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voici à l'heure du grand chamboulement issu de Mai 68, auquel le vieux chef de l'État n'a pas compris grand-chose.

Publié le 06/01/2014

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voici à l'heure du grand chamboulement issu de Mai 68, auquel le vieux chef de l'État n'a pas compris grand-chose. L'émancipation des femmes, le libre droit de chacun à la sexualité qu'il a choisie, la fin d'une société d'ordre et d'autorité, ce n'était pas de son temps à lui. C'est pourtant ce que la société attendait, comme elle le prouva en adoptant assez vite des valeurs qui, quelques années auparavant, apparaissaient comme propres à conduire à l'anarchie, et à l'horreur. Un an après 1968, après un référendum raté portant sur une histoire de régionalisation dont personne n'a cherché à comprendre le sens, de Gaulle s'en va. Au pouvoir, le très pépère Georges Pompidou le remplace. Des jeunes gens plus échevelés se chargent de donner le ton à la société. Soyons justes : les acteurs de 68 eux-mêmes, et surtout leurs épigones des années 1970, les gauchistes, comme on appelle les membres des innombrables partis d'extrême gauche qui fleurissent alors, n'ont guère été plus lucides. Cette génération est justement décriée pour sa capacité à admirer les uns après les autres parmi les pires dictateurs de la planète, pourvu qu'ils se soient autoproclamés révolutionnaires - Mao et les millions de morts de la Révolution culturelle chinoise, Castro et les milliers de prisonniers politiques de Cuba. Elle a été portée par des rêves politiques. La vraie révolution qu'elle a déclenchée est sociale : c'est ce bouleversement des moeurs que l'on vient d'évoquer, cette mise à bas des vieilles structures patriarcales, cet avènement d'un nouveau roi du monde, l'individu. Quelques-uns de ces nouveaux principes vont entrer dans la loi sous la présidence d'un homme de droite, qui se veut ouvert et moderne, Valéry Giscard d'Estaing (président de 1974 à 1981). Sous son impulsion sont accordés le droit de vote à dix-huit ans ou le droit à l'avortement, acquis, il est vrai, grâce aux voix de la gauche. Les mouvements de société, on le voit, sont toujours plus intriqués et complexes qu'on ne voudrait le croire. Une fin de millénaire De Gaulle revient aux commandes pour sauver l'Algérie française. Il devient le grand homme de la décolonisation. Les soixante-huitards pensent faire la révolution, ils feront carrière. Quelle période historique échappe à cette vieille contradiction entre ce que l'on veut faire et ce que l'on fait ? Les dernières décennies du xxe siècle y sont soumises comme les autres. En 1981, pour la première fois sous la Ve, la gauche arrive au pouvoir grâce à l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand. Elle fait passer de nombreuses réformes : abolition de la peine de mort, nationalisations, extension des droits des salariés, libéralisation des ondes, décentralisation du territoire, ou encore, lors du gouvernement Rocard du deuxième septennat, instauration d'un revenu minimal pour tous, le RMI. Elle échoue à mener à bien la transformation quasi révolutionnaire qu'elle espérait : elle a changé des vies, elle n'a pas changé la vie, comme elle le promettait dans son programme, pas plus qu'elle n'a mis le capitalisme à genoux. Bien au contraire, diront les cyniques, il ne s'est jamais si bien porté que depuis les années 1980. En même temps, par sa seule longue présence au pouvoir, la gauche fait la preuve de sa capacité à le gérer et démontre la stabilité du système politique dont est doté le pays. Contrairement à ce que prophétisait la droite, l'arrivée au gouvernement des socialistes et de leurs alliés communistes n'a pas plongé la France dans le chaos ; contrairement à ce que pensait François Mitterrand lui-même dans les années 1960, la Ve République peut parfaitement s'adapter à une alternance politique. Les deux présidences suivantes n'échappent pas à ce qui semble donc devenu la loi incontournable des démocraties modernes. Jacques Chirac, en 1995, mène le combat