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A l'aide d'exemples littéraires précis, vous vous demanderez si, comme le dit E. M. Cioran, « un livre doit remuer...

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« A l'aide d'exemples littéraires précis, vous vous demanderez si, comme le dit E.

M.

Cioran, « un livre doit remuer des plaies, en provoquer même. Un livre doit être un danger». Ecartèlement, p.

71, éd.

Gallimard. Corrigé PLAN DÉTAILLÉ I.

« Un livre doit remuer des plaies...

» Cette idée de la littérature recouvre plusieurs réalités.

Elle voit dans l'œuvre une façon d'envisager les problèmes humains. 1.

Un livre peut «remuer des plaies», en ce qu'il rend compte de l'inquié­ tude de l'homme.

On pense aux œuvres romantiques, à Chateaubriand qui veut donner la peinture de ce qui est, selon lui, le mal de l'homme de son temps : un« vague des passions», accompagné d'une sensibilité exaspérée. En «remuant des plaies», il en provoquera, puisque toute une génération croira se reconnaître dans René, et sera en proie au « mal du siècle». 2.

L'œuvre littéraire naît souvent d'une révolte, et, en exprimant celle-ci de manière exemplaire, elle peut être un «dangerr,.

Ainsi Victor Hugo «remue des plaies» en essayant de saisir dans Les Jl,fisérables une inquié­ tude populaire du XIX' siècle.

Les œuvres «engagées» comportent un ris­ que de didactisme, mais quand elles surmontent ce risque, leur beauté même les rend plus «dangereuses» (cf.

Les Châtiments, manifestation d'une révolte, et œuvre d'art grâce à la puissance visionnaire de certains vers).

Il faut remarquer que même des auteurs très éloignés d'un engage­ ment quelconque peuvent exprimer dans leur œuvre une protestation contre leur monde (cf.

Flaubert qui, clans L'Education sentimentale, ne prend pas parti pour ou contre la révolution de 1848 : son indifférenée est une dénonciation de la faillite de sa génération). 3.

Beaucoup d'œuvres, même si elles ne sont pas l'expression d'une révolte, inquiètent, parce qu'elles ne proposent pas de solutions sûres, mais posent des problèmes.

Elles ne sont pas «une série de réponses», dit Ionesco, mais «une série de questions».

Et Cocteau définit le beau livre comme «celui qui sème à foison des points d'interrogation».

Ces points d'interrogation peuvent concerner des domaines très variés; la morale: Le Misanthrope ou Dom Juan n'apportent aucune solution aux problèmes de la sincérité ou de l'amour (la vertu d' Alceste par exemple est exagérée et ridicule); la métaphysique : dans Le Roi se meurt, Ionesco ne propose pas de réponse aux questions qu'il soulève (pourquoi la mort? à quoi bon agir? qu'est-ce que le temps? peut-on croire en Dieu?); la politique...

tout enfin, et c'est le principe de l'œuvre de Montaignt>, qui doute et fait douter de tout.

Ses revirements incessants (que pense-t-il exactement du christia­ nisme?...

) font réfléchir ses lecteurs, éveillent leur conscience. II.

La lecture : une évasion. On peut opposer à E.

M.

Cioran une conception.... »

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