865 LE XXe SIÈCLE IBÉRIQUE fondamentale d'Unamuno est celle de Kierkegaard (voir 195.2, C, b) : comment rendre compte de...
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LE XXe SIÈCLE IBÉRIQUE
fondamentale d'Unamuno est celle de Kierkegaard
(voir 195.2, C, b) : comment rendre compte de la
nature totale de l'homme, en adoptant une position
intermédiaire entre le rationalisme limité de l'Occident
et le mysticisme excessif de l'Orient? Cette inquiétude
intérieure, Unamuno la transforme en une inquiétude
« patriotique » (sociale); si l'existentialisme kierke
gaardien peut répondre à la question : « Quelle est la
nature et le destin de l'homme? », il ne peut répondre
à la question : « Quelle est la nature et le destin de
l'Espagne? » C'est à ce problème, qu'après Ganivet,
Unamuno s'attela durant toute sa vie.
La liste de ses
œuvres les plus marquantes, ci-dessous, est signifi
cative.
- 1895 - L'Essence de l'Espagne (En torno al casticismo) ;
essai.
- 1902 - Amour et pédagogie: roman.
- 1905 - La
VIe de Don Quichotte et de Sancho Pança;.commentaire
capital sur l'œuvre de Cervantès.
-1914 • Brouillard (Niebla);
roman, Unamuno disait nivola, mot fabriqué par lui à partir
de nove/a, « roman •• et niebla, «brouillard •· La technique
d 'Unamuno n'est pas traditionnelle (une ambiance, des per
sonnages, une intrigue); elle exige du lecteur un effort, une
participation (il règne dans sa «nouvelle • une certaine
«nébulosité»).
- 1914 • Le Sentiment tragique de la vie.
1920 • Le Christ de Vélasquez; le sommet de sa poésie.
- 1921
• Trois Nouvelles exemplaires et un prologue; roman.
1921 • La Tante Tula; roman.
- 1924 - L'Agonie du chris
tianisme; essai.
- 1925 - De Fuerteventura à Paris; poésies.
- 1928 - Lt, Romancero de l'exil; poésies.
Les œuvres d'Unamuno.
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Miguel de
Unamuno, par Juan de Etchevarria.
865.1 - LA LITTÉRATURE ESPAGNOLE.
culture, de son histoire, et aussi sur un amour très
sincère de son pays.
Ses analyses ont inspiré les deux
générations qui l'ont suivi.
Le programme culturel de
Ganivet consiste à renoncer à la rhétorique des XVIII• et
XIX• siècles, à retrouver les véritables forces nationales
et à les adapter au monde moderne : c'est une redé
couverte de l'Espagne.
• Dans Je domaine poétique, la révolution a été
accomplie par le poète nicaraguayen Rubén Darlo
(1867 -1916) qui a introduit en Espagne le modernisme
(nouveaux thèmes, rupture avec la versification aca
démique, « audaces » poétiques, etc.).
Voir 867.2.
A.
a.
Les principaux maitres de la génération de 1898
sont : Unamuno, Azorln, Valle lnclân, Baroja, et le
poète Antonio Machado.
Dans l'histoire troublée de l'Espagne au XX• siècle,
retenons trois événements importants : sa défaite dans
la guerre de Cuba en 1898, qui provoque la colère de
la jeune génération (la génération de 1898), la dictature
de Primo de Rivera (1923-1930), l'échec républicain
et la Guerre civile de 1936-1939 qui permet au général
Franco de prendre le pouvoir et d'instaurer un gouver
nement autoritaire.
L'Espagne n'a participé à aucune
des deux Guerres mondiales et a tenté, durant ces
soixante-dix dernières années, de s'intégrer progressi
vement au monde moderne, du point de vue politique.
économique et intellectuel, en renonçant à la contem�
plation stérile du passé.
