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Afrique du Sud 1998-1999 Tourner la page du passé On pouvait se demander si le processus de réconciliation nationale avait...

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« Afrique du Sud 1998-1999 Tourner la page du passé On pouvait se demander si le processus de réconciliation nationale avait réellement abouti avec la publication, le 30 octobre 1998, du rapport final de la Commission vérité et réconciliation ("Truth and Reconciliation Commission", TRC), tant les divergences sur ses conclusions et son fonctionnement sont nombreuses.

Lors des auditions, closes le 31 juillet 1998, 21 000 victimes ont été entendues et 7 000 demandes d'amnisties politiques déposées sans que certains personnages clés de l'apartheid, comme Pieter W.

Botha (Premier ministre de 1978 à 1984, puis président de 1984 à 1989), qui avaient été convoqués, ne se soient présentés. Les travaux du comité d'amnistie, non encore terminés, ont été vivement critiqués par l'ensemble de la classe politique.

Des accusations de partialité raciale, portant notamment sur le déroulement des auditions, ont été relayées par le Nouveau parti national (ex-Parti national, au pouvoir durant l'apartheid), le Front de la liberté (FF, parti afrikaner) et le Parti démocratique (DP).

Des attaques sont également venues du Congrès national africain (ANC), reprochant à la Commission et à son président, Mgr Desmond Tutu, de dénigrer la lutte anti-apartheid.

En effet, le rapport met en cause des leaders de l'ANC, parmi lesquels Thabo Mbeki, alors vice-président, et Joe Modise, ministre de la Défense au moment de la publication du document, dans des cas de violations graves des droits de l'homme perpétrées au nom de cette lutte, tant en Afrique du Sud que dans les pays où l'ANC était en exil.

Le soutien inconditionnel du président Nelson Mandela (lui-même issu de l'ANC) à la Commission a clos les multiples demandes d'annulation ou de révision du rapport final.

Enfin, la Commission a rejeté la possibilité d'une amnistie globale, alors même que chacun tentait de justifier les actes passés par les impératifs politiques et collectifs du moment. Les deuxièmes élections générales et multiraciales du 2 juin 1999 ont mis en lumière certaines caractéristiques actuelles du champ politique sud-africain. Tout d'abord, l'heure n'est pas à l'alternance: l'ANC et son président T.

Mbeki l'ont emporté haut la main (266 sièges sur 400 au Parlement, manquant d'un siège la majorité des deux tiers, mais obtenant la majorité absolue dans sept provinces sur neuf).

Le Congrès national africain a bénéficié, dès le lancement de la campagne électorale - comme en 1994 -, tant du soutien de la gauche ouvrière communiste et syndicale que de la fragmentation de l'opposition.

Le bloc que pouvait constituer le NNP (NP) en 1994 s'est, en effet, désagrégé au profit d'une multitude de formations, comme l'Alliance fédérale, créée en septembre 1998 par l'ancien dirigeant de la fédération de rugby, Louis Luyt.

La constitution du Front démocratique (UDM), dirigé depuis le congrès de juin 1998 par un dissident de l'ANC, Bantu Holomisa, et regroupant des anciens membres du NP comme Roelf Meyer, a encore compliqué le jeu des alliances.

Les quarante partis d'opposition sont restés divisés quant aux objectifs, l'unique point d'entente étant la dénonciation de la corruption au sein du gouvernement et son incapacité à enrayer la criminalité et le chômage au niveau national.

La formation nationaliste zoulou, Inkatha Freedom Party (IFP), ne semblait plus en position d'arbitrage, même à un niveau strictement régional, comme c'était le cas en 1994.

Elle tendait de plus en plus à s'aligner sur l'ANC au niveau national, négociant localement avec l'UDM, fortement implanté dans le sud du Kwazulu-Natal. Lors des élections, le DP a ainsi obtenu 38 sièges, l'Inkatha 34, le NNP 28 et l'UDM 13.

T.

Mbeki a officiellement succédé à N.

Mandela à la présidence du pays le 16 juin 1999. Une troisième donnée importante est le décalage grandissant entre les élites dirigeantes et la base.

La perte de confiance croissante de la population envers les "politiques" ne facilite pas le développement d'une culture démocratique, nécessaire pour pérenniser le fonctionnement des institutions mises en place à partir de 1994.

De plus, le processus d'enregistrement des électeurs, qui s'est déroulé entre novembre 1998 et mars 1999, a montré d'importantes lacunes. L'absence de moyens financiers et humains suffisants et la complexité de la procédure elle-même, obligeant les individus à présenter une pièce d'identité munie d'un code-barre (que 20 % des personnes en âge de voter ne possèdent pas), n'ont pas permis à la Commission électorale indépendante d'enregistrer plus de 70 % environ.... »

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