867 LITTÉRATURE HISPANO-AMÉRICAINE • Les premiers arrivés étant devenus les derniers servis, ils éprouvent le besoin d'expliquer leurs actions, de...
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LITTÉRATURE HISPANO-AMÉRICAINE
• Les premiers arrivés étant devenus les derniers
servis, ils éprouvent le besoin d'expliquer leurs
actions, de justifier leurs prétentions : d'où les auto
biographies (ou les biographies, si les intéressés sont
morts, établies par les soins de leurs descendants ou de
leurs fidèles).
Tous ces écrits- intéressant l'historien de la conquête
plus que l'historien des littératures - sont le fait de
personnages dont nous citons les principaux noms
(alphabétiquement) dans le tableau ci-dessous.
Christophe Colomb : son Journal de bord est un des grands textes de la littérature espagnole.
Du rio Bravo jusqu'au détroit de Magellan, à l'excep
tion de l'immense espace brésilien, la langue de
l'Amérique est l'espagnol, introduit par les conquista
dores et les colons des temps passés, à partir de la
fin du XV• siècle.
Conformément à une tendance
propre à l'histoire des civilisations, nous n'adopterons
qu'exceptionneflement ici la description des littératures
par « pays », comme nous l'avons fait jusqu'alors.
En
effet, jusqu'à la fin du XVlll 8 siècle, il n'existe pas de
nations hispano-américaines, mais seulement de
grandes divisions administratives imposées par la
puissance colonisatrice hispanique : les vice-royaumes
de Nouvelle-Espagne et du Pérou puis, au XVIII• siècle,
ceux de Nouvelle-Grenade et de la Plata, ainsi que des
capitaineries générales.
Sous l'influence de la révo
lution nord-américaine, qui a été le premier de ces
sursauts nationalistes par lesquels les peuples se sont
débarrassés des tutelles impérialistes européennes
(quitte à créer eux-mêmes, par la suite, de nouveaux
impérialismes), des courants de pensée français du
XVIII• siècle (les Lumières), des perturbations euro
péennes qui abaissent l'Espagne au rang de puissance
mineure (les guerres napoléoniennes), se crée en
Amérique latine un vaste mouvement d'émancipation
conduisant à la création des nations modernes (1776
le Rio de la Plata devient une vice-royauté indépen
dante; 1777 : Cuba et le Venezuela capitaineries
indépendantes; 1780 : soulèvement du Pérou contre
l'Espagne; 1781 : révolution colombienne contre
l'Espagne; 1818 : proclamation de la république au
Chili; 1821 : indépendance du Venezuela; 1822 :
indépendance de l'Équateur; 1824 : indépendance
péruvienne; etc., voir 98).
Le XIX e siècle est l'ère des
nationalismes sourcilleux, ce qui explique les divi
sions adoptées pour l'étude de la littérature de cette
période; à partir de 1890, malgré les frontières, les
différences de régimes, les orientations diverses de la
politique étrangère de chaque nation, la culture hispano
américaine s'internationalise et à peu près tous les
écrivains ont le sentiment commun d'appartenir à une
Amérique latine dont le destin historique est un et
indivisible.
Rubén Dario et Borges sont d'abord des
écrivains latino-américains.
accessoirement ils sont
l'un, citoyen du Nicaragua, l'autre, citoyen argentin.
867.1 - DES ORIGINES A 1890.
Pour la littérature précolombienne, voir 895.4, A.
A - Le XVIe siècle.
La conquête de l'Amérique a été d'abord une suc
cession d'entreprises individuelles, à partir du premier
voyage de Christophe Colomb en 1492.
Puis ce fut
une épopée nationale, commandée de loin, abstraite
ment et en fonction de principes rigoureux (enrichir
les caisses de l'État espagnol et implanter la religion
catholique en terre américaine), aboutissant à un régime
colonial centralisé et à l'invasion du nouveau continent
par des soldats qui massacrèrent systématiquement les
populations autochtones, et des jésuites qui les bapti
sèrent (parfois avant de les massacrer).
Peu à peu se
constitue outre-Alantique une hiérarchie locale, allant
des grands planteurs aux petits fonctionnaires, qui
accepte difficilement la tutelle de la Couronne (compa
rer aux colons européens de l'Algérie dans leurs
rapports avec l'État français, impérial ou républicain);
vers la fin du XVIe siècle, le contrôle de la Couronne sur
la conquête se fait plus lointain, les initiatives indivi
duelles reprennent.