Nous n'avons pas à juger, ici,
du succès ou de l'échec de cette tentative; retenons
que cette phase de transformation, très importante, b) Les principaux représentants
a provoqué l'éclosion et le développement d'une litté
de la génération de 1898.
rature de réflexion et de critique, extrêmement abon
dante, à laquelle nous ne pourrons faire allusion que
• Miguel de Unamuno (1864-1936).
Cet
sous la forme d'une énumération fatalement limitée.
humaniste basque qui a été professeur de grec à
l'université de Salamanque et a fait connaitre Kierke
gaard et l'existentialis·me à ses compatriotes.
a mené
une lutte philosophique incessante contre l'obscuran
A - La génération de 1898.
tisme, l'hypocrisie sociale et politique, les fanatismes
de tout genre; il a publié une œuvre extrêmement
a) Les principales tendances.
abondante (poésie, roman, théâtre, essai, etc.).
Dans un essai philosophique Le Sentiment tragique
• La voie a été préparée par les essais d'Angel
Ganivet (1865-1898), dont les deux principaux ou de la vie (1914) se trouve résumé l'essentiel de la
vrages sont : ldearium espanol (1897) et Les Travaux pensée d'Unamuno.
La conception nationaliste et posi
de l'infatigable créateur Plo Cid (1898).
Ganivet a tiviste de l'homme ne rend pas compte de ses contra
donné une analyse critique des grandeurs et des peti dictions (on dira bientôt, avec Kafka, du sentiment de
tesses de l'Espagne, fondée sur une connaissance de sa l'absurde), de ses passions, de ses échecs.
L'inquiétude
• Azorin (José Martlnez Ruiz, 1874-1967).
Sa longévité en a fait un auteur contemporain.
C'est
un essayiste.
fortement influencé par ses séjours en
France.
Il a été anarchiste dans sa Jeunesse pour
devenir un parfait conservateur en son âge m0r.
Principales œuvres : L'Ame castillane (1900), Les
Confessions d'un petit philosophe (1904); Lectures
espagnoles (1912), Castille (1912), Les Valeurs litté
raires (1913), En marge des classiques (1915).
Azorln, remarquable styliste, est aussi un précurseur
du « roman sans personnage » à la manière du nouveau
roman (La Volonté, Un Caprice, Dona Inés).
• Ramon del Valle-Inc/an (1869-1936).
Il
a écrit une œuvre considérable, aussi bien en qualité
qu'en quantité, à laquelle on pourrait attribuer le
qualificatif de « baroque ».
Il aime l'excès, le bizarre,
le décadent, la truculence mais aussi l'archaïsme, la
violence et le primitivisme (du moins dans sa première
manière).
A partir de 1920, il évolue vers la déformation
systématique, jusqu'au ridicule, des choses et des per
sonnages (ce qu'on appelle en espagnol l'esperpento).
Il aurait peut-être été dada s'il avait vécu à Paris.
Ses pièces de théâtre sont de grands drames, difficiles
à mettre en scène, qui peuvent être rapprochés des
drames brechtiens (bien qu'il n'ait pas les mêmes préoc
cupations).
Principales œuvres : Les Quatre Sonates
(1902-1905) qui raconte les aventures d'un personnage
Antonio Machado, par Alvaro Delgado.
José
Ortega
y
Gasset.
• La critique de José Ortega y Gasset (1883• Luis Cernuda (1902-1963).
Influencé par le
1955) a lancé un courant anti-unamuniste.
Professeur surréalisme, se réclamant de Keats et de Hôlderlin,
de philosophie, fondateur en 1923 de la Revue de exilé au Mexique où il est mort.
On lui doit : Invocations
l'Occident, il s'intéresse aux idées et abstractions plus aux grâces de ce monde, La Réalité et le désir (1924),
qu'aux êtres humains (c'est un « essentialiste » plus Les Plaisirs interdits (1931), Les Nuages (1937-1940),
qu'un « existentialiste »).
