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Vocabulaire: COMPRENDRE, verbe transitif.

Publié le 17/11/2015

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Vocabulaire: COMPRENDRE, verbe transitif. I.— [L'idée dominante est celle d'un rapport quantitatif de contenant à contenu; le sujet désigne une chose ou une personne] Emploi transitif. Inclure dans sa nature propre ou dans un système telle et telle choses ou personnes. A.— [Le sujet désigne une chose] Avoir en soi tel et tel éléments constitutifs. Comprendre telles choses, telles personnes : Ø 1.... dans tous nos jugemens quelconques, l'extension des deux idées comparées étant la même, parce qu'elle est toujours égale à celle du sujet, l'opération intellectuelle consiste à sentir que le sujet comprend l'attribut; (...) nos raisonnemens sont des séries de jugemens successifs par lesquels on voit que ce premier attribut en comprend un second, le second un troisième, et ainsi de suite, en sorte que le premier sujet renferme le dernier attribut. ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique, 1805, page 165. Ø 2. L'oeil se compose de parties distinctes, (...). Pour ne parler que de la rétine, on sait qu'elle comprend trois couches superposées d'éléments nerveux, — cellules multipolaires, cellules bipolaires, cellules visuelles, — dont chacune a son individualité et constitue sans doute un organisme fort complexe : encore n'est-ce là qu'un schéma simplifié de la fine structure de cette membrane. HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 89. SYNTAXE : Comprendre + adverbe : comprendre environ, essentiellement, généralement, notamment, uniquement; comprendre + substantif : comprendre un (certain/grand) nombre de, comprendre l'ensemble/la totalité de, comprendre (tant de) dépenses/divisions/éléments/espèces/grades/membres/opérations/parties/périodes/phases/représentants/sections/séries/sortes; substantif + comprendre : appareil, catégorie, équipe, groupe, liste, programme, traitement (qui comprend...). PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : comporter, compter, contenir, embrasser, enclore, impliquer. b) (Quasi-)antonymes exclure. — En particulier, emploi pronominal passif. [Le contenant est un mot, une expression; le contenu est une chose abstraite] Être inclus dans tel mot, telle expression, etc. Mille difficultés qui se comprenaient toutes dans ce mot terrible : — et de l'argent? (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 154 ). Remarque : Un tel emploi sert de transition entre les emplois I et II; confer en outre : Il dit [Saint Jean] : « la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas comprise » (...) Or le verbe grec, de même que le verbe français comprendre, signifie renfermer, tenir en soi, de même que, entendre, avoir connaissance (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Madame de la Rochejacquelein, 1870, page 123). B.— [Le sujet désigne une personne] Faire entrer dans une catégorie, dans un ensemble d'éléments nombrables. Comprendre quelqu'un/quelque chose dans/sous quelque chose : Ø 3.... l'homme, qu'ils [des savants trop accrédités] rangent parmi les animaux, n'est lui-même qu'une matière organisée, soumise aux simples lois de la physique, (...). Quant aux puissances élémentaires, ils ont omis de les comprendre dans leur système; de sorte que le temple qu'ils ont prétendu élever à la nature manque à la fois de comble et de fondements. Où placeront-ils donc les lois de la morale, qui doivent régir les sociétés humaines, s'ils n'aperçoivent dans l'univers que quelques lois physiques? JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 260. SYNTAXE : Comprendre sous (tel) terme (tant de sens). PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : englober, envelopper, inclure, incorporer, intégrer, mêler. b) (Quasi-)antonymes excepter, omettre. Remarque : Comprendre est parfois employé en ce sens avec un complément de lieu désignant un ensemble considéré dans son extension. Enfermé dans l'art et dans l'amour (...) j'ai peine à monter, à étendre l'amour, à élargir mon coeur pour y comprendre l'amour universel (Jules Michelet, Journal, 1850, page 128). II.— [L'idée dominante est celle d'un rapport qualitatif d'intellection entre une fonction mentale et les objets sur lesquels elle s'exerce] A.