électoral de façon très dynamique, très offensive, il joue le cavalier seul qui vise à rejeter dans le camp du conformisme et de l'inaction ceux qui viennent de se succéder aux commandes (les socialistes et ses anciens alliés balladuriens). Il promet la lutte contre la « fracture sociale », fort justement désignée comme le fléau grandissant de la société française. Sitôt entré à l'Élysée, il enlève ses bottes de campagne pour chausser les souliers qu'il ne quittera plus : des pantoufles. Après douze ans d'une présidence ronflante et immobile, il laisse les commentateurs bien en peine de mettre à son crédit la moindre réforme d'importance. L'expérience sarkozyste semble rapidement condamnée à pareille désillusion. L'homme, étourdissant de dynamisme et de volonté, se fait élire en 2007 en promettant au pays une vraie révolution, d'orientation très libérale : il faut réhabiliter le goût de l'argent et du travail, baisser les impôts, faire revenir les riches, desserrer ce carcan de réglementations tatillonnes qui découragent l'initiative, en finir avec les pesanteurs de l'État. À peine plus d'un an plus tard, la violente crise financière débutée aux États-Unis à l'automne 2008 l'oblige à en revenir, au moins dans les discours, aux vertus du dirigisme et de l'intervention de l'État, sans réussir pour autant dans la réalité à enrayer une flambée du chômage et de la misère. L'opinion en viendrait à douter des fondements mêmes de la démocratie : l'action politique a-t-elle encore une quelconque utilité dans un monde où l'économie, les financiers et la cupidité règnent en maîtres ? Comment s'étonner, dès lors, de l'importance, au début du xxie siècle, du thème du désenchantement, de la morosité ? Comment s'étonner du sentiment répandu d'une crise perpétuelle, d'une perte de sens, d'un malaise quant à l'avenir ? C'est le point final où nous voulions venir. En guise de conclusion Entre 1945 et ce début du xxie siècle, la société française s'est considérablement transformée. Au sortir de la guerre, la France était encore très largement un pays d'agriculture (près d'un tiers de la population en dépendait), doté par ailleurs d'un secteur industriel employant une classe ouvrière importante. La société était très structurée par les grandes appartenances politiques et religieuses : être catholique ou laïque, communiste ou de droite, membre du patronat ou militant syndical réglait la vie et les comportements. Elle est devenue un État urbanisé, jouant son développement sur le secteur tertiaire, où la révolution individualiste a rendu les moeurs plus libres, les solitudes plus grandes et les solidarités plus relâchées. Elle était un pays affamé, pauvre, ruiné par la guerre mais prêt à connaître trente ans de plein-emploi, de croissance. Elle est un pays riche et puissant qui n'arrive pas à guérir cette plaie ouverte depuis près de quatre décennies : le chômage de masse, qui rejette sur le bord du chemin une part toujours plus grande de la population. Elle allait affronter les conflits terribles et meurtriers de la décolonisation. Elle est en paix, solidement alliée à ses voisins par une Union européenne qui devrait enthousiasmer, et pourtant ennuie. La vie politique était farouche. À gauche et à droite, on l'a vu, deux grands partis, le PCF et le parti gaulliste, ne juraient que par un renversement du régime. Elle est assagie mais semble morne et donne à beaucoup l'image d'un pouvoir incapable d'affronter les vrais défis, les vraies menaces qui pèsent sur l'avenir de notre pays. Quelles sont ces menaces, quels sont ces défis ? C'est le problème. Chacun, selon son point de vue, en a une idée claire, mais personne n'a la même. Le danger, dit une partie de la droite, rattrapant en cela ce que disait depuis des décennies l'extrême droite, c'est l'immigration, cet afflux de populations misérables issues de civilisations extra-européennes qui ne pourront jamais s'intégrer à notre système de valeurs et menacent de dissoudre l'identité de la France. Erreur stupide, répond la gauche. Accuser les immigrés revient à s'en prendre au bouc