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4e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL L'ART DU PORTRAIT DE LA BRUYÈRE À PROUST 2. BALZAC, Illusions perdues. 5 10 15 20...

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« 4e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL L'ART DU PORTRAIT DE LA BRUYÈRE À PROUST 2.

BALZAC, Illusions perdues. 5 10 15 20 25 30 S'il avait peu de connaissances en haute typographie, en revanche il passait pour être extrêmement fort dans un art que les ouvriers ont plaisamment nommé la soûlographie, art bien estimé par le divin auteur du Pantagruel, mais dont la culture, persécutée par les sociétés dites de tempérancre, est de jour en jour plus aban­ donnée.

Jérôme-Nicolas Séchard (IJ, fidèle à la destinée que son nom lui avait faite, était doué d'une soif inextinguible.

Sa femme avait pendant longtemps contenu dans de justes bornes cette passion pour le raison pilé, goût si naturel aux Ours r21 que M.

de Chateaubriand l'a remarqué chez les véritables ours de l'Améri­ que: mais les philosophes ont observé que les habitudes du jeune âge reviennent avec force dans la vieillesse de l'homme.

Séchard confirmait cette loi morale : plus il vieillissait, plus il aimait à boire.

Sa passion laissait sur sa physionomie oursinedes marques qui la rendaient originale: son nez avait pris le développement et la forme d'un A majuscule corps de triple canon, ses deux joues veinées ressemblaient à ces feuilles de vigne pleines de gibbosités violettes, purpurines et souvent panachées; vous eussiezditd'une truffe monstrueuse enveloppée par les pampres de l'automne. Cachés sous deux gros sourcils pareils àdeux buissons chargés de neige, ses petits yeux gris, où pétillait la ruse d'une avarice qui tuait tout en lui, même la paternité, conservaient leur esprit jusque dans l'ivresse.

Sa tête chauve et découronnée, mais ceinte de cheveux grisonnants qui frisottaient encore, rappelait à l'imagination les Cordeliers des Contes de La Fontaine.

II était court et ventru comme beaucoup de ces vieux lampions qui consomment plus d'huile que de mèche; car les excès en toute chose poussent le corps dans la voie qui lui est propre.

L'ivrognerie, comme l'étude, engraisse encore l'homme gras et maigrit l'homme maigre. (!) Jérôme-Nicolas Séchard est un vieil imprimeur d'Angoulême. (2) Un ours, en argot du métier, est un ancien compagnon travaillant à la presse. 3.

BALZAC, La Duchesse de Langeais. 5 10 15 20 25 30 De ses anciens agréments, il ne lui restait qu'un nez remarquablement saillant, mince, recourbé comme une lame turque et principal ornement d'une figure semblable à un vieux gant blanc ; puis quelques cheveux crêpés et.poudrés ; des mules à talons, le bonnet de dentelles à coques, des mitaines noires et des parfaits contentements O)_ Mais, pour lui rendre entièrement jus­ tice, il est nécessaire d'ajouter qu'elle avait une si haute idée de ses ruines qu'elle se décolletait le soir, portait des gants longs, et se teignait encore les joues avec le rouge classique de Martin.

Dans ses rides une amabilité redoutable, un feu prodigieux dans ses yeux, une dignité profonde dans toute sa personne, sur sa langue, un esprit à triple dard, dans sa tête une mémoire infaillible faisaient de cette vieille femme une véritable puissance.

Elle avait dans le parchemin de sa cervelle tout celui du cabinet des chartes et connaissait les alliances des maisons princières, ducales et comtales de l'Europe, à savoir où étaient les derniers germains de Charlemagne.

Aussi nulle usurpation de titre ne pouvait-elle lui échapper.

Les jeunes gens qui voulaient être bien vus, les ambi­ tieux, les jeunes femmes lui rendaient de constants hommages. Son salon faisait autorité dans le faubourg Saint-Germain.

Les mots de ce Talleyrand femelle restaient comme des arrêts.

Certai­ nes personnes venaient prendre chez elle des avis sur l'étiquette ou les usages, et y chercher des leçons de bon goût.

Certes, nulle vieille femme ne savait comme elle empocher sa tabatière ; et elle avait, en s'asseyant ou en croisant les jambes, des mouvements de jupe d'une précision, d'une grâce qui désespérait les jeunes femmes les plus élégantes.

Sa voix lui était demeurée dans la tête pendant le tiers de sa vie, mais elle n'avait pu l'empêcher de descendre dans les membranes du nez, ce qui la rendait étrangement significative. N.B.

Il s'agit de la princesse de Blamont-Chauvry. ( 1) parfaits contentements : parures de diamants. 4.

PROUST, «Du côté de Guermantes», À la recherche du temps perdu. 5 1O 15 20 25 Promenant sur le grand nombre de personnes qui entouraient la table à thé les regards affables, malicieux et un peu éblouis par les rayons du soleil couchant, de ses petites prunelles rondes et exactement logées dans l'œil comme les« mouches» que savait viser et atteindre si parfaitement l'excellent tireur qu'il était, le duc s'avançait avec une lenteur émerveillée et prudente, comme, intimidé par une si brillante assemblée, il eût craint de marcher sur les robes et de déranger les conversations.

