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Afrique du Sud 1985-1986 L'état de siège permanent L'Afrique du Sud a souvent fait la une de l'actualité en 1985...

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« Afrique du Sud 1985-1986 L'état de siège permanent L'Afrique du Sud a souvent fait la une de l'actualité en 1985 et au début de 1986: révolte des ghettos noirs et sanctions internationales ont été les deux thèmes dominants.

Mais, derrière la dénonciation du racisme institutionnel, souvent entachée de bonne conscience, comprend-on que ce qui se joue dans ce pays est la manifestation, sous des formes extrêmes, de l'affrontement Nord-Sud et que cela concerne toute l'humanité ? L'évolution de la situation en 1985-1986 fait apparaître trois grands phénomènes: le pouvoir blanc, par la convergence d'une série de circonstances, a perdu l'hégémonie idéologique et morale tout en maintenant fermement sa puissance militaire et policière ; en second lieu, les Noirs sud-africains, et tout particulièrement leur fraction majoritaire jeune, urbanisée, ont instauré un état de révolte permanent.

Enfin, l'évolution économique sape les bases de la domination blanche, tant dans ses manifestations internationales qu'à l'intérieur du pays. Le pouvoir blanc ébranlé L'apparente immobilité dans laquelle les racistes de Prétoria se drapent cache un effritement progressif de leurs positions.

Ils sont désormais clairement entrés dans une phase de désarroi et ont perdu l'initiative idéologique, à l'intérieur du pays et sur le plan international, en reconnaissant l'échec du projet insensé d'apartheid.

Il n'y a plus de doctrine chez les nationalistes blancs, qui se bornent à gérer l'État en réagissant aux initiatives qui s'imposent à eux, tant de la part des Noirs que des milieux financiers internationaux.

Après Pik Botha, le ministre des Affaires étrangères, qui, en 1982, avait reconnu le désastre des bantoustans, Pieter W.

Botha, le président, a avoué que le contrôle des entrées dans les zones blanches était périmé et, le 15 août 1985, il est revenu, en termes vagues, sur la question de la citoyenneté des Noirs.

Le 31 janvier 1986, il a promis la suppression des passeports intérieurs imposés aux Noirs (300 000 arrestations annuelles).

Cette promesse a été confirmée en avril par un livre blanc annonçant aussi l'abolition du couvre-feu.

En même temps, le gouvernement a fait savoir que les détenus allaient être libérés. Pik Botha, vite démenti, a même évoqué l'éventualité d'un président noir en l'an 2000.

Provocation? Démagogie? Il n'empêche que ce type de déclaration tranche avec la doctrine conquérante de l'apartheid prônée par l'ex-président Vorster. Les effets ne se sont pas fait sentir que chez les Afrikaners, majoritaires chez les Blancs: les responsables de l'Anglo American, l'une des deux sociétés minières géantes du pays, ont rencontré, en septembre 1985, une délégation du Congrès national africain (ANC) en Zambie ; les dirigeants de l'opposition blanche, le Parti progressiste fédéral (PFP) lui ont emboîté le pas et leur chef, Frederik Van Zyl Slabbert, a démissionné de son poste, déclarant qu'il n'y avait plus de chances de réformer le système de l'intérieur.

Sur ce fond de désarroi idéologique, des réformes mineures ont été adoptées, sur les marges de l'édifice: ainsi, en juin 1985, l'abolition symbolique de l'interdiction des relations sexuelles dites "interraciales". Dans le même temps, le pouvoir blanc s'est trouvé, au moins partiellement, lâché sur le plan international ; les États-Unis, malgré l'opposition farouche de Ronald Reagan, ont fini, sous la pression de leur opinion publique, par agréer et reconduire des sanctions économiques limitées (Chester Crocker, le responsable américain de la politique africaine, a parlé, à propos de l'ANC, de "combattants de la liberté").

Poudre aux yeux ? La communauté bancaire internationale a pourtant suspendu ses crédits vers l'Afrique du Sud et l'a contrainte à négocier un moratoire pour ses 14 milliards de dollars de dette à court terme, finalement signé le 20 février 1986 ; pour la première fois, les financiers ont lié explicitement le maintien des accords financiers à la mise en oeuvre de changements internes: devant l'ingouvernabilité des ghettos, ils ont demandé des gages. Le pouvoir nationaliste s'est donc vu contraint à cheminer sur le créneau étroit du maintien du gouvernement exclusif des Blancs.

Il s'est refusé à mettre en cause les trois piliers juridiques de l'apartheid : le Land Act, qui donne 87 % des terres aux Blancs ; le Group Areas.... »

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