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Rédiger ------~-= Croissance, développement et inégalités sociales dans les PDEM depuis la fin du x1x• siècle INTRODUCTION Accroche du sujet Depuis la fin du xrxe siècle, les pays développés à économie de marché (PDEM) connaissent une croissance économique et une amélioration importante des conditions de vie de leurs populations.

Le pouvoir d'achat d'un ouvrier est dix fois plus important aujourd'hui qu'en 1870.

Pourtant les inégalités sociales n'ont pas disparu. Définitions et problématique L'évolution économique des PDEM participe d'un vaste processus de développement défini, dès 1961, par F.

Perroux comme «la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global».

Pour F.

Perroux, la réduction des inégalités sociales fait partie de cette combinaison. Cependant, si la croissance ininterrompue du produit global est un critère relativement fiable et de la croissance et du développement, il est plus difficile de mesurer les inégalités sociales.

Les inégalités face aux biens matériels constituent pourtant un bon révélateur des inégalités dans des économies marchandes.

Ces inégalités renvoient aux inégalités entre les revenus, souvent appréhendées par l'écart qui sépare les 10 % des plus riches des 10 % les plus pauvres.

Sur le long terme, ces inégalités diminuent dans les PDEM.

Cette réduction des inégalités sociales a-t-elle contribué à la croissance et au développement ? Il semble que la croissance au sein d'économies capitalistes de marché engendre un double processus contradictoire de création et de réduction des inégalités. Annonce du plan Ce double processus est visible dans l'évolution économique des PDEM depuis un siècle (I).

Certaines périodes, en particulier les «Trente Glorieuses», ont connu une corrélation positive entre croissance, développement et réduction des inégalités sociales (II).

La forte remontée des inégalités sociales depuis la fin des années soixante-dix amène à s'interroger sur les nouvelles caractéristiques de la croissance et du développement des PDEM (III). PARTIE I Si les inégalités sociales se sont maintenues, depuis la fin du XIX" siècle, sous différentes dimensions (A), la coexistence des inégalités sociales et du processus de croissance est diversement expliquée par les économistes (B) et revêt tout au long de la période des formes nationales (C). Il A Depuis la fin du XIXe siècle, la croissance des PDEM n'a pas fait dispamftre les inégalités sociales même si celles-ci ont diminué sur le long terme. La croissance et le développement des PDEM sont intervenus dans le cadre d'économies capitalistes de marché.

Dans ces économies, l'accès aux marchés des biens et des services acquiert une importance fondamentale.

Cet accès est conditionné par les revenus obtenus par les individus.

L'inégalité de ressources monétaires est donc déterminante et influence les autres dimensions des inégalités sociales. L'indicateur le plus utilisé mesure les écarts de revenus entre la limite supérieure des 10 % les plus pauvres et la limite inférieure des 10 % les plus riches.

Le ratio P90 /PlO varie dans une fourchette de 1 à 3 ou de 1 à 4 selon les PDEM.

Depuis la fin du x1xe siècle, cette fourchette s'est réduite de façon significative et est aujourd'hui deux à trois fois plus faible.

Dans des économies où le salariat représente la majeure partie de la population active et les salaires la part déterminante des revenus d'activité, cette fourchette épouse, en grande partie, celle qui mesure l'écart entre les salaires.

Cependant, au sein d'économies capitalistes, l'analyse des inégalité de ressources doit aussi prendre en compte l'inégalité entre les patrimoines.

En par exemple, 10 % des ménages touchent 50 % des revenus liés à la possession d'un patrimoine et détiennent 50 % des droits de propriété.

Cette inégalité tend, elle aussi, à diminuer sur le long terme.

Aux États-Unis, la part du patrimoine total possédée par les 10 % les plus riches est passée d'un maximum historique d'environ 80 % en 1870 à 50 % pendant les années soixante-dix.

Depuis l'essor du capitalisme industriel de marché, les inégalités de ressources semblent donc suivre une courbe ascendante puis descendante. Les inégalités de ressources ne sont pas la seule forme d'inégalités sociales. Le ressort de la croissance et du développement des PDEM sur le long terme est l'augmentation de la productivité globale des facteurs de production, notamment la productivité du travail.

La montée des qualifications et l' éducation de masse constituent des facteurs déterminants de l'augmentation de la productivité du travail.

L'acquisition d'un «capital humain», pour les économistes, ou celle d'un «capital culturel», pour les sociologues, apparaît comme une voie d'accès privilégiée aux positions dominantes.

