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Vocabulaire: CONNU, -UE, participe passé, adjectif et substantif masculin.

Publié le 17/11/2015

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Vocabulaire: CONNU, -UE, participe passé, adjectif et substantif masculin. I.— Participe passé de connaître* II.— Adjectif. A.— [En parlant de choses] 1. Littéraire ou dans un contexte philosophique. [D'un point de vue abstrait et généralement, avec l'idée de limites de la connaissance] Un phénomène connu; les choses connues; reculer les limites du monde connu (confer connaissable). — Emploi comme substantif masculin avec valeur de neutre. L'ensemble des choses connues. Aller, passer, progresser du connu à l'inconnu; juger le connu par l'inconnu; ramener, rapporter, réduire le connu à l'inconnu. Le point d'appui de l'esprit, c'est le connu, c'est-à-dire une vérité ou un principe dont l'esprit a conscience (CLAUDE BERNARD, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865, page 73) : Ø 1. La tentation, il faut en convenir, est forte d'expliquer l'inconnu par le connu et de recomposer par l'imagination les grandes démarches évolutives du passé au moyen des phénomènes où nous assistons journellement. LUCIEN CUÉNOT, JEAN ROSTAND, Introduction à la génétique, 1936, page 62. 2. [D'un point de vue concret] Synonymes : découvert, exploré; antonyme : ignoré. Les premières glaciations connues; le plus ancien texte connu sur un sujet. Il y a plus de soixante-dix espèces connues de palmiers, mais un grand nombre ne le sont pas (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 69 ). — Par extension. [En parlant d'une nouvelle, d'un document] Dont on a communication ou connaissance ou sur (la) lequel (le) on est renseigné, informé. Des faits connus; le dernier domicile connu d'une personne; un programme connu à l'avance (confer également officiel). M. de Courtenay, un prince qui se croit des droits au trône, vit en concubinage connu avec la Nine (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 71 ). Un camp connu et repéré, dans un centre important de prisonniers (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 373) : Ø 2. Ses seules dépenses connues étaient le pain bénit, la toilette de sa femme, celle de sa fille, et le paiement de leurs chaises à l'église;... HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, page 18. — Synonymes : emphatique de savoir, être au courant de quelque chose. C'est (une) chose connue de tout le monde que + indicatif C'est chose connue de toute la chrétienté que ceux de ce Saint-Jean-là [Saint-Jean-Des-Ollières] n'avaient pas jadis une réputation édifiante. On les surnommait les piqueurs (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, À la belle bergère, 1925, page 231 ). 3. [Avec valeur appréciative, nuancée dans la langue parlée par le ton] a) Bien connu, familier. — Expression figurée. Être en pays, en terrain connu. Être familier de quelque chose par habitude ou par compétence particulière. La vaste retraite de Matisse, je fais mieux que m'y diriger, elle m'est un pays connu (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 160 ). Remarque : Pays connu désigne quelque chose; pays de connaissance peut désigner quelque chose ou quelqu'un. b) Apprécié, notoire, réputé. Un ouvrage connu. De belles oeuvres trop connues ont lassé le public (Arts et littérature dans la société contemporaine (direction Pierre Abraham) 1936, page 8015 ). Les appellations « Bourgogne, Bordeaux ou Champagne » sont connues et réputées (GEORGES BRUNERIE, Les Industries alimentaires et leur organisation rationnelle, 1949, page 75 ). — Avec une nuance péjorative. Un air, un répertoire connu; une boutade connue. Synonyme : rebattu (confer également archiconnu). Toute la presse ruminant des idées connues et tournant diablement à la radoterie (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e. Memorandum, 1838, page 292 ). Faire une plaisanterie connue à outrance (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 389 ). — Familier. C'est bien connu! Ça c'est connu! par ellipse, (vieux), connu! : Ø 3. [Une revendeuse] — ... Elle [une