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Afghanistan 1994-1995 La guerre éclair des "taliban" L'année 1994 a vu un changement brutal dans l'équilibre des forces en Afghanistan,...

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« Afghanistan 1994-1995 La guerre éclair des "taliban" L'année 1994 a vu un changement brutal dans l'équilibre des forces en Afghanistan, avec l'arrivée de nouveaux protagonistes, les taliban, et l'affaiblissement de la coalition opposée au dirigeant Ahmed Shah Massoud et au président Burhanuddin Rabbani. Quatre forces, essentiellement fondées sur des divisions ethniques, se battaient pour Kaboul depuis sa prise par les mudjaheddin en avril 1992.

Les Tadjiks, regroupés dans le Jamiat-i Islami (islamistes modérés) du président Rabbani et du commandant A.

Massoud; les Hazaras chiites, unifiés dans le Hizb-i Wahdat dirigé par Cheikh Ali Mazari et soutenu par l'Iran; les Ouzbeks, regroupés autour du général Rashid Dustom, avec l'appui de l'Ouzbékistan, et enfin Gulbuddin Hekmatyar, chef du très radical Hizb-i Islami, composé essentiellement de Pachtou et soutenu depuis vingt ans par les services secrets pakistanais. Le Jamiat tenait la Présidence depuis fin 1992, s'appuyant sur les Ouzbeks de R. Dustom et la neutralité des chiites pour contrer G.

Hekmatyar, qui, quoique officiellement Premier ministre, s'efforçait de chasser les troupes gouvernementales de Kaboul.

En janvier 1994, un renversement d'alliances unit le Hizb-i Islami, R.

Dustom et le Hizb-i Wahdat contre le gouvernement.

Cette coalition échoua encore à renverser le président. De durs combats se déroulaient également au nord, ayant pour enjeu la ville de Kunduz, passant régulièrement des mains des forces gouvernementales à celles de R.

Dustom.

Quant au reste du pays, il restait divisé entre une multitude de petits commandants locaux, d'où a émergé l'"émirat de l'Ouest", dirigé par Ismaïl Khan, membre du Jamiat-i Islami, mais qui restait à l'écart de la bataille de Kaboul. L'impasse militaire était totale jusqu'à l'automne 1994.

Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Mahmoud Mestiri, s'efforçait de mettre sur pied une formule politique prévoyant le remplacement du président Rabbani par un conseil de personnalités apolitiques représentant les différentes provinces de l'Afghanistan, assisté d'une force d'interposition composée de troupes venues de tout le pays.

A peine accepté par les différents acteurs en janvier 1995, ce plan devenait caduc du fait de l'émergence des taliban. La politique afghane du Pakistan Le mouvement des taliban est apparu en août 1994 dans la région de Kandahar.

Il réunit des "étudiants en théologie" provenant de la ceinture tribale pachtou, plus particulièrement des confédérations pachtou Dourrani et Ghilzay (sud de l'Afghanistan).

Ils ont été formés dans des madrasa (écoles religieuses), installées de part et d'autre de la frontière avec le Pakistan, sous l'influence de l'école dite déobandie (fondée à Deoband), représentée au Pakistan par le parti Jamiat-i Ulama Islami (Rassemblement des oulémas de l'islam, JIU), dirigé par Maulana Fazlur Rehman.

Ce parti est plutôt fondamentaliste, mais opposé, au Pakistan, à l'islamisme politique du Jamaat-i Islami (Rassemblement islamique, JI) et au wahhabisme saoudien.

Adversaire du général Mohammad Zia-ul Haq - qui avait renversé Ali Bhutto en 1977 -, il a soutenu la fille de ce dernier, Benazir Bhutto, redevenue Premier ministre du Pakistan en 1993. Durant la guerre contre l'URSS (1979-1989), les taliban, dépourvus d'organisation propre, adhéraient globalement au parti Harakat-i Enqelab Islami de Nabi Mohammedi.

Leur brusque transformation en un mouvement politico-militaire lors de l'été 1994 a résulté de plusieurs facteurs: - l'impasse politique et la lassitude de la population,- le fait que les Pachtou, qui ont toujours détenu le pouvoir central depuis la création de l'Afghanistan, refusaient d'être représentés par G.

Hekmatyar;- et, surtout, un changement de la stratégie pakistanaise. Jusque-là, la politique afghane avait été définie par les services secrets (ISI) et par le parti islamiste Jamaat-i Islami, deux piliers du pouvoir du défunt général Zia-ul Haq.

A l'été 1994, les milieux proches de B.

Bhutto voulurent limiter le rôle de l'ISI et entrer dans le jeu afghan.

A l'axe ISI-Jamaat se substitua un axe ministère de l'Intérieur-Jamiat-i Ulema Islami.

Leur candidat commun fut le mouvement des taliban, qui reçut argent, armes lourdes et blindés. A la veille de sa visite officielle aux États-Unis (début avril 1995), B.

Bhutto souhaitait, en effet, montrer sa détermination à lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme islamique avec lequel il est avéré.... »

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