Afrique du Sud 1997-1998 Normaliser... avant la normalisation Après deux années consacrées à l'implantation des nouvelles institutions démocratiques, le pouvoir...
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Afrique du Sud 1997-1998
Normaliser...
avant la normalisation
Après deux années consacrées à l'implantation des nouvelles institutions
démocratiques, le pouvoir issu des élections de 1994 s'est engagé dans une
politique de normalisation imposée par la confirmation du refus du président
Nelson Mandela d'être candidat à sa succession en 1999.
L'économie et
l'organisation politique du pays devront être en ordre et solidement ancrées
dans la société pour que ce départ n'affaiblisse pas significativement le pays
au risque d'entraîner une instabilité financière à court terme, voire des remous
politiques.
Le double exercice de consolidation des structures économiques et
politiques entrepris à compter du début 1997 a montré les progrès accomplis dans
la transformation du pays et le changement de régime.
Après la crise financière de 1996, marquée par une forte dépréciation du rand,
puis les attaques sur le rand de 1997 dans la foulée des crises monétaires et
financières asiatiques, les efforts du gouvernement pour assainir les structures
de l'économie se sont amplifiés.
Une gestion très conservatrice des finances
publiques a d'abord conduit à une réduction du déficit budgétaire, à une
diminution structurelle et sans précédent du taux d'inflation (6,1 %), à un
assainissement progressif de la structure de la dette et à une augmentation des
réserves de la Banque centrale.
Cette politique d'assainissement, véhiculée par
le programme GEAR (Growth, employment and reconstruction), a accompagné un
mouvement de restructuration de fond de l'économie du pays.
D'une part,
l'ouverture tous azimuts du pays et son adhésion aux principes du libéralisme
économique ont contraint l'Afrique du Sud à lever progressivement ses
protections tarifaires et douanières : certains secteurs ont été fragilisés par
cette ouverture à la concurrence (textile, mines) tandis que d'autres l'ont
utilisée pour accélérer leur modernisation (télécommunications, tourisme, biens
de consommation courante).
D'autre part, l'État a entrepris la privatisation
d'une partie de son actif industriel.
Cela lui a permis de se procurer de
nouvelles ressources qui devraient faciliter l'accession au pouvoir de la
majorité noire dans le secteur économique.
Le " Black empowerment "
Cet accès des Noirs au pouvoir économique est stimulé par la politique
d'affirmative action (préférence à l'emploi) menée à leur profit dans tous les
emplois publics, et par le mouvement de Black empowerment - c'est-à-dire d'aide
à la constitution d'un actionnariat, d'un capitalisme noir, mais aussi d'une
bourgeoisie d'affaires noire.
Si l'exercice a connu quelques échecs cinglants et
se déroule dans un contexte financier très défavorable, il annonce l'émergence
d'une bourgeoisie capitaliste noire dont Cyril Ramaphosa, ancien négociateur
constitutionnel du Congrès national africain (ANC), est devenu l'emblème.
Ce
Black empowerment est facilité par les privatisations d'entreprises, mais aussi
par la coopération des grands groupes économiques blancs (les conglomérats) qui
ont appuyé l'émergence d'une bourgeoisie noire dont ils partagent les intérêts
économiques et grâce à laquelle ils espèrent pouvoir s'assurer un accès
privilégié et plus serein au pouvoir politique.
En 1997, les entreprises noires
représentaient environ 10 % de la capitalisation de la Bourse de Johannesburg,
contre presque 0 % en 1993.
Cependant, cette politique économique s'est traduite par une contraction des
dépenses publiques et un ralentissement du taux de croissance, qui n'ont pas
permis de répondre aux nouvelles demandes d'emploi (350 000 par an) ni de
réduire un chômage très élevé (entre 20 % et 35 % de la population active), et
ont pesé négativement sur le climat politique et social.
Les tensions n'ont
cessé de se développer.
La coalition au pouvoir rassemblant ANC, SACP (Parti
communiste sud-africain) et COSATU (Congrès des syndicats d'Afrique du Sud)
s'est de plus en plus divisée.
La politique budgétaire restrictive du
gouvernement et l'embourgeoisement des élites se sont opposés aux revendications
de redistribution formulées par une partie des membres des trois groupes de
l'alliance.
Seule la perspective des élections....
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