Vocabulaire: CHAUSSANT, -ANTE, participe présent et adjectif.

Vocabulaire: CHAUSSANT, -ANTE, participe présent et adjectif. I.— Participe présent de chausser* II.— Adjectif. A.— Qui chausse, qui moule bien le pied. Des bottines très chaussantes. B.— Dont la fonction est de chausser le pied. — En particulier. Article chaussant. 1. [Désigne les pantoufles, les sandales, les articles légers en tissu, caoutchouc ou plastique, par opposition à la chaussure proprement dite (confer Vocabulaire technique de l'industrie de la chaussure (OECD) 1969)] : Ø ... devant la concurrence extrêmement vive des plasturgistes, [les caoutchoutiers étrangers] n'ont pas hésité, dans l'ensemble, à leur abandonner à peu près complètement des secteurs entiers de fabrication, par exemple certains articles chaussants comme les sandales. L'Industrie française du caoutchouc (LA DOCUMENTATION FRANÇAISE, 1965) 1965, page 46. 2. [Désigne tous les articles qui servent à chausser (confer Conférence Internationale sur le Marketing et la Distribution des Articles Chaussants, Madrid, Octobre 1961 d'après Vocabulaire technique de l'industrie de la chaussure (OECD) 1969)] . — Emploi comme substantif masculin " Ensemble des propriétés d'une forme ou d'une chaussure lui permettant de loger correctement et confortablement le pied et de le maintenir rationnellement dans la marche " (L'Industrie française du caoutchouc (LA DOCUMENTATION FRANÇAISE, 1965), 1965, page 46ibidem). Forme dérivée du verbe "chausser" CHAUSSER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [L'objet désigne la chose que l'on adapte, que l'on met] 1. [Toute espèce de chaussures ou de bas] Mettre à ses pieds. Il enfila une veste de chasse sur son chandail et chaussa des souliers de marche (ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume, 1957, page 1620) : Ø 1. Il [Walter] sauta d'un bond sur le tapis, chaussa ses pantoufles et, (...) il se précipita à son tour vers l'appartement de sa fille. GUY DE MAUPASSANT, Bel-Ami, 1885, page 376. · Expression. Chausser (prendre) des bottes* de sept lieues; chausser le brodequin*, le cothurne*. — Au figuré. Chausser (les bottes, les pantoufles) de quelqu'un. Jouer le rôle de, se mettre à la place de : Ø 2. Amant paisible d'un bas-bleu, il chaussa assez gauchement les bottes d'Antony. « J'ai été tout près de la tuer, raconte-t-il vingt ans après ». ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 3, 1891, page 304. — [Avec un objet interne indiquant la pointure] Chausser du 49. Porter des chaussures de cette pointure. Je sais maintenant qu'elle [sa mère] chausse du 32 (PAUL LÉAUTAUD, Le Petit ami, 1903, page 149 ). 2. [Autre chose que des chaussures] a) Archaïsme, figuré. Aider à chausser les bas violets. Faire accéder quelqu'un à la dignité épiscopale : Ø 3. — C'est un excellent prêtre (...) Mais le général demanda brusquement : — Eh bien! que puis-je faire pour lui? — L'aider à chausser les bas violets qu'il a bien mérités, (...) Sa candidature à l'évêché vacant de Tourcoing est posée. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail, 1897, page 188. b) Usuel. Engager son pied dans un système de fixation. Chausser des étriers, des skis : Ø 4.... je mis mon manteau, j'en relevai le collet, je chaussai mes étriers, et j'allai tranquillement au grand pas de ma jument... PROSPER MÉRIMÉE, Dernières nouvelles, 1870, page 72. Ø 5. Ces messieurs et dames circulent sous l'aspect moyenâgeux des uniformes sportifs. Ils chaussent les skis, grimpent les pentes et se cassent glorieusement les jambes. JEAN COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, page 7. — Expression, vieille. Chausser les éperons à quelqu'un. Lui conférer le titre de chevalier : Ø 6.... des éperons d'or que les Yseult, les Genièvre, les Oriane, chaussèrent jadis à de vaillants chevaliers. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Aventures du dernier Abencerage, 1826, page 202. c) Ajuster sur une partie du corps. Chausser ses lunettes. Et jamais le pantalon n'a chaussé entrejambe d'une si haute distinction (ALEXANDRE ARNOUX, Paris-sur-Seine, 1939, page 56) : Ø 7.... Camille (...) un béret de tricot accroché miraculeusement sur l'occiput, chaussait avec rage ses mains nues de gants à entonnoirs... GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Chatte, 1933, page 117. — Argot. Chaussez vos bésicles. Regardez bien (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). 