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1. MUSSOLINI ANNONCE L'ÉTAT CORPORATIF (Discours prononcé à Rome le 14 novembre 1933 devant l'Assemblée Générale du Conseil National des...

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« 1.

MUSSOLINI ANNONCE L'ÉTAT CORPORATIF (Discours prononcé à Rome le 14 novembre 1933 devant l'Assemblée Générale du Conseil National des Corporations) Lorsque par la création de la Milice, garde armée du Parti et de la Révolution, par la constitution du Grand Conseil, organe suprême de la Révolution, on frappa du .même coup la pratique et la théorie du libéralisme, on s'engagea définitivement dans la voie de la Révolution. 5 Aujourd'hui nous enterrons le libéralisme économique. La corporation joue sur le terrain économique /e même rôle que le Grand Conseil et la Milice ont joué sur Je terrain politique (applau­ dissements). Le corporatisme est l'économie disciplinée, par conséquent contrôlée, 10 car il n'y a pas de discipline sans contrôle. Le corporatisme dépasse Je socialisme et dépasse Je libéralisme, il crée une nouvelle synthèse. Voici un fait symptomatique, sur lequel on n'a peut•étre pas suffisam• ment réfléchi : la déchéance du capitalisme coTncide avec la déché• 15 ance du socialisme. Tous les partis socialistes d'Europe sont par terre. Je ne parle pas de l'Italie et de l'Allemagne, mais aussi d'autres pays. Evidemment les deux phénomènes ne se commandaient pas à un point de vue strictement logique, mais il y a eu entre eux une corrélation 20 d'ordre historique. Voilà pourquoi l'économie corporative surgit à un moment historique déterminé, lorsquf) les deux phénomènes parallèles, capitalisme et socialisme, ont donné tout ce qu'ils pouvaient donner. Nous héritons de l'un et de l'autre ce qu'ils possédaient de vital. 25 Nous avons repoussé la théorie de l'homme économique, la théorie libérale, et nous nous sommes insurgés chaque fois que nous avons entendu dire que Je travail est une marchandise. L'homme économique n'existe pas, il n'existe que l'homme intégral qui est politique, qui est économique, qui est religieux, qui est saint, 30 qui est guerrier.

(Très vifs applaudissements.) Aujourd'hui nous faisons un nouveau pas décisif dans la voie de la Révolution. Scritti e Discorsi di Benito Mussolini, Edizione Definitiva VI//, Mi/ana 1934, p.

270-272. Commentaire En novembre 1933, l'Italie vient d'entrer dans l'an XII du Fascisme; son chef a, depuis quatre mois, dépassé la cinquantaine.

Le régime et son chef sont fermement établis; ils jouissent dans le monde d,'un réel prestige, et l'assentiment intérieur approche de son apogée, malgré les effets de la Crise, qui n'épargne pas l'Italie. C'est justement pour donner à cette crise une réponse originale, à un moment où la plupart des gouvernements cherchent vainement à la conjurer, que le Duce a décidé de relancer l'idée corporatiste, qui fait partie depuis plusieurs années de l'idéologie du régime, mais n'a guère reçu d'applications concrètes. La personnalité de l'orateur est assez célèbre pour dispenser d'uri commentaire.

On notera la forme du discours mussolinien, qui pro­ cède par affirmations brèves et martelées, entrecoupées de silences, où l'approbation, parfois bruyante, de l'auditoire peut se donner libre cours : le Duce a le goût des formules définitives, et les lance avec suffisance à un public conquis d'avance. Il est d'abord fait allusion (lignes 1-5) à deux institutions fondamen­ tales du régime fasciste, crées l'une et l'autre dès janvier 1923, moins de trois mois après la Marche sur Rome et la prise du pouvoir. La Milice ou M.V.S.N.

(Milice Volontaire pour la Sûreté Nationale) n'est rien d'autre que la continuation sous une forme officielle des Chemises Noires; c'est une force armée qui dépend du seul Musso­ lini, et qui, à la différence de l'Armée régulière, ne prête pas serment au Roi.