comtesse] doit donc trois cents francs à sa cordonnière (...) Elle [la cordonnière] veut y aller, me demande de la soutenir, nous y allons. — Madame n'y est pas. — Connu! — Nous l'attendrons, dit la mère Mahuchet, dussé-je rester là jusqu'à minuit. HONORÉ DE BALZAC, Les Comédiens sans le savoir, 1846, page 323. c) Commun, courant, répandu. Un cas, un exemple bien (très) connu; utiliser un procédé connu. Le jeu des épingles au seizième siècle. Ce jeu était fort connu et pratiqué au seizième siècle (HENRI-RENÉ D'ALLEMAGNE, Récréations et passe-temps, 1904, page 96 ). Les sédatifs du système nerveux dont le plus connu est le gardénal (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET. Médecine, 1965, page 337 ). — Emploi comme substantif masculin. Le connu. Synonymes : le commun, le quotidien, le banal. On veut sortir à tout prix du connu et du commun (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 4, 1863-69, page 91) : Ø 4. La subtile oreille d'Annie, son oeil vif et mordoré n'eussent-ils pas pesé, blâmé ce qui dans mon récit décèlerait la soif uniquement de ressasser le connu, d'orner à neuf l'aboli? GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, page 152. B.— [En parlant d'une ou de personne] 1. Qui a des relations. On est jolie, on a épousé un homme connu, reçu partout. Dame! on aime aussi à se montrer un peu à son bras (ALPHONSE DAUDET, Les Femmes d'artistes, 1874, page 16 ). Remarque : Confer également écouté, estimé, influent, respecté. 2. Par extension. Dont la réputation est étendue. Un acteur, un avocat, un écrivain, un peintre connu; une personne connue comme, dans, en tant que, par, pour (synonyme célèbre; antonyme méconnu, oublié); une personne connue dans le monde; un homme connu par son sang froid, par son talent. Mme. Cottard, femme connue comme étant d'esprit pratique et de bon conseil (MARCEL PROUST, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1076) : Ø 5. L'arrestation d'un gangster connu occupera plusieurs colonnes à la une tandis que l'interpellation d'un ancien ministre sur l'alcoolisme ou le cancer sera reléguée en troisième ou en cinquième page. GILBERTE ET HENRY COSTON, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 105. C.— Expression familière. [En parlant d'une personne ou d'une action] Ni vu, ni connu. Sans que personne s'aperçoive de quoi que ce soit. Le Fondouk avait cet avantage, qu'on y entrait ni vu ni connu (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1449 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 13 061. Fréquence relative littéraire XIXe. siècle : a) 20 182, b) 14 257; XXe. siècle : a) 19 444, b) 18 991. Forme dérivée du verbe "connaître" connaître CONNAÎTRE, verbe transitif. I.— Vieilli ou littéraire. Connaître quelqu'un ou quelque chose. Reconnaître. A.— Reconnaître, discerner. 1. Reconnaître la marque de quelqu'un ou de quelque chose. Ils [les hommes] m'ont connue aux bleus stigmates Apparus sur ma pauvre peau (PAUL VALÉRY, Charmes, 1922, page 133 ). — Au figuré, expression proverbiale. L'arbre se connaît à ses fruits. " Une doctrine se juge par ses conséquences " (Dictionnaire de l'Académie Française). — Par extension. Je ne l'ai vu qu'une fois, je le connaîtrais entre mille; je le connais à sa voix. Tartarin, en le [le chameau] voyant, change de couleur et feint de ne pas le connaître (ALPHONSE DAUDET, Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon, 1872, page 131) : Ø 1. C'était au point que lorsqu'elle [la lingère] rencontrait Baugé dans les galeries, elle affectait de ne pas le connaître. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 703. 2. Distinguer, faire la différence entre. Il [l'homme] serait également un Dieu, le serpent l'a bien dit, s'il pouvait connaître le bien et le mal (RAYMOND RUYER, Esquisse d'une philosophie de la structure, 1930, page 347 ). — Au figuré et familier. Connaître sa main droite de sa main gauche. Être capable de discernement. B.— Accepter, admettre quelqu'un ou quelque chose comme ayant de l'autorité. 