Vocabulaire - Définition: AVACHI, -IE, participe passé et adjectif.

Vocabulaire - Définition: AVACHI, -IE, participe passé et adjectif. I.— Participe passé de avachir* II.— Adjectif. A.— [En parlant d'objet] 1. [Se dit surtout des cuirs, chaussures, étoffes et vêtements] Détiré, déformé par l'usage : Ø 1. Marthe frémit à la vue d'un vieillard qui buvait sa soupe à même d'une chaufferette et elle regarda, toute interdite, (...) ces loques cousues avec des ficelles, ces habits couleur de bouse, cette culotte mangée des mites, étoilée de trous, cuirassée de fange, ce gilet racorni, rongé, ratatiné par tous les soleils et par toutes les pluies, ces savates sans nom, éculées et avachies, ouvrant, pour laisser passer l'orteil, des lucarnes de cuir roux;... GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Marthe, histoire d'une fille, 1876, page 129. Ø 2.... son complet de voyage, avachi, ne paraît pas d'aplomb sur son corps dégingandé; un cou de vieil oiseau s'échappe de son faux col fripé, qui bâille; ROGER MARTIN DU GARD, Notes sur André Gide, 1951, page 1360. 2. [Se dit de livres, de journaux] Froissé, abîmé, fatigué. Remarque : Journaux avachis (confer exemple 4 de artichaut). B.— Par analogie. [En parlant de personnes et notamment de femmes] Flasque, mou, déformé par l'embonpoint, la vieillesse : Ø 3. Je me disais que vraiment pas une de ces créatures avachies, graisseuses plutôt que grasses, bouffies d'ici et maigres de là, avec des bedaines de chanoines et des jambes d'échassiers cagneux, ne valait le louis qu'elles obtiennent à grand'peine après en avoir demandé cinq. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Armoire, 1884, page 567. C.— Au figuré. 1. [En parlant d'objet] a) Trait avachi. Trait mou, manquant de fermeté, de vigueur : Ø 4.... le trait avachi du dessin est rendu par des pâtés d'un noir sans éclatement. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1894, page 685. b) Ressort avachi. Qui a perdu toute élasticité (confer Vocabulaire technique de l'éditeur en sept langues 1967). 2. [En parlant de pers] a) Mou, sans volonté ni énergie, à cause d'une fatigue passagère ou suivant un trait permanent du caractère : Ø 5. J'ai été bien avachi pendant quelques jours, mais je me remonte et je travaille. C'est l'important, après tout. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1878, page 137. b) [En parlant d'un inanimé abstrait (situation, état)] Dégradé, relâché. Formule avachie (confer Hervé Bazin, Lève-toi et marche, 1952, page 77) :: Ø 6. Telle est la dégénérescence qui, au sortir d'une révolution embourgeoisée, d'une libération avachie, laisse après soi l'amère déception et fait dire aux hommes : non, cela n'en valait pas la peine. VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 60. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 67. Forme dérivée du verbe "avachir" avachir AVACHIR, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [Le complément désigne un objet concret] Rendre lâche, mou, sans vigueur : Ø 1. Tant pis, fit-il [Durtal] , je vais me débarrasser de la bouteille de chartreuse en la fourrant dans mes trousses; la maman Bavoil en sera quitte pour gémir et me reprocher, une fois de plus, d'avachir les poches de mon pardessus. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 181. B.— Au figuré. Avachir quelqu'un.. Le rendre mou, lui faire perdre son énergie et sa vigueur : Ø 2.... mon père haussait le ton et s'adressait non seulement à nous, les enfants, mais à la foule des hommes pour une prédication vigoureuse. — Il faut être jeune et vert. Il ne faut pas se laisser avachir. Quand on est vieux, il est impossible de redevenir jeune. Règle absolue : ne pas se laisser vieillir. GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 54. — emploi absolu. [Le sujet désigne un état, un sentiment] Rendre mou, flasque; faire perdre son énergie, sa volonté, son entrain à... L'inaction avachit (DICTIONNAIRE ROBERT. ). II.— Emploi pronominal (le plus fréquent) A.— Littéraire. [Le sujet est un inanimé concret et désigne particulier des étoffes, des cuirs qui perdent leur fraîcheur et leur fermeté] S'élargir, se déformer. Cet habit commence à s'avachir (Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932, Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892) :: Ø 3.... ces vêtements qui (...) ne s'avachissent pas comme la défroque des pékins nus... ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour, 1956, page 50. — Par analogie, populaire ou familier. [En parlant de personnes et notamment de femmes déformées par l'embonpoint] Sa taille s'avachit (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 4. Laurent s'affaissa, devint mou, plus lâche et plus prudent que jamais. Il engraissa et s'avachit. ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 99. Ø 5. Je l'ai rencontrée [Xénia] trente ans plus tard (...) et si elle s'était un peu avachie depuis le temps, elle avait toujours ses yeux pervers et sa voix roucoulante, cette voix chaleureuse des femmes russes qui semble monter du plus profond de leur chair intime... BLAISE CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 69. — Spécialement. HORTICULTURE. [En parlant des branches d'arbres dont l'extrémité est pendante] Les branches de cet oranger s'avachissent (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) reprenant le Dictionnaire universel françois et latin contenant la signification et la définition avec des remarques d'érudition et de critique (dictionnaire de Trévoux)). Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse), Nouveau Larousse illustré. B.— Au figuré. 1. [Avec une attitude physique, un comportement trahissant la mollesse] S'affaisser, s'affaler : Ø 6. Les cris de Margot commençaient, d'ailleurs, à s'étouffer dans une espèce de halètement rauque et, (...) je me levai à mon tour du petit canapé, où je m'avachissais un peu étourdi, surtout écoeuré par toute cette scène,... PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs, 1895, page 34. 2. Péjoratif. [En parlant d'une attitude d'esprit, d'une attitude morale] Devenir mou, perdre sa vigueur et son entrain : Ø 7. Lorsque l'avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble. Laurent n'avait plus de révolte, il s'avachissait, il s'abandonnait au néant qui s'emparait déjà de son être. L'oisiveté le tuait. ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 211. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 13.