Vocabulaire - Définition: AVANTAGE, substantif masculin.

Vocabulaire - Définition: AVANTAGE, substantif masculin. I.— Tout ce qui apporte un bien, un plaisir ou un profit. Antonyme : inconvénient : Ø 1. L'avantage que procurait au peuple la liberté, comme les anciens la concevaient, c'était d'être de fait au nombre des gouvernements; avantage réel, plaisir à la fois flatteur et solide. L'avantage que procure au peuple la liberté chez les modernes, c'est d'être représenté, et de concourir à cette représentation par son choix. C'est un avantage sans doute, puisque c'est une garantie; mais le plaisir immédiat est moins vif : il ne se compose d'aucune des jouissances du pouvoir; c'est un plaisir de réflexion : celui des anciens était un plaisir d'action. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 206. Ø 2.... si je défends ce qu'on appelle les privilèges des heureux, ce n'est jamais dans un souci de mon avantage particulier; je serais plus heureux du bonheur général (auquel je participerais) que d'aucun plaisir isolé, mais parce que le désordre accroît les injustices. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1908, page 339. Ø 3. Comme on le voit, les avantages et les inconvénients de ces deux projets de manoeuvre semblaient se balancer. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 1, 1931, page 153. Ø 4.... tous les militaires appartenant à ces forces sont soumis aux mêmes obligations et bénéficient des mêmes droits ou avantages. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 696. SYNTAXE : a) Suivi ou précédé d'adjectif L'avantage collectif ou intérêt général (PERROUX, L'Écon. du XXe. siècle, 1964, page 654), insigne, notable avantage, avantage considérable (Dictionnaire de l'Académie Française 1878-1932), son avantage immédiat ou momentané. b) Suivi d'un complément de nom. Les avantages de la paix (LITTRÉ), les avantages de la solitude. c) Complément d'un verbe. Faire son propre avantage (LITTRÉ), peser les avantages et les inconvénients, jouir ou souffrir des avantages ou des inconvénients du soleil ou de la pluie (DURKHEIM, De la division du travail social, 1893, page 272). — Spécialement. a) [Dans des formules de politesse] Privilège. · Vieilli. J'ai l'avantage de connaître M. votre père, à l'avantage de vous revoir (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). · Absolument. À l'avantage. À l'avantage de vous revoir : Ø 5.... Gouttman souleva le bord de son chapeau : — « À l'avantage » et il sortit. GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, 1880, page 122. · Usuel. Avoir l'avantage de rencontrer quelqu'un, de lui plaire (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)). b) Domaine socio-économique. [Surtout au plur] Avantages commerciaux, matériels, pécuniaires, techniques; bénéficier d'avantages fiscaux, obtenir des avantages financiers, procurer des avantages à quelqu'un : Ø 6. À compter du 1er. avril 1956, les avantages en nature à prendre en considération pour le calcul des cotisations d'assurances sociales, d'accidents du travail et d'allocations familiales sont évalués conformément à des barèmes établis pour la nourriture et le logement. Journal Officiel, Arrêté du 28 mars 1956. Remarque : Avantage, profit, utilité. " Utilité exprime simplement le service que l'on tire des choses. Profit implique surtout une idée de gain. Avantage, plutôt une idée d'honneur ou de commodité " (Nouveau Larousse illustré). II.— Supériorité qu'une personne a sur une autre, ou sur quelque chose, ou sur son état antérieur. Prendre, avoir l'avantage sur. A.— Emploi général : Ø 7. L'infériorité des armes gauloises donna l'avantage aux Romains; le sabre gaulois ne frappait que de taille, et il était de si mauvaise trempe, qu'il pliait au premier coup. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 1, 1831, page 201. Ø 8. Mais les ordres étaient formels, les officiers durent commander la retraite, désolés de ne pouvoir tirer profit de l'avantage qu'ils venaient de remporter. ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 224. Ø 9. Comme on causait à dîner des avantages et privilèges que la vie apporte à l'homme, Mme. Daudet s'écriait : « une femme ne choisit ni son danseur ni son mari! » EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1894, page 499. Ø 10. À partir du seizième siècle, s'il [Fustel de Coulanges] est gâté par de furieux partis pris, ses vues sont encore parfois pénétrantes : c'est l'avantage et la supériorité des historiens qui ont du talent, même quand leurs théories sont contestables. JACQUES BAINVILLE, Histoire de France, tome 1, 1924, page 7. SYNTAXE : 1. Avec adjectif Avantage acquis, naturel; avantage de l'âge, de l'expérience, de la fortune, de la naissance; avantage du combat, du lieu, du nombre, du terrain. 2. Dans un syntagme verbal a) [Avec le défini] Avoir l'avantage de quelque chose, disposer de l'avantage du nombre, obtenir l'avantage sur ses adversaires, prendre, reprendre, ressaisir l'avantage. b) [Avec le possessif] Conserver, garder, ménager, perdre, pousser, faire valoir ses avantages; abuser, faire parade, jouir, profiter de ses avantages; prendre quelqu'un à son avantage (vieux). « L'attaquer quand on est plus fort ou mieux armé que lui » (Dictionnaire de l'Académie Française 1798). · À son avantage. D'une manière qui fait ressortir les attraits physiques (ou moraux). Être, paraître, se montrer à son avantage; être habillé, coiffé à son avantage (Dictionnaire de l'Académie Française). — Spécialement. Les avantages. Les attraits naturels; populaire, les seins : Ø 11. Presque tous les hommes affectionnent une posture par laquelle ils croient faire ressortir tous les avantages dont les a doués la nature. Cette attitude, chez Crevel, consistait à se croiser les bras à la Napoléon, en mettant sa tête de trois quarts, et jetant son regard comme le peintre le lui faisait lancer dans son portrait, c'est-à-dire à l'horizon. HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1846, page 8. Ø 12. — Je dis que tu dois lui mettre du coton à gauche, elle n'a des « avantages » que d'un côté; demande à Anaïs de te prêter un de ses faux nénés (car la grande Anaïs introduit deux mouchoirs dans les goussets de son corset, et toutes nos moqueries n'ont pu la décider à abandonner ce puéril rembourrage). GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école, 1900, page 212. — Argot et populaire. [Dans deux acceptions différentes] Faire un avantage à quelqu'un. a) Accorder un rendez-vous. b) Fréquent " Rendre un service et pas toujours pécuniaire " (Langue verte et noirs desseins (AUGUSTE LE BRETON), 1960) : Ø 13. C'est une tôle qui vaut dix briques (...) Si Bébert te la laisse à neuf, il te fait un avantage. ALBERT SIMONIN, Le Petit Simonin illustré, 1957, page 30. Remarque : Avantage, dessus, prééminence, supériorité. " L'avantage est, d'une façon très générale, quelque chose d'utile qu'on a de plus qu'un autre, et qui fait qu'on est en avant. Le dessus est l'avantage qu'on obtient dans un combat, dans une dispute. La prééminence donne un rang au-dessus des autres. La supériorité donne le droit de commander aux autres, ou le pouvoir de les surpasser " (Nouveau Larousse illustré). B.— Emplois spéciaux. [Souvent dans quelques syntagmes] 1. CHASSE et ARMURERIE. " Déviation à gauche ou à droite de la crosse par rapport au canon " (Dictionnaire de la chasse (TONY BURNAND) 1970) : Ø 14. Un fusil sorti de chez son fabricant comporte un avantage de valeur moyenne convenant à beaucoup de chasseurs droitiers de constitution normale. Dictionnaire de la chasse (TONY BURNAND) 1970. 