341 - 270 av. J.-c. « Le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse. » Lettre...
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341 - 270 av.
J.-c.
« Le plaisir est le principe et la fin de la vie
bienheureuse.
» Lettre à Ménécée
Éléments de biographie
t les racines de la pensée d'Épicure
Né dans l'île de Samos, :Épicure suit dès l'âge de quatorze ans les cours
de Pamphile.
Déçu par ce platonicien, il devient élève de Nausiphane,
disciple de Démocrite d'Abdère.
Démocrite (vers 460 - 380 av.
J.-C.) est le fondateur de l'atomisme.
C'est sur la base de ses enseignements qu':Ëpicure élabore sa conception
matérialiste du monde, et particulièrement l'idée que le monde est
constitué d'atomes indivisibles et de vide.
t Une époque troublée
:Épicure vit à une époque politiquement chaotique, et il assiste au déclin
des cités grecques.
En 323 av.
J.-C., Alexandre le Grand meurt.
Guerres et
émeutes se succèdent, Athènes change sept fois de chef politique.
t l'école d'Épicure : le Jardin
:Épicure décide de se retirer du monde pour mener une vie d'ascète.
Il
s'installe à Athènes pour créer une école de philosophie, le Jardin.
Il y vit
en communauté avec ses amis, surnommés les « philosophes du Jardin �,
prônant une vie simple et sage, fondée sur l'harmonie et l'amitié.
C'est notamment en réaction aux modèles culturels véhiculés par les deux
grandes écoles athéniennes que sont le Lycée (école fondée par Aristote)
et l'Académie (fondée par Platon) qu':Ëpicure crée son école : les deux
écoles athéniennes, réservées à une élite, prétendent former le citoyen en
vue de son accomplissement dans la cité et s'avèrent cependant inaptes à
résoudre les problèmes politiques de leur temps.
:Épicure propose un nouveau modèle de vie visant le bien vivre autrement
que par une formation érudite et axée sur la politique.
Car le rôle de
la philosophie est bien de conduire tous les hommes sur la voie de la
sagesse: le Jardin accueille aussi bien des personnages illustres que des
femmes et des esclaves.
t la figure du sage
D'une sérénité à toute épreuve, :Épicure endure avec courage les
souffrances dues à une terrible maladie rénale.
Sa vie entière fut vouée à
l'amitié.
Bienveillant, il offrira en testament à ses proches de quoi mener
une vie décente.
De son œuvre immense (près de trois cent titres), il ne nous reste que
quelques maximes et trois lettres, la Lettre à Hérodote, la Lettre à
Pythoclès, et la Lettre à Ménécée.
Thèses essentielles
L'épicurisme connaitra une large diffusion.
Il ne laissera pas indifférents
des penseurs tels que Spinoza, Montaigne, ou encore Marx.
La philosophie épicurienne comprend trois parties : la canonique,
d'abord, s'intéresse aux critères de la vérité ; la physique, ensuite,
traite de la nature; la morale, enfin, expose les conditions d'une vie
heureuse.
• la canonique
Le but de la philosophie est le bonheur, compris comme sérénité.
Or,
toute sérénité repose sur la sécurité, laquelle ne peut s'obtenir que par la
connaissance.
La canonique entend poser les bases de la connaissance,
saisie de la vérité.
En ce qui concerne les critères du vrai, la doctrine d'Épicure s'oppose
à celle de Platon.
Ce dernier voyait dans la sensation la source de toute
illusion et de toute erreur.
Au contraire, les épicuriens affirment que nos
sensations, loin d •être subjectives et relatives, sont ce par quoi nous avons
accès au réel.
Elles sont donc, en tant que données concrètes des sens, le
critère de la vérité, ce qui nous met en contact avec la nature.
Nous ne pouvons démontrer que les sensations sont erronées.
Elles
procèdent d'émanations de simulacres (particules fines) des objets
venant frapper nos sens.
Les simulacres ayant une structure identique à
celle de l'objet, c'est bien la réalité que nous percevons.
• La physique : tout est atome et vide
Épicure élabore une physique matérialiste et atomiste : tout n'est
qu'atomes et vide.
Le vide, espace infini et immatériel, permet d'envisager
la possibilité du mouvement.
Les atomes sont les éléments matériels
ultimes, minuscules et insécables, qui se meuvent dans le vide.
Ils sont
inaccessibles aux sens.
Nous percevons en revanche les agrégats d'atomes formés par la
rencontre fortuite des atomes.
Il existe donc deux sortes de corps, les
atomes et les corps tels que nous les connaissons (les agrégats).
Si les
atomes sont la matière infinie et éternelle, les agrégats connaissent la
mort : ils se décomposent en éléments atomiques qui, au hasard de
mouvements imprévisibles, donneront lieu à de nouvelles combinaisons
et donc à la naissance de nouveaux corps.
Ainsi, rien ne naît de rien, et
rien ne disparaît absolument.
La physique épicurienne affirme l'infinité de l'univers et la pluralité des
mondes.
Notre monde n'étant qu'une combinaison possible parmi tous
les mondes, il n'est pas incohérent de penser sa fin comprise comme sa
dissolution en éléments atomiques ultimes.
Puisque toute chose est un composé d'atomes, tout est matière, même
l'âme et les dieux.
Par ce matérialisme, :Épicure s'oppose à l'idéalisme
platonicien et au finalisme aristotélicien.
Refusant la notion de destin
développée par les stoïciens, il explique les phénomènes naturels par le
principe de causalité et l'existence du hasard.
t La physique au fondement de l'éthique
La physique pose les bases d'une éthique menant au bien vivre.
Vivant
dans une époque troublée, :Épicure n'a de cesse de chercher une réponse
pratique au malheur de l'homme.
Celle-ci ne se trouve pas dans
l'établissement d'un projet social, comme chez Aristote, mais dans la
mise en œuvre d'une morale privée.
Mais pour se rendre heureux, encore faut-il pouvoir être libre, et l'on
déduit souvent des systèmes matérialistes l'impossibilité de la liberté.
Or,
la doctrine épicurienne place la liberté au centre de sa morale.
De même
que, dans la nature, il y a de la contingence, l'homme fait l'expérience de
sa liberté, de sa capacité à être cause première, à s'autodéterminer.
Ce qui rend l'homme malheureux, c'est l'espérance de l'irréel.
On
comprend dès lors que la physique, permettant une connaissance de la
nature, soit à la base de l'éthique.
t Le quadruple remède
Pour soigner les maux de l'âme, :Épicure propose un quadruple remède.
1- Si toute chose est de nature matérielle, les dieux n'ont aucune influence
sur notre vie, ils se suffisent à eux-mêmes (la notion de divinité inclut
celle de perfection et donc d'autosuffisance).
Ils sont indifférents aux
affaires humaines.
On n'a pas à les craindre, et l'on peut se libérer des
superstitions en tous genres.
2- La mort, comprise comme décomposition du corps en éléments
atomiques, est absence de sensation et n'est donc rien pour nous (voir
texte ci-après).
L'atomisme nous libère de la crainte de la mort.
3- Nous pouvons endurer la douleur : si elle est insupportable, elle
s'achève en perte de conscience et signe sa fin.
Tant que nous la
ressentons, c'est que nous pouvons la souffrir, la pensée du plaisir
permettant en outre de l'atténuer.
4- Nous pouvons atteindre le bonheur par une vie prudente qui sait
réguler les désirs.
La nature nous enseigne ce dont nous avons
besoin, il....
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