Un soupire permanent de bon roi d'Yvetot légèrement pompette, une main à demi dépliée flottant, comme l'aileron d'un requin, à côté de sa poitrine, et qu'il laissait presser indistinctement par ses vieux amis et par les inconnus qu'on lui présentait, lui permettraient, sans avoir a faire un seul geste ni à interrompre sa tournée débonnaire, fainéante et royale, de satisfaire à l'empressement de tous, en murmurant seulement: « Bonsoir, mon bon, bonsoir, mon cher ami, charmé, monsieur Bloch, bonsoir, Argencourt», et près de moi qui fus le plus favorisé, quand il eut entendu mon nom:« Bonsoir, mon petit voisin, comment va votre père ? Quel brave homme ! » Il ne fit de grandes démonstrations que pour Mme de Villeparisis crJ qui lui dit bonjour d'un signe de tête en sortant une main de son petit tablier.

Formidablement riche dans un monde où on l'est de moins en moins, ayant assimilé à sa personne d'une façon permanente la notion de cette énorme fortune, en lui la vanité du grand seigneur était doublée de celle de l'homme d'argent, l'éducation raffinée du premier arrivant tout juste à contenir la suffisance du second. (1) Mme de Villeparisis, liée au duc de Guermantes par des rapports familiaux, est la personne chez qui se déroule la scène dépeinte par le narrateur. 6.

PROUST, ((À l'ombre des jeunes filles en fleurs», À la recherche du temps perdu. 5 10 15 20 25 30 35 Certains jours, mince, le teint gris, l'air maussade, une transpa­ rence violette descendant obliquement au fond de ses yeux comme il arrive quelquefois pour la mer, elle semblait éprouver une tristesse d'exilée.

D'autres jours, sa figure plus lisse engluait les désirs à sa surface vernie et les empêchait d'aller au delà; à moins que je ne la visse tout à coup de côté, car ses joues mates comme une blanche cire à la surface étaient roses par transparence, ce qui donnait tellement envie de les embrasser, d'atteindre ce teint différent qui se dérobait.

D'autres fois, le bonheur baignait ces joues d'une clarté si mobile que la peau, devenue fluide et vague, laissait passer comme des regards sous-jacents qui la faisaient paraître d'une autre couleur, mais non d'une autre matière, que les yeux ; quelquefois, sans y penser, quand on regardait sa figure ponctuée de petits points bruns et où flottaient seulement deux taches plus bleues, c'était comme on eût fait d'un œuf de chardonneret, souvent comme d'une agate opaline travaillée et polie à deux places seulement où, au milieu de la pierre brune, luisaient, comme les ailes transparentes d'un papillon d'azur, les yeux où la chair devient miroir et nous donne l'illusion de nous laisser, plus qu'en les autres parties du corps, approcher de l'âme. Mais le plus souvent aussi elle était plus colorée, et alors plus animée; quelquefois seul était rose, dans sa figure blanche, le bout de son nez, fin comme celui d'une petite chatte sournoise avec qui l'on aurait eu envie de jouer; quelquefois ses joues étaient si lisses que le regard glissait comme sur celui d'une miniature sur leur émail rose, que faisait encore paraître plus délicat, plus intérieur, le couvercle entr'ouvert et superposé de ses cheveux noirs ; il arrivait que le teint de ses joues atteignît le rose violacé du cyclamen, et parfois même, quand elle était congestionnée ou fiévreuse, et donnant alors l'idée d'une complexion maladive qui rabaissait mon désir à quelque chose de plus sensuel et faisait exprimer à son regard quelque chose de plus pervers et de plus malsain, la sombre pourpre de certaines roses d'un rouge presque noir ; et chacune de ces Albertine était différente, comme est différente chacune des apparitions de la danseuse dont sont transmutées les couleurs, la forme, le caractère, selon les jeux innombrablement variés d'un projecteur lumineux. Textes complémentaires 7.

Mlle de SCUDÉRY, Le Grand Cyrus. 5 10 15 20 25 30 35 40 Cléomire est grande et bien faite ; tous les traits de son visage sont admirables ; la délicatesse de son teint ne se peut exprimer ; la majesté de toute sa personne est digne d'admiration et ils sort je ne sais quel éclat de ses yeux qui imprime le respect dans l'âme de tous ceux qui la regardent...

Sa physionomie est la plus belle et la plus noble que je vis jamais, et il paraît une tranquillité sur son visage qui fait voir clairement qu'elle est celle de son âme.