2. COMMERCE et ÉCONOMIE. " Condition de faveur faite à quelqu'un; concession d'un rabais plus important sur des marchandises ou d'un plus long crédit dans des rapports commerciaux " (Vocabulaire technique de l'éditeur en sept langues 1913). · Analyse des avantages-coûts. " Technique d'analyse décisionnelle (...) qui se prête en particulier à l'évaluation monétaire des services non marchands (du secteur public), dans la mesure où elle permet de " simuler " une échelle d'appréciations en vue de maximiser les avantages collectifs ou la " fonction de bien-être général " " (Le langage de la prévision (FRANÇOIS HETMAN) 1969). 3. DROIT. a) " Rupture de l'égalité, opérée par le de cujus au profit de l'un de ses héritiers ou de son conjoint " (Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT)). SYNTAXE : Faire un avantage à un enfant, faire un avantage indirect, avantage fait par un époux à son conjoint, avantage fait aux dépens des enfants d'un premier lit (CAP. 1936); avantage direct (Dictionnaire de l'Académie Française 1798), avantage prohibé (Dictionnaire de l'Académie Française 1835). Avantage simulé. « Avantage qui, d'après la loi, ne pouvant être fait à quelqu'un, lui est accordé indirectement, soit au moyen d'une interposition de personnes, soit par déguisement de contrats » (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments, 1842). Avantages matrimoniaux. « Avantages faits à la femme mariée, tantôt par le contrat de mariage et tantôt par la loi, tels que gain de survie, deuil, loyer, nourriture » (BARR. 1967). b) " Utilité, gain ou profit résultant d'un acte juridique ou d'une disposition légale. Exemple : acte d'un avantage évident pour le pupille; (...) avantages et pertes provenant d'un contrat aléatoire, avantages légaux " (Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT)). c) PROCÉDURE. Prendre avantage contre son adversaire. (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). Obtenir contre lui un jugement par défaut s'il ne comparaît pas à l'audience. 4. JEUX. a) " Se dit de ce qu'un homme qui joue mieux qu'un autre, lui donne, pour rendre la partie à peu près égale. " (Dictionnaire de l'Académie Française). " Je ne jouerai point avec lui, s'il ne me donne de l'avantage " (Dictionnaire de l'Académie Française). b) Avantage de jeu ou avantage. " Au jeu de Paume on dit, l'avantage du jeu, ou simplement l'avantage. Lorsque les joueurs étant venus à avoir chacun quarante-cinq, l'un des deux gagne ensuite le coup " (Dictionnaire de l'Académie Française). · Avantage de jeu. " Se dit aussi, en termes de tennis, de tout jeu ou point gagné par un des joueurs ou un des camps qui se trouvait auparavant à égalité avec son adversaire " (Dictionnaire de l'Académie Française). Avantage au service, avantage dehors, détruit (Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT)) : Ø 15.... on appelle « à deux de jeux » et le jeu suivant, gagné par l'un des deux joueurs se compte « avantage de jeux ». Fédération française de Lawn Tennis. 1936. c) Point gagné par un adversaire ou un camp qui se trouvait à égalité avec l'autre. Marquer un avantage : Ø 16. Commentaire technique. — Au premier et au deuxième rounds, Costals avait marqué un avantage. Au troisième, sonné, il avait été au tapis... HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1518. 5. MANÈGE. Prendre de l'avantage. " Se servir de quelque petite hauteur, de quelque élévation pour monter plus aisément à cheval " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 17. Il ne saurait plus monter à cheval sans prendre l'avantage, sans avantage. Dictionnaire de l'Académie française. 1798-1932. · Être monté à son avantage. " Avoir un cheval proportionné à sa taille " (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842). 