cet éclat radieux de la couleur, cette intensité, cette chaleur, sont la présence même du grand Anversois [Rubens] . Qu'un de nos contemporains, Bernard Buffet, soit tenté de se mesurer avec Courbet, avec ses charnelles, puissantes et voluptueuses Dormeuses et la densité sensuelle et grasse se dessèche. L'opulent intérieur second Empire se mue en garni sordide; (...) la rondeur devient angulosité. L'énorme gourmandise de la chair et de la matière s'est transformée en âcre amertume des misères humaines. RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 262. — Par analogie. Qui évoque l'aspect extérieur de la chair humaine par son volume, sa couleur, etc. Surfaces dégagées (...) comme des courbes charnelles, des peaux nues au milieu des fourrures forestières (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE. Nez-de-cuir, gentilhomme d'amour, 1936, page 84 ). Lumière [des bougies] , douce, chaude, intime, discrète, aussi charnelle que l'émanation et l'odeur familière d'une peau humaine qui respire (BLAISE CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, page 279 ). · En particulier. Couleur charnelle. Couleur de chair. Rose charnel. Briques (...) dont les nuances évoluaient souplement, d'un rose tendre et charnel à des rouges vifs de coquelicots (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 56 ). Abside ronde, d'une chaude couleur charnelle à veines mauves (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1963, page 318 ). Remarque : L'expression couleur de chair ou chair a un caractère plus concret et plus technique, (comme l'indique sa forme de substantif invariable). Mais les expressions du même genre construites avec charnel/le sont toutes plus ou moins affectées de valorisation morale. D'où la difficulté de discerner, au niveau des textes, si le mot est employé sur un plan strictement physique ou sur un plan moral (confer Péguy, Ève, 1913, page 753 : Et la rose et l'oeillet et tant de fleurs charnelles, / (...) jusqu'aux fleurs de hautesse). En fait, dans toutes ses acceptions I, charnel/le présente la même ambiguïté — ce qui explique qu'il tend à limiter son emploi aux seules acceptions II. B.— [En parlant d'aliments] Composé de chair, d'aliments consistants, substantiel. Synonyme plus usuel : carné. [Prendre] une nourriture charnelle (PROSPER MÉRIMÉE, Le Théâtre de Clara Gazul, 1825, page 292 ). — Par métaphore. La chair mystérieuse et vague de la femme / (...) nudités roses / Qui furent ton festin charnel! (MAURICE ROLLINAT, Les Névroses, 1883, page 92 ). II.— [En parlant généralement de l'Homme, d'un trait humain] Relatif à la chair dans ses interférences avec l'ordre spirituel et/ou moral. A.— Relatif à la chair en tant que manifestation de l'être en général. 1. Qui a trait à la chair en tant que support de la vie humaine. a) [Dans sa nature propre, opposée à celle de l'âme, de l'esprit, du coeur] Enveloppe charnelle : Ø 2. Qui peut dire que les passions s'éteignent et meurent juste avec la dernière pulsation du coeur qu'elles ont agité? L'âme ne pourrait-elle pas rester quelquefois volontairement captive dans le corps vêtu déjà pour le cercueil, et, du fond de sa prison charnelle, épier un moment les regrets et les larmes? HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 215. PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : corporel, physique, somatique; (quasi-) antonymes intellectuel, moral, spirituel. — En emploi de substantif neutre. Ce qui a trait à la chair, aux choses du corps : Ø 3.... il arrive que les philosophes du charnel aient à peine un corps pour vivre. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 679. b) [Dans son aspect temporel] — [En tant qu'élément mortel] : Ø 4. Mais la psyché pourtant, Madame, Vous dit : « Ce corps vainement beau, Caduc abri d'un semblant d'âme Ne peut éviter le tombeau. Alors cette masse charnelle Quittera les os, et les vers Fourmillant en chaque prunelle Y mettront de vagues éclairs. » CHARLES CROS, Le Coffret de santal, Paroles perdues, 1873, page 91. · Par analogie (...) ouvrages (...) éphémères, charnels, / Réels, mortels, humains (VICTOR HUGO, L'Âne, 1880, page 293 ). — [En tant que support ou facteur de survie d'une lignée] Famille charnelle (...) famille spirituelle (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 616 ); descendance (...) génération charnelle (...) cette chaîne charnelle, cette chaîne de race (CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, page 739 ). 2. Par extension. a) Qui s'attache aux choses matérielles, qui relève de la condition terrestre, du monde matériel. Monde, présence charnel/le : Ø 5.... celui qui conserve du penchant pour les choses sensibles n'est point encore dégagé des désirs terrestres. Il tombe dans la tristesse quand il se prive de ce qu'il aime ou que quelque chose lui résiste. Il n'y a point de paix dans le coeur de l'homme charnel, livré aux choses extérieures. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1819, page 255. Ø 6. Aimer Dieu, n'est-ce pas trouver la pure flamme Qu'on crut voir dans les yeux de quelque jeune femme? Dans cette femme aussi n'est-ce point ici-bas Chercher comme un rayon du Dieu qu'on ne voit pas? Ainsi, ces deux amours, le céleste et le nôtre, Pareils à deux flambeaux, s'allument l'un par l'autre : L'idéal purifie en nous l'amour charnel, Et le terrestre amour nous fait voir l'éternel. AUGUSTE BRIZEUX, Marie, 1840, page 35. PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : tangible, temporel; (quasi-)antonymes angélique, céleste, désincarné, immatériel, intemporel, surnaturel. — Par analogie. Anvers (...) reine de l'Escaut, féconde, opulente, charnelle et mystique, éprise de joies terrestres et d'éternité (MAXENCE VAN DER MEERSCH, L'Empreinte du dieu, 1936, page 90 ). — En emploi de substantif neutre. Ce qui a trait à la chair, à la nature humaine, à la condition