1. Connaître quelqu'un. Je ne connais de maître que vous; je ne connais ici de maître que moi (Dictionnaire de l'Académie Française); il ne connaît ni Dieu ni diable (familier). Le duc, (...) (À fra Leonardo). Eh bien, moine, puisque tu ne connais ni duc ni maître, place au plus fort! (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Lorenzino, 1842, III, 5, page 256 ). 2. Connaître quelque chose, dans le domaine du droit En Angleterre on ne connaît point la loi salique (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Les populations de la Grèce et de l'Italie, dès l'Antiquité la plus haute, ont toujours connu et pratiqué la propriété privée (NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique, 1864, page 68 ). II.— Connaître quelque chose. Avoir présente à l'esprit l'idée plus ou moins précise ou complète d'un objet abstrait ou concret, existant ou non. A.— PHILOSOPHIE. et dans un contexte philosophique général. [L'objet désigne tout objet possible de connaissance] La faculté de connaître étant supposée coextensive à la totalité de l'expérience (HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 192 ). Manque de fierté évident dans l'entêtement à vouloir connaître discursivement jusqu'au bout (GEORGES BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943, page 169 ). — emploi absolu. Le besoin, le désir, la soif de connaître; la difficulté de connaître; apprendre à connaître; connaître par les sens, l'intuition, l'intelligence. — Emploi comme substantif masculin avec valeur de neutre. Le connaître. Acte de connaître. Les limites du connaître (confer connaissance, action, l'agir, l'être) : Ø 2. La conscience est à nos yeux le moment le plus haut de la réalité et par là le connaître est au coeur de l'être. OCTAVE HAMELIN, Essai sur les éléments principaux de la représentation, 1907, page 358. B.— Être informé de et/ou sur l'existence ou la nature de quelque chose. Connaître un fait, une nouvelle; connaître la fonction, la nature, la valeur de quelque chose; connaître les caractères, les propriétés d'un objet. Parvenue près d'un vieux châtaignier qu'elle connaissait, elle fit une dernière halte (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 471 ). Il [ce marchand] les prévenait [les amateurs] (...) dès qu'il connaissait un objet à vendre pouvant leur convenir (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Baronne, 1887, page 1300 ). L'homme connaît le monde non point par ce qu'il y dérobe mais par ce qu'il y ajoute : lui-même (PAUL CLAUDEL, Art poétique, Connaissance du temps, 1907, page 133) : Ø 3. Nous connaissons mal encore l'effet des substances chimiques contenues dans les aliments sur les activités physiologiques et mentales. ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 369. SYNTAXE : Connaître tous les détails d'une histoire, les secrets d'une organisation, l'objet d'une visite, les résultats d'une enquête, d'une recherche; connaître un restaurant; connaître les sentiments de quelqu'un à son égard; être censé connaître quelque chose PARADIGMES. Avoir, prendre connaissance de quelque chose; être renseigné sur, avoir communication de quelque chose, apprendre quelque chose; être, se mettre au courant de quelque chose. — Locutions. 1. Vieux ou littéraire. Connaître quelque chose, connaître que + indicatif. Trop pauvre d'argent pour mourir dans l'ivresse, En m'éveillant à jeun, je connus ma détresse (CASIMIR DELAVIGNE, Les Enfants d'E=Édouard, 1833, II, 3, page 58) : Ø 4.... — Mon père est Abdoullah-Khan, et sans doute vous connaissez qu'il est le lieutenant favori et le ministre tout-puissant de Son Altesse, que Dieu conserve! JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, Les Amants de Kandahar, 1876, page 267. — Par extension. Se rendre compte (de); avoir la révélation que. Synonyme : emphatique de savoir. Il [François] connut qu'elle [Jeannette] avait pleuré, et il en fut tracassé dans son esprit (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, François le Champi, 1850, page 115) : Ø 5.... une folle bourrasque éclata, un soir, pendant le changement de marée. Les pêcheurs connurent qu'ils allaient écoper. HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 108. 