— Emploi transitif. [Le sujet désigne une personne] Avoir, élaborer, recevoir dans son esprit la représentation nette d'une chose, d'une personne. 1. [Par réflexe acquis, par actualisation d'une connaissance mémorisée antérieurement] Saisir intellectuellement le rapport de signification qui existe entre tel signe et la chose signifiée, notamment au niveau du discours. Comprendre quelque chose; par ellipse comprendre quelqu'un (comprendre ce que dit quelqu'un) : Ø 4.... il [un moderne, en entendant prononcer le mot arbre] logera ce signe en sa tête, dans une case étiquetée et distincte; c'est là ce qu'aujourd'hui nous appelons comprendre. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 152. Ø 5. Comprendre consiste dans la substitution plus ou moins rapide d'un système de sonorités, de durées et de signes par tout autre chose, qui est en somme une modification ou une réorganisation intérieure de la personne à qui l'on parle. Et voici la contre-épreuve de cette proposition : c'est que la personne qui n'a pas compris répète, ou se fait répéter les mots. Par conséquence, la perfection d'un discours dont l'unique objet est la compréhension consiste évidemment dans la facilité avec laquelle la parole qui le constitue se transforme en tout autre chose,... PAUL VALÉRY, Variété V, 1944, page 143. SYNTAXE : Comprendre + locution adverbiale : comprendre à demi-mot. Il avait l'esprit prompt et comprenait à demi-mot (R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 353), comprendre de travers; comprendre + substantif : comprendre un document, une explication, les finesses de la langue, une idée, le langage de, une langue, le latin, un mot (ne pas comprendre un mot de), les paroles de, une pensée, une question, un raisonnement, le sens de, un signe, la signification de; verbe + comprendre : affecter de (ne pas) comprendre, (n')avoir (pas) l'air de comprendre, avouer (ne pas) comprendre, croire comprendre (je crois comprendre), faire semblant de (ne pas) comprendre, feindre de (ne pas) comprendre, paraître (ne pas) comprendre, se faire comprendre (s'exprimer clairement); comprendre + proposition a) comprendre + proposition complément : comprendre ce que dit (telle personne), ce que signifie (telle chose), comprendre ce que parler veut dire; b) comprendre + proposition sujet : comprenne qui pourra (formule utilisée à propos d'une matière délicate, quand on ne veut s'expliquer davantage, confer J. BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-36, page 76 et GIDE, Journal, 1946, page 290, avec la variante comprenne qui peut ou qui veut). PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : déchiffrer, entendre, interpréter, traduire; populaire entraver, piger. — En interjection (dans un dialogue familier) Je comprends! Tu comprends! Vous comprenez! (Marque ou appelle l'approbation). Citoyens nous avons soupé de (...) Je comprends! y dit un. Oui, oui, y crient les autres tous (ALAIN ROBINET, DIT MUSETTE, Cagayous partout, 1905, page 21 ). 2. [Par effort de réflexion] a) Se faire une idée claire des causes, des conséquences, etc., qui se rattachent à telle chose et qui l'expliquent. Comprendre quelque chose (à quelque chose). L'intelligence (...) cette faculté de comprendre les relations des choses (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 141) : Ø 6. Les expériences scientifiques sont faites d'après une idée préconçue qu'il s'agit de vérifier ou de contrôler afin de comprendre le phénomène et de saisir dans toutes les circonstances qui accompagnent la production du phénomène celle qui constitue réellement son déterminisme et qui doit être appelée sa cause prochaine. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 4. Ø 7.... il est vain d'espérer « comprendre » le fonctionnement du système nerveux, c'est-à-dire de prétendre déduire ce fonctionnement de la seule structure « visible » (actuellement ou virtuellement), et de notre habitude des liaisons mécaniques et physiques. RAYMOND RUYER, La Conscience et le corps, 1937, page 37. SYNTAXE : Comprendre + adverbe : comprendre admirablement, aisément, bien (fort bien), clairement, difficilement, facilement, mal (fort mal), parfaitement, pleinement, vaguement; comprendre + locution : comprendre à peine, à merveille, à moitié, sans peine, ne pas comprendre grand chose à, ne rien comprendre à rien, n'y comprendre goutte; comprendre + substantif : comprendre la cause, le fonctionnement, la