Elle a son uniforme et ses grades particuliers (ces derniers empruntés à l'histoire romaine : chef de manipule, centurion, consul!); outre la mission de surveillance générale, qu'elle accomplit concur­ remment avec les Carabiniers Royaux et la police, elle est chargée de patrouiller au long des routes et des forêts.

Elle incarne concrè­ tement la dictature du parti unique. Le Grand Conseil du Fascisme, créé simultanément, rassemble autour de Mussolini les dirigeants (ou hiérarques) du Parti et quelques personnalités appelées par le Duce.

Tous ses membres sont donc choisis par lui.

Leur rôle est d'aider le Duce de leurs conseils, dans la mesure où il les leur demande et où il juge bon d'en tenir compte. Comme la Milice, c'est un organe de dictature, mais, comme il subsiste un gouvernement, dont les cadres ont une compétence technique bien supérieure à celle du Grand Conseil, les pouvoirs de ce dernier sont restés assez flous, malgré la loi de décembre 1928 qui le proclame "organe régulateur de toutes les activités du régime" et le charge de désigner éventuellement le successeur du chef. Réuni rarement, le Grand Conseil entrera dans l'histoire le 24 juil­ let 1943 en provoquant la chute de Mussolini! Quoi qu'il en soit du rôle concret de ces institutions, leur signification idéologique n'est pas douteuse aux yeux du dictateur; à travers elles, "on frappa du même coup la pratique et la théorie du libéralisme politique (lignes 3 et 4).

Il faudrait rappeler ici avec quelle vigueur le Fascisme réagit contre ce libéralisme issu de la tradition parlemen­ taire britannique et de la Révolution française, garantes des libertés individuelles.

Il faudrait montrer que le Fascisme s'inscrit dans un courant d'idées qui, tout au long du XIX e siècle remet en cause les bienfaits de la Liberté.

Mussolini est en un sens l'héritier de la pensée contre-révolutionnaire française, de Joseph de Maistre à Charles Maurras, même s'il ne reconnaît pas volontiers sa dette.

Etant passé par le socialisme, il en a retiré une autre forme de préjugé antilibéral. Dans la pratique, le Fascisme a bénéficié en Italie du discrédit de l'état libéral, aggravé par la Guerre et les crises de toute sorte qu'elle a suscitées. Donc, une fois au pouvoir, le Fascisme exalte sans ambages latoute­ puissance de l'État, qu'il déclare "totalitaire".

Mais on remarquera (ligne 4) que cette attitude, bien loin de se donner pour une restau­ ration de l'ancien ordre de chose, se présente comme révolution­ naire.

C'est un thème constant du langage fasciste que cette réfé­ rence à un ordre nouveau (cf.

ligne 32). Le même désir de renouvellement s'affirme en matière économique (ligne 5).

Cependant, depuis 1922, il n'y a pas eu de bouleversement daris la politique économique de l'Italie, et cette gestion traditionnelle a dans l'ensemble tiré un heureux parti des années de prospérité. Qu'est-ce donc que ce corporatisme, que le discours prétend substi­ tuer au libéralisme défunt? Mussolini ne nous en dit à peu près rien, hormis une comparaison applaudi.e avec le domaine politique (lignes 6-8), et une banalité sur "l'économie disciplinée, donc contrôlée". Plus intéressante est l'affirmation de la ligne 11 : "le corporatisme dépasse le socialisme et dépasse le libéralisme", mais ce n'est pas une idée neuve.

Dans le dernier quart du XIX• siècle, en France et en Allemagne, des chrétiens ouverts aux problèmes sociaux, bien que politiquement conservateurs, se sont émus des abus engendrés aux dépens des faibles par le libéralisme économique; comme ils rejetaient le socialisme, ils ont envisagé une résurrection des cor­ porations abolies par la Révolution française, afin de rétablir dans chaque profession des.... »

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