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ACTE 1, SCÈNE 2
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Camille déclare qu'elle ne souffre pas moins que Sabine.
À
Julie qui, pour savoir la vérité, lui conseille d'abandonner Curiace
pour son rival romain, elle répond avec véhémence que jamais
elle ne trahira son fiancé (v.
135-158).
Pourquoi a-t-elle- revu Valère avec joie? Camille raconte:
promise à Curiace au moment même où s'est déclaré le conflit
entre Rome et Albe, elle a connu bien des angoisses; elle a
consulté la veille un oracle qui a annoncé pour bientôt son
union indissoluble avec Curiace et la fin de la guerre; transpor
tée de joie, elle a reçu Valère et lui a donné sans le vouloir des
espérances; mais après une nuit de cauchemars pleins «de
carnage et d'horreur», elle est revenue à son angoisse et craint
à nouveau la guerre (v.
159-232).
Surprise: voilà Curiace dans la maison des Horaces (v.
233234) !
COMMENTAIRE
Camille : première apparition
Les premiers mots de Camille sont pour rapprocher ses malheurs de
ceux de Sabine.
Les vers 141-144 font écho aux vers 93-94 prononcés
par Sabine.
Le débat pour savoir qui des deux héroïnes est la plus infortunée parcourra toute la pièce (voir 111, 4; Ill, 6, v.
960; IV, 3 ; IV, 7; V, 5) en
même temps que divergeront leurs destinées : ainsi se maintient un équilibre qui fait qu'aucune des deux ne prend le devant de la scène en faisant
oublier l'autre.
Mais les deux personnages sont dès le départ mis en opposition.
Sabine est celle qui lutte contre sa faiblesse pour être aussi romaine que
son époux.
Camille maintient avec force sa «foi», l'engagement qu'elle a
pris envers «l'amant» qu'elle n'a pas revu depuis deux ans (se.
1, v.
114): le
trahir serait un «crime».
Sa passion lui 1lxe des exigences.
L'.une lutte pour
cacher ses sentiments, l'autre s'y livre, passant du «ravissement» (v.
201) à
«l'effroi» (v.
222) et n'hésitant pas à proclamer sa passion (v.
141, v.
167,
v.
230).
Enfin Camille, vivant une histoire d'amour contrariée par le destin
est un personnage plus romanesque.
Cette opposition se marque encore dans les rapports qu'entretiennent
les deux femmes avec la confidente.
Camille lui apporte sans cesse la
contradiction.
Aux vers 155-158, la discussion s'approche de la stichomythie*, forme privilégiée du duel verbai, où les interlocuteurs échangent des
répliques contradictoires limitées à un seul vers ou à un même petit
nombre de vers.
La contradiction se poursuit à propos de l'interprétation
du rêve (v.
223-224) et de l'avenir (v.
227-228).
Antithèse et destin :
une esthétique du contraste violent
Le contraste semble d'ailleurs la clé de l'esthétique de cette scène:
opposition entre Camille et Sabine, contradiction entre Camille et Julie,
renversement faisant passer Camille deux fois de la joie au désespoir.
La longue tirade de Camille (v.
163-222) tire son effet dramatique des
contrastes extrêmes.
Dès les deux premiers vers, le spectateur est surpris
par un apparent paradoxe* (le v.
164 explique le v.
163 de la façon la plus
inattendue).
Camille rappelle dans quelles circonstances elle a été promise
à Curiace (v.
170-186).
Au cœur de ce récit (v.
173-178) s'accumulent les
antithèses, mots ou expressions contraires dont le rapprochement accentue le contraste.
Cette figure est caractéristique du goût du début du siècle
et de celui de Corneille.
l..'.alexandrin, partagé par la césure* en deux....
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