genèse, le lien, le mécanisme, l'origine, la raison, le rapport, le rôle (de telle chose); substantif + de + comprendre : difficulté, faculté de comprendre; verbe + comprendre : vouloir comprendre; verbe + à + comprendre : aider, arriver, avoir peine, chercher, parvenir à comprendre; verbe + de + comprendre : s'efforcer, essayer, permettre, tâcher de comprendre; proposition + comprendre : il est aisé/difficile/facile/impossible de comprendre, vous êtes assez intelligent pour comprendre/trop intelligent pour ne pas comprendre. (Il ne) faut pas chercher à comprendre ou essayer de comprendre (confer DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES ARGOTS FRANÇAIS (GASTON ESNAULT) Poilu 1919, page 575 et BERNANOS, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1033), il n'y a rien à comprendre. PARADIGMES. a) (Quasi-) synonymes : appréhender, pénétrer. b) (Quasi-)antonymes embrouiller, enchevêtrer. — En particulier. [D'un point de vue métaphysique] Comprendre le passé, les phénomènes, la vie, etc. Comprendre leur principe, leur finalité : Ø 8. La vie, je la comprends de moins en moins, et je l'aime de plus en plus. (...) on ne vieillit pas. Pour le coeur, c'est entendu : on le savait, du moins en amour. Eh bien, pour l'esprit, c'est la même chose. Il reste toujours jeune. On ne comprend pas plus la vie à quarante ans qu'à vingt, mais on le sait, et on l'avoue. C'est ça, de la jeunesse. JULES RENARD, Journal, 1907, page 1106. · Absolument. Comprendre = comprendre le sens caché de tout ce qui est. Comprendre est le tout de l'homme (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 207) : Ø 9. J'ai reconnu que j'étais peu de chose : raison, sentiment, instinct réunis, cela fait encore un être si fini et une action si bornée, qu'il faut en revenir à l'humilité chrétienne jusqu'à ce point de dire : « Je sens vivement, je comprends fort peu et j'aime beaucoup ». Mais il faut quitter l'orthodoxie catholique quand elle dit : je prétends sentir et aimer sans rien comprendre. AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 306. b) Se faire une conception personnelle idéale de telle chose. Comprendre quelque chose de telle façon, manière de comprendre (telle chose), voilà comme je comprends telle chose : Ø 10. On demande quelle est cette plénitude de bonheur céleste, promise à la vertu par le christianisme; on se plaint de sa trop grande mysticité : « Du moins, dans le système mythologique, dit-on, on pouvoit se former une image des plaisirs des ombres heureuses; mais comment comprendre la félicité des élus? » Fénelon l'a cependant devinée cette félicité, lorsqu'il fait descendre Télémaque au séjour des mânes : son Élysée est visiblement un paradis chrétien. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 1, 1803, page 270. SYNTAXE : Comprendre l'amour, le bonheur, la vie (de telle façon). PARADIGMES. Imaginer, se figurer, interpréter, se représenter (telle chose ou telle façon). — En particulier. domaine des arts. Concevoir un sujet et l'exprimer de telle façon. La Madone telle que le peintre d'Urbin la comprenait dans les derniers temps de sa vie, au sommet de sa troisième manière (THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 33 ). Comprendre les statues comme l'expression fixée d'une certaine sensibilité (MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, page 66 ). 3. [Par intuition, dans une saisie spontanée (généralement après une longue maturation plus ou moins inconsciente de l'observation, du jugement, de l'expérience personnelle)] a) Se rendre compte de la réalité de telle chose, prendre conscience de son importance. Comprendre quelque chose : Ø 11. La proposition du prêtre venait de remuer en elle ce coin obscur, où elle évitait de lire; et, à la douleur qu'elle éprouvait, elle comprenait enfin la gravité de son mal, elle avait l'effarement de pudeur d'une femme qui sent glisser son dernier vêtement. ÉMILE ZOLA, Une Page d'amour, 1878, page 874. Ø 12.... tout à coup, j'eus le sentiment que le visage de ma mère avait changé. (...) dans la conjugaison de tous ces signes, il me fallait bien distinguer quelque chose de nouveau, de très triste et de très angoissant (...). Je compris tout cela soudain... GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 36. SYNTAXE : Comprendre + adverbe : comprendre immédiatement, rapidement, sur-le-champ, tout de