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3e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL ARTS POÉTIQUES : LEÇON ? MISSION ? STRUCTVRATION ? JUSTIFICATION ? ACCOMPLISSEMENT DE LA POESIE ?...

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« 3e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL ARTS POÉTIQUES : LEÇON ? MISSION ? STRUCTVRATION ? JUSTIFICATION ? ACCOMPLISSEMENT DE LA POESIE ? LISTE ■ Une leçon - BOILEAU, J!rt poétique: La Tragédie, 111, v.1 à 60. - GAUTIER, Emaux et Camées, /'Art:« Oui, l'œuvre sort plus belle...

». VERLAINE, Jadis et Naguère, Art poétique:« De la musique avant toute ■ chose...

». Une mission - HUGO, Les Rayons et les Ombres, 1: Fonction du poète. - BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal: Hymne à la Beauté. ou - BAUDELAIRE, Petits Poèmes en Prose: Enivrez-vous. - RIMBAUD, Une saison en Enfer: Alchimie du Verbe. ■ Une " structuration " - BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal: L'Aibatros. ou - BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal: Elévation. - BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal , Spleen et idéal : Correspondances. Justificatiol) ou accomplissement ? - MALLARME, Poésies: Brise marine. - NERVAL, Les Chimères: Myrto. - ÉLUARD, Capitale de la Douleur: « Le miroir d'un moment». ■ La présentation orale de l'expli­ cation linéaire donnée en annexe de ce thème1 soit : Le Miroir d'un moment d'Eluard est fournie ici en grande partie rédigée.

C'est un exemple de l'effort d'une très bonne présentation ex1gee du candidat à son épreuve orale. Pas de style télégraphique ou de phrases décousues.

L'expression personnelle du candidat est très importante. PLAN DU THÈME PROPOSÉ ■ Présentation Depuis l'antiquité, de nombreux traités ont été composés sur l'art d'écrire et sur celui, en particulier, plus subtil de l'art poétique.

Le plus important est certainement la Poétique du philosophe grec Aristote.

Très goûté des 3° ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL auteurs du XVII• siècle et des classiques, un autre traité très connu estl'Art poétique du poète latin Horace, contemporain et protégé de l'empereur Auguste.

Beaucoup de ces œuvres sont en prose - ainsi Défense et illustration de la langue française où Du Bellay expose les conceptions de la Pléiade - .

Cependant, Horace écrit son Art poétique en vers et, peu à peu, beaucoup de doctrines littéraires, surtout lorsqu'elles portent sur la poésie, vont aussi être présentées en vers. 1.

L'art poétique est une leçon Un art poétique est un ensemble de conseils, mais surtout l'exposé des conceptions de l'auteur, la plupart du temps en accord avec une véritabie doctrine d'école.

C'est dônc un exposé didactique, mais aussi la présentation convaincue de ce qui paraît alors le meilleur pour concevoir pleinement le rôle de la poésie et son écriture.

On peut y trouver une véritable théorie comme dans Boileau, Art poétique, chant Ill, v.1-60, La Tragédie. ■ Boileau, nourri de la Poétique d'Aristote, juge, comme le Latin Horace, que pour mieux présenter ses idées, il faut faire« œuvre d'Art».

La facture de son texte, en alexandrins, est claire, bien frappée avec des formules devenues presque proverbiales pour énoncer des règles qui sont pratiquement l'esthétique classique.

Celles qui traitent de la tragédie sont particulièrement réussies, car Boileau a dans l'esprit l'exemple de son grand ami Racine, le dramaturge parfait des grandes tragédies classiques : Andromaque, Phèdre, Athalie, pour n'en citer que quelques-unes.

Boileau présente en 60 vers toute la conception classique du tragique et les règles de la tragédie (les trois unités, la bienséance, le dénouement, la litote) ... ■ Règles d'école aussi chez Gautier.

Elles sont particulièrement insistantes, car ce poète et romancier fut d'abord un « Jeune France» enragé et défenseur spectaculaire de cette école de jeunes romantiques (voir le gilet « fraise écrasée » dont la couleur devait choquer les classiques lors de la Bataille d'Hernani.) Or, dans la deuxième période de sa vie, Gautier choisit « l'art pour l'art» et, sans vraiment abandonner le romantisme de la jeunesse, il conseille, comme les Parnassiens, une poésie inspirée par sculpture et peinture, une forme exigeante appuyée sur la beauté plastique.

C'est ce qu'il recommande dans : L 'Art in Emaux et Camées : « Oui, l'œuvre sort plus belle ...

» ■ Verlaine, lui, intitule franchement un poème : Art poétique dans Jadis et Naguère.

Or, si dans certains de ses aspects, le texte est didactique et a même été considéré par les symbolistes comme un manifeste ouvrant sur leur école - Verlaine s'y refusait d'ailleurs - , s'il donne conseils et ordres à peine voilés, l'Art poétique verlainien, constitué de 9 quatrains, transmet souvent des préceptes suggérés, illustrés•par des exemples.