3. Par métaphore. [L'objet désigne une abstraction] Concevoir : Ø 8. Passons outre, et ne donnons pas à notre esprit le temps de chausser une plaisanterie. HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 1, 1850, page 197. Ø 9. Du moment que la dame du photographe a chaussé l'idée qu'elle a des étouffements si elle ne sort pas, ça suffit pour qu'on la trouve un jour étouffée dans l'escalier. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Gigi, 1944, page 143. B.— Par métonymie. [L'objet désigne la personne ou la chose à quoi quelque chose est adapté, mis] 1. [L'objet désigne une personne ou une partie du corps humain] a) [Le sujet désigne une personne] Mettre une chaussure à. Chausser un enfant, chausser un joli pied : Ø 10. Les femmes accusent une jolie coquetterie, chaussent leurs pieds d'« escarpins » ou de « cothurnes » à la romaine, sans talon. GERMAINE VILLARD, Histoire abrégée du costume, 1956, page 82. Remarque : Éventuellement construction préposition (de, avec). — Fournir en chaussure. Ce bottier chausse toute la famille, absolument, ce bottier chausse bien : Ø 11. L'année 1915 vit l'extension progressive de cette activité. Haverkamp continua de chausser les armées de la République. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 170. b) [Le sujet désigne une chose] · [En parlant de chaussure] S'adapter (bien ou mal) au pied. Ce soulier me chausse bien, absolument, ce soulier chausse avantageusement : Ø 12. Voilà huit jours que je mets, toutes les après-dînées, mes bottines du dimanche, pour aller chez lui, celles qui me chaussent bien, mais qui me font mal aux pieds. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Les Soeurs Vatard, 1879, page 153. · Familier. Cela me chausse (confer botter). Cela me convient : Ø 13.... cent mille à Minoret, cent mille à la petite, et à chacun de nous trois cents : voilà ce qui serait juste. — Ah! cela nous chausserait proprement. HONORÉ DE BALZAC, Ursule Mirouët, 1841, page 41. 2. [L'objet désigne un animal de trait] Garnir de fer ses sabots : Ø 14. Ce défilé retentissant (...) de grands chevaux chaussés de fer fit rendre au pavé sonore un bruit de métal... EUGÈNE FROMENTIN, Dominique, 1863, page 132. — Par analogie et familier. Garnir de pneumatiques les roues d'un véhicule : Ø 15. Il est donc logique de compter d'abord sur les locomotives qui emploient du charbon plutôt que sur les rares camions disponibles que l'on ne peut ni alimenter ni chausser. CHRISTIAN PINEAU, La S.N.C.F. et les transports français, 1950, page 17. 3. [L'objet désigne des végétaux] Butter, entourer de terre le pied (d'un arbre, d'une plante) : Ø 16. La machine à traction pour planter la vigne (...) comprend (...) un butteur réglable qui ouvre un sillon (...) des butteurs (...) qui chaussent les plants après leur plantation. RAYMOND BRUNET, Le Matériel viticole, 1909, page 86. II.— Emploi pronominal. A.— [Sens réfléchi] Mettre des chaussures à ses pieds. Remarque : 1. Éventuellement construction prépositionnelle (de, avec, en). Elle [madame Moreau] s'était donc chaussée en brodequins de peau bronzée et en bas de fil d'Écosse (Honoré de Balzac, Un Début dans la vie, 1842, page 398). 2. On rencontre dans la documentation l'adjectif chausseté, ée. Enveloppé dans des chaussures fines semblables à des chaussons. Il dîne en chemise de soie rouge, sans cravate, les pieds assez mal chaussetés dans des petits bouts de babouches (Jules Renard, Journal, 1898, page 485). B.— [Sens passif] Se chausser de, également, être chaussé de.. Être fortement attaché à. Être chaussé d'une idée (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). DÉRIVÉS : Chausseur, substantif masculin. Fabricant ou marchand de chaussures (confer bottier). Les superbes magasins ou le chausseur de high-life étale ses chefs-d'oeuvre de cordonnerie féminine (JEAN RICHEPIN, Le Pavé, 1883, page 121 ).