La « littérature » de cette époque est constituée
uniquement de mémoires, récits d'explorations,
comptes rendus d'expéditions, correspondances de
pionniers ou de fonctionnaires, rapports économiques,
politiques ou religieux, etc.
Les thèmes varient selon
les étapes de la conquête :
• Au début du XVI• siècle : les premiers aventu
riers des mers tentent de convaincre le roi - et les
banquiers - de l'intérêt de leurs exploratioos et des
avantages qu'en pourrait tirer l'Espagne.
• Puis ce sont des comptes rendus plus scienti
fiques, établis souvent sur l'initiative de la Couronne :
nature du pays, inventaire de ses richesses, structure de
la nouvelle société coloniale.
S'y ajoutent les revendi
cations des fonctionnaires - grands ou petits - qui
ne peuvent se faire obéir des colons, et celles des
colons, qui ne veulent pas obéir aux fonctionnaires et
se plaignent des tyrannies locales.
JoaédeACOSTA (1539-1600).
- Histoire naturelle et morale des Indes (1590).
Ch ristophe COLOMB (1451 7-1506),
- Deux Lettres et son Journal de bord (en italien, 1492).
Hamén CORTéS (1485-1547),
- Lettres à Charles Quint sur la découverte et la conqulite
du Mexique (1522).
Bernai DIAZ DEL CASTILLO (1492-1581).
- Histoire véridique de la conqulite de la Nouvella-Espa(lne
par un de ses conquérants (posthume, 1632).
Gonzalo FERNANDEZ DE OVIEDO Y VALDéS (14781557).
- Histoire naturelle et générale des Indes (1525-1559).
Bartolomé de LAS CASAS (1470-1566).
- Très brève relation de la destruction des Indes (1542); il
a dénoncé les massacres d'indiens et l'envers de la colonisation.
Francisco LÔPEZ DE GÔMARA (15127-15727).
- Histoire générale des Indes occidentales et de la conqulite
du Mexique (1552-3).
Bernardino de SAHAGÜN (1500-1590).
- Histoire générale des choses de la Nouvelle-Espagne
(une anecdote : B.
de Sahagun a fait connaitre aux Européens
les c champignons sacrés » d' où proviennent les hallucino
gènes).
Amérigo VESPUCCI (1454-1512).
- Les quatre voyages d'Amérigo Vespucci (en latin, 1507),
avec une préface « cosmographique» de Martin Waltzmüller
proposant de nommer le nouveau continent America.
Alonso de ZUAZO (XVI• sillcle).
Auteur d'un des tout premiers rapports sur l'organisation de
la nouvelle société américaine, qui sera espagnole et catho
lique, (les Blancs, les esclaves noirs et les Indiens «protégés»).
Les principaux tforivains
hispano-américains du XVI• siècle.
B - Le XVII• et le début du XVI/le siècle.
Deux périodes, avant et après 1650, la première
classique et respectueuse de la tradition (hiérarchie et
religion), la seconde décadente et de tendance plus
libérale.
a) 1600-1650.
Développement de l'enseignement (écoles religieuses
des jésuites, des franciscains; enseignement des mis
sionnaires), sous le contrôle extrêmement sévère de
l'inquisition (décret de Philippe Il punissant de mort
l'introduction des ouvrages profanes aux Indes occi
dentales); imitation des habitudes intellectuelles et
culturelles de la métropole.
Ce sont là des traits
dominants de cette époque qui contribuent à la forma
tion d'un état d'esprit « provincial » (au sens péjoratif) :
les descendants des premiers aventuriers et des premiers
fonctionnaires, qu'ils soient purs européens ou 11étis,
ont mis un point d'honneur à se cultiver et sont devenus
des « nouveaux riches » de la culture, méprisant les
derniers venus, « barbares » arrivistes.
La littérature
qui se développe dans ces conditions est marquée par le
traditionalisme et le respect exagéré des formes clas
siques.
Et, alors que Cervantès (mort en 1616) venait
d'écraser avec génie les boursouflures et le mauvais
goOt, ces défauts apparaissent comme des qualités
suprêmes outre-Atlantique.
