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1985 a vu la levée de la loi martiale au Pakistan. Le 30 décembre, le général-président Zia ul-Haq, au pouvoir...

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« 1985 a vu la levée de la loi martiale au Pakistan.

Le 30 décembre, le général-président Zia ul-Haq, au pouvoir depuis 1977, a annoncé la restauration des "libertés fondamentales", le démantèlement des tribunaux militaires et a mis fin à un état d'urgence qui durait depuis vingt ans. Si elles ont été bienvenues, ces mesures n'ont toutefois modifié en rien le paysage politique.

Au début de 1986, le pouvoir était toujours largement accaparé par le général Zia ul-Haq qui, en plus de demeurer chef d'état-major des armées, jouissait d'une position présidentielle renforcée en vertu d'amendements constitutionnels adoptés en mars 1985.

Il pouvait aussi "légitimement" gouverner jusqu'en 1990: Zia a en effet conclu qu'en approuvant sa politique d'islamisation lors du référendum de décembre 1984, la population lui donnait le mandat de poursuivre son oeuvre pendant encore cinq ans! Quant à l'opposition, elle ne représentait toujours pas, au début de 1986, une menace sérieuse pour le régime.

Certes, elle a profité du rétablissement du droit d'association pour organiser plusieurs manifestations et ces dernières ont donné lieu à des rassemblements impressionnants à Lahore, à Rawalpindi, au Peshawar...

Ils étaient même 70 000 à Karachi, le 29 janvier 1986, pour dénoncer le régime et réclamer de nouvelles élections.

Toutefois, privée d'audience par la concentration des médias dans les mains du pouvoir et désorganisée par huit années de loi martiale, l'opposition souffrait toujours d'un manque chronique de militants.

Des onze partis qui composaient le Mouvement pour la restauration de la démocratie (MRD), seul le Parti populaire du Pakistan (PPP) de Benazir Bhutto (fille du Premier ministre Ali Bhutto exécuté en 1979) avait une base populaire (dans le Sind, au sud du pays). Pour le MRD, 1985 a été une année de "marginalisation", résultat de l'erreur tactique qu'a constitué le boycottage des élections nationales du 28 février 1985.

Honnêtes, ces élections - où il était interdit de se présenter sous la bannière d'un parti - ont été coûteuses pour l'opposition.

Tout d'abord parce que Zia a gagné en légitimité, 57% des inscrits ayant voté malgré l'appel au boycottage.

Ensuite parce que l'absence de l'opposition a permis au Jamaat-i-Islami et à la Ligue musulmane pakistanaise (deux partis relativement pro-Zia) de remplir les rangs de l'Assemblée nationale. Dès la session inaugurale de l'Assemblée nationale, en juin 1985, Zia ul-Haq a nommé Mohammad Khan Junejo, membre de la Ligue musulmane pakistanaise, au poste de Premier ministre.

Ce dernier a immédiatement pallié l'absence de partis politiques en regroupant ses partisans sous la bannière du Groupe parlementaire officiel (GPO), alors que les membre du Jamaat-e-Islami et autres indépendants formaient le Groupe parlementaire indépendant (GPI). Le 14 juillet 1985, jour anniversaire de l'indépendance, Junejo a annoncé la levée de la loi martiale pour la fin de l'année.

D'intenses négociations ont suivi entre le Parlement et Zia, portant sur divers amendements constitutionnels.

Préférant que les amendements soient adoptés par consensus plutôt qu'à la majorité, Zia a fait d'importantes concessions au GPO et au GPI: il acceptait d'abolir le Conseil national de sécurité - supra-législature dont la mise sur pied était prévue dans les amendements constitutionnels de mars - et consentait d'importantes limitations aux pouvoirs du président.

En contrepartie, l'Assemblée validait tous les gestes commis durant la loi martiale, préparant le terrain pour la levée de cette dernière. En s'affirmant devant le président, l'Assemblée a démontré qu'elle jouissait d'une certaine indépendance et qu'elle pouvait constituer une alternative valable aux partis traditionnels du MRD.

Cela a évidemment fait le jeu de Zia ul-Haq qui voulait marginaliser l'opposition, en particulier le PPP dont le retour au pouvoir pourrait signifier la fin de la suprématie des Pendjabis dans le gouvernement: constituant 55% de la population, ils occupent 80% des postes dans l'armée et sont fortement majoritaires à tous les échelons de l'administration publique. L'opposition, pour sa part, a contribué à sa marginalisation en refusant de s'enregistrer officiellement en conformité avec la loi sur les partis politiques.

La majorité des partis formant le MRD préfèrent de loin le prestige que leur confère le statut d'opposition extra-parlementaire à une participation à l'ordre nouveau qui les réduirait à l'insignifiance, en raison de la faiblesse de leurs appuis électoraux.

D'autant plus que pour être conformes à la loi, les partis doivent accepter de procéder à des élections internes (le PPP n'en a pas tenu depuis 1969), publier leur comptes et sont tenus d'adhérer à une clause antidéfection (un député qui changerait de parti en cours de législature perdrait automatiquement son siège).

Il va sans dire que le Premier ministre a déjà fait enregistrer sa Ligue musulmane pakistanaise, composée de la plupart des parlementaires... Le parlementaire est donc devenu la nouvelle base de légitimité de Zia, alors que l'islamisation s'est vue reléguée au second plan.

Cette dernière a longtemps servi à Zia comme cri de ralliement contre le PPP de Bhutto, trop associé à l'Occident.

La mise en veilleuse de l'islamisation lui a cependant coûté le soutien des islamistes, qui constituaient sa seule base de pouvoir, en dehors des militaires.

Même ralenti, le.... »

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