terrestre. Renoncement de l'intelligence à raisonner le concret (...) triomphe du charnel (ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 134 ). b) En particulier, péjoratif. Qui est soumis à la chair, à la nature humaine dans ses limites, ses imperfections; qui est trop assujetti aux données matérielles, qui accorde plus d'importance à la lettre qu'à l'esprit. (Quasi-)synonyme : matérialiste; (quasi-)antonyme : idéaliste. L'indignité des affections charnelles et imparfaites pour la créature périssable et créée (E. et JULES DE GONCOURT, Mme. Gervaisais, 1869, page 279); les juifs et les chrétiens, liseurs charnels d'un livre effroyablement symbolique (LÉON BLOY, Journal, 1892, page 60 ). — En emploi de substantif masculin (surtout au pluriel). Personne qui s'en tient aux apparences, au sens littéral, sans chercher une signification profonde. Les terrestres (...) les charnels (...) les temporels (...) les païens (...) les mystiques de la première loi (CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo, 1910, page 732 ). — Spécialement. Qui relève de la chair et de sa nature pécheresse. [Être] charnel, vendu au péché (PIERRE LEROUX, De l'humanité, de son principe et de son avenir, tome 1, 1840, page 81 ); péché inhérent à la condition humaine, culpabilité charnelle (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 229 ). En emploi de substantif neutre. Nature pécheresse de l'Homme : Ø 7. C'est parce que nous sommes charnels, et que nous naissons de la concupiscence de la chair, qu'il faut nécessairement que notre amour, ou notre cupidité, car c'est tout un, commence par la chair. Cet amour, ou cette cupidité, pourront être ensuite rectifiés par la grâce et dirigés selon l'ordre qu'il convient vers la fin spirituelle la plus haute; mais ce n'est pas par le spirituel que commence un homme né du péché, c'est par l'animal et le charnel. ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1932, page 90. B.— Relatif à la chair en tant qu'objet de valorisation morale, religieuse. 1. Qui a trait aux sens. Tentée de la grossière mortification corporelle (...) tentation d'une souffrance charnelle (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais, 1869, page 217 ). — En emploi de substantif neutre. Ce qui est sensuel : Ø 8. L'idéalisme, à quoi se complaisait un Mallarmé, n'était guère fait pour retenir Claudel. Comme l'a justement noté Daniel Halévy : « Claudel est trop violent, trop charnel. L'invention des idées et des mythes est un amusement, et Claudel ne s'amuse pas. Il ne s'intéresse pas à la pensée pure... Il s'intéresse à l'âme, au coeur qui est un muscle où le sang afflue et bat, une bouchée de chair haletante ». Son lyrisme, lui-même, a quelque chose de charnel, ses images ruissellent d'une sensualité qu'il lui a fallu dompter à force de volonté... HENRI MASSIS, Jugements, 1924, page 273. 2. En particulier. a) [En parlant d'une personne] (Personne) qui s'adonne volontiers au plaisir sexuel. Le tourbillon vertigineux des charnels, esclaves de la sexualité (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 192 ). Célébrer la sincérité des charnels parce qu'ils sont d'accord avec leur instinct (...) dénoncer le mensonge (...) des êtres qui écoutent en eux l'appel à la pureté et à la perfection (FRANÇOIS MAURIAC, Mes grands hommes, 1949, page 35 ). b) [En parlant d'une partie du corps humain] Qui a trait aux relations sexuelles : Ø 9.... la véritable caresse c'est le contact des deux corps dans leurs parties les plus charnelles; (...) la main qui caresse est malgré tout trop déliée, trop proche d'un outil perfectionné. Mais l'épanouissement des chairs l'une contre l'autre et l'une par l'autre est le but véritable du désir. JEAN-PAUL SARTRE, L'Être et le Néant, 1943, page 466. c) [En parlant d'un trait humain] Qui concerne l'amour physique : Ø 10. Ne voyez-vous pas qu'elles sont toutes amoureuses d'Adonis? C'est l'éternel époux qu'elles demandent. Ascétiques ou libidineuses, elles rêvent l'amour, le grand amour; (...). Je suis convaincu que les appétits matériels les plus furieux se formulent insciemment par des élans d'idéalisme, de même que les extravagances charnelles les plus immondes sont engendrées par le désir pur de l'impossible, l'aspiration éthérée de la souveraine joie. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1859, page 313. Ø 11.... il est, en effet, remarquable combien une personne excite toujours d'admiration pour ses qualités morales chez les parents de toute autre personne avec qui elle a des relations charnelles. L'amour physique, si injustement décrié, force tellement tout être à manifester jusqu'aux moindres parcelles qu'il possède de bonté, d'abandon de soi, qu'elles resplendissent jusqu'aux yeux de l'entourage immédiat. MARCEL PROUST, Du Côté de chez Swann, 1913, page 147. SYNTAXE : Acte : le sentiment du péché que ni l'un ni l'autre n'avons jamais éprouvé après un acte charnel (GREEN, Journal, 1945, page 251), amour : le poète brutal et triste des instincts aveugles, des passions grossières, des amours charnelles, des parties basses et répugnantes de la nature humaine (LEMAITRE, Les Contemporains, 1885, page 255), appétit, commerce : femmes dites indépendantes qui ne font pas le mal, si l'on donne au commerce charnel son ancien nom de « mal » (COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 25), désir, joie, lien, plaisir : ouvrager le plaisir charnel comme un orfèvre (Ch. GUÉRIN, Le Coeur solitaire, 1904, page 101), rapports, tentations, union, voluptés charnel/elle(s). PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : bestial, impur, lascif, luxurieux, voluptueux; (quasi-)antonymes chaste, platonique. — En emploi de substantif neutre. Ce qui relève des sens, de la sexualité. Une tendresse où le charnel se voile à peine sous le sentiment (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents 1952, page 204 ).

