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Vocabulaire: CONQUÉRIR, verbe transitif.

Publié le 17/11/2015

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Vocabulaire: CONQUÉRIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Domaine militaire [Le complément d'objet désigne un territoire, un peuple] Se rendre maître par les armes. Conquérir quelque chose, conquérir quelque chose sur quelqu'un, conquérir quelque chose à quelqu'un. Toute autre place à conquérir sur les Musulmans (RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades, 1939, page 54 ). De splendides garçons (...) qui lui [l'Angleterre] conquièrent des empires (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, page 239) : Ø 1.... la Prusse, en deux semaines à peine, par une marche foudroyante, venait d'envahir le Hanovre, de conquérir les deux Hesses, Bade, la Saxe, en surprenant en pleine paix des populations désarmées. ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 104. SYNTAXE : Conquérir + substantif : conquérir un empire, le monde, une province, un royaume, une/la terre, l'univers; verbe + conquérir : aller, venir, vouloir conquérir; préposition + verbe + conquérir : aider, chercher à conquérir, achever de conquérir. — Absolument. Désir, gloire de conquérir. Le jour où elle [l'Italie] cessa de conquérir, elle fut conquise (EDGAR QUINET, Allemagne et Italie, 1836, page 223 ). On cherche de moins en moins à conquérir pour conquérir (HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 305 ). — Par analogie. [Le complément désigne des biens matériels, sans intérêt militaire particulier] · Par plaisanterie. Une espèce de fruitier mal clos où l'on pouvait conquérir une pomme (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 115 ). Il conquit la table de haute lutte, au milieu du tas (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 325 ). · En général. S'assurer la possession de quelque chose, étendre son emprise sur quelque chose. Conquérir quelque chose, conquérir quelque chose sur quelque chose Quand il [l'homme] conquiert par un effort son abri et ses aliments (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 276 ). Dans cette ville [Venise] où il faut conquérir la place sur la lagune (EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture. 1872, page 264 ). B.— Par métaphore. au figuré, domaine des valeurs humain (S'efforcer de) gagner quelque chose, quelqu'un par un déploiement de qualités d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif. 1. Domaine des valeurs sociales. Conquérir de belles positions (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 12 ). Conquérir une grande situation parlementaire (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 358 ). Des élections (...) le moment de conquérir un siège (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, page 63 ). 2. Domaine des valeurs morales. L'homme conquiert sa liberté et sa personnalité, mais en s'ouvrant à la vie (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 254) : Ø 2. Mais il fallait lutter, se raidir, pour conquérir son bonheur, échapper à cette faillite d'une existence. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 70. — En particulier. domaine religion Il ne seyait pas de vouloir conquérir tout de suite la perfection chrétienne (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 423 ). Conquérir la béatitude (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 125 ). 3. Domaine des valeurs intellectuelles. [Le complément désigne l'esprit d'une personne et ses diverses modalités; par métonymie cette personne elle-même] Le désir d'attirer à lui et de conquérir les esprits (ALFRED DE VIGNY, Mémoires inédits, 1863, page 120 ). Conquérir son estime, mieux, son admiration (PIERRE-JEAN JOUVE, La Scène capitale, 1935, page 62 ). 4. Domaine des valeurs affectives. [Le complément désigne le coeur, les sentiments d'une personne; par métonymie cette personne elle-même] a) Domaine des relations amicales. Il conquit son affection en lui procurant quelques plaisirs et des douceurs (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 559 ). Pour tâcher de conquérir la sympathie générale (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 231 ). Tant de bonhomie conquit le coeur du peintre (ALBERT CAMUS, L'Exil et le Royaume, 1957, page 1639 ). — En particulier. [Le complément désigne une personne ou un groupe de personnes] (Quasi-)synonyme : plaire. Elle conquit maman en l'appelant « petite madame » (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 92) : Ø 3. Mme. Rougon se tenant à l'écart par une manoeuvre de haute habileté, la belle Octavie était ainsi devenue l'alliée la plus active de l'abbé Faujas. Elle lui conquit ses amis et les amis de ses amis. Elle partait en campagne chaque matin, faisait une étonnante propagande, rien qu'à l'aide des petits saluts qu'elle jetait du bout de ses doigts gantés. ÉMILE ZOLA, La Conquête de Plassans, 1874, page 1144. b) Domaine des sentiments amoureux. Un amant doit aller conquérir le coeur de sa dame (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 3, 1813, page 4 ). — En particulier. [Le complément désigne une personne] (Quasi-)synonyme : séduire. Le mariage (...) cette manière de conquérir et de s'approprier une femme (HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau, 1837, page 37 ). Elle redoublait de séduction, elle l'amollissait et le conquérait (ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 382) : Ø 4. « L'homme qui aime une femme, qui s'efforce de la conquérir, qui l'obtient et qui la prend, contracte vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis d'elle un engagement sacré. » GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Étrennes, 1887, page 1071. — Absolument. Le succès flatteur est de conquérir, et non de conserver (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 138 ). La bouche grande, infiniment séduisante, faite (...) pour conquérir (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Yvette, 1884, page 489) : Ø 5. Aimer et posséder, conquérir et épuiser, voilà sa façon [à l'homme absurde] de connaître. (Il y a du sens dans ce mot favori de l'écriture qui appelle « connaître » l'acte d'amour.) ALBERT CAMUS, Le Mythe de Sisyphe, 1942, page 104. Remarque : La construction se conquérir quelque chose, quelqu'un rencontrée parfois dans les emplois précités ne peut guère être considérée comme une forme d'emploi pronominal, le pronom n'ayant dans ce cas qu'une fonction de complément indirect servant à ajouter une marque subjective. Il se mit à cueillir les feuilles de vigne (...) et se conquit par là le coeur du jardinier (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo, tome 2, 1846, page 36). II.— Emploi pronominal. A.— Emploi pronominal réfléchi. [Le sujet désigne une personne] (S'efforcer de) prendre possession de soi-même. Se conquérir, se conquérir sur quelque chose Tendu sur lui-même et décidé à se conquérir lui-même par la violence (ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion, 1914, page 11 ). Je venais conquérir le monde et me conquérir moi-même (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 410 ). Il faut se conquérir sur les passions, sur la race, sur la classe, sur la nation (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 116) : Ø 6. L'immense effort de sa jeunesse pour prendre possession de soi, les luttes acharnées pour se conquérir sur les autres le simple droit de vivre, pour se conquérir sur les démons de sa race. Même après la victoire, l'obligation de veiller, sans trêve, sur sa conquête, afin de la défendre contre la victoire même. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1585. B.— Emploi pronominal passif. [Le sujet désigne une chose abstraite d'ordre moral ou intellectuel] (Pouvoir) être acquis au prix d'un effort. Les succès littéraires ne se conquièrent que dans la solitude et par d'obstinés travaux (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 110 ). Accéder à une vérité qui se conquiert de haute lutte (NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 63) : Ø 7. C'est un grand problème d'être soi. La probité se conquiert et se perd par d'obscures voies. Mais la volonté continue et appliquée de vivre dans la vérité suffit à assurer à quiconque en est capable une prodigieuse puissance. JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, En marge des "Confessions", préface, 1948, page 17. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 183. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 490, b) 992; XXe. siècle : a) 2 155, b) 1 931. DÉRIVÉS : Conquéreur, substantif masculin. vieux littéraire. Personne qui conquiert. J'étais la toison d'or et (...) je partais à la recherche d'un conquéreur (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 982 ). Remarque : Selon DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) Supplément 1970, " mot repris pour éviter les connotations que comporte le mot normal conquérant triomphant ou prétentieux " et formé par analogie sans doute de acquéreur.