2. Connaissant + substantif. Synonymes : étant donné, sachant. Je redoutais son jugement, connaissant l'intransigeance de la jeunesse (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1202 ). Construire un triangle ABC connaissant le côté (...), la hauteur (...) et l'angle (L. ROUX, E. MIELLOU, Géométrie, Classes de seconde, 1946, page 224 ). 3. Connaître quelque chose à quelqu'un; connaître une liaison à quelqu'un. Savoir que quelqu'un a... : Ø 6. Il [M. de Trailles] dépense toujours environ cent mille francs par an sans qu'on lui connaisse une seule propriété, ni un seul coupon de rente. HONORÉ DE BALZAC, Gobseck, 1830, page 406. 4. Faire connaître quelque chose à quelqu'un; faire connaître que + indicatif. Synonymes : diffuser, divulguer. Je viens vous faire connaître que j'accepte votre proposition. Je refusais de faire connaître aux familles intéressées l'état de ma fortune (FRANÇOIS MAURIAC, Le Noeud de vipères, 1932, page 144) : Ø 7. L'assemblée fit connaître avec éclat que, pour elle, le général de Gaulle représentait la France en guerre et que son gouvernement était celui de la République. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 158. · Synonymes : exprimer, signifier. Faire connaître ses intentions, ses projets. · Synonymes : présenter, lancer : Ø 8.... bulletins de maison, édités par certaines firmes importantes ou par des groupements de firmes pour faire connaître leurs produits ou leurs méthodes. La civilisation écrite (sous la direction de Julien Cain) 1939, page 1614. C.— Savoir quelque chose le plus souvent dans un domaine particulier, moyennant l'étude systématique et/ ou la pratique, l'expérience. 1. [L'accent est mis sur le contenu du savoir] Connaître l'alphabet; connaître une langue, une discipline scientifique; connaître un (son) métier; connaître les plantes. Lorsque l'apprenti connaît suffisamment sa casse, cette étude est complétée par la lecture sur le plomb (ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie, 1932, page 74) : Ø 9. Prud'hon connaissant à fond la pratique matérielle de son art, beaucoup trop négligée par les artistes de son temps, ébauchait en grisaille... THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 20. — Spécialement. Connaître ses auteurs, ses classiques. Synonyme : posséder*. Il ne connaît pas son texte. SYNTAXE :, LOC., EXPR. Connaître quelque chose sur le bout des doigts, par coeur, à fond, sommairement; connaître quelque chose sous toutes ses faces; bien connaître une situation. Familièrement. En connaître un bout, un rayon sur quelque chose; connaître la partie; connaître son affaire; connaître la chanson, la musique (figuré); je ne parle pas de ce que je ne connais pas; on ne se mêle pas de ces choses quand on ne les connaît pas; je ne le connais que trop; je la connais celle-là... il ne faut pas me la faire; je la connais dans les coins; je la connais! je ne connais que cela; on connaît ça! laisse-moi faire, ça me connaît! 2. [L'accent est mis sur la compétence particulière qui accompagne ou conditionne le savoir] Être compétent, (sous-entendu en quelque chose). Se connaître à, en quelque chose; s'y connaître. [Familier] Tu t'y connais un peu, toi? Il n'y connaît rien; je n'y connais pas grand chose; il ou elle ne connaît rien à rien. [Clapart :] — (...) Oscar devenir régisseur de Presles? (...) mais il faut savoir l'arpentage, se connaître à la culture (HONORÉ DE BALZAC, Un Début dans la vie, 1842, page 418 ). Il prétendait se connaître aux arts; mais il s'en tenait à certains noms consacrés (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 239 ). — Pour renforcer un jugement dans un domaine où l'on s'estime compétent. Comtesse, c'est de la sympathie, ou je ne m'y connais pas (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Un Mariage sous Louis XV, 1841, I, 8, page 119) : Ø 10. M. Feuillet les expédiait au ciel en deux ou trois ans au plus. Voilà un bon directeur spirituel, ou je ne m'y connais pas! ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 1, 1888, page 27. — Spécialement. DROIT. emploi intransitif. [Le sujet désigne un juge et, par extension, une assemblée délibérative] Connaître de quelque chose; en connaître. Être compétent pour juger. Connaître des contestations, des infractions, des litiges (relatifs à); ce juge ou ce tribunal ne peut pas connaître de cette affaire; il en connaît en première instance, en appel : Ø 11. Quelqu'un peut avoir à se plaindre d'un acte arbitraire de la police; qui recevra sa plainte? Quel ministère connoîtra du délit? FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Polémique, 1818-27, page 128. Ø 12. Il est interdit aux tribunaux judiciaires de connaître en principe des différends où l'administration est impliquée. GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, page 162. — Par extension, langage littéraire. Être capable de connaître : Ø 13.... l'auteur [M. Sixte] de ces trois traités admet que l'esprit est impuissant à connaître des causes et des substances... PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 22. D.— [Souvent avec une forte valeur affective] Savoir en vivant ou pour avoir vécu, éprouvé, ressenti ou senti quelque chose. Connaître la misère, la prison; connaître une vie difficile, un destin tragique; j'ai connu des temps meilleurs (familier); j'ai connu cela avant vous (familier) : Ø 14. Il est certain qu'un véritable artiste connaît l'humilité devant les modèles des maîtres ou devant les formes que lui propose la nature. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913, page 169. Ø 15. Tu ne te lèves pas assez tôt. Tu n'auras pas connu ces départs avant l'aube, ni tout ce que le vent matinal verse de martial dans le coeur. ANDRÉ GIDE, Journal, 1938, page 1300. — Par analogie. [Le sujet désigne une oeuvre ou une entreprise humaine] Quelque chose connaît des difficultés, un renouveau, un retentissement, un grand succès; une entreprise connaît un grand développement. Depuis 1948, le cinéma soviétique connaît un nouvel et très remarquable essor (GEORGES SADOUL, Histoire d'un art, 1949, page 356 ). Cette société paysanne traditionnelle a connu son apogée démographique au cours du XIXe. siècle (Traité de sociologie (sous la direction de Georges Gurvitch) 1967, page 319 ). — Locutions et expressions. · [Avec une idée d'appréciation] Avoir conscience de, par extension, apprécier à sa vraie valeur. Connaître sa force, ses limites; tu ne connais pas ton bonheur, ta chance. · [Avec une nuance parfois péjorative] Avoir de l'expérience. Connaître la vie; je connais bien la vie; tu ne connais rien de la vie. Elle connaissait trop la vie la pauvre Antoinette. Elle avait trop vu le monde, la réalité (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 201 ). Par extension. Synonyme : emphatique de avoir. Je n'ai jamais connu la grippe, le mal de dent. E.— [Le plus souvent à la forme négative] Apprécier et tenir compte de quelque chose dans la pratique. Ne connaître que son devoir, la loi, son plaisir; ne connaître que l'argent; il ne connaît pas la pitié. Il [Poirier] est bon et généreux, mais il a des idées étroites et ne connaît que son droit (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, Le Gendre de Monsieur Poirier, 1854, page 267 ). Il [le garde champêtre] s'entêta, en ancien militaire qui ne connaissait que sa consigne (ÉMILE ZOLA, La Terre, 1887, page 326 ). Vous êtes un agrégé hellénisant et ne voulez connaître que l'Antiquité (MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte, 1906, page 56 ). — Expressions et locutions familières. · [Avec une nuance d'appréciation méliorative] — Il résiste, châtiez-le, je ne connais que cela; je ne connais qu'une chose c'est d'agir franchement (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). Par extension, familier. Une bonne pluie pour calmer les esprits, je ne connais que ça; une bonne pipe après le repas je ne connais que ça (ou je ne connais rien de meilleur, de comparable, de semblable). · Péjoratif. Être dominé par une passion, une colère au point de ne plus admettre aucune considération d'aucune sorte. Il ne connaît plus rien; il ne connaît plus de frein, plus de loi; son ambition, sa violence ne connaît plus de bornes. Ma jalousie ne connut plus de bornes (JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 73) : Ø 16. Abandonné de Dieu qui punit en se retirant, il ne connoît plus de frein. D'autres cyniques étonnèrent la vertu, Voltaire étonne le vice. JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, tome 1, 1821, page 276. III.