« (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE.

Nez-de-cuir, gentilhomme d'amour, 1936, page 84 ). Lumi?re [des bougies] , douce, chaude, intime, discr?te, aussi charnelle que l'?manation et l'odeur famili?re d'une peau humaine qui respire (BLAISE CENDRARS, Le Lotissement du ciel, 1949, page 279 ).

? En particulier.

Couleur charnelle.

Couleur de chair.

Rose charnel.

Briques (...) dont les nuances ?voluaient souplement, d'un rose tendre et charnel ? des rouges vifs de coquelicots (MAURICE GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 56 ).

Abside ronde, d'une chaude couleur charnelle ? veines mauves (ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itin?raire espagnol, 1963, page 318 ).

Remarque?: L'expression couleur de chair ou chair a un caract?re plus concret et plus technique, (comme l'indique sa forme de substantif invariable).

Mais les expressions du m?me genre construites avec charnel/le sont toutes plus ou moins affect?es de valorisation morale.

D'o? la difficult? de discerner, au niveau des textes, si le mot est employ? sur un plan strictement physique ou sur un plan moral (confer P?guy, ?ve, 1913, page 753?: Et la rose et l'oeillet et tant de fleurs charnelles, / (...) jusqu'aux fleurs de hautesse).

En fait, dans toutes ses acceptions I, charnel/le pr?sente la m?me ambigu?t? ? ce qui explique qu'il tend ? limiter son emploi aux seules acceptions II.

B.? [En parlant d'aliments] Compos? de chair, d'aliments consistants, substantiel.

Synonyme plus usuel?: carn?.

[Prendre] une nourriture charnelle (PROSPER M?RIM?E, Le Th??tre de Clara Gazul, 1825, page 292 ). ? Par m?taphore.

La chair myst?rieuse et vague de la femme / (...) nudit?s roses / Qui furent ton festin charnel! (MAURICE ROLLINAT, Les N?vroses, 1883, page 92 ).

II.? [En parlant g?n?ralement de l'Homme, d'un trait humain] Relatif ? la chair dans ses interf?rences avec l'ordre spirituel et/ou moral.

A.? Relatif ? la chair en tant que manifestation de l'?tre en g?n?ral.

1.

Qui a trait ? la chair en tant que support de la vie humaine.

a) [Dans sa nature propre, oppos?e ? celle de l'?me, de l'esprit, du coeur] Enveloppe charnelle?: ? 2.

Qui peut dire que les passions s'?teignent et meurent juste avec la derni?re pulsation du coeur qu'elles ont agit?? L'?me ne pourrait-elle pas rester quelquefois volontairement captive dans le corps v?tu d?j? pour le. »

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