En tout cas, la méthode prônée par Verlaine consiste à glisser toujours légèrement d'un art à un autre, d'un mot à un autre, d'une expression syntaxique à une autre.

Musique, fluidité, rythmes impairs, subtilités rêveuses, imprécisions volontaires se rapprochent du monde mouvant de !'Absolu. « De la musique avant toute chose», insiste le poète. 33 L'ÉPREUVE ORALE 2.

L'art poétique transmet la mission du poète Beaucoup de poètes, particulièrement depuis la Pléiade, au XVl 0 siècle, se considèrent comme des initiés face aux êtres« moyens », aux profanes. Ils s'attribuent donc une véritable mission. ■ Pour Hugo, comme pour presque .tous les romantiques, le poète a une fonction très sérieuse à remplir.

Comme il est le« rêveur sacré », il se doit d'utiliser le don exceptionnel qui est le sien pour aider les autres.

Grâce à une sensibilité et une imagination privilégiées, il « voit » et domine les problèmes.

C'est ce que Hugo affirme dans Fonction du Poète in Les Rayons et les Ombres.

Sa mission est donc humanitaire et politique puisque, pensant parvenir à« l'éternelle vérité», il veut transmettre sa connaissance aux profanes, les éclairer,« inonde[r] de sa lumière" le reste de l'humanité, être le guide des peuples. ■ Baudelaire aussi est persuadé de la supériorité de l'artiste; il le dit chargé d'abord de la mission de tenter de joindre le monde subtil de l'inconnu, de l'Absolu, monde de l'imaginaire, monde des Idées, comme l'indiquait un sonnet de Du Bellay inspiré d'ailleurs de Platon.

Ainsi, le poète recher- VOCABULAIRE nomma ainsi cette science parce qu'il considéra l'idée du Beau comme une perception confuse ou un sentiment. • initié : vient du latin initium = commencement.

Pris comme nom = quelqu'un qui est introduit à la connaissance, à la participation des mystères (=cérémonie très fermées) de certaines divinités chez les païens ; puis, par extension, aux cérémonies d'une religion quelconque. Au sens figuré = qui est mis au courant d'une affaire ou science, profession ... • profane : vient du latin pro = en · avant, et fanum =sanctuaire.Au sens propre = celui qui est devant le temple, en dehors ; ou : ce qui est livré au public.

Par opposition à initié= celui qui n'appartient pas à la religion ou à la doctrine ou à l'art. • concept : terme philosophique.

La racine latine est concis pere = saisir par la pensée ; même famille que concevoir = avoir une idée claire, comprendre.

Autre sens : représentation abstraite et mentale - souvent · valeur absolue, du domaine des idées.

Mot à peu près synonyme : entité, donc idée générale, abstraction considérée comme point de référence. •didactique: du grecdidaskeïn = enseigner.

Signifie qui sert, qui est propre à l'enseignement.

Se dit de tout ouvrage en prose ou en vers dont le but est d'enseigner les principes d'une science ou d'un art. •esthétique: racine grecque: aisthanestaï = sentir.

Science qui détermine le caractère du Beau dans les productions de la nature et de l'art ; philosophie des beaux-arts.

C'est !'Allemand Baumgarten au xvm• siècle qui 34 che d'abord les origines du Beau, tente d'en retrouver la valeur idéale et les sentiments qui en découlent : émotion, admiration, plaisir, grandeur. Dans Hymne à la Beauté (Spleen et Idéal in Les Fleurs du Mal), Baude­ laire est bien l'initié qui arrive à s'élever au-dessus de l'humanité commune. Complétant le sonnet La Beauté, ce texte précise l'esthétique de Baude­ laire, les rapports - qu'on ne peut rejeter - de l'art et de la morale. Mais véhément est encore Baudelaire dans Enivrez-vous, in Petits Poè­ mes en Prose.

En trois brefs paragraphes, versets de ce poème en prose, il lance « un pétard», selon son expression, à la figure des profanes, à tra­ vers un titre trompeur : c'est le sens d'une ivresse - dépassement qu'il faut comprendre.

Poésie et Beauté sont enivrantes.

Ce qu'il faut, c'est un véritable délire poétique qui permettra de venir à bout des hantises de l'homme, du Temps, dévorateur de la destinée humaine, plus particuliè­ rement. Enfin, Rimbaud, véritable ascète de la poésie, veut aussi vivre intensé­ ment la mission du poète.

Il veut mener la prodigieuse aventure du « Fils du Soleil», la dénomination même du poète.

Dans une lettre écrite à 17 ans (Lettre à Demeny, 1871), il expose les obligations du« Poète [qui] se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Le Poète, c'est celui qui « ...

a [...

] vu quelquefois ce que l'homme a cru voir" (Le Bateau Ivre).

Conception hardie, révolutionnaire même, qui per­ met de parvenir à une poésie incantatoire, transcrite en« sophismes magi­ ques », en « hallucination des mots » dans L'Alchimie du Verbe in Une saison en Enfer.

Verbe signifie, dans son sens biblique, « mot».