— Connaître quelqu'un. A.— Être informé de et/ou sur l'existence de quelqu'un. Connaître quelqu'un de nom, de vue. Un chantre à barbe noire que je connaissais pour l'avoir quelquefois aperçu dans la rue (JEAN GUÉHENNO, Journal d'une révolution, 1937, page 94 ). Je connais un esthéticien qui fait des miracles (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 344) : Ø 17.... beaucoup de malfaiteurs occupent à Paris une sorte de position officielle. La police les connaît, elle a leur nom et leur adresse, elle tient registre de leur corruption; elle les suit pas à pas, pour parvenir à les prendre en flagrant délit. LOUIS BLANC, Organisation du travail, 1845, page 26. B.— Connaître quelqu'un pour l'avoir rencontré et éventuellement entretenir avec lui des relations d'ordre social (confer présenter (QUELQU'UN), rencontrer). « Demain, je vous ferai connoître l'homme le plus intéressant de ce canton, »... (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 3, 1801, page 38 ). Nous l'avons connu comme client avant de le connaître comme ami (GUY DE MAUPASSANT, Pierre et Jean, 1888, page 344) : Ø 18. Elle me dit : « Oh! je sais que vos parents connaissent des gens très bien. Vous êtes ami de Robert Forestier et de Suzanne Delage. » MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 368. — Langue de la politesse. Je suis content, enchanté, heureux, ravi de vous connaître. SYNTAXE : et EXPR. Je ne connais personne dans cette maison, ce pays; connaître un ministre; je l'ai connu au collège; je l'ai connu enfant; nous nous connaissons de longue date, depuis l'enfance; je connais du monde (beaucoup de monde, tout le monde) ici; je n'ai pas (encore) l'honneur de vous connaître; ne pas vouloir se faire connaître; d'où le connaissez-vous? Familièrement. Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam; il est connu comme le loup blanc. Par ellipse. Untel? Connais pas! Comment! Vous ne connaissez pas Untel? — Spécialement. · Langue culturelle. Ne plus connaître quelqu'un. Synonymes : décider d'ignorer, de ne plus fréquenter quelqu'un. J'estime qu'il s'est déshonoré, je ne le connais plus (Dictionnaire de l'Académie française. 1932). · Littéraire, par euphémisme, domaine des relations charnelles. [Par référence à la langue de la Bible] Connaître une femme, un homme. Avoir avec elle, avec lui des relations sexuelles. Je suis l'immaculée effrénée. Je suis la vestale bacchante. Aucun homme ne m'a connue (VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 3, 1869, page 96) : Ø 19.... elle [la Mouquette] se livra dans une maladresse et un évanouissement de vierge, comme si c'était la première fois, et qu'elle n'eut jamais connu d'homme. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1353. C.— Connaître et éventuellement apprécier quelqu'un dans sa nature, dans sa personnalité. Celui qui vous connaît et vous apprécie ne veut plus rien des biens de la terre (ISODORE DUCASSE, DIT COMTE DE LAUTRÉAMONT, Les Chants de Maldoror, 1869, page 191) : Ø 20.... un garçon que j'avais connu si primesautier, si exubérant, si entier dans ses sympathies ou dans ses aversions. GASTON LEROUX, Le Parfum de la dame en noir, 1908, page 11. SYNTAXE : et EXPR. Je le connais pour ce qu'il est; je le connais incapable de mentir; je connais quel homme il est; je le connais intimement; cet homme (ne) gagne (pas) à être connu. Familièrement. Il a bien trompé son monde, on ne le connaissait pas ainsi (sous ce jour); vous me connaissez (bien, très) mal! c'est (ce serait) bien (mal) peu me connaître que de penser que je peux (pourrais) faire telle chose; tel que (comme) je te connais, te connaissant comme je te connais, tu vas faire telle chose; je commence à vous connaître! je le connais comme si je l'avais fait; je le connais mieux qu'il ne se connaît. — Connaître quelqu'un dans sa manière d'être; connaître le caractère, les défauts, les goûts, les habitudes de quelqu'un; je connais son point faible : Ø 21. Nous connaissons votre loyalisme. Il vous fera un devoir de ne rien révéler des instructions que vous aurez reçues. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Copains, 1913, page 195. — En particulier. 1. [Avec une idée de publicité] Connaître quelqu'un; faire connaître quelqu'un; se faire connaître par quelque chose, de quelqu'un. Synonymes : être, faire, se faire apprécier, estimer, par extension, devenir célèbre, acquérir une réputation; antonyme : méconnaître. La postérité ne connaît d'un acteur que la réputation que lui ont faite ses contemporains (EUGÈNE DELACROIX, Journal, page 172 ). Un petit recueil de morceaux choisis, en vue de me faire connaître des bibliophiles illettrés (LÉON BLOY, Journal, 1901, page 59 ). · Péjoratif. Faire connaître quelqu'un (tel qu'il est). Synonyme : démasquer. Faire connaître le diffamateur, pièces en mains (JEAN MORIENVAL, Les Créateurs de la grande presse en France, 1934, page 64 ). 2. [Avec une idée de connaissance approfondie, parfois péjorative] Avoir une grande expérience, connaissance ou habitude de quelqu'un et, par extension, des relations humaines. Tu ne connais pas les Brésiliens. C'est des crânes qui tiennent à s'empaler par le coeur! (HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 378) : Ø 22. MADAME DE VALROSE. — Je connais si bien ce genre de femmes-là. Une personne à la mode, qui leur fait quelques avances, suffit pour leur tourner la tête. THÉODORE LECLERCQ, Proverbes dramatiques, Le Bal, 1835, 1, page 95. — S'y connaître en... : Ø 23. Le maître d'équipage, s'étant approché, tendit la main à Yves. Jadis il avait été, lui aussi, un gabier dur à la peine; il s'y connaissait en hommes courageux et forts. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Mon frère Yves, 1883, page 13. · Expression. Un officier connaît ses hommes; je connais les (mes) gens; je connais (bien) le (mon) monde. Familier! Je connais ce monde-là! je connais l' (mon) homme! que vous connaissez peu les femmes (hommes)! 3. [En relation avec la durée de l'existence humaine] Il n'a jamais connu son père (mort trop tôt). D.— Emploi pronominal réfléchi. Se connaître. 1. PHILOSOPHIE. [Par allusion à l'inscription frontale du temple de Delphes dont Socrate avait fait sa devise : Connais-toi toi-même] Socrate. — Se construire, se connaître soi-même, sont-ce deux actes, ou non? (PAUL VALÉRY, Eupalinos ou l'Architecte, 1923, page 66) : Ø 24.... faut-il avouer que le « connais-toi toi-même » peut devenir une forme du titanisme, quand il n'est pas tempéré par une tenace patience à l'égard de ses propres ténèbres? PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 436. — Dans un contexte littéraire Se connaître et s'accepter, ce n'est pas renoncer à l'effort, au perfectionnement : bien au contraire! (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 951 ). 2. Par extension. Ne plus se connaître (confer supra II E). Sortir des limites du raisonnable. Il [Spiagudry] est aussi lâche que méchant Quand la peur le prend, il ne se connaît plus (VICTOR HUGO, Han d'Islande, 1823, page 167 ). Elle (Mademoiselle Sergent) ne se connaissait plus : « Tu en feras tant que je te tuerai, » qu'elle disait à Aimée (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à Paris, 1901, page 169 ). Remarque : On rencontre dans la documentation le verbe transitif con(n)obrer appartenant à la langue argotique attesté pour la 1re. fois en 1811 (Le tapis de Montron, chansons argotiques dans FRANÇOIS VIDOCQ, Les Voleurs, page XLX) puis chez O. Méténier : La fille : j'ai pas connobré un miché de l'an passé (La Lutte pour l'amour, 1891, page 282). Léon Daudet emploie la variante cognobrer : je le cognobre pas, ce Mézut, avec son gourbi de peinture. C'est-il un rupin ou un fauché? (Ariane, 1936, page 21). Ce verbe est probabablement issu en argot, du croisement de connaître (latin cognoscere) avec l'espagnol columbrar « voir de loin, entrevoir » (CORINTHIENS); confer variante argotique colomber (1829 dans GASTON ESNAULT). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 37 999. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 51 273, b) 45 868; XXe. siècle : a) 55 632, b) 59 820.

