1 Texte Chapitre premier (Pierre et Jean, pages 78-79) :: I 5 Mme Roland, la première, dominant son émotion, balbutia:...
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Texte
Chapitre premier
(Pierre et Jean, pages 78-79)
::
I
5
Mme Roland, la première, dominant son émotion, balbutia:
- Mon Dieu, ce pauvre Léon.
..
notre pauvre ami...
mon
Dieu...
mon Dieu...
mort !...
Des larmes apparurent dans ses yeux, ces larmes silen~
cieuses des femmes, gouttes de chagrin venues de l'âme qui
coulent sur les joues et semblent si douloureuses, étant si
claires.
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Mais Roland songeait moins à la tristesse de cette perte
qu'à l'espérance annoncée.
Il n'osait cependant interroger
tout de suite sur les clauses de ce testament, et sur le chiffre
de la fortune ; et il demanda, pour arriver à la question intéressante:
- De quoi est-il mort, ce pauvre Maréchal ?
M.
Lecanu l'ignorait parfaitement.
- Je sais seulement, disait-il, que, décédé sans héritiers
directs, il laisse toute sa fortune, une vingtaine de mille
francs de rentes en obligations trois pour cent, à votre
second fils, qu'il a vu naître, grandir, et qu'il juge digne de ce
legs.
À défaut d'acceptation de la part de M.
Jean, l'héritage
irait aux enfants abandonnés.
Le père Roland déjà ne pouvait plus dissimuler sa joie et
il s'écria:
- Sacristi ! Voilà une bonne pensée du cœur.
Moi, si je
n'avais pas eu de descendant, je ne l'aurais certainement
point oublié non plus, ce brave ami !
, Le notaire souriait :
- J'ai été bien aise, dit-il, de vous annoncer moi-même
la chose.
Ça fait toujours plaisir d'apporter aux gens une
bonne nouvelle.
LECTURES MÉTHODIQUES
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1
INTRODUCTION
1Situer le passage
Extrait du premier chapitre, ce texte introduit un élément capital
pour l'intrigue : le fait que Jean hérite d'une somme d'argent considérable.
M 0 Lecanu, le notaire, est venu annoncer lui-même la nouvelle.
Pour ménager ses effets, il procède en deux temps : il révèle
d'abord aux Roland la mort de leur ami Léon Maréchal ; puis il laisse passer leur première réaction avant d'en venir à l'essentiel, c'està-dire à la façon dont se présente l'héritage.
1Dégager des axes de lecture
Les trois personnages réagissent très différemment face à la nouvelle.
Le narrateur ne se contente pas de peindre leur réaction.
Il
observe leur comportement avec une lucidité ironique et cru~lle.
PREMIER AXE DE LECTURE
DES RÉACTIONS TRÈS CONTRASTÉES
1L'émotion de Madame Roland
C'est avec émotion que Mme Roland apprend le décès de Léon
Maréchal.
Elle est « la première » à prendre la parole, ce qui révèle sa
spontanéité.
Elle ne peut s'empêcher de pleurer(« Des larmes apparurent dans ses yeux
« viennent de l'âme
»
»,
1.
4).
Le narrateur précise que ces larmes
(1.
5), indiquant ainsi au lecteur que le chagrin
de l'héroïne est sincère.
Enfin, les propos de Mme Roland montrent le
trouble qui s'est emparé d'elle.
Ce sont des lambeaux de phrases,
entrecoupés de points de suspension.
Mme Roland répète constamment les mêmes termes :
«
Mon Dieu » revient à trois reprises (1.
2
et 3), l'adjectif« pauvre» apparaît deux fois (1 ..
2).
1La joie de Monsieur Roland
Son mari, en revanche, ressent plus de joie que de tristesse.
Le
narrateur oppose le comportement des deux époux sur trois points :
- Chacun dissimule ses sentiments, mais de manière inverse • Mme
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Roland lutte contre elle-même pour
«
domin[er] son émotion
»
Q.
1) ;
M.
Roland, lui, tente en vain de « dissimuler sa joie » (1.
21).
- Tandis qu'elle « balbuti[e] » (1.
1), il parle fort (« il s'écria », 1.
22) ;
tandis qu'elle répète l'expression« Mon Dieu », qui s'apparente à une
prière, il s'exclame« Sacristi!
»
(L23), juron déplacé dans une telle
situation.
- Mme Roland évoque avec tendresse « notre pauvre ami
»
(1.
2).
Son
mari s'exprime dans· un registre plus familier quand il parle de
pauvre Maréchal
»
(1.
13), de « ce brave ami
»
«
ce
(1.
25) ; ces tournures
traduisent, non l'amitié, mais le sentiment instinctif de supériorité que
ressent toujours M.
Roland.
1La satisfaction du notaire
Le personnage de M• Lecanu est évoqué par le narrateur avec une
habileté de caricaturiste.
Lorsqu'il annonce la nouvelle, le notaire se
lance dans une phrase interminable qui ménage un effet de suspens.
Le point important (le nom du légataire, c'est-à-dire de Jean) intervient très tard dans ses propos.
M• Lecanu adopte un style de juriste quand il accumule prépositions et compléments du nom (« une
vingtaine de mille francs de rentes», 1.
16-17; « À défaut d'acceptation de la part de M.
Jean», 1.
19).
Mais, malgré ce ton professionnel, il ne parvient pas à dissimuler sa satisfaction intéressée.
Une
notation descriptive (« Le notaire souriait
discours direct (« J'ai été bien aise
»,
»,
1.
26), une expression au
1.
27) révèlent ses véritables
sentiments.
La formule finale trahit....
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