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5e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL PEINTURE ET ÉCRITURE LISTE 1 - Des écrits inspirés directement par les arts picturaux - DIDEROT,...

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« 5e ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL PEINTURE ET ÉCRITURE LISTE 1 - Des écrits inspirés directement par les arts picturaux - DIDEROT, Les Salons : Salon de 1767: la poétique des ruines, à par­ tir des tableaux de Hubert Robert ou - DIDEROT, Les Salons : Salon de 1765: sur deux esquisses de Greuze, Le Fils ingrat et Le mauvais Fil� puni - HUGO, Voix intérieures, X: A Albert Dürer ou - GAUTIER, Espafla : Ribeira __ - BANVILLE, Stalactites : « Sculpteur, cherche avec soin...

» - BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal: Les Phares ou -MALLARMÉ, Poésies : Sainte ■ Il - Une écriture qui est peinture Fresques et tableaux - HUGO, La Légende des Siècles: Booz endormi, Ill : « Pendant qu'il sommeillait.../.

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Cette faucille d'or dans le champ des étoiles» ou - LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques et Poésies diverses : Midi -FLAUBERT, Salammbô, 111, invocation à Tanit: «.La lune se levait à ras des flots.../...

au bas des remparts» -GIDE, Uzès ■ Portraits ou dessins - BALZAC, Le Père Goriot, la déchéance du Père Goriot : « Vers la fin de la troisième année.../.

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défaut d'intelligence » - FLAUBERT, Salammbô, 1, l'arrivée de Salammbô : « Le palais s'éclaira.../...

tenait à sa main droite une petite lyre d'élève» - MAUPASSANT, Contes rustiques : La Béte à Mait'Belhomme : « La diligence du Havre allait quitter Criquetot.../...

monta sur son siège et fit claquer son fouet » Cette étude thématique d'oral peut être subdivisée en deux. Chaque liste peut comporter cinq ou six textes ; le choix proposé entre certains textes permet de réduire la liste d'ensemble à un nombre réglementaire ; si la liste était subdivisée en deux ou si une moitié seulement était prise (1 ou Il), le choix ne serait plus de mise. PLAN PROPOSÉ Présentation Kipling dans un conte plein d'humour des Histoires comme ça imagine la naissance de la première écriture à partir de dessins plus ou moins infor­ mes d'une petite fille voulant établir une communication entre son papa parti à la pêche et le village.

Si l'on pense aux hiéroglyphes de l'ancienne Égypte et aux idéogrammes japonais ou chinois, on se rend compte que l'écriture est une forme de dessin à l'origine moins stylisée que l'écriture occidentale pourrait le faire penser.

Inversement, le dessin et ies arts pic­ turaux sont une manière de communiquer - ainsi les dessins et peintures des grottes préhistoriques - , mais absolument pas orale comme le sont le chant et la musique, plus durable donc, car fixée sur matières et non soluble dans l'air.

La littérature est alors en rapport avec cet autre art si élaboré qui est celui des peintres. ■ 1.

Des écrits inspirés par les arts picturaux C'est surtout à partir du xv111• siècle que des écrivains patentés tirent matière artistique et réflexions littéraires des œuvres des peintres.

En effet, c'est à partir de ce siècle que l'Académie de peinture et de sculpture pré­ senta les œuvres de ses membres au public et inaugura les Salons, c'est­ à-dire des expositions.

Or un des Encyclopédistes amis de Diderot, le phi­ losophe et critique allemand Grimm, était rédacteur d'une correspondance littéraire, philosophique et critique (17 volumes) dont le but était de rensei­ gner certains princes étrangers sur la vie intellectuelle parisienne (par exem­ ple Catherine de Russie).

Il demande à Diderot de lui fournir des comptes rendus des différents salons, ce que fit Diderot à partir de 1759.

Ce ne sont pas des textes de critique d'art que les Salons de Diderot, non plus que ses Pensées détachées sur la peinture.

L'écrivain fait œuvre de poète et exprime ses émotions avec enthousiasme : ainsi dans les textes relatifs à la poétique des ruines, sur le tableau Grande Galerie éclairée du tond d'Hubert Robert, in Le Salon de 1767.

Il commence à y exprimer un cer­ tain sentiment pour la nature, ce qui, depuis le xv11e siècle, était bien rare en littérature.

Il y fait preuve aussi d'une sensibilité qu'on a pu qualifier de préromantique ; son intérêt pour les ruines lui inspire en effet des réflexions morales qui annoncent Chateaubriand.

Il passe aussi de la critique d'art à la critique sociale.