« programme connu ? l'avance (confer ?galement officiel).

M.

de Courtenay, un prince qui se croit des droits au tr?ne, vit en concubinage connu avec la Nine (JOS?PHIN P?LADAN, Le Vice supr?me, 1884, page 71 ).

Un camp connu et rep?r?, dans un centre important de prisonniers (FRANCIS AMBRI?RE, Les Grandes vacances, 1946, page 373) : ? 2.

Ses seules d?penses connues ?taient le pain b?nit, la toilette de sa femme, celle de sa fille, et le paiement de leurs chaises ? l'?glise;... HONOR? DE BALZAC, Eug?nie Grandet, 1834, page 18.

? Synonymes?: emphatique de savoir, ?tre au courant de quelque chose.

C'est (une) chose connue de tout le monde que + indicatif C'est chose connue de toute la chr?tient? que ceux de ce Saint-Jean-l? [Saint-Jean-Des-Olli?res] n'avaient pas jadis une r?putation ?difiante.

On les surnommait les piqueurs (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, ? la belle berg?re, 1925, page 231 ).

3.

[Avec valeur appr?ciative, nuanc?e dans la langue parl?e par le ton] a) Bien connu, familier.

? Expression figur?e.

?tre en pays, en terrain connu.

?tre familier de quelque chose par habitude ou par comp?tence particuli?re.

La vaste retraite de Matisse, je fais mieux que m'y diriger, elle m'est un pays connu (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 160 ).

Remarque : Pays connu d?signe quelque chose; pays de connaissance peut d?signer quelque chose ou quelqu'un.

b) Appr?ci?, notoire, r?put?.

Un ouvrage connu.

De belles oeuvres trop connues ont lass? le public (Arts et litt?rature dans la soci?t? contemporaine (direction Pierre Abraham) 1936, page 8015 ).

Les appellations ? Bourgogne, Bordeaux ou Champagne ? sont connues et r?put?es (GEORGES BRUNERIE, Les Industries alimentaires et leur organisation rationnelle, 1949, page 75 ).

? Avec une nuance p?jorative.

Un air, un r?pertoire connu; une boutade connue.

Synonyme?: rebattu (confer ?galement archiconnu).

Toute la presse ruminant des id?es connues et tournant diablement ? la radoterie (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e.

Memorandum, 1838, page 292 ).

Faire une plaisanterie connue ? outrance (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 389 ).. »

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