La révo­ lution poétique de Rimbaud est une ambition et une expérience surhumai­ nes qu'il tente passionnément de transmettre. ■ 3.

L'art poétique révèle l'architecture de l'œuvre, il est« structuration » Ce dernier terme, de Baudelaire, est d'une importance capitale.

En effet, il a toujours insisté sur l'unité profonde de son œuvre Les Fleurs du Mal et précisé que chaque poème prend tout son sens par rapport aux autres et à la place qu'il lui a assignée.

Trois poèmes constituent un véritable Art poétique de la recherche à laquelle il a consacré sa vie : L'Albatros, Élé­ vation, Correspondances, dans Spleen et Idéal in Les Fleurs du Mal. Il insiste sur la place exceptionnelle, rare, du Poète, de l'artiste.

Le poète c'est le créateur par excellence, selon l'étymologie (racine grecque poïeïn = créer).

La figure allégorique, symbolique, de L 'Albatros désigne bien la valeur privilégiée de l'homme de génie; mais les moqueries cruelles des matelots traduisent l'incompréhension des profanes, thème du poète incom­ pris déjà traité par certains romantiques comme Vigny (L 'Albatros). C'est que le poète s'élance vers la spiritualité.

Sa première fonction est de tenter de joindre les régions immatérielles de l'idéal.

Il s'agit d'abord de se débarrasser des« miasmes morbides » de la vie quotidienne, terres­ tre, qui entravent l'élan spirituel.

Après une ascension exaltante, c'est pour les élus de la poésie, l'atteinte qe l'air supérieur, d'un bonheur mystique dans les « espaces limpides» (Elévation). Cependant, ce poète qui« ...

comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes » doit remplir une autre mission : transmettre les résul- ■ ■ ■ L'ÉPREUVE ORALE tats de son« élévation », par conséquent trouver une langue poétique qui puisse à la fois joindre l'absolu et trouver le chemin de la compréhension des profanes.

Pour transmettre l'impalpable - cette« ténébreuse et profonde unité» - , la difficulté est d'autant plus grande que la langue française compartimente le vocabulaire de chaque domaine avec une clarté redoutable: La méthode baudelairienne des correspondances consiste en une sorte de glissement des domaines des sens, et du langage qui leur est propre, chacun se répondant l'un à l'autre : l'auditif traduit par le visuel. ou l'olfactif par le tactile, etc.

; d'autres correspondances se font entre le sensoriel et le sensible, le sensible et le moral, le moral et le spirituel.

Ainsi, la poésie, devenue allusive, faite de signes, de symboles, suggère et devient pénétration vers la connaissance (Correspondances). 4.

Justification ou accomplissement ? Il Certains textes n'ont pas du tout l'air d'être des« Arts poétiques».

À première vue, pas de conseils ou de doctrine, pas de plaidoyer passionné ou d'exposé de convictions sur la recherche poétique, ses hantises, ses douleurs, sa grandeur.

La présentation semble se rattacher à un épisode.

Mais à travers les lignes, les signes, les allusions, dans la lignée des efforts de Baudelaire et de Rimbaud justement, apparaissent les résonances de l'aventure morale, spirituelle, esthétique du créateur.

C'est ce que révèle Brise marine de Mallarmé (in Poésies).

La hantise de « la page blanche», la crainte de la perte de l'inspiration, le rêve d'une liberté totale en s'arrachant aux contraintes - même heureuses - du quotidien sont le contre-pied de ce que veut un poète: le voyage vers l'Art pur, l'élan et la recherche limpides, l'aspiration à l'immatérialité et à la perfection. · ■ D'autres poèmes sont à eux seuls des modèles et, sans contenir didactiquement des conseils, ils les donnent par la réussite même de leur création.

Plusieurs seraient à citer, non pas subjectivement, mais comme atteignant, à la reconnaissance générale, un certain sommet.

Le Poète, en s'y révélant un« plongeur d'inconnu», nous entraîne, et ~'il n'explique pas, il fait sentir l'immense voix de la Poésie.

C'est le cas de Eclaircie de Hugo in Les Contemplations; c'est celui de bien des textes de Nerval et spécialement Myrto, in Les Chimères.

Partant de la gracieuse grecque Myrto - peut-être La Jeune Tarentine de Chénier, au même prénom - , Nerval fait dépasser la simple anecdote et, à travers l'épaisseur symbolique, emmène son lecteur, par de mystérieuses correspondances entre l'évocation et l'imaginaire, entre la présentation et la magie des termes et des rythmes, jusqu'à un monde rêvé, surréel, où tout devient à la fois intemporel et véridique.

« Le Rêve est une seconde vie », écrit-il au tout début d'Aurélia. ■ C'est donc une expérience qui est transcrite, et ce sont les efforts de Nerval pour accéder ainsi à une forme de connaissance, que les surréalistes vont admirer en lui et qu'ils vont vouloir suivre.

Ainsi Le Miroir d'un moment, in Capitale de la douleur (1926) d'Éluard.... »

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