• Ce sont des Hispano-Américains qui écrivent
les trois principales œuvres épiques de la littérature
castillane : L 'Araucana d' Alonso de Ercilla y Zuiiiga
(15531-1594; au Chili), La Cristiada de Frère Diego
de Ojeda (15701-1615), dominicain au Pérou, et
Bernardo ou La victoire de Roncevaux de Bernardo de
Balbuena (1568-1627; au Mexique, puis évêque de
Porto- Rico).
• A part cela, il n'existe que des œuvres plates,
médiocres, dont pour mémoire.
nous indiquons les
principaux auteurs : Juan de Castellanos (15221607), poète et cosmographe, le Chilien Pedro de Oiia
(1570-1643), les soldats-écrivains comme Juan de
Mendoza y Monteagudo ou Martin de Barco Cente
nera; enfin Francisco de Terrazas (fin XVl•-début
XVII• s,}, premier poète né au Mexique.
• le courant historiographique se continue au
XVII• siècle, chez les Espagnols ou chez les Indiens
éduqués par eux {il y en eut quelques-uns, malgré la
politique coloniale}.
L'œuvre majeure est ici celle de
Garcilaso de la Vega, dit Garcilaso l'inca (1549 71617 ?), auteur des Commentaires royaux connus aussi
sous le titre l 'Histoire des Incas, rois du Pérou {16091617).
Autres historiens : le créole chilien Alonso de
Ovalle (1601-1651), Jer6nimo de Mendieta (15251604), Frère Esteban de Asensio (Mémoire sur la
fondation de Santa-Fe, vers 1565).
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� b) L'évolution littéraire hispano-américaine de
1750 à 1890.
b) La deuxième moitié du XVII• siècle et
le XVIII• siècle.
Le processus culturel amorcé à la période précédente
s'exaspère ( « le fils renie son porcher de père; la fille
son aventurière de mère...
», Ch.
Aubrun, Histoire des
lettres hispano-américaines, Paris, 1954, p.
65).
Les
interdictions de l'inquisition ne peuvent plus s'opposer
à la circulation des livres européens; on admire les
auteurs latins (Ovide}, les romans de chevalerie, les
romans galants et surtout le grand G6ngora (voir
862.1, A, c).
Les femmes - y compris les religieuses jouent un rôle important dans la diffusion de la culture
(comme en France à la même époque : les salons) :
naissance d'une littérature de cloitres.
Dans l'ensemble les œuvres sont tout aussi plates
qu'auparavant; ce qui est le plus frappant c'est
l'absence totale de ce qui fait la qualité d'une littérature :
le sens de l'humour.
Poésie précieuse, œuvres encyclo
pédiques, romans picaresques maladroits qui semblent
écrits par des romanciers ignorant l'existence du Don
Quichotte, théâtre édifiant, poésie dévote plus que
mystique, tels sont les genres pratiqués.
Deux noms
érne.1gent de cette médiocrité : celui de Carlos de
Sigüenza y G6ngora (1645-1700), neveu du poète
espagnol, et le premier grand polygraphe hispano
américain, et surtout l'étonnante Sœur Juana Inés de la
Cruz (1651-1695), de son nom laïc Juana de Asbaje,
m.exicaine, en laquelle on voit parfois un G6ngora
h.i!,pano-américain.
La plupart de ses poésies, écrites
pour les circonstances, à l'instance de ses amis,
trahissent un go0t immense du savoir, une science
précise de la versification, mais aussi un lyrisme inté
rieur de qualité.
Son activité littéraire fut interrompue
par ordre des autorités ecclésiastiques; elle dut se
mortifier et mourut en soignant ses sœurs en religion,
atteintes de la peste.
L'œuvre poétique de Sœur
Juana, au demeurant assez hermétique, a été rappro
chée de celles de Rimbaud, des surréalistes et de
Borges.
Les autres écrivains de la période 1 650-1750,
qu'ils appartiennent aux milieux précieux du Pérou
(académie à Lima, où paraissent vers 1670-1680 les
premières gazettes), comme Juan de Espinosa Medrano
(1629-1682), et Luis Belmonte y Bermudez (15871650; nouvelliste et auteur d'une comédie) ou qu'ils
participent à la vie littéraire moins raffinée mais plus
homogène du Mexique (où nait le dramaturge castillan
J.
Ruiz de Alarc6n, voir 862.1, B, c), ne présentent
qu'un intérêt secondaire.
