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Vocabulaire: CHARNIER1, substantif masculin.

Publié le 10/11/2015

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Vocabulaire: CHARNIER1, substantif masculin. I.— [Concerne la chair animale — sans idée de décomposition] Vieux. Local ou récipient servant à conserver de la viande. Des viandes à des crocs comme dans un charnier (VICTOR HUGO, La Légende des siècles, Le Castillo, tome 4, 1877, page 661 ). Voir si (...) au charnier le lard ne rancissait pas (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 123) : — Par analogie : Ø 1. Oubliés comme moi dans cet affreux repaire, Mille autres moutons, comme moi, Pendus aux crocs sanglants du charnier populaire, Seront servis au peuple roi. ANDRÉ CHÉNIER, Ïambes, Hymne, 1794, page 273. — Par métonymie. MARINE. Barrique contenant une réserve d'eau douce. Au pied du « charnier », récipient tronçonnique en bois, contenant une cinquantaine de litres d'eau potable, (...) peinturluré de jaune et de vert et cerclé de rouge (...) tonne d'eau douce (BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 176, 222 ). Remarque : " Jadis, le Charnier, comme le dit son nom, était une sorte de garde-manger où les matelots serraient ce que, de leurs rations de viande, ils gardaient d'un repas pour l'autre. Une fontaine se combinait avec ce garde-manger. Le Charnier véritable a disparu; la fontaine est restée, gardant un nom qui semble lui être tout à fait étranger " (JAL1 ). II.— [Concerne la chair humaine surtout — avec une idée de décomposition] Endroit où se trouvent de nombreux cadavres. A.— Vieux. Endroit où ont été inhumés des cadavres humains. (Quasi-)synonyme : cimetière. Devant le tombeau (...) ce sombre charnier où son frère dormirait son éternel sommeil (ÉLÉMIR BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, page 287 ). — Par extension. 1. Galerie couverte entourant certains cimetières et servant autrefois d'ossuaire. La grand' danse macabre (...) fréquemment peinte (...) aux murs des charniers (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Poésies, Idylles et légendes, 1896, page 108) : Ø 2.... il est désert désormais, cet aître Saint-Maclou, ce champ des morts si paisible et si nu, (...), on découvre toujours notre campo santo normand, les fenêtres de verre verdâtre entre les croisillons bruns, les longues galeries, l'escalier de bois, et, tout au long des murs du charnier, les têtes de morts et les os croisés, on y respire le même calme surnaturel. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 16. · Spécialement. Les charniers des (Saints) Innocents. (Charniers à arcades gothiques qui entouraient le) cimetière des Saints Innocents à Paris. Le dernier fossoyeur du cimetière dit charnier des innocents en 1785, époque où ce cimetière mourut (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 551 ). Étudi [er] les hiéroglyphes du charnier des Innocents (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 127 ). Remarque : 1. " Sous ces greniers était une longue voûte où se tenaient, dans les embrasures des fenêtres, de malheureux écrivains publics. De là l'usage, si fréquent aux écrivains des deux derniers siècles, d'appeler les mauvais auteurs Écrivains des charniers " (DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845; confer aussi Dictionnaire de l'Académie Française 1835-78). 2. Cet usage apparaît encore dans la littérature de la 1re. moitié du XIXe. siècle : Appart [enir] à l'école des charniers (ALFRED DE MUSSET, Revue des deux Mondes, 1833, page 208); écrivain des charniers (...) législateur de l'opinion (...) Mentor du peuple français (C. DESMOULINS, Le Vieux Cordelier, 1793-94, page 160); dormir sous les charniers (NERVAL, Nouvelles et fantaisies, 1855, page 210). 2. Galerie couverte entourant certaines églises et servant autrefois à déposer des ossements, puis à distribuer la communion aux grandes fêtes. S'offusqu [er] (...) d'un cabaret qui s'était établi dans les charniers de l'église et où les chantres buvaient (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 208 ). B.— Endroit où sont enterrés ou simplement entassés à découvert, pêle-mêle, sans sépulture, de nombreux cadavres humains, parfois animaux : Ø 3. Cette plaine, qui m'avait alors donné l'impression d'être toute de niveau et qui, en réalité, se penche, est un extraordinaire charnier. Les cadavres y foisonnent. C'est comme un cimetière dont on aurait enlevé le dessus. Des bandes le parcourent, identifiant les morts de la veille et de la nuit, retournant les restes, les reconnaissant à quelque détail, malgré leurs figures. HENRI BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 289. Ø 4. Les premiers morts avaient bénéficié de la même pompe que leurs camarades des autres pays, mais au quinzième les autorités du camp jugèrent prudent d'arrêter les frais. Les trente ou quarante qui suivirent n'eurent plus droit au cercueil, mais à une simple enveloppe de paillasse en papier; et quand le chiffre des décès dépassa la cinquantaine, le colonel conclut définitivement que les Russes ne méritaient pas tant d'égards, et les fit jeter dans les fosses nus comme des chiens. Est-il même expédient de parler de fosses? Le mot de charnier serait plus exact. Empilés sur trois épaisseurs dans des trous larges de deux mètres et longs de quinze, à la profondeur dérisoire d'un mètre cinquante, les Russes étaient bien enterrés avec une plaque d'identité au cou, comme le règlement l'exige, mais cette plaque était en carton,... FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 175. — Par métaphore. Foyer de corruption morale. Idées révolutionnaires (...) qui redeviennent à la mode et (...) qui nous feraient rétrograder jusqu'au charnier fangeux des Hébert, des Chaumette, des Marat, et que tout homme de coeur et d'intelligence doit combattre (HONORÉ DE BALZAC, Correspondance, 1831, page 518 ). — Par extension, péjoratif. 1. Toute l'étendue terrestre où s'accumulent les morts des générations successives. Cette nécessité de la mort engraissant le monde, cette lutte pour la vie qui faisait pousser les êtres sur le charnier de l'éternelle destruction (ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 747 ). Fai [re] retour au charnier commun où les vies confuses s'élaborent (ÉLIE FAURE, Histoire de l'art, 1912, page 249 ). · Par analogie. Endroit où s'entassent de nombreuses personnes plus ou moins assimilées à des moribonds : Ø 5. Beaucoup n'avaient pas de porte, laissaient entrevoir des trous noirs de cave, d'où sortait une haleine nauséabonde de misère. Des familles de huit à dix personnes s'entassaient dans ces charniers, sans même avoir un lit souvent, les hommes, les femmes, les enfants en tas, se pourrissant les uns les autres,... ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 159. · Par métonymie, rare. Corps étalé en état de décomposition. La morte (...) un charnier, un tas d'humeur et de sang, une pelletée de chair corrompue, jetée là, sur un coussin (ÉMILE ZOLA, Nana, 1880, page 1485 ). L'âme (...) hors du monde, loin de son charnier, loin de son corps (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 2, 1895, page 54 ). 2. Par analogie. Lieu où s'amoncellent de nombreuses choses en voie de dégradation. · [En parlant de choses concrètes] Un charnier de céréales, l'endroit où la chair du grain a subi les préparations humaines qui transportent ses fins vers la reproduction de l'homme (JEAN GIONO, L'Eau vive, 1943, page 140 ). · [En parlant de choses abstraites] Mémoires, correspondances, autobiographies, tous documents d'humanité, — le charnier de la vérité (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1867, page 322 ). L'Asie, immense charnier de gloires, de religions et de méthodes, une poussière d'os pilés (PAUL MORAND, La Route des Indes, 1936, page 133 ).