émissaire classique. L'identité française n'est pas une notion figée à jamais dans le marbre d'un passé soi-disant glorieux, c'est un mouvement perpétuel. Les immigrés d'aujourd'hui sont les Français de demain. Le vrai danger est autre, c'est le capitalisme financier, grande machine destructrice qui pousse les peuples à la misère au profit de quelques-uns, toujours plus puissants, toujours plus riches. Vieilles lunes !, s'écrient alors les libéraux. Le capitalisme n'est pas un mal, il est le seul système qui permette la prospérité, c'est pourquoi il ne faut pas le combattre, mais s'adapter à lui. Depuis des années maintenant, les médias, les campagnes électorales résonnent de ces débats toujours ressassés, jamais conclus. Ne cherchons pas ici à les trancher frontalement. Essayons, une dernière fois, de suivre la méthode qui fut la nôtre, en nous efforçant de regarder les choses autrement. L'étude du passé nous permet tout d'abord d'éviter un piège courant, celui de la nostalgie. La France serait en déclin, entend-on souvent, sa grandeur est passée. Avant, c'était mieux. « Avant » ? Mais quand exactement ? Tentez une expérience simple, feuilletez ce livre à l'envers, et cherchez une seule époque de notre passé où vous auriez voulu vivre. Alors ? En 1910, par exemple, au temps de cette France puissante, gouvernant un quart du monde ? Préparez donc l'uniforme, dans quatre ans vous aurez à affronter l'enfer des tranchées, la guerre et ses millions de morts, merci. En 1810 ? Cette fois ce sera l'horreur des guerres napoléoniennes. En 1710 ? Admettons que cela soit tentant, pour l'infime minorité qui aura la chance de se retrouver dans l'habit chamarré d'un bel aristocrate. Et encore, pas à Versailles. En cette fin de règne de Louis XIV, la vie y était sinistre. Que dire des 90 % qui se réincarneront en paysans misérables au ventre creux et au dos cassé par l'ouvrage ? On a compris le jeu. La comparaison avec le monde d'hier ne doit pas nous mener à admirer benoîtement celui d'aujourd'hui. Elle peut nous servir à en relativiser les inconvénients, cela n'est déjà pas si mal. Le goût de l'histoire nous enseigne une autre vertu, la modestie dans le jugement. Quand on les regarde avec la distance du temps, toutes les périodes passées frappent par leur propre aveuglement. Comment les gens ont-ils pu se massacrer avec cette férocité à propos de points de théologie qui nous paraissent si vains ?, se demande-t-on en songeant aux guerres de Religion du xvie siècle. Comment les aristocrates du xviiie ont-ils pu être assez bêtes pour bloquer toutes les réformes et jouer ainsi le jeu qui devait conduire à une révolution qui leur serait fatale ? Comment des peuples entiers ont-ils pu se laisser conditionner pour accepter la Première Guerre, et surtout la faire ? On comprend rarement les choses quand on les vit. Les siècles prochains auront sans doute le plus grand mal à comprendre notre aveuglement ou notre laxisme face à des problèmes que nous ne concevons même pas. La loi est éternelle, nous n'y échapperons pas. On peut essayer, toutefois, au regard des exemples passés, d'en comprendre un ou deux mécanismes. Souvent, les contemporains d'une époque donnée souffrent de ce que l'on pourrait appeler l'angle mort, c'est-à-dire l'incapacité à voir le problème qui, un peu plus tard, paraîtra énorme, l'incapacité à sentir la fumée qui s'échappe d'un feu qui couve et qui est prêt à flamber. Quel sera notre angle mort ? Le désastre écologique, le refus de voir le tort que la production humaine fait à la planète ? L'incapacité à construire des digues efficaces pour empêcher la finance de tout détruire ? L'impuissance à faire comprendre l'importance d'une puissante union de l'Europe, seul rempart de taille suffisante pour nous protéger face au nouvel ordre d'un monde bientôt gouverné par des géants comme la Chine ou l'Inde ? On arrive là sans doute à un point délicat, au bout d'un livre qui traite de l'histoire de France. Parler de France, dans un avenir ainsi envisagé, a-t-il encore un sens ? Que peut la petite nation France face à tout