Certes, sur le long terme, on peut constater une certaine diminution des inégalités sociales d'accès à ces nouveaux types de capitaux, mais les inégalités sociales demeurent fortes face aux connaissances et aux diplômes. B.

La théorie économique ne donne pas d'explications consensuelles des relations entre la croissance, le développement et les inégalités sociales. Au xrxe siècle, la théorie classique, avec D.

Ricardo (1772-1823) et K.

Marx (1818-1883), établit une relation causale entre la création et la répartition de richesses.

La croissance et le développement résultent de l'accumulation du capital.

Cette accumulation du capital peut être freinée, pour D.

Ricardo, par la croissance des rentes foncières au détriment de celle des profits.

Elle est entravée, pour K.

Marx, par la baisse tendancielle du taux de profit résultant d'une contradiction entre l'évolution des salaires et celle des profits.

Dans un premier temps, les profits augmentent par une pression à la baisse des salaires, pour, dans un second temps, baisser du fait de l'insuffisance des salaires.

Les inégalités entre rentes et profits pour D.

Ricardo, et celles entre profits et salaires pour K.

Marx, entravent le processus de croissance.

Les inégalités entre les salaires apparaissent comme secondaires.

D.

Ricardo conclut à un possible état stationnaire de l'économie capitaliste résultant d'une «paupérisation» des capitalistes qui engendrerait à terme celle des salariés, et K.

Marx, à la transformation du mode de production capitaliste entraînée par la paupérisation des salariés.

Les termes temporels de ces évolutions restent indéterminés. La théorie néoclassique propose un cadre explicatif tout à fait différent. Comme l'avait fait A.

Smith (1723-1790) à la fin du xvme siècle, les néoclassiques distinguent la question de la création de richesses de celle de la répartition.

Il faut retenir de cette approche qu'une situation d'équilibre de concurrence pure et parfaite solutionne le problème de la répartition des revenus primaires puisqu'à l'équilibre les facteurs de production sont rémunérés à leurs productivités marginales.

Chaque individu perçoit un revenu correspondant à sa contribution au processus de création de richesses. Les désajustements possibles entre l'offre et la demande des facteurs de production se régleront par des modifications des prix relatifs de ces facteurs. L'économie de marché devient ainsi le type idéal de l'économie efficace. Certes, cet équilibre intervient sans tenir compte de la répartition initiale des ressources.

Il revient alors à l'État d'opérer des purs transferts de revenus afin d'égaliser les chances entre les individus.

Une croissance économique équilibrée peut ainsi coexister avec des niveaux différents d'inégalités sociales.

Par ailleurs, les inégalités entre les salaires ont pu être interprétées comme le résultat d'investissements en capital humain différents selon les individus. Rien n'est clairement dit quant à l'évolution historique des inégalités sociales en relation avec la croissance et le développement. Il faut attendre la «révolution keynésienne» pour que se développe une explication causale : la lutte contre les inégalités sociales, notamment les inégalités salariales, est m1 facteur positif de la croissance.

J.M.

Keynes (18831946) légitime, pour des raisons morales mais aussi pour des raisons d'efficacité économique, le soutien de la demande globale par une réduction des inégalités entre les revenus. Plus généralement, la théorie de la concurrence imparfaite en mettant en avant les phénomènes de rendements croissants et d'autres approches, comme celle de J.

Schumpeter en termes de «destruction créatrice», concluent à l'existence simultanée dans le cadre d'une économie capitaliste de marché de processus tendant à la concentration des richesses et de processus tendant à leur diffusion. Ill C.

L'évolution des inégalités sociales au sein des différents PDEM depuis un siècle corrobore en partie les conclusions des théories économiques mais ne permet pas de trancher. Certes, la croissance et le développement se sont accompagnés d'une diminution sur le long terme des différentes inégalités.

Cette diminution résulte de politiques volontaristes de la part des gouvernements et d'une modification des rapports de forces entre les groupes sociaux.

Mais une analyse différenciée nationalement s'avère nécessaire.

D'une part, la réduction sur le long terme des inégalités sociales n'est pas inéluctable comme le montrent les périodes de crises économiques.

Ces périodes font cependant apparaître des différences sensibles entre les économies nationales.

D'autre part, les systèmes de relations sociales et 11 :: :,,1 ,, ,, :: 11 11 il les reg1mes fiscaux évoluent différemment selon les PDEM, notamment pendant ces périodes de remontée des inégalités. Ainsi, l'étude des inégalités de ressources révèle l'importance des trajectoires nationales.

