A l'image le succès, à l'écriture la respectabilité. Voici comment l'on pourrait résumer les relations de ces moyens d'expression. Le...
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A l'image le succès, à l'écriture la respectabilité.
Voici comment l'on pourrait résumer les
relations de ces moyens d'expression.
Le maréchal Lyautey constate cette préférence
pour le «livre d'images».
Mais loin de la déplorer, il affirme que l'homme «a raison».
C'est, en effet, un esprit d'enfance qui le porte spontanément à choisir la vie.
Notre
époque, depuis, connaît une «révolution audiovisuelle».
Bouleversement technique Qui a
consacré aussi la suprématie du cinéma, de la télévision.
Autrefois, les livres de classe
contenaient peu de gravures et l'on se cachait pour lire des «illustrés».
Aujourd'hui,
l'image conquiert tous les secteurs du quotidien.
Faut-il y voir le triomphe de la vie et
s'explique-t-il par la survivance en chacun des jeunes années? Doit-on, au contraire,
regretter cette évolution? Enfin, la lecture et l'audiovisuel sont-ils irréductibles ? D'après
le maréchal Lyautey, l'enfant est attiré invinciblement par l'image : le chatoiement des
couleurs, les formes, le mouvement même fascinent.
Pouvoir bien connu des publicistes
qui parviennent aisément à convaincre un jeune public.
En feuilletant un livre d'images, il
a le plaisir de reconnaître le monde qui l'entoure.
Ensuite, il établit des liens un peu
étranges entre les dessins, et le rêve anime sa vision.
S'il fallait définir la vie, on dirait
peut-être qu'elle réside dans cette alliance d'un monde ressenti comme réel et de
l'imaginaire.
L'hypothèse avancée par Lyautey consiste à dire que cet enfant n'a pas complètement
disparu dans le cœur de l'adulte.
On a souligné que les conditions du spectacle
cinématographique crée une véritable régression : le noir, une atmosphère close, un
certain confort et le bercement des images.
Sans aller aussi loin, il est juste de dire que
le spectacle charme facilement.
Comme l'enfant pris entièrement par ses jeux, l'homme
est totalement captivé au point d'en perdre le sens de la durée.
En outre, l'approche ne
nécessite généralement pas un grand effort, et l'on retrouve là un monde où tout est
facile.
La bande dessinée frappe et conquiert son lecteur par des couleurs flatteuses.
Celui-ci retrouve avec plaisir la simplicité de l'enfance.
La lecture, au contraire, suppose
un effort; le charme opère, mais sous l'effet d'une attention dirigée.
Surtout, elle atteint
un degré d'abstraction qui rebute l'enfant et décourage l'adulte.
Dans ce cas, la pensée
est considérée comme le signe de ce qui est artificiel et dénué de vie.
Cependant cette
préférence peut être interprétée de façon différente.
Certains y voient une immaturité,
excusable chez l'enfant, impardonnable pour un adulte.
En ce sens la piètre qualité des
productions ne serait pas le fruit du hasard.
L'audiovisuel s'adresserait en priorité à la
part infantile de l'homme, à celle qui n'a pas mûri.
Il entretiendrait la passivité en
anèsthésiant la réflexion.
La personne totalement investie par l'image, conquise, perd
tout sens critique.
En outre, le mouvement impose son rythme même à la conscience et, comme l'écrit R.
Huyghe, le regard «ne sait plus qu'absorber en une boulimie précipitée».
De même que
l'enfant té.
malléable, de même l'adulte ne résisterait pas à la pression des médias.
Parfois, il a un sursaut, affirme qu'on se moque de lui mais retombe sous le charme.
Cette situation consacrerait le triomphe de la sensation sur la pensée.
«L'ère moderne
est parlante», écrivait Pau! Valéry.
Tout sollicite l'homme et parfois l'agresse.
Dans ces
conditions, la lente méditation de la lecture résiste mal.
Pourtant ses apports sont
appréciables.
Elle permet l'approfondissement d'une Idée, enrichie par la confrontation
de deux pensées.
Elle inquiète, elle fait....
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