Dans le texte relatif à deux esquisses de Greuze, in Le Salon de 1765, son esthétique se montre bien et les réactions qu'il éprouve et exprime avec véhémence permettent de distinguer les rapports de !'écrivain avec les tableaux.

li les décrit, il ne les analyse pas technique­ ment.

Il demande surtout implicitement à la peinture de provoquer son émo­ tion, d'être pathétique.

Il lui demande aussi de réveiller le sentiment de la vertu, d'être morale et moralisatrice.

Mais en même temps, il refait lui-même les tableaux, par l'écriture, et se révèle ainsi créateur dans sa critique. VOCABULAIRE •idéogramme : racine grecque = idée et gramma = carac­ tère d'écriture.

Un idéogramme idéa est un signe qui représente l'idée d'un mot et non sa prononciation. 5° ÉTUDE THÉMATIQUE D'ORAL ■ Plus puissante et indépendante presque du peintre et graveur Albert Dürer est la création poétique de Hugo inspirée par certaines des œuvres de Dürer. Dans Les Voix intérieures, X, À Albert Dürer, ce qu'il exprime, c'est d'abord une grande admiration, donc un sentiment, non un jugement critique.

Puis il interprète les intentions du graveur et, à partir de ses réalisations, il se laisse aller lui-même à une création fantastique de l'imaginaire. De la description et des sensations, il s'élève presque à la vision hallucinatoire, entendant« rire et se parler{.

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] les chênes monstrueux», mêlant ainsi, comme dans les rêves, visuel et auditif. ■ Gautier, lui, dans Émaux et Camées, est réellement critique d'art soit pictural soit poétique.

Mais sa critique est la trame d'une poésie rigoureuse et nuancée, et en questionnant a posteriori tel peintre, il pose aux hommes et à lui-même les questions essentielles sur l'art.

Peintre lui-même, Gautier part d'une technique vécue et peut en toute connaissance chanter lyriquement la Beauté et l'art pictural.

C'est le cas, dans le recueil Espana, d'une pièce sur Ribeira ou Ribera, un peintre espagnol du xvue siècle.

De romantique échevelé, Gautier était passé à l'école parnassienne, éprise d'impersonnalité, de rigueur et même de contraintes. ■ Banville, disciple de Leconte de Lisle, plaide aussi pour« l'art pour l'art» et dans les arts plastiques qu'il évoque, dans une poésie elle-même pittoresque, il privilégie la sculpture.

Déjà Gautier, parlant de la poésie, demandait qu'on« sculpte, lime, cisèle».

Représentant une scène de la frise des Panathénées, au Parthénon, dans Stalactites (1846) (« Sculpteur, cherche .

avec soin ...

»), Banville dessine et sculpte son modèle, mais en vers.

Il ne juge pas, il «représente», sous la forme de conseils pour tous ceux qui veulent réaliser la Beauté plastique. ■ Baudelaire lui aussi est passionné d'arts picturaux.

Il fut d'ailleurs remarquable critique d'art, précurseur de la critique d'art moderne dans ses écrits Le Salon de 1845, Le Salon de 1846, L 'Exposition universelle de 1855, et Le Salon de 1859.

Il écrit lui-même qu'il a« un goût permanent depuis l'enfance de toutes les représentations plastiques ».

Dans Les Phares (Spleen et Idéal in Les Fleurs du Mal), à travers la présentation toute de densité (un quatrain pour chacun) des grands maîtres en peinture et d'un sculpteur, Baudelaire établit équivalences et transpositions entre ces arts et la poésie.

C'est« un jeu savant d'évocations indirectes» (Ruff), mais aussi un hommage exceptionnel rendu aux artistes de certains domaines par un artiste théoriquement d'un domaine différent.

C'est aussi une reconnaissance de la grandeur et de la dignité de l'homme. ■ Mallarmé, le grand prêtre du symbolisme, propose également une véritable équivalence entre les deux arts peinture ou graphisme et musique, le tout rendu par un troisième art, la Poésie, dans Sainte (Poésies, 1865). Figures et sons puis mots translatent de l'une à l'autre et des uns à l'autre. Phrases et associations dégagent les images.

En évoquant une figure de vitrail dans ce poème qui devait s'intituler à l'origine Sainte Cécile jouant sur l'aile d'un Chérubin, Mallarmé à la fois entend et voit symboliquement. Sainte Cécile est la patronne de la musique.

Quant à l'instrument qui veut traduire en même temps chanson et images : la Poésie, elle est à la fois mélodique et descriptive, entraînant aussi vers les rêves anciens et vers des aspirations presque mystiques. 49 ■ 2.

Une écriture qui est peinture Fresques et tableaux D'autre part, les écrivains n'ont pas besoin de partir de la contemplation d'un vitrail, d'une peinture ou d'une sculpture pour faire œuvre picturale avec leur écriture.