suite, vite; comprendre + substantif : comprendre son devoir, son erreur, comprendre le danger/l'étendue/la gravité/l'importance/l'intérêt/la nécessité/la portée/le prix/l'utilité/la valeur de; verbe + comprendre : faire comprendre (nettement), ne pas oser comprendre, commencer/ne pas tarder à comprendre, refuser de comprendre, finir par comprendre; comprendre + proposition : comprendre qu'il s'agit de. PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : apercevoir, discerner, y être (j'y suis!), réaliser, remarquer, se représenter, saisir, voir. b) (Quasi-)antonymes ignorer, laisser échapper, méconnaître. Remarque grammaticale : (relative aux emplois II B 1, 2, 3). Comprendre que peut se construire avec l'indicatif (s'il s'agit d'un jugement de fait) ou, plus fréquemment dans la langue littéraire, le subjonctif (s'il s'agit d'un jugement de valeur). Vous comprenez que je ne suis pas la première venue (LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 116). b) Appréhender quelqu'un ou quelque chose dans toute la vérité de sa nature profonde, par une communion affective, spirituelle. Comprendre quelqu'un, quelque chose. — [Le complément d'objet désigne une personne, son tempérament, son comportement, etc.] Percevoir la vraie nature de telle personne par une disposition d'esprit très favorable, voire complice, en allant parfois jusqu'à reconnaître explicitement le bien-fondé de ses motivations particulières et même jusqu'à excuser ses travers avec une extrême indulgence. Comprendre profondément, comprendre l'Homme. Comprendre et approuver ce qu'est une existence vouée à la galanterie (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 606) : Ø 13. Quel mystère que la pensée inconnue d'un être, la pensée cachée et libre, que nous ne pouvons ni connaître, ni conduire, ni dominer, ni vaincre! Et moi, j'ai beau vouloir me donner tout entier, ouvrir toutes les portes de mon âme, je ne parviens point à me livrer. Je garde au fond, tout au fond, ce lieu secret du moi où personne ne pénètre. Personne ne peut le découvrir, y entrer, parce que personne ne me ressemble, parce que personne ne comprend personne. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Solitude, 1884, page 926. Ø 14.... je n'oublierai plus ce que je pense et ce que je sens, ce à quoi j'adhère, en épousant jusqu'à me perdre complètement le point de vue de chacun de ceux que j'étudie, ce point de vue, je l'épouserai tout autant pour le comprendre, et pour le comprendre sympathiquement; mais ceci fait, je ne m'interdirai plus de dégager dans chaque cas mon équation ou ma différence personnelle :... CHARLES DU BOS, Journal, 1927, page 243. · Absolument : Ø 15. Je suis heureux. Et je vais vous confier le secret de mon bonheur. Il est simple. J'aime autrui. J'aime aimer. Je hais la haine. Je m'efforce de comprendre et d'admettre. JEAN COCTEAU, Poésie critique 2, 1960, page 16. SYNTAXE : Comprendre + substantif : comprendre l'attitude, le caractère, l'esprit, les inquiétudes, les intentions, les motifs, la position, les scrupules, les sentiments, la situation de (telle personne). Un brave homme qui comprendra ma situation et qui me tendra la main (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Une lettre, 1885, page 584); comprendre son temps. Opiniâtre attachement au passé, qui le rendait incapable de comprendre son temps (MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 221); verbe + comprendre : devoir comprendre (vous devez me comprendre), être apte à comprendre/être capable, incapable de (tout) comprendre, falloir comprendre (il faut me comprendre), pouvoir comprendre (tu ne peux pas comprendre, etc.), savoir comprendre. PARADIGMES. (Quasi-)synonymes : a) se mettre à la place de, participer, saisir, sentir; b) disculper, excuser, justifier, pardonner. — En particulier. · [Le complément d'objet désigne un artiste, son art] Vibrer de la même sensibilité, partager les mêmes goûts esthétiques, savoir apprécier. Le type tout fait de l'homme riche incapable de comprendre et d'aimer sincèrement les oeuvres d'art (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 127) : Ø 16. Il ne peut être question pour lui [le snob] d'acquérir les talents qu'il convoite; (...). C'est donc, dans la faculté d'apprécier, dans le goût, dans le jugement qu'il fait tenir le sentiment de sa valeur. Avec soin il évite les oeuvres. Il a pour