« quelque chose, conqu?rir quelque chose sur quelque chose Quand il [l'homme] conquiert par un effort son abri et ses aliments (ALEXIS CARREL, L'Homme cet inconnu, 1935, page 276 ).

Dans cette ville [Venise] o? il faut conqu?rir la place sur la lagune (EUG?NE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture.

1872, page 264 ).

B.? Par m?taphore.

au figur?, domaine des valeurs humain (S'efforcer de) gagner quelque chose, quelqu'un par un d?ploiement de qualit?s d'ordre social, moral, intellectuel ou affectif.

1.

Domaine des valeurs sociales.

Conqu?rir de belles positions (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 1, 1836, page 12 ).

Conqu?rir une grande situation parlementaire (LOUIS REYBAUD, J?r?me Paturot ? la recherche d'une position sociale, 1842, page 358 ).

Des ?lections (...) le moment de conqu?rir un si?ge (?MILE HERZOG, DIT ANDR? MAUROIS, La Vie de Disra?li, 1927, page 63 ).

2.

Domaine des valeurs morales.

L'homme conquiert sa libert? et sa personnalit?, mais en s'ouvrant ? la vie (JACQUES MARITAIN.

Humanisme int?gral, probl?mes temporels et spirituels d'une nouvelle chr?tient?, 1936, page 254) : ? 2.

Mais il fallait lutter, se raidir, pour conqu?rir son bonheur, ?chapper ? cette faillite d'une existence. ?MILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 70.

? En particulier.

domaine religion Il ne seyait pas de vouloir conqu?rir tout de suite la perfection chr?tienne (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 423 ).

Conqu?rir la b?atitude (?TIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie m?di?vale, tome 1, 1931, page 125 ).

3.

Domaine des valeurs intellectuelles.

[Le compl?ment d?signe l'esprit d'une personne et ses diverses modalit?s; par m?tonymie cette personne elle-m?me] Le d?sir d'attirer ? lui et de conqu?rir les esprits (ALFRED DE VIGNY, M?moires in?dits, 1863, page 120 ).

Conqu?rir son estime, mieux, son admiration (PIERRE-JEAN JOUVE, La Sc?ne capitale, 1935, page 62 ).

4.

Domaine des valeurs affectives.

[Le compl?ment d?signe le coeur, les sentiments d'une personne; par m?tonymie cette personne elle-m?me] a) Domaine des relations amicales.

Il conquit son affection en lui procurant quelques plaisirs et des douceurs (HONOR? DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 559 ).

Pour t?cher de conqu?rir la sympathie. »

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