Le partage entre les profits et les salaires dans le revenu national s'avère remarquablement stable sur le long terme mais instable et présentant des divergences selon les PDEM à court et moyen terme.

La croissance et le développement américains ont été plus égalitaires au niveau des salaires que la croissance et le développement du Japon et des pays européens pendant la première moitié du xx• siècle.

Mais la situation s'inverse depuis les années soixante-dix.

La forte croissance économique pendant les «Trente Glorieuses» de l'économie japonaise coexiste avec une faible inégalité salariale, celle de la France avec une plus forte inégalité salariale, alors que le Royaume-Uni connaît une croissance économique plus faible avec des inégalités salariales moins importantes. Dans la première moitié du XIX• siècle, A.

de Tocqueville caractérisait les sociétés démocratiques par un vaste processus d'égalisation des conditions.

Le caractère démocratique des PDEM a favorisé le processus de croissance et de développement.

La distinction entre la croissance et le développement, depuis les années cinquante, vise d'ailleurs à mieux identifier les changements institutionnels et sociaux qui doivent accompagner le processus de croissance.

Les économies capitalistes de marché engendrent des inégalités que les membres de ces sociétés tentent de reproduire dans le temps.

Ces économies ont aussi permis une diffusion des richesses.

Les débats autour des thèses du philosophe J.

Rawls ont porté sur le degré d'inégalité nécessaire à l'obtention d'une croissance économique maximale.

Il est clair qu'un «jeu» existe entre les processus de croissance et les processus de répartition des richesses.

L'histoire économique des PDEM révèle les règles du jeu qui ont régulé cette répartition.

Il reste à étudier pourquoi la réduction des inégalités a pu apparaître, pendant certaines périodes, comme une condition de la croissance et du développement. PARTIE II Pendant la période des «Trente Glorieuses», le cercle vertueux entre croissance, développement et réduction des inégalités sociales (A) s'explique par la dynamique de la croissance «fordiste « (B) et la prise en compte des politiques économiques et de l'environnement international (C). Il A.

La période des « Trente Glorieuses» correspond à une réduction nette des inégalités sociales. Les taux de croissance moyens de la richesse par habitant sont, de 1950 à 1974, de 2% par an pour les Etats-Unis, de 7,7% pour le Japon, et de 4 à 5% pour l'Allemagne et la France.

Les indicateurs de développement sont nombreux: transformations des secteurs d'activité et des branches, urbanisation, éducation de masse.

Par ailleurs, dans tous les PDEM, les inégalités sociales se réduisent : accès de tous les individus aux biens et services marchands et non marchands, rééquilibrage du partage profits/salaires, réduction de l'éventail des salaires. La source de cette croissance réside dans les importants gains de productivité.

Ces gains se développent dans tous les secteurs : agriculture, industrie, distribution...

Ils permettent de réduire les inégalités sociales.

Les salaires augmentent.

Les processus qui ont mené à une augmentation continue et négociée des salaires ne datent pas de l'après Seconde Guerre mondiale.

Les économistes del' école de la régulation, notamment R.

Boyer, ont mis en évidence la cohérence de l'ensemble des mécanismes qui se mettent en place, dès les années vingt, en particulier aux États-Unis, et pendant la crise des années trente, et qui conduisent à une «régulation monopoliste» du marché du travail.

Ils'agit, d'une part, d'une réglementation et d'une contractualisation, des relations entre employeurs et salariés, d'autre part, de la mise en place de l'Etat-providence qui organise des transferts de ressources selon des formes nationales. La réduction des inégalités sociales a-t-elle contribué à la croissance et au développement ? Plusieurs réponses sont possibles.

D'abord, la différence entre les taux de croissance des différents PDEM s'explique par un processus de rattrapage résultant de l'avance détenue par l'économie américaine après la Seconde Guerre mondiale.

Pour qu'un tel processus soit possible, il a fallu, entre autres facteurs, un puissant effort de mobilisation collective.

Les signes d'un tel effort sont visibles dans des pays comme l'Allemagne, la France et le Japon.

Pour que les individus adhèrent à cet effort, il était nécessaire qu'ils en perçoivent le résultat dans leurs vies quotidiennes.

Ensuite, la croissance des gains de productivité a bien engendré un processus de « destruction créatrice», détruisant des emplois comme dans le secteur agricole en France, mais aussi créant des emplois, dans l'industrie et les services.

Ce processus de «destruction créatrice» s'est développé sans chômage et sans augmentation des inégalités sociales.