devise « comprendre c'est égaler » et tout bas ajoute « c'est surpasser ». JULES DE GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, page 87. SYNTAXE : Comprendre l'art, le charme, le génie, l'harmonie, l'originalité de. · [Le complément d'objet désigne une entité plus ou moins personnifiée] Comprendre Dieu, la nature : Ø 17.... quelque chose de la vie des éléments émanant d'eux-mêmes, sans doute à l'attraction de nos regards, arrivait jusqu'à nous, et, s'y assimilant, faisait que nous les comprenions dans un rapport moins éloigné, que nous les sentions plus avant, grâce à cette union plus complexe. À force de nous en pénétrer, d'y entrer, nous devenions nature aussi, nous nous diffusions en elle, elle nous reprenait, nous sentions qu'elle gagnait sur nous et nous en avions une joie démesurée; nous aurions voulu nous y perdre, être pris par elle ou l'emporter en nous. GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 256. — Par extension. [Le complément d'objet désigne une chose abstraite] Madame Dorval, qui eût très-bien compris et senti les idées générales, mais qui en repoussait vivement l'examen et la préoccupation (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 228 ). Faire immédiatement le point, comprendre vivement des objets nouveaux, situer d'un coup d'oeil le coeur des circonstances (EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 627 ). SYNTAXE : Comprendre les choses (= avoir l'esprit large, se montrer tolérant). Demeure ouvert à toutes les raisons qu'on lui donne (...) comprend les choses (MAURIAC, Journal du temps de l'occupation, 1944, page 322); comprendre la plaisanterie (= l'accepter sans se formaliser et même la pratiquer volontiers). Tel qui ne comprend pas la plaisanterie a pris au tragique une expression jetée en passant (JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 160). B.— Emplois pronominaux. 1. Emploi pronominal passif. a) Être appréhendé par l'intelligence dans toute sa signification. Pour m'expliquer n'importe quoi... tout ce qui peut se comprendre et se résoudre, et s'assimiler (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit, 1936, page 424 ). b) Être saisi par l'intuition dans toute la vérité de sa nature; être approuvé dans le bien-fondé de ses motivations particulières. Cela se comprend. Cet acte se comprend (ISODORE DUCASSE, DIT COMTE DE LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, page 151 ). 2. Emploi pronominal réfléchi. a) Se représenter nettement la signification de ses propres paroles (même si elle reste obscure pour autrui). Familier. Je me comprends (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à Paris, 1901, page 225 ). b) Se saisir intuitivement dans toute la vérité de sa nature profonde : Ø 18. Je vais essayer de tracer à la hâte quelques lignes moins incohérentes que celles que tu viens de lire, je voudrais que tu me comprisses et je ne me comprends pas moi-même. Va, mon Adèle, je suis bien malheureux. Au milieu du tumulte de mes sentiments, je ne puis distinguer qu'une chose, c'est une passion insurmontable. VICTOR HUGO, Lettres à la fiancée, 1820, page 13. Remarque : On rencontre parfois la construction se comprendre + adjectif qualificatif, employée pour comprendre que l'on est caractérisé par telle qualité. Elle se comprenait bien coupable (ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 300). Elle se comprit belle (CHARLES-AMÉDÉE DE SAINTE-BEUVE, Portraits de femmes, 1844, page 503). 3. Emploi pronominal réciproque. a) Se représenter nettement le sens de ce que l'on se dit l'un à l'autre. Ils ne se comprenaient qu'assez difficilement les uns les autres, parce qu'ils ne parlaient pas tout à fait le même patois (CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Derborence, 1934, page 105 ). b) Se saisir intuitivement l'un l'autre jusqu'au fin fond de l'être, s'approuver mutuellement avec une indulgente sympathie. Deux coeurs faits pour se comprendre. Nous nous sommes de suite entendues et comprises et aimées (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1839, page 339 ). Quand on vit ensemble, il faut s'aider, se comprendre (...) se faire des concessions mutuelles et savoir fermer les yeux (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 220 ). PARADIGMES. a) (Quasi-)synonymes : s'accorder, s'harmoniser, sympathiser. b) (Quasi-)antonymes se heurter, s'opposer.