« tombeau (...) ce sombre charnier o? son fr?re dormirait son ?ternel sommeil (?L?MIR BOURGES, Le Cr?puscule des dieux, 1884, page 287 ).

? Par extension.

1.

Galerie couverte entourant certains cimeti?res et servant autrefois d'ossuaire.

La grand' danse macabre (...) fr?quemment peinte (...) aux murs des charniers (ANATOLE-FRAN?OIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Po?sies, Idylles et l?gendes, 1896, page 108) : ? 2....

il est d?sert d?sormais, cet a?tre Saint-Maclou, ce champ des morts si paisible et si nu, (...), on d?couvre toujours notre campo santo normand, les fen?tres de verre verd?tre entre les croisillons bruns, les longues galeries, l'escalier de bois, et, tout au long des murs du charnier, les t?tes de morts et les os crois?s, on y respire le m?me calme surnaturel. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 16.

? Sp?cialement.

Les charniers des (Saints) Innocents.

(Charniers ? arcades gothiques qui entouraient le) cimeti?re des Saints Innocents ? Paris.

Le dernier fossoyeur du cimeti?re dit charnier des innocents en 1785, ?poque o? ce cimeti?re mourut (VICTOR HUGO, Les Mis?rables, tome 2, 1862, page 551 ).

?tudi [er] les hi?roglyphes du charnier des Innocents (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L?-bas, tome 1, 1891, page 127 ).

Remarque?: 1.

" Sous ces greniers ?tait une longue vo?te o? se tenaient, dans les embrasures des fen?tres, de malheureux ?crivains publics.

De l? l'usage, si fr?quent aux ?crivains des deux derniers si?cles, d'appeler les mauvais auteurs ?crivains des charniers " (DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRAN?AISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845; confer aussi Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1835-78).

2.

Cet usage appara?t encore dans la litt?rature de la 1re.

moiti? du XIXe.

si?cle?: Appart [enir] ? l'?cole des charniers (ALFRED DE MUSSET, Revue des deux Mondes, 1833, page 208); ?crivain des charniers (...) l?gislateur de l'opinion (...) Mentor du peuple fran?ais (C.

DESMOULINS, Le Vieux Cordelier, 1793-94, page 160); dormir sous les charniers (NERVAL, Nouvelles et fantaisies, 1855, page 210).

2.

Galerie couverte entourant certaines ?glises et servant autrefois ? d?poser des ossements, puis ? distribuer la communion aux grandes f?tes.

S'offusqu [er] (...) d'un cabaret qui s'?tait ?tabli dans les charniers de l'?glise. »

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