cela ? Là encore, cherchons une réponse dans les siècles qui nous précèdent. À notre avis, dans le monde tel qu'il vient, la France a encore un sens et un avenir si on se décide à cesser d'en faire cette abstraction sacrée qui hante encore tant d'esprits. On vient d'en faire la démonstration sur 500 pages. L'État-nation n'est pas un cadeau qui nous a été envoyé par le ciel depuis les siècles des siècles, c'est une forme d'organisation récente, purement construite par les hommes. L'humanité a connu d'autres formes de société. Elle en expérimentera de nouvelles. On peut aussi chercher à envisager de nouveaux modèles sans pour autant se crisper dans de vaines oppositions : certains politiciens qui se disent « souverainistes » continuent à présenter par exemple la construction européenne comme l'ennemie jurée de la nation. Pourquoi ? En quoi faire l'Europe nous obligerait-il à ne plus être français ? On peut être français et européen, comme tant de gens sont déjà naturellement à la fois breton et français, ou encore arabe et lillois et laïque et français, ou encore femme et fille de Polonais et lorraine et catholique et française et farouchement fédéraliste. Le jeu est infini, il est somme toute enrichissant. Pourquoi une identité devrait-elle en écraser une autre ? Quel drapeau mérite qu'on crache sur tous les autres ? La seule chose qui compte est de s'entendre sur le cadre qui permettra à tous de vivre harmonieusement ensemble, en étant chacun le plus heureux possible. Une fois encore, l'histoire que nous venons de décrire nous aide à en tracer les fondements. Parmi tous les grands principes que notre passé nous laisse en héritage, retenons-en trois. La Révolution française a été une période de sang et de larmes, de fracas et de tumulte. Elle a aussi ouvert la voie aux grandes libertés publiques. Elle nous lègue cette idée fondamentale qui est la base de la démocratie : les citoyennes et les citoyens ne sont les sujets de personne, ni d'un maître ni d'un roi, les décisions qui concernent l'avenir de tous appartiennent à chacun. La IIIe République a connu des moments de grandeur et des épisodes qui relèvent du vaudeville. Parmi d'autres conquêtes, elle nous laisse la laïcité. Le principe est plus que jamais essentiel pour répondre à certaines angoisses du moment : l'immigration nous menace, disent certains Français, tous ces gens qui ont une culture et une religion différentes de « la nôtre » ne seront jamais « comme nous » ; le racisme nous persécute, répondent en écho beaucoup d'autres Français, notre couleur de peau, la consonance de nos noms et de nos prénoms, nos temples ou nos mosquées nous mettront toujours à l'écart et feront toujours de nous des nationaux de seconde zone. L'idée laïque répond à tous de façon simple : la France n'est ni « une terre chrétienne » ni une terre opposée à aucune religion. Elle est un pays où l'on ne juge un citoyen ni à ses racines, ni à son appartenance sociale, ni à la sonorité de son patronyme, ni au dieu qu'il prie ou qu'il refuse de prier, mais à sa capacité à contribuer à un avenir meilleur pour tous. La tâche est assez vaste pour ne se priver de personne. La Résistance nous a rappelé avec dignité et courage que la liberté est un bien fragile, et qu'il est parfois nécessaire de prendre les armes pour la défendre. On l'a vu au travers du « programme » dans lequel elle avait dessiné le futur du pays, elle nous a légué aussi la « Sécurité sociale ». Oublions son enveloppe administrative et sa caricature. N'oublions jamais qu'elle est un bien essentiel et précieux parce qu'elle repose sur cette belle idée que la santé, l'épanouissement des enfants, le droit à la retraite des plus âgés, le bien-être matériel de chacun ne sont pas des problèmes individuels, mais des biens collectifs dont chaque membre d'une société donnée est comptable. Dites ces mêmes choses autrement, cela donne « Liberté, Égalité, Fraternité ». C'est la devise de la République. Elle peut parfaitement convenir à d'autres cadres institutionnels. En tout cas, elle pose de bonnes bases pour penser l'avenir.