On voit même en la voyant seulement que toutes ses passions sont soumi­ ses à raison et ne font point de guerre intestine dans son cœur ; en effet je ne pense pas que l'incarnat qu'on voit sur ses joues ait jamais passé ses limites et se soit épanché sur tout son visage, si ce n'a été par la chaleur de l'été ou la pudeur, mais jamais par la colère ni par aucun dérèglement de l'âme ; ainsi Cléomire étant toujours également tranquille, est toujours également belle ... Au reste, l'esprit et l'âme de cette merveilleuse personne surpas­ sent de beaucoup sa beauté; le premier n'a pas de bornes dans son étendue et l'autre n'a point d'égale en générosité, en constance, en bonté, en justice et en pureté.L'esprit de Cléomire n'est pas un de ces esprits qui n'ont de lumière que celle que la nature leur donne, car elle l'a cultivé soigneusement, et je pense pouvoir dire qu'il n'est point de belles connaissances qu'elle n'ait acquises.

Elle sait diverses langues et n'ignore presque rien de tout ce qui mérite d'être su, mais elle le sait sans faire semblant de le savoir et on dirait à l'entendre parler, tant elle est modeste, que par le simple sens commun et par le seul usage du monde.

Cependant elle se connaît à tout ; les sciences les plus élevées ne passent point sa connaissance; les arts les plus difficiles sont connus d'elle par­ faitement ; elle s'est fait faire un palais de son dessin ( 11, qui est un des mieux entendus du monde, et elle a trouvé l'art de faire en une place de médiocre C2> grandeur un palais d'une vaste étendue. L'ordre, la régularité et la propreté c3> sont dans tous ses apparte­ ments et à tous ses meubles ; tout est magnifique chez elle et même particulier ; les lampes y sont différentes des autres lieux ; ses cabinets C5> sont pleins de mille raretés qui font voir le jugement de celle qui les a choisies ; l'air est toujours parfumé dans son palais ; diverses corbeilles magnifiques, pleines de fleurs, font un prin­ temps continuel dans sa chambre, et le lieu où on la voit d'ordi­ naire est si agréable et si bien imaginé, qu'on croit être dans un enchantement, lorsqu'on y est auprès d'elle.

Au reste personne n'a eu connaissance si délicate qu'elle pour les beaux ouvrages de prose ni pour les vers ; elle en juge pourtant avec une modération merveilleuse, ne quittant jamais la bienséance de son sexe, quoi­ qu'elle en soit beaucoup au-dessus. (]) de son dessin: sur ses plans. (2) médiocre: moyenne. (3) propreté : élégance. (4) particulier: original. (5) cabinets : petits salons de réception substitués aux vastes salles. 8.

BALZAC, Eugénie Grandet. 5 JO 15 20 25 30 Au physique, Grandet était un homme de cinq pieds, trapu, carré, ayant des mollets de douze pieds de circonférence, des rotules noueuses et de larges épaules, son visage était rond, tanné, marqué de petite vérole ; son menton était droit, ses lèvres n'offraient aucune sinuosité, et ses dents étaient blanches ; ses yeux avaient l'expression calme et dévoratrice que le peuple accorde au basi­ lic ; son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives ; ses cheveux jaunâtres et grison­ nants étaient blanc et or, disaient quelques jeunes gens qui ne connaissaient pas la gravité d'une plaisanterie faite sur monsieur Grander.

Son nez, gros par le bout, supportait une loupe veinée que le vulgaire disait, non sans raison, pleine de malice.

Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l'égoïsme d'un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l'avarice et sur le seul être qui lui fût réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière.

Attitude, manières, démarche, tout en lui, d'ailleurs, attestait cette croyance en soi que donne l'habitude d'avoir toujours réussi dans ses entreprises.

Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, monsieur Grandet avait-il un caractère de bronze.

Toujours vêtu de la même manière, qui le voyait aujourd'hui le voyait tel qu'il était depuis 1791.

Ses forts souliers se nouaient avec des cordons de cuir ; il portant en tout temps des bas de laine drapés, une culotte courte de gros drap marron à boucles d'argent, un gilet de velours à raies alternativement jaunes et puce, boutonné carrément, un large habit marron, à grands pans, une cravate noire et un chapeau de quaker.

Ses gants, aussi solides que ceux des gendarmes, lui duraient vingt mois et, pour les conserver propres, il les posait sur le bord de son chapeau à la même place, par un geste méthodique.

Saumur ne savait rien de plus sur ce personnage. 9.

ZOLA, La Fortune des Rougon. Nous sommes à la veille du coup d'État du 2 décembre 1851.

Pierre et Félicité Rougon, petits bourgeois médiocres et arrivistes, tiennent un salon conservateur à Plassans.

Félicité invite son fils Pascal, médecin passionné de recherches scientifiques, à lefréquenter afin de s'y consti­ tuer une clientèle.

Pascal accepte, et passe en revue lafaune pittoresque qui hante le salon de ses parents. s JO 15 20 25 30 L'idée de réussir, de voir toute sa famille arriver à la fortune, était devenue une monomanie O J chez Félicité.

Pascal, pour ne pas la chagriner, vint donc passer quelques soirées dans le salon jaune. Il s'y ennuya moins qu'il ne le craignait.

La première fois, il fut stupéfait du degré d'imbécillité auquel un homme bien portant peut descendre.

Les anciens marchands d'huile et d'amandes, le marquis et le commandant eux-mêmes lui parurent des animaux curieux.... »

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