Beaucoup - mais c'est plus ou moins marqué selon l'école littéraire à laquelle ils appartiennent - font de leur art propre un instrument proche de la palette du peintre.

Mots, tournures, images, compo­ sition permettent de constituer d� véritables fresques. - Ainsi Hugo dans La Légende des Siècles, Booz endormi, 38 partie : « Pendant qu'il sommeillait»...

« Cette faucille d'or dans le champ des étoi­ les ».

Ce dernier vers est justement célèbre.

Il clôt de façon grandiose, colo­ rée et suggestive un très beau tableau de nocturne tout en transparence. Le poète peint à l'aide d'un subtil travail de rythmes, d'éléments senso­ riels, aussi bien tactiles (sensation de pure fraîcheur) et auditifs que visuels, de répétitions, d'antithèses d'ombres et luminosité, d'accents et sonorités, enfin d'une métrique savante.

Le tableau devient une véritable transfigura­ tion poétique. - Grand maître de l'école réaliste et passionné de Beauté, Flaubert ne pouvait être de reste et a effectivement, dans une prose poétique vigou­ reuse, présenté tableaux et fresques d'une grande magnificence.

Dans Salammb6, chapitre Ill, l'invocation de la jeune Salammbô à la déesse bar­ bare Tanit est préparée par la peinture d'un nocturne tout en clair-obscur. De la terrasse du palais d'Hamilcar se déroule le spectacle de Carthage la.

nuit.

L'impression de mystère qui s'en élève alourdit l'atmosphère du roman et annonce au mieux le mysticisme inquiétant et rituel du salut de Salammbô à la déesse.

Le rythme des phrases, la douceur des sons, l'enchaînement des images et des sensations se balancent avec la musi­ calité de cette prose pour que se dégage de ce paysage nocturne pittores­ que une impression de mélancolie mystique, en même temps qu'une peinture très exacte de la Carthage antique. - Nous retrouvons ce même désir que le tableau présenté par l'éèrivain ne se contente pas d'être une description pittoresque, mais transmette l'âme du paysage ou pays dépeints, chez Gide dans Uzès.

Cette page est l'extrait d'un article paru dans L'Occident en novembre 1902 et reproduit dans les Morceaux choisis d'André Gide édités par Galli.mard.

De père uzétien et de mère normande, Gide évoque avec bonheur,« du bord des bois nor­ mands», le riant climat et« l'air embaumé» de la ville méridionale, Uzès. En même temps, il peint« l'âme antique» de ce pays, la belle« sévérité» et l'héritage« presque latin» de cette terre du bas Languedoc qui lui est particulièrement chère. ■ Portraits ou dessins - Plus encore peut-être que par les paysages, les peintres sont intéres­ sés par le portrait.

Or ce genre a tout en lui pour plaire particulièrement aux écrivains, car il permet de camper les personnages, de leur donner corps physiquement.

On fouillera les physionomies et les attitudes corporelles et ainsi se dégageront des caractères.

Balzac y excelle.

Ses descriptions minu­ tieuses ne laissent dans l'ombre aucun détail des traits ou même de la confi­ guration des crânes.

Il croyait en effet à la physiognomonie et pensait que couleur d'yeux, direction de rides ou bosses du crâne, pouvaient être révé­ latrices.

Chacun des détails du portrait, y compris la démarche, les regards, le costume, contient une caractéristique dont le rapprochement avec les autres précisions cerne le personnage peu à peu.

Dans une page célèbre, racontant la déchéance du Père Goriot (« Vers la fin de la troisième année... défaut d'intelligence»), la comparaison entre l'apparence du Père Goriot, ruiné par ses filles, et celle qu'il avait lorsque, riche et repu, il s'était ins­ tallé trois ans avant à la Pension Vauquer, fait du portrait du pauvre homme une figure en relief saisissante. - Flaubert, lui aussi, manie l'art du portrait.

Celui qu'il a tracé du jeune Charles Bovary, par exemple, est une indication pour comprendre la suite du roman, spécialement l'échec du mariage de Charles et d'Emma.

Dans Salammbô (« Le palais s'éclaira»...

« une petite lyre d'ébène»), l'entrée de la jeune vierge, toute de noir vêtue, entourée de prêtres en longues tuni­ ques blanches, doit frapper les Barbares déjà échauffés par le vin.

Elle res­ semble en effet à une idole par sa place - en haut de l'escalier - , sa démarche très lente, tandis que sa traîne se déroule peu à peu le long des marches.

Elle représente pour eux symboliquement le petit serpent.... »

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