« En guise de conclusion Entre 1945etce début duxxie  siècle, lasociété française s’estconsidérablement transformée.Ausortir dela guerre, laFrance étaitencore trèslargement unpays d’agriculture (prèsd’untiersdelapopulation endépendait), doté parailleurs d’unsecteur industriel employant uneclasse ouvrière importante.

Lasociété étaittrèsstructurée par lesgrandes appartenances politiquesetreligieuses : êtrecatholique oulaïque, communiste oudedroite, membre dupatronat oumilitant syndical réglaitlavie etles comportements.

Elleestdevenue unÉtat urbanisé, jouant sondéveloppement surlesecteur tertiaire, oùlarévolution individualiste arendu lesmœurs pluslibres, les solitudes plusgrandes etles solidarités plusrelâchées.

Elleétait unpays affamé, pauvre,ruinéparlaguerre mais prêt àconnaître trenteansdeplein-emploi, decroissance.

Elleestunpays riche etpuissant quin’arrive pasà guérir cetteplaieouverte depuisprèsdequatre décennies : lechômage demasse, quirejette surlebord du chemin unepart toujours plusgrande delapopulation.

Elleallait affronter lesconflits terribles etmeurtriers dela décolonisation.

Elleestenpaix, solidement alliéeàses voisins parune Union européenne quidevrait enthousiasmer, etpourtant ennuie.Lavie politique étaitfarouche.

Àgauche etàdroite, onl’avu, deux grands partis, lePCF etleparti gaulliste, nejuraient queparunrenversement durégime.

Elleestassagie maissemble morne etdonne àbeaucoup l’imaged’unpouvoir incapable d’affronter lesvrais défis, lesvraies menaces qui pèsent surl’avenir denotre pays. Quelles sontcesmenaces, quelssontcesdéfis ? C’estleproblème.

Chacun,selonsonpoint devue, enaune idée claire, maispersonne n’alamême. Le danger, ditune partie deladroite, rattrapant encela ceque disait depuis desdécennies l’extrêmedroite,c’est l’immigration, cetafflux depopulations misérablesissuesdecivilisations extra-européennes quinepourront jamais s’intégrer ànotre système devaleurs etmenacent dedissoudre l’identitédelaFrance.

Erreurstupide, répond lagauche.

Accuser lesimmigrés revientàs’en prendre aubouc émissaire classique.

L’identitéfrançaise n’est pasune notion figéeàjamais danslemarbre d’unpassé soi-disant glorieux,c’estunmouvement perpétuel. Les immigrés d’aujourd’hui sontlesFrançais dedemain.

Levrai danger estautre, c’estlecapitalisme financier, grande machine destructrice quipousse lespeuples àla misère auprofit dequelques-uns, toujourspluspuissants, toujours plusriches.

Vieilles lunes !, s’écrient alorsleslibéraux.

Lecapitalisme n’estpasunmal, ilest leseul système quipermette laprospérité, c’estpourquoi ilne faut paslecombattre, maiss’adapter àlui. Depuis desannées maintenant, lesmédias, lescampagnes électoralesrésonnentdeces débats toujours ressassés, jamais conclus.

Necherchons pasiciàles trancher frontalement.

Essayons,unedernière fois,desuivre laméthode qui futlanôtre, ennous efforçant deregarder leschoses autrement. L’étude dupassé nouspermet toutd’abord d’éviterunpiège courant, celuidelanostalgie.

LaFrance seraiten déclin, entend-on souvent,sagrandeur estpassée.

Avant,c’étaitmieux.

« Avant » ? Maisquand exactement ? Tentez uneexpérience simple,feuilletez celivre àl’envers, etcherchez uneseule époque denotre passé oùvous auriez vouluvivre.Alors ? En1910, parexemple, autemps decette France puissante, gouvernant unquart du monde ? Préparez doncl’uniforme, dansquatre ansvous aurez àaffronter l’enferdestranchées, laguerre etses millions demorts, merci.En1810 ? Cettefoiscesera l’horreur desguerres napoléoniennes.

En1710 ? Admettons que cela soittentant, pourl’infime minorité quiaura lachance deseretrouver dansl’habit chamarré d’unbel aristocrate.

Etencore, pasàVersailles.

Encette finderègne deLouis XIV, lavie yétait sinistre.

Quediredes90 % qui seréincarneront enpaysans misérables auventre creuxetau dos cassé parl’ouvrage ? Onacompris lejeu.

La comparaison aveclemonde d’hiernedoit pasnous mener àadmirer benoîtement celuid’aujourd’hui.

Ellepeut nous servir àen relativiser lesinconvénients, celan’est déjàpassimal. Le goût del’histoire nousenseigne uneautre vertu, lamodestie danslejugement.

Quandonles regarde avecla distance dutemps, touteslespériodes passéesfrappent parleur propre aveuglement.

Commentlesgens ont-ils pu se massacrer aveccette férocité àpropos depoints dethéologie quinous paraissent sivains ?, sedemande-t-on en songeant auxguerres deReligion duxvie  siècle.

Comment lesaristocrates duxviii e ont-ils puêtre assez bêtes pour bloquer touteslesréformes etjouer ainsilejeu qui devait conduire àune révolution quileur serait fatale ? Comment despeuples entiersont-ilspuselaisser conditionner pouraccepter laPremière Guerre,etsurtout la faire ? Oncomprend rarementleschoses quandonles vit.

Les siècles prochains aurontsansdoute leplus grand mal àcomprendre notreaveuglement ounotre laxisme faceàdes problèmes quenous neconcevons mêmepas.. »

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