C - L'ère
de /'émancipation
nationalismes.
et
• Après 1830, la période libérale s'estompe.
Les conservateurs reprennent les guides politiques et la
bourgeoisie hispano-américaine découvre une autre
philosophie française, moins dangereuse pour les pri
vilégiés que celle des philosophes du XVIII• siècle : le
positivisme d'Auguste Comte (voir 194.1, D, b), qui
prône le progrès (technique et social} dans l'ordre et
la technocratie.
Le romantisme n'a pas, en Amérique
du Sud, ni au Mexique, la virulence qu'il présente en
Europe.
Par contre, notamment après 1848, l'idéalisme,
le réalisme et l'historicisme triomphent dans ce climat
scientiste beaucoup moins nuancé là-bas qu'en nos
contrées; ils s'épanouissent dans le roman qui connait
un essor considérable.
II convient d'étudier la période 1750-1890 en fonction
de l'éclosion des littératures purement nationales :
Mexique, Antilles, Pérou-Chili, Grande Colombie, pays
de la Plata.
Sim6n Bolivar.
politiquemen� unifié par la colonisation espagnole une
mosaïque d'Etats autonomes et jaloux de leur person
nalité nationale.
En ce qui concerne l'histoire littéraire de cette période
qui se situe entre 1750, où ont lieu les préludes à une
future séparation de la métropole espagnole, et 1890,
date marquant l'avènement du modernisme, on peut
retenir quelques idées directrices qui s'appliquent à
toutes les littératures nationales hispano-américaines
avec des variantes dues aux circonstances et au�
retards (ou aux accélérations) de l'évolution politique.
• la fragmentation nationale est caractéristique;
les genres littéraires classiquement espagnols (élo
quence sacrée, art oratoire, théâtre d'édification),
,
s effacent devant des tentatives nouvelles qui se déve
loppent autour des sociétés littéraires et culturelles
et dans les salons.
Le genre par excellence est l'essai
(comme dans l'Europe des Lumières).
• l'inspiration est principalement française;
Rousseau, Montesquieu, Voltaire, Diderot sont lus
« sous le manteau » (donc bien lus}, mais aussi les
libéraux et les économistes anglais (Bentham, Paine)
ou nord-américains (Washington).
Réciproquement,
si les Américains découvrent la France, les Français
l'Amérique latine (qui leur fut longtemps
?écouvrent
_
interdite par les Espagnols); c'est également le cas de
!'Allemand Guillaume de Humboldt (1767-1835).
auteur des premiers essais d'ensemble sur l'Amérique
latine.
Si le catalogue des écrivains et des œuvres hispano
américaines pour la période 1750-1890 est inépuisable,
ce n'est que d'un point de vue quantitatif.
Les œuvres
les plus importantes ont été réalisées dans la période
d'euphorie libérale et nationale, entre 1750 et 1830,
où fleurissent le romancier José Joaquin Fernandez de
Lizardi (1774-1827; Mexicain), père du costumbrismo,
c'est-à-dire d'un genre littéraire qui peint les mœurs
{les costumbres, «coutumes») et qui fut surnommé el
pensador mexicano (le penseur mexicain), le poète
cubain José Marra de Heredia y Campuzano (18031839), le poète équatorien José Joaquin Olmedo
(1780-1847), Andrés Bello {1781-1865), né au
Venezuela, mais formé au Chili, le plus important
écrivain hispano-américain de l'époque avec Lizardi,
tandis qu'en Argentine et dans l'actuel Uruguay prend
naissance le genre « gaucho » qui devait devenir
caractéristique de la littérature de ces pays (le chef
d'œuvre du genre étant le Martin Fierro (1879) de
José Hernandez).
On remarque qu'il n'a pas été cité
de noms péruviens : le Pérou connait, en cette période,
un désarroi politique qui explique l'absence de puis
sance créatrice.
Entre 1830 et la fin du XIX• siècle se situe une période
de dictatures et de luttes politiques entre caudillos
peu propres à favoriser les lettres et les arts.
Dictature
de Porfirio Diaz au Mexique (de 1876 à 1910), colo
nisation des Antilles où Cuba et Porto-Rico demeurent
aux mains des Espagnols (Cuba, dernier lambeau
de l'empire colonial, leur échappera en 1898), Rosas
en Argentine, etc.