De son enseignement très Là où vivra l'oubli (1932-1933), et plus récemment
intellectualisé peuvent se réclamer bien des romanciers Vivre sans être vivant (1949), La Désolation de la
contemporains comme Antonio Espina (né en 1894); chimère (1956-1962).
Miguel Villalonga (1899-1947), Mauricio Bacarisse
• A ces trois poètes importants il faut ajouter les
(1895-1931).
noms de Damaso Alonso (né en 1898), Vicente
Aleixandre (né en 1898, Prix Nobel 197 7).
Rafael
Alberti (né en 1902) écrivain engagé, Manuel Altola
guirre (1906-1961 ).
Emilio Prados (1899-1962).
• Parmi les critiques essayistes, on peut citer :
Salvador de Madariaga, Gregorio Maran6n, Américo
Castro, et des disciples d"Unamuno comme Federico
de Onfs.
(Pour la poésie, voir ci-dessous, C).
c) Federico Garcia Lorca (1898-1936).
On doit admirer en Garcia Lorca autant le poète, tout
à la fois lyrique, précieux, presque gongoriste, et
l'homme de théâtre (il avait créé un théâtre itinérant,
La Barraca, qui portait le message théâtral aux paysans
illettrés de l'Espagne).
C - Les années 30.
à mi-chemin entre Don Juan et Casanova, le marquis
de Bradomin, « laid, catholique et sentimental »;
1909 : Comme un vol de gerfauts (sur la guerre car
liste); 1907 : L'Aigle de blason; 1908 : La Nouvelle
des loups; 1922 : Beau Visage : ces trois nouvelles
dialoguées, burlesques et poétiques, constituent ce
qu'il appelle les Comédies barbares; Divines paroles
(1920), tragédie qui renoue avec le réalisme de la
Célestine; des œuvres appartenant à sa période d'humour
noir (esperpento) : Les Cornes de don Friolera, Les
Lumières de Bohême, etc,
Après la tentative de dictature de Primo de Rivera,
l'Espagne connaît une période républicaine interrompue
par la Guerre civile de 1936.
C'est dans cette période
que se situe l'œuvre du plus grand écrivain espagnol
du XX• siècle, Federico Garcia Lorca (1899-1936;
Garera Lorca a été, on le sait, fusillé au début de la
Guerre civile par la milice franquiste de Grenade, ce qui
a arraché au poète Machado un texte célèbre : Le
• Plo Baroja (1872-1956).
C'est un basque,
comme Unamuno.
Médecin de campagne puis jour
naliste, il a publié à partir de 1900 plus d'une centaine
d'ouvrages fortement influencés par les Français
(Balzac, Stendhal), Dickens, Dostoïevski et les philo
sophes allemands du XIX• siècle.
Comme Valle-lnclan,
Baroja est un anarchiste romantique qui s'est complu
a décrire des héros antisociaux (il a notamment
dépeint avec férocité les bas-fonds de Madrid).
Princi
pales œuvres : La Maison Aizgorri (1900) ; Le Chemin
de la perfection (1902), Le Seigneur de Labraz (1903);
Les Mémoires d'un homme d'action (20 volumes),
examen impitoyable, de la société espagnole dans les
cinquante premières années du XIX• siècle, dont le héros
est le Basque Aviraneta, sorte d'anarchiste généreux,
« un de ces hommes personnellement intègres qui
cherchent les résultats sans se préoccuper des moyens».
Le grand poète traditionnel du demi-siècle est Juan
Ram6n Jiménez (1881-1958), qui a assimilé, par
l'intermédiaire du modernisme de Rubén Dario, la
plupart des influences étrangères.
A partir de lui peuvent
se distinguer trois mouvements essentiels
- Un mouvement fortement imprégné de moder
nisme et de cubisme que représentent José Moreno
Villa (1887-1947), Le6n Felipe (1884-1968), Juan
José Domenchina (1898-1959).
- Le mouvement dit de l'ultraisme,....
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