2e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL POLÉMIQUE ET ESPRIT PHILOSOPHIQUE AU SIÈCLE DES LUMIÈRES LISTE ■ À propos de la société -MONTESQUIEU,...
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2e
ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL
POLÉMIQUE ET ESPRIT PHILOSOPHIQUE
AU SIÈCLE DES LUMIÈRES
LISTE
■ À propos de la société
-MONTESQUIEU, Lettres persanes, LXXIV: la morgue des grands
-MONTESQUIEU, Lettres persanes, XXIV: mœurs et coutumes françaises (spécialement contre le roi de France)
ou
-VOLTAIRE, Lettres philosophiques, XXIII: Sur la considération due
aux gens de lettres
-VOLTAIRE, CandidE,, Ill: la guerre
- MONTESQUIEU, L'i:sprit des lois, XIV: De l'esclavage des nègres
■ À propos de la politique
-DIDEROT, L'Encyclopédie, 1 : article Autorité politique
- ROUSSEAU, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité
parmi les hommes, 1 '" partie: la propriété source de l'inégalité
ou
-ROUSSEAU, Le Contrat social, 1, 6: Du pacte social
■ À propos de la relitJion
-VOLTAIRE, Candide, VI: l'autodafé
-VOLTAIRE, Traité sur la tolérance: prière à Dieu
ou
-ROUSSEAU, Julie ou La Nouvelle Héloïse, VI, 8: la piété de Julie
ou
-ROUSSEAU, Émile ou De l'éducation, IV, la profession de foi du vicaire
savoyard: « Conscience ! Instinct divin...
»
PLAN DU THÈME PROPOSÉ
Présentation
L'étymologie du mot « polémique» est la racine grecquepolémos qui signifie
«guerre».
Une littérature polémique est une littérature qui lutte d'abord
contre ce qu'elle juge mauvais, ensuite pour instaurer à la place ce qu'elle
juge être bon.
C'est le cas de la littérature du xv111• siècle et de l'esprit phi
losophique de ce " siècle des lumières » - " Lumières » car les philoso
phes veulent éclairer, ouvrir l'esprit, chasser les idées toutes faites.
Donc
ils attaquent et critiquent la société et ses divers édifices mais dans !e but,
comme l'a résumé le critique Hazard, d'« édifier une politique sans droit
divin, une religion sans mystère » et son corollaire « une morale sans
dogme».
Les quatre grands « philosophes » du siècle: Montesquieu, Vol-
L'ÉPREUVE ORALE
taire, Diderot, Rousseau utilisent la satire, l'humour, l'ironie ou l'indignation pour souligner les fautes, inégalités, privilèges injustes de la société
française de leur temps et tout ce qu'un esprit humaniste se doit de réprouver
dans les sociétés humaines, la guerre, le manque de respect ou l'écrasement de toute personne.
1.
Critique de la société et des sociétés
C'est ainsi que Montesquieu, à la manière des Caractères de La Bruyère,
trace un portrait satirique de« la morgue des grands » (Lettres persanes,
LXXIV).
Mais il va plus loin que la présentation ridiculisée de traits de caractère
odieux.
Les deux aspects de la lutte philosophique s'y voient nettement :
- D'abord le portrait acerbe du «Grand», si petit moralement ; donc de
l'orgueil insupportable des classes privilégiées, spécialement des nobles
qui se jugeaient seuls « nés», et méprisaient tout le reste de l'humanité.
Ex.
Voltaire bâtonné par les laquais du chevalier de Rohan qui, plein de
mépris pour ce bourgeois n'ayant« même pas un nom», obtient ensuite
une lettre de cachet envoyant Voltaire à la Bastille (curieuse réparation du
dommage!).
- Mais on voit aussi très bien un autre aspect de la lutte philosophique
dans cette lettre, l'aspect constructif : Montesquieu y présen\e son idéal
de la vraie noblesse et du rôle positif qu'elle doit jouer dans l'équnibre social.
Souvent, Montesquieu a l'air de développer une satire anodine de certains
petits ridicules purement superficiels - hauteur des maisons, embarras des
rues, badauderie des Parisiens, comme dans le texte relatif aux mœurs et
coutumes françaises (Lettres persanes, XXIV).
Mais éclatent au milieu de la lettre des attaques bien plus virulentes où des
phrases lapidaires stigmatisent le roi de France ou cet autre« magicien »,
le pape.