C'est l'époque où le roman hispano
américain se multiplie (costumbrismo, roman gaucho,
roman historique) et produit quelques œuvres maitresses
telles Amalia (1851-1855) de !'Argentin José Marmol,
et Maria {1867), idylle romantique due à la plume du
Colombien Jorge lsaacs.
Voir Annexe, tableau n° 22.
des
a) Généralités.
Dans sa célèbre lettre de la Jamaïque, Sim6n Bolivar
analyse avec lucidité le problème latino-américain :
" Nous ne sommes ni indiens ni européens, mais
une espèce intermédiaire entre les légitimes pro
priétaires du pays et les usurpateurs espagnols;
bref, comme nous sommes américains par naissance
et que nos droits viennent de l'Europe, nous devons
à la fois disputer ceux-ci aux naturels et nous
maintenir sur ces terres contre les invasions de
/'extérieur.
le cas est extraordinaire et compliqué 11
(cité par Ch.
Aubrun, op.
cit.
p.
98).
C1, problème n'a pas été résolu partout de la même
façon et ce sont les divergences entre les solutions
proposées qui ont fait de cet ensemble territorial
Scène de la conquête du Mexique par les Espagnols
(fresque de Diego Rivera au Palais national de Mexico).
Littérature hispano-américaine
nombreux - répugnent au communisme, du moins
aspirent-ils au socialisme libéral ou, au minimum, à la
démocratie vraie, comme ils la contemplent en Europe
(où, par un sinistre jeu de l'histoire, elle sombre sous
les grandes crises économiques et l'assaut des régimes
totalitaires).
Les écrivains deviennent avocats, pro
phètes, anathémisateurs.
Si le roman - toujours iné
puisable - a tendance à se mettre à la portée du plus
grand nombre, la poésie devient véhicule d'idéologies,
comme l'art cinématographique dont on ne soulignera
jamais assez le rôle dans l'évolution des idées et des
sentiments latino-américains.
Il n'y a guère que le
théâtre - genre maudit depuis les jésuites et qui
ne s'est jamais élevé au-dessus du niveau de la simple
distraction bourgeoise - qui reste muet (au moins
jusqu'en 1945-1950; depuis une vingtaine d'années, et
malgré les vicissitudes politiques, il existe un théâtre
expérimental et un théâtre révolutionnaire en Amérique
latine, mais dont l'audience ne concerne guère que les
milieux universitaires).
Dans l'ensemble, les grands courants contemporains
concernent : l'exploitation du matériel poétique et
littéraire issu des recherches européennes dans l'entre·
deux-guerres (le plus grand représentant de ce cou
rant est Jorge Luis Borges, Argentin, né en 1899);
.
le roman (indigénisme, naturalisme, roman social et
[révolutionnaire); le courant révolutionnaire marxiste et
i! néo-marxiste, incarné par l'œuvre de Fidel Castro à
�� Cuba et le mythe de Che Guevara (voir 98).
<
867.2 - LA PÉRIODE CONTEMPORAINE.
A -
Le modernisme.
a) Généralités.
On désigne ainsi le mouvement littéraire, au demeurant
fort complexe, qui a été le fait de la génération de 1890.
Selon la critique hispano-américaine, la première
œuvre « moderniste » serait le recueil de vers lsmaelillo,
publié en 1882 par le Cubain José Marti (1853-1895)
qui figure parmi les précurseurs du mouvement à côté
des poètes comme Julian del Casai, José Asunci6n
Silva, Manuel Gutiérrez Najera, etc.
Après avoir profon
dément marqué la vie littéraire non seulement en Amé
rique latine mais aussi en Espagne (Antonio et Manuel
Machado), le modernisme disparaîtra, en tant que
mouvement, au lendemain de la Première Guerre
mondiale mais sa leçon ne sera pas perdue.
Précisons
les grandes lignes de force de ce que fut le modernisme
hispano-américain.
• Après la longue période « louis-philipparde »
(les Allemands diraient « Biedermeier » et les Britan
niques « victorienne ») dans laquelle s'est complue
la société hispano-américaine, la nouvelle génération
(celle de 1880-1890), touchée par le Parnasse et le
symbolisme européens, est en droit de refuser ce monde
de planteurs, de boutiquiers, de banquiers de tout poil
pour....
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