Afrique du Sud 1984-1985 Le feu aux poudres 1984 devait être, pour Pieter W. Botha, l'année de tous les succès....
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Afrique du Sud 1984-1985
Le feu aux poudres
1984 devait être, pour Pieter W.
Botha, l'année de tous les succès.
Elle a été,
au contraire, celle d'une nouvelle crise violente et de la montée en puissance
du mouvement de contestation du régime de l'apartheid.
Fort de ses "victoires" à l'extérieur (accords de Nkomati avec le Mozambique en
mars 1984, accord de Lusaka avec l'Angola en février 1984, et tournée en Europe
occidentale en juin 1984), le Premier ministre sud-africain pouvait regarder
l'avenir plutôt confiant, au début de l'hiver austral, en juin-juillet 1984.
La
politique "réformiste" prônée par le chef du gouvernement de la minorité blanche
devait rendre l'apartheid acceptable à l'extérieur, moins visible à l'intérieur.
Une nouvelle Constitution
En fait, en voulant imposer à la majorité de la population une nouvelle
Constitution - approuvée par referendum par les seuls Blancs en 1983 -, M.
Botha
a pris le risque de mettre le feu aux poudres et de déchaîner les oppositions.
C'est précisément ce qui s'est produit avec la convocation d'élections au sein
des minorités métisse et indienne, en août 1984, en prélude à l'entrée en
vigueur de la nouvelle Constitution le mois suivant.
Cette réforme constitutionnelle pouvait ressembler à un grand pas en avant: pour
la première fois, en effet, la minorité blanche acceptait une formule de partage
du pouvoir avec des "non-Blancs", en l'occurrence les 800 000 Indiens et les 2,6
millions de Métis.
Dans les faits, le texte, entré en vigueur le 3 septembre
1984, créait un Parlement à trois chambres (une blanche, une métisse et une
indienne), qui élisent à leur tour un président de la République aux pouvoirs
exécutifs étendus.
Les chiffres des populations concernées sont tels que les 4,3
millions de Blancs sont les seuls à choisir réellement le chef de l'État, tandis
que les "non-Blancs" doivent en pratique se contenter d'un "strapontin": deux
postes de "ministre sans portefeuille" au gouvernement.
Quant aux 25 millions de
Noirs, qui constituent la grande majorité de la population de l'Afrique du Sud,
ils ne sont tout bonnement pas concernés, leur sort étant considéré comme réglé
par la politique des bantoustans (foyers tribaux), qui les prive de la
citoyenneté sud-africaine.
Les élections aux chambres métisse et indienne ont provoqué une vigoureuse
campagne d'opposition à travers l'Afrique du Sud, principalement animée par le
Front démocratique uni (UDF), une coalition souple de plusieurs centaines
d'organisations et associations politiques, culturelles, religieuses, voire
sportives.
Résultat: 30% seulement des électeurs métis inscrits (17,5% des
électeurs potentiels) se sont rendus aux urnes, moins encore chez les Indiens.
La veille du scrutin, il est vrai, dans une ultime maladresse, le gouvernement
sud-africain avait emprisonné la direction de l'UDF qui avait appelé au
boycottage, faisant apparaître les métis et les Indiens qui se rendraient aux
urnes comme les "complices" du pouvoir blanc.
Émeutes et répression
Cette importante victoire des "anti-apartheid", qui n'a pas remis en cause
l'entrée en vigueur de la Constitution et l'élection de Pieter Botha comme
président de la République, a constitué le détonateur de la colère dans les
cités noires d'Afrique du Sud.
Début septembre, tandis que Botha se faisait
"couronner" par le Parlement à trois chambres, de violents incidents éclataient
dans les ghettos au sud-est de Johannesburg.
La vague d'émeutes contre le
pouvoir ainsi déclenchée s'est étendue à d'autres parties du pays et ne donnait,
à la mi-1985, aucun signe d'essoufflement.
Cette nouvelle vague d'émeutes sanglantes a eu pour cause immédiate une hausse
des loyers dans les villes satellites noires du Transvaal.
Elle est rapidement
devenue une remise en cause violente des structures municipales mises en place
par Pretoria dans ces ghettos.
Dès les premiers incidents, dans le "triangle du
Vaal", près de Johannesburg, le maire adjoint de Lekoa, considéré par les
militants anti-apartheid comme un "collaborateur" du pouvoir, a été poignardé,
puis son corps a été brûlé devant sa maison.
D'autres élus municipaux ont été
tués ou se sont cachés pour sauver leur peau.
Ces conseils municipaux devaient
constituer, aux yeux de Pretoria, l'ossature de la représentation politique
future des Noirs urbanisés, qui sont le casse-tête constitutionnel numéro un.
Ce
plan s'est ainsi trouvé rejeté dans la rue avant même d'être entré en vigueur.
Pour faire face à cette explosion de violence et à un bilan de plus en plus
lourd, à la fois en vies humaines et en biens détruits, le gouvernement a
franchi un pas supplémentaire dans la répression à la fin octobre 1984, en
faisant intervenir, pour la première fois, l'armée dans les opérations de
maintien de l'ordre.
Pour protester contre cette intervention de l'armée, deux
jours de grève générale ont été organisés dans le Transvaal, les 5 et 6
novembre, donnant lieu, eux aussi, à des affrontements sanglants dans la région
de Johannesburg.
Cette grève a constitué un fait politique majeur car pour la
première fois depuis plus de vingt ans, les syndicats se
Co
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sont associés aux groupes anti-apartheid pour appeler à un arrêt de travail.
Le
succès de ce mouvement, suivi à 90% dans la région la plus industrialisée du
pays, autour de Johannesburg, a sérieusement inquiété le gouvernement.
Dans les semaines et les mois suivants, les incidents et les émeutes ont touché
les quatre provinces du pays, les mines d'or comme les camps de squatters du
Cap, les petites locations rurales noires de l'État libre d'Orange, comme la
zone industrielle de Port Elizabeth/Uitenhage.
C'est dans cette dernière région
que s'est produit un nouveau massacre,....
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