Il est raisonnable de penser que la réduction des inégalités salariales a contribué à ajuster la demande globale à l'offre globale et les demandes sectorielles aux offres sectorielles, tout en permettant un maintien de la demande pendant les périodes de récession. Il B.

Un partage plus équilibré des surplus générés par la croissance est à l'origine d'un cercle vertueux favorable à la réduction des inégalités. Cette période semble infirmer les prédictions des auteurs classiques sur l'impossibilité à long terme pour une économie capitaliste de générer des rendements croissants et sur les contradictions entre les grands types de revenus, en particulier entre les profits et les salaires.

Par ailleurs, la théorie néoclassique n'établit pas de relation causale entre la croissance et les inégalités sociales, tout au moins dans le cadre des économies nationales.

C'est l'œuvre de J.M.

Keynes qui ouvre de nouvelles voies.

J.M.

Keynes ne remet pas en cause l'économie capitaliste de marché et la nécessité de maintenir un partage de la valeur ajoutée qui ne soit pas défavorable aux profits.

Mais en légitimant la notion d'«équilibre de sous-emploi» et en inversant la relation " causale entre l'offre globale et la demande globale, il légitime la lutte contre les inégalités sociales comme facteur de croissance et de développement.

La réduction des inégalités entre les revenus permet de solvabiliser la demande et de créer les conditions d'une consommation de masse. Dans une situation d'équilibre de sous-emploi, l'économie fonctionne en dessous de ses capacités de croissance potentielle.

L'ajustement par la flexibilité des salaires s'avère inopérante et peut même contribuer à une spirale récessive.

Pour J.M.

Keynes, ce sont les entrepreneurs qui, par leurs anticipations, vont déterminer les volumes de production et d'e1,11ploi.

L'école de pensée keynésienne légitime les interventions directes de l'Etat dans la distribution des revenus primaires et les interventions indirectes par des politiques fiscales et sociales. Depuis les années soixante-dix, l'école de la régulation développe un cadre théorique permettant d'expliquer l'évolution du capitalisme depuis le x1xe siècle.

Les Trente Glorieuses se caractériseraient par l'avènement de la régulation monopoliste.

La régulation ne se ferait plus principalement par les prix mais par des stratégies menées par les entreprises «fordistes» pour stimuler la demande.

Le «rapport salarial» se serait institutionnalisé multipliant des formes d'emplois stables.

Le cœur du cercle vertueux unissant la croissance, le développement et la réduction des inégalités de revenus passerait par un partage plus équilibré des gains de productivité. IEl1 C.

Les politiques économiques nationales jointes à un environnement international favorable expliquent le caractère vertueux de la croissance des « Trente Glorieuses». Les relations causales établies précédemment se développent dans le cadre d'économies nationales.

Le processus de rattrapage des économies européennes et du Japon par rapport aux États-Unis ne suffit pas à expliquer la croissance exceptionnelle des «Trente Glorieuses».

L'élévation régulière des salaires dans des économies, où la proportion de salariés parmi les actifs va dépasser les 80%, constitue le principal facteur de croissance régulière de la consommation.

La croissance des marchés qui s'en déduit génère des économies d'échelle.

Par ailleurs, les entreprises ont été ainsi incitées dans des contextes de concurrence, principalement limités aux espaces nationaux, à chercher des gains de productivité.

Le partage de ces gains s'est rééquilibré en faveur des salariés avec l'aide des États et d'un rapport de forces plus favorable aux salariés.

Les salaires en hausse ont pu ainsi coexister, jusqu'aux années soixante-dix, avec des taux de profits suffisants.

Les déséquilibres entre l'offre et la demande sur les différents marchés se sont résorbés par des ajustements de l'emploi, expliqués, entre autres, par le modèle du «déversement». Dans tous les PDEM, les marchés du travail se trouvent régulés.

La mise en place de salaires minimaux oblige les entreprises, quelles que soient leurs situations en termes de gains de productivité, à s'aligner sur l'évolution de la productivité moyenne.

Les politiques sociales possèdent une action contracyclique et la mise en place de systèmes de retraite par répartition, plus ou moins étendus selon les PDEM, tend à ne plus faire de l'âge un facteur d'inégalités.

Par ailleurs, les gouvernements s'attaquent aux autres formes d'inégalités sociales.

D'ambitieux programmes éducatifs sont menés afin de créer les conditions d'une éducation de masse dans le secondaire et le supérieur en Europe et d'intégrer les minorités, en particulier la minorité noire,.... »

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