« ions/s?ries/sortes; substantif + comprendre?: appareil, cat?gorie, ?quipe, groupe, liste, programme, traitement (qui comprend...).

PARADIGMES.

a) (Quasi-)synonymes?: comporter, compter, contenir, embrasser, enclore, impliquer.

b) (Quasi-)antonymes exclure.

? En particulier, emploi pronominal passif.

[Le contenant est un mot, une expression; le contenu est une chose abstraite] ?tre inclus dans tel mot, telle expression, etc.

Mille difficult?s qui se comprenaient toutes dans ce mot terrible?: ? et de l'argent? (HONOR? DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 154 ).

Remarque?: Un tel emploi sert de transition entre les emplois I et II; confer en outre?: Il dit [Saint Jean]?: ? la lumi?re luit dans les t?n?bres et les t?n?bres ne l'ont pas comprise ? (...) Or le verbe grec, de m?me que le verbe fran?ais comprendre, signifie renfermer, tenir en soi, de m?me que, entendre, avoir connaissance (PROSPER M?RIM?E, Lettres ? Madame de la Rochejacquelein, 1870, page 123).

B.? [Le sujet d?signe une personne] Faire entrer dans une cat?gorie, dans un ensemble d'?l?ments nombrables.

Comprendre quelqu'un/quelque chose dans/sous quelque chose?: ? 3....

l'homme, qu'ils [des savants trop accr?dit?s] rangent parmi les animaux, n'est lui-m?me qu'une mati?re organis?e, soumise aux simples lois de la physique, (...).

Quant aux puissances ?l?mentaires, ils ont omis de les comprendre dans leur syst?me; de sorte que le temple qu'ils ont pr?tendu ?lever ? la nature manque ? la fois de comble et de fondements.

O? placeront-ils donc les lois de la morale, qui doivent r?gir les soci?t?s humaines, s'ils n'aper?oivent dans l'univers que quelques lois physiques? JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 260.

SYNTAXE?: Comprendre sous (tel) terme (tant de sens).

PARADIGMES.

a) (Quasi-)synonymes?: englober, envelopper, inclure, incorporer, int?grer, m?ler.

b) (Quasi-)antonymes excepter, omettre.

Remarque?: Comprendre est parfois employ? en ce sens avec un compl?ment de lieu d?signant un ensemble consid?r? dans son extension.

Enferm? dans l'art et dans l'amour (...) j'ai peine ? monter, ? ?tendre l'amour, ? ?largir mon coeur pour y comprendre l'amour universel (Jules Michelet, Journal, 1850, page 128).

II.? [L'id?e dominante est celle d'un rapport qualitatif d'intellection entre une fonction mentale et les objets sur lesquels elle s'exerce] A.? Emploi transitif.

[Le sujet d?signe une personne] Avoir, ?laborer, recevoir dans son esprit la. »

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