Sous un ton désinvolte par exemple, Montesquieu dénonce le pouvoir autocratique de la monarchie française en ce début de xv111• siècle.
Comme Voltaire, il admire la monarchie parlementaire et constitutionnelle
dont l'Angleterre a su se doter.
■
VOCABULAIRE TECHNIQUE
•humour:
racine
latine
humor = liquide.
Mot emprunté au
français (humeur) par les Anglais,
puis revenu en France, avec
humoriste dont le premier sens
est « maussade », puis « présentant les faits d'une manière insolite ».
Voici la définition donnée
par Bergson (Le Rire) :
« On décrira minutieusement et
méticuleusement ce qui est, en
affectant de croire que c'est bien
ainsi que les choses devraient
être : ainsi procède l'humour.
»
• ironie :
vient du grec
eïrôneïa =interrogation.
Le sens
figuré vient de la méthode
socratique.
Voici la définition du même philosophe Bergson : « On énoncera
ce qui devrait être en feignant de
croire que c'est précisément ce
qui est : en cela consiste
l'ironie».
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C'est donc une attitude réformiste ; en effet, il ne se contente pas de stig
matiser, il veut remédier aux abus, et rêve ainsi de remplacer une monar
chie absolue par un équilibre des pouvoirs.
Les« philosophes » s'en prennent également à certains préjugés devenus
actes de loi dans une société qui se sclérose ; ainsi contre la censure, autre
marque de l'arbitraire royal : Voltaire, Sur la considération due aux gens
de lettres, lettre XXIII des Lettres philosophiques ou Lettres anglaises.
Dans un parallèle établi avec l'Angleterre, Voltaire développe ses griefs à
propos de la condition des écrivains en France, et réclame pour eux la liberté
de pensée et d'écriture, fortement réduite alors par la censure.
« Barbare
et lâche injustice » aussi que celle dont les comédiens sont alors victimes,
eux à qui est refusé l'enterrement en Terre Sainte.
Adrienne Lecouvreur
est jetée à la fosse commune.
Molière fut enterré de nuit après supplica
tion de sa veuve auprès de Louis XIV.
■
2.
Lutte humaniste et humanitaire
Critique de la guerre et des valeurs traditionnelles qui lui sont attachées
(héroïsme mal compris) ; dénonciation de ses conséquences: voilà à quoi
procède Voltaire dans Candide (chapitre Ill).
C'est l'attitude humaniste
devant cette« boucherie héroïque» qu'est la guerre, qui nourrit une satire
dont la portée dépasse la seule société française.
Aussi vaste est la portée de l'attaque contre l'esclavage.
Débarrassée
de la couleur orientale des Lettres persanes, l'œuvre très sérieuse de Mon
tesquieu, De l'esprit des lois (Livre XIV: De l'esclavage des nègres),
insistant sur la relativité du comportement humain, en particulier avec la
théorie des climats, y introduit des exemples, dont cette page sur l'escla
vage ; elle rejoint d'ailleurs avec sa conclusion indignée celle de Voltaire
dans le chapitre XIX de Candide à propos de la rencontre du nègre de Suri
nam.
Chez Montesquieu, c'est tout racisme qui est détruit par un humour
corrosif emporté ensuite par une indignation généreuse.
L'emploi de
■
PRÉCISIONS LITTÉRAIRES
La théorie des climats
C'est Montesquieu qui la cons
truit dans son recueil De l'esprit
des lois.
Arrivé au livre XIV et
après avoir, entre autres, étudié
les principes des divers types de
gouvernements, leurs possibilités
de corruption, et posé le principe
de la séparation des pouvoirs,
Montesquieu en arrive à l'affirma
tion que les hommes et les socié
tés sont influencés par des
causes physiques ou physiologi
ques.
Ainsi, il pense qu'un climat
froid « resserre les fibres...
de
notre corps ", donc augmente la
vigueur physique, par consé
quent la force de caractère.
Il éta
blit l'existence de lois entre le
climat et le sol d'un pays d'une
part, les réactions de son peuple
d'autre part.
Malgré des simplifi
cations trop enthousiastes donc
hâtives, il fonde ainsi la sociolo
gie et montre qu'il ne faut jamais
négliger les phénomènes physico
physiologiques lors de l'élabora
tion d'une science politique.
l'humour, le raisonnement....
»
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