6. MARINE. a) " Partie de l'avant du vaisseau formant saillie sur l'étrave, et qu'on nomme aussi éperon, cap ou poulaine " (Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)). b) Situation privilégiée. " On dit d'un bâtiment qui marche mieux qu'un autre, qu'il a de l'avantage, un avantage marqué, qu'il peut lui faire l'avantage de telle voile qu'il a de moins dehors " (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831) : Ø 18. L'avantage du navire est encore plus sensible quand les bâtiments sont au repos, ou que l'air est calme. Mais, quand le navire et le vaisseau sont en mouvement, le navire s'aide avec profit du jeu régulier des gouvernails, et de l'emploi d'une partie de la voilure. ARMAND MAIZIÈRE, Nouvelle architecture navale, 1853, page 19. SYNTAXE : Avoir, prendre l'avantage du vent. « Avoir, prendre le dessus du vent relativement à un autre vaisseau » (Dictionnaire de l'Académie Française 1835-1932); se dit à propos de la disposition des vaisseaux lors d'un combat naval. Vaisseau qui fait avantage à un autre vaisseau d'une voile, de deux voiles. « Pour égaliser leur marche » (Larousse 19e. ); faire avantage de deux avirons (Nouveau Larousse illustré). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4 831. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 12 199, b) 3 850; XXe. siècle : a) 3 774, b) 5 802. Forme dérivée du verbe "avantager" avantager AVANTAGER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— Donner un avantage à quelqu'un. Synonyme : favoriser. " Le ciel et la nature l'avaient extrêmement avantagé, l'avaient avantagé de beaucoup de grâces " (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 1. — Mort : Verdet (d'Avignon), homme éminent, avantagé de tous les dons de la nature, de l'esprit et de la fortune, remarquable à tous égards, me dit-on, comme physicien, helléniste, mathématicien, l'homme régulier, sage, laborieux, pur... HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 313. Ø 2. Mignot, questionné de nouveau, perdit la tête, sanglota : lui, n'était pas coupable, c'était Albert qui lui envoyait ses maîtresses; d'abord, il les avantageait simplement, les faisait profiter des occasions; puis, quand elles finissaient par voler, il était trop compromis déjà pour avertir ces messieurs. ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 713. — DROIT. [Dans un partage, un testament] : Ø 3. Il ne savait donc rien, il avait simplement des promesses en faveur de leur fils Gustave, que son grand-père souvent parlait d'avantager, pour les récompenser de l'avoir pris chez eux. En tout cas, s'il existait un testament, on le trouverait. ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 200. B.— Mettre en valeur la personne physique, les attraits naturels : Ø 4. Servet tourna un instant autour du père : — Eh bien! vrai, la robe te va mal. Il en est qu'elle avantage; elle te diminue, au contraire. Tu sembles plus petit qu'autrefois... ÉDOUARD ESTAUNIÉ, L'Empreinte, 1896, page 179. Ø 5. Dès après son mariage, Honoré ne se dissimulait pas qu'il n'y avait rien dans le corsage de sa femme qui fît plaisir à la main. (...) Il eût mieux aimé qu'Adélaïde fût avantagée de tous les côtés, mais puisqu'elle était sa femme il n'allait pas chercher midi à quatorze heures, il l'aimait comme ça. MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 65. II.— Emploi pronominal. A.— Emploi réfléchi. Se mettre en valeur, se donner des éloges, se vanter : Ø 6. Ce que j'en dis va paraître bien enfantin. Peu m'importe. Je ne tiens pas à m'avantager, et ce que j'expose le plus volontiers, je crois que ce sont mes faiblesses. ANDRÉ GIDE, Journal, Feuillets d'automne, 1937, page 1290. Remarque : Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) note comme " vieilli " le sens : " prendre avantage; se prévaloir d'une chose " cependant il paraît être vivant au Canada : Ø 7. Il a passé une heure à s'avantager. Société du Parler français au Canada. 1930. B.— Emploi réciproque. DROIT. Se faire réciproquement des avantages : Ø 8. 1840. Nulle société universelle ne peut avoir lieu qu'entre personnes respectivement capables de se donner ou de recevoir l'une de l'autre, et auxquelles il n'est point défendu de s'avantager au préjudice d'autres personnes. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, page 332. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 66.