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ACTE Il - Scène 2 : lecture méthodique ( « Ah ! la belle personne ... qu'on ferait une autre...

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« ACTE Il - Scène 2 : lecture méthodique ( « Ah ! la belle personne ... qu'on ferait une autre en six mois ») Introduction Don Juan vient de manquer le rapt sur l'eau d'une jeune fiancée qu'il avait convoitée : son bateau, surpris par la tempête, a fait naufrage. Sganarelle et lui ont dû être secourus par deux paysans : Pierrot, l'amoureux de Charlotte et « le gros Lucas ». Revenu à terre, Don Juan s'éprend d'une paysanne, Mathurine, avant de repérer Charlotte qu'il entreprend tout aussitôt de séduire.

Charlotte est la première femme à croiser sur la scène la vie de Don Juan après Elvire, l'épouse trahie.

Au terme scandaleux de la séduction, l'abandon de la victime, succède l'exemple d'un début.

À la scène 2 de l'acte 1, Don Juan a été l'apologiste des prémices, des « inclinations naissantes ».

Nous en avons ici une illustration. Nous assistons donc aux progrès, d'ailleurs fort rapides - preuve de l'efficacité d'une stratégie bien rodée - que Don Juan accomplit dans le cœur de Charlotte, dont la curiosité a été éveillée par le portrait du beau courtisan dressé par Pierrot (scène précédente).

En raccourci, sont employées les principales armes de la séduction : la flatterie et la promesse. À travers le déroulement de la cour, les caractères des personnages se détachent: celui de Don Juan s'affirme, et Charlotte nous révèle le sien. Scène honteuse qui rabaisse la femme à un objet de plaisir, ce passage conserve une dimension comique.

Le spectateur qui a appris à connaître Don Juan mesure avec le sourire les réussites faciles du héros et la candeur de la jeune paysanne.

Il se rend compte aussi de la médiocrité des moyens employés par Don Juan et il peut les trouver bien triviaux après les grandes déclarations de principe.

La pratique de Don Juan est-elle à la hauteur de son discours héroïque ? a.

Les instruments de la séduction a.

1.

Les caresses de la flatterie Don Juan dote sa parole d'une efficacité calculée: la flatterie tend au flatté un miroir narcissique avantageux.

Le séducteur mise sur l'orgueil et la vanité de ses victimes.

Il piège sa parole en estompant sa finalité agressive par l'éloge apparent.

Mais Don Juan n'est hypocrite que sur ses intentions car, pour lui, chaque femme rencontrée est objectivement une beauté qui ravit.

Quand Don Juan évoque la promptitude de son coup de foudre, il manipule Charlotte en lui suggérant implicitement que c'est sa beauté qui produit des effets si immédiats ; mais il dit aussi la vérité sur le processus intime de son désir. La séduction débute par un mot de surprise Goué ou sincère?); ému par un nouvel sursaut de désir, Don Juan fait part à Sganarelle de son étonnement devant l'objet qui le charme : «ah ! la belle personne, et que ses yeux sont pénétrants» ! Le «ah ! » marque la surprise de l'amour, il indique le plaisir du séducteur et l'idée d'une nouvelle bataille à lancer. Don Juan exprime à Charlotte la force de son étonnement: reprenant un à un les détails de son corps qu'il célèbre à chaque fois avec ardeur comme de délicats blasons de la féminité, Don Juan peint Charlotte et lui renvoie son portrait pour qu'elle s'y contemple sans réfléchir.

Présentée par Don Juan à la troisième personne, la jeune fille se dédouble.

Elle est installée devant son spectacle et son image charmante. Le portrait se compose d'adjectifs mélioratifs («belle», «agréable », «mignon», «appétissantes» ...) souvent amplifiés par leur utilisation superlative(«une si charmante personne»,«les plus belles du monde» ...) Le séducteur unifie le champ sémantique de son éloge amour du couple «beau/belle » qui revient comme une litanie pour anesthésier les résistances de sa victime et la combler. Soulignant la beauté de la jeune fille, Don Juan n'oublie pas d'insinuer en elle le rêve d'une promotion sociale.

Il dévalorise le mariage qui lui est promis puisqu'il empêche la beauté de fleurir.

Le charme mérite sa reconnaissance sociale ailleurs que dans un lien qui la dessert.

Don Juan valorise Charlotte en critiquant Pierrot et la condition qu'il représente.

Un mariage avec un simple paysan est une prison pour la beauté extraordinaire de Charlotte.

L'aristocrate fait étinceler son rang.

Il l'ajoute à la panoplie de la flatterie pour ruiner les engagements de Pierrot et de Charlotte et préparer le coup de grâce donné à la fiancée. a.2.

La magie de la belle parole Charlotte a admiré Don Juan sans le connaître, grâce au portrait de Pierrot stupéfait du faste vestimentaire déployé par l'aristocrate.

Don Juan est avant tout un être dont on parle ; il est lui-même constitué de paroles: un discours vivant, belles paroles, beaux signes émis avec prodigalité et intelligence pour éblouir.

La parole de Don Juan est de même nature que son apparence: prestigieuse.

Don Juan parle galamment(« Point du tout, vous ne m'êtes point obligée de tout ce que je dis, et ce n'est qu'à votre beauté que vous en êtes redevable»).

Il s'adresse à Charlotte comme à une égale, use à son endroit d'égards particuliers et pour elle certainement inhabituels.

Tout ici fait contraste avec la personnalité de Pierrot, discoureur un peu lourdaud, amoureux trop simplet pour Charlotte qui n'arrive pas à dire si elle l'aime vraiment. a.3.

Le trompe-/'œil de la promesse Le séducteur ment toujours.

Progressivement, Don Juan trompe Charlotte.

S'il est au tout début sincèrement touché par elle, il s'engage en fin d'extrait beaucoup plus loin.

Il promet implicitement le mariage placé sous le destin divin qui dépasse les individus et inspire, selon Don Juan, une loi plus forte.

On obéit au Ciel.

Don Juan profite de l'ingénuité de Charlotte et de sa dévotion pour tromper sa vigilance.

Bafouant une fois encore, après l'affront d'Elvire, le sacrement du mariage, Don Juan n'hésite pas à l'utiliser comme moyen pour arriver rapidement à ses fins. b.

Les acteurs de la séduction b.

1.

